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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme - Commentaires




9) La capitalisation d'expérience


-La puissance d’investigation de la FIDH semble s’être étoffée au cours des années. L’organisation a notamment effectué un travail remarquable sur le génocide rwandais après 1994. Mais elle a aussi pu commettre des erreurs que, à l’instar des autres ONG de défense des droits de l’homme, elle refuse d’admettre, affirmant que ses informations n’ont jamais été démenties. Le 27 février 1986, par exemple, la Fédération s’était jointe avec la CIMADE à l’appel lancé par Amnesty International en faveur de Fawzi Hamza al-Rubali et Muhammad Hassan Khair al-Din, expulsés de Paris vers Bagdad dix jours auparavant. Membres de l’opposition chiite al-Daawa, exilée à Téhéran, les deux Irakiens risquaient la peine de mort et la FIDH ne se dissocia pas des fausses rumeurs selon lesquelles l’un d’eux avait été passé par les armes. D’une manière générale, la structure de fonctionnement de la Fédération, qui repose à travers le monde sur des organisations engagées politiquement, empêche souvent de produire des analyses équilibrées. Ainsi, sur 34 rapports d’enquête de la FIDH étudiés par Hans Thoolen et Berth Verstappen, près d’un cinquième (7) ne prenaient pas soin de recouper les informations pour en vérifier l’exactitude. Todd Landman et Meghna Abraham remarquent pour leur part que la Fédération n’a pas mis en place de système pour faire évaluer son travail.
 
-Plus que la FIDH, la LDH française a fait l’objet d’un certain nombre d’études malgré l’absence d’archives jusqu’en 2000. Beaucoup de récits à son sujet ont cependant eu tendance à idéaliser son rôle de précurseur face aux ONG américaines qui, aujourd’hui, dominent le marché de la défense des droits de l’homme. La répression dont les ligueurs ont été victimes pendant la Seconde Guerre mondiale a notamment contribué à désamorcer les tentatives d’analyse critique et non partisane du fonctionnement de l’organisation. C’est finalement William Irvine, un historien canadien, et non français, qui a révélé toutes les compromissions de la LDH avec les scandales de la Troisième République et, pour certains de ses membres, avec le régime de Vichy.