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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme - Commentaires




8) Les relations avec les forces économiques


-La FIDH tient un discours critique sur les effets pervers de la mondialisation marchande et a soutenu des procédures engagées contre des multinationales comme le groupe pétrolier français Total. La Fédération n'en a pas moins tenté d'initier une relation constructive avec les compagnies soucieuses d'assumer leurs responsabilités sociales. En 2000, elle a ainsi participé à la rédaction d'une charte de bonne conduite pour contrôler les filières d'achat de l'entreprise de grande distribution Carrefour dans les pays en développement. Ce faisant, la FIDH a été critiquée pour avoir servi de caution à des firmes multinationales. En effet, les audits sociaux des usines du tiers-monde reviennent souvent à cocher les cases de check-lists sans pouvoir visiter tous les sites de production et s'entretenir librement avec les travailleurs. Dans le seul secteur de l'industrie textile, selon Duncan Pruett, à peine 10% des usines sont inspectées chaque année. Une fois réalisées, les procédures de certification d'une filière d'achat ne garantissent nullement le respect des droits sociaux. Ainsi, l'usine textile Spectrum, exploitée par Shahriyar Fabric Industry Limited à Savar au Bangladesh, s'est effondrée le 11 avril 2005, tuant 64 ouvriers. Deux ans avant, alors que la structure n'avait pas encore été surélevée au mépris des règles de construction, le site avait été audité par Carrefour afin de vérifier la conformité de ses pratiques sociales à la charte rédigée avec la FIDH. A l'époque, relève Duncan Pruett, la direction avait été prévenue à l'avance de la visite des inspecteurs et les ouvriers mineurs avaient momentanément été congédiés. Les adultes, eux, avaient été priés de s'habiller correctement et de ne pas parler de la réalité de leurs conditions de travail : heures supplémentaires obligatoires, vacances limitées, absence de congés de maternité ou de maladie, absence d'infirmerie et de dédommagements en cas d'accident du travail, harcèlement sexuel, travail de nuit des femmes, interdiction des syndicats, pressions physiques contre les contestataires, salaires inférieur au minimum légal, etc. Autre exemple, cité par Duncan Pruett, une usine fournissant Carrefour dans le nord de l'Inde recrutait des ouvrières de plus de 45 ans pour ne pas avoir à accorder des congés de maternité.