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Norwegian People’s Aid
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Commentaires

Norwegian People’s Aid - Commentaires




6) La capitalisation d'expérience


-Etant donné que la NPA se considère comme une organisation politique et ne cherche pas à être impartiale dans les conflits, il n'y a pas lieu de s'interroger sur sa capitalisation d'expérience humanitaire lorsqu'il s'agit d'éviter la récupération militaire et économique de l'aide par les belligérants. Au Soudan, notamment, l'organisation est accusée par l' European-Sudanese Public Affairs Council d'avoir militarisé l'aide, contribué à perpétuer le conflit et soutenu les organes de répression de la SPLA. Un pilote interviewé dans un documentaire sur la " contrebande d'armes au Soudan ", diffusé sur la chaîne de télévision norvégienne NRK le 17 novembre 1999, expliquait ainsi comment les avions affrétés par la NPA convoyait des armes pour les rebelles depuis la base de Lokichokio au Kenya. Leur chargement comprenait, entre autres, des mines alors même que la NPA est membre de la campagne internationale contre les mines antipersonnel (International Campaign to Ban Landmines).

-La NPA a parfois fait l'objet d'évaluations officielles qui ont été publiées mais qui, le plus souvent, ne sont guère critiques car elles ont été financées par les bailleurs de fonds de l'organisation, essentiellement l'agence de coopération norvégienne. Les rares avis recueillis de façon indépendante auprès de la population locale sont beaucoup plus incisifs. A Torit dans le Sud du Soudan, un missionnaire interviewé par Sofrono Efuk en 1996 dénonce par exemple les salaires des humanitaires expatriés et se demande où est passé l'argent collecté par la NPA au nom des victimes : les centres de santé qu'elle prétend gérer ne fonctionnent pas et les patients sont obligés d'aller jusqu'au Kenya ou en Ouganda pour se faire soigner. Dans le Sud du Soudan, toujours, Zoë Marriage observe également que les projets agricoles menés à Aterieu ne sont absolument pas viables faute de marché, de routes et de capital. La culture de tomate, notamment, est soutenue à bout de bras par la NPA, qui fournit les semences, les pompes à eau, les brouettes, les jerrycans, etc. Zoë Marriage parle à ce propos de «fantaisie» de l'ONG, sans lien avec la réalité sociale et économique. Dans le comté de Yirol, encore, Amalie Hilde Tofte et Ruth Haug sont un peu plus positives en ce qui concerne les programmes de vaccination du bétail contre la peste bovine à partir de 1995. Mais elles admettent ne pas savoir vraiment si la reconstitution des troupeaux est due aux efforts de la NPA ou au retour à la paix. Selon Frode Sundnes et Nadarajah Shanmugaratnam, seule une petite minorité de privilégiés a en réalité bénéficié de ces programmes. L’intervention de la NPA a accentué les inégalités sociales et laissé de côté la majorité des habitants, notamment les plus pauvres. De plus, elle n’avait pas un caractère durable car elle n’a « pas assez pris en considération les questions relatives à la qualité du bétail, la gestion des aires de pâturage et la préservation des points d’eau ». Dans le même ordre d’idées, les projets de cultures en jachère se sont faits en taillant la forêt en pièces. « Le développement de l’agriculture a été purement extensif, sans prêter suffisamment attention à l’entretien des sols et à la gestion des terres ». Résultat, on a assisté à une compétition croissante entre éleveurs et cultivateurs dans la région.