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Médecins du Monde - Commentaires




8) Les relations avec les forces économiques


-D’un côté, MDM reçoit parfois des financements de la Banque mondiale, par exemple pour un programme de santé au Timor Oriental en 2001. De l’autre, l’association collabore ponctuellement à la mouvance altermondialiste qui dénonce l’idéologie marchande de la Banque mondiale. A la différence de MSF, MDM a ainsi envoyé des représentants aux deuxième et troisième forums sociaux de Porto Alegre au Brésil en 2002 et 2003. L’association est également partenaire d’une campagne lancée par Agir Ici, ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions pour l’Aide aux Citoyens), le CRID (Centre de recherche et d’information pour le développement) et la Ligue française des droits de l’homme contre la libéralisation des services fondamentaux.
 
-En principe, MDM-France se montre soucieux d’éviter les conflits d’intérêts. A la suite du tsunami asiatique de 2004, par exemple, l’organisation a refusé un don de 200 000 Euros d’une entreprise qui commercialisait des boissons alcoolisées. Pour clarifier la situation, MDM-France a en outre annoncé en 2010 avoir mis au point une charte pour régir ses relations avec les entreprises mécènes, s’interdisant de recevoir des fonds des industries pharmaceutiques, militaires, minières, pétrolières et du tabac. Ce document n’a cependant pas été rendu public. On ne sait pas s’il concerne l’ensemble du mouvement et on peut se demander comment il est appliqué. De fait, MDM-France a accepté des fonds de l’industrie pharmaceutique à travers la Fondation GlaxoSmithKline, qui a financé pour un montant de 50 000 Euros un programme de lutte contre le sida à Mekele dans la région du Tigray en Ethiopie de septembre 2003 à septembre 2006. De plus, le mouvement MDM a souvent engagé des partenariats avec les grandes multinationales. Fondée en 1999, la section portugaise, Médicos do Mundo, a ainsi accepté à partir de 2009 des financements d’Exxon Mobil pour travailler en Angola. De telles coopérations ont parfois valu au mouvement de sévères critiques. En juin 2009, par exemple, MDM-France a signé un accord avec le groupe nucléaire Areva pour créer des observatoires de la santé en vue de surveiller l’impact sanitaire des mines d’uranium exploitées au Gabon et au Niger. L’association a alors été accusée de cautionner les opérations d’une industrie régulièrement dénoncée pour avoir pollué l’environnement en laissant à l’air libre des résidus radioactifs, notamment sur le site d’Arlit au Niger. Les critiques ont mis en doute la capacité de MDM à garantir l’indépendance d’observatoires financés exclusivement par Areva, au risque d’être juges et parties pour traiter les demandes d’indemnisation des populations affectées par l’impact sanitaire des activités minières du groupe. Après l’enlèvement d’employés expatriés à Arlit en septembre 2010, le projet ne devait de toute façon pas voir le jour.