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Oxford Committee for Famine Relief
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Commentaires

Oxford Committee for Famine Relief - Commentaires




1) Le mandat


-De l’urgence au développement, Oxfam-UK est une organisation pluridisciplinaire. A la différence de SCF, qui s’est spécialisé dans le secteur de la santé, elle est notamment réputée pour son expertise dans le domaine de l’eau. Plus rarement depuis le début des années 1990, il lui arrive aussi de s’impliquer dans des procédures de médiation, comme au Kenya, où elle tente de favoriser un règlement pacifique des conflits en milieu pastoral, et en Colombie à Chigorodó, où elle aide les paysans indiens déplacés par la guerre à former des « communautés de paix ». Dans le même ordre d’idées, Oxfam-Australia s’interpose entre des groupes rivaux aux îles Salomon et gère un ombudsman pour défendre les droits des populations du tiers-monde face aux compagnies minières.
 
-D’une manière générale, la mouvance d’Oxfam-International se préoccupe également de promouvoir les droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels des pays du Sud. Ainsi, en Grande-Bretagne, l’organisation s’est résolument engagé dans des actions de plaidoyer et est proche d’Amnesty International, dont 12% des membres de la section britannique versent de l’argent à Oxfam-UK selon Grant Jordan et William Maloney. A en croire les enquêtes de Christopher Rootes et Clare Saunders auprès des manifestants réunis à Edinburgh pour protester contre la pauvreté dans le monde peu avant le sommet du G8 à Gleneagles en juillet 2005, jusqu’à 30% des adhérents d’Amnesty International se disent par ailleurs membres d’Oxfam. Dans tous les cas, la promotion des droits économiques, sociaux et culturels, conjuguée à la défense des droits de l’homme, est désormais partie intégrante du mandat que le mouvement s’est assigné. Au début des années 1970, le Comité d’Oxford a même failli renoncer complètement à ses opérations de secours pour se concentrer uniquement sur des programmes d’éducation et de sensibilisation aux problèmes du tiers-monde. De son côté, son homologue australien CAA décidait en 1973 de consacrer 10% de son budget à des actions de « conscientisation », en particulier auprès des jeunes. A l’époque, la défense des droits économiques et sociaux de populations du Sud portait beaucoup sur la question foncière. En Amérique latine, il s’agissait d’aider les paysans sans terres ; en Asie, d’assister les villageois chassés de chez eux par la construction de gros barrages dans les vallées de Serang en Indonésie ou Narmada en Inde. Dans le cadre d’une campagne montée avec Survival International à partir de 1984, Oxfam-UK a par exemple demandé aux autorités britanniques et à la Banque mondiale de faire pression sur le gouvernement indien pour reloger correctement les populations déplacées par le chantier du barrage de Sardar Sarovar dans l’Etat de Gujarat ; dotée d’un bureau ouvert à Washington en 1987, la protestation a ensuite été rejointe par les groupes écologistes. Ce faisant, Oxfam a investi un créneau qui, auparavant, n’était pas le sien, à savoir la protection de la nature. L’organisation a notamment été sensibilisée au sort des cueilleurs de caoutchouc brésiliens, affectés par l’épuisement des sols en Amazonie. Résultat, les sections américaine et hongkongaise de l’organisation ont parrainé et financé en 1995 l’établissement d’ERI (EarthRights International), une structure qui réunit défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement sous la direction d’un réfugié karen de Birmanie, Ka Hsaw Wa…
 
-Depuis lors, le mouvement a résolu les tensions entre plaidoyer et secourisme en créant de nouvelles ONG et en se focalisant sur les droits, et non plus seulement les besoins. NOVIB et Oxfam-Solidarité sont parmi les plus engagées dans ce domaine. Concrètement, la défense des droits de l’homme consiste surtout à soutenir des ONG spécialisées, tels le CODEH (Comité para la Defensa de los Derechos Humanos de Honduras) au Honduras, le CALDH (Centro de Acción Legal para Derechos Humanos) au Guatemala, l’ADHOC (Association des Droits de l’Homme et du Développement du Cambodge) au Cambodge ou le LBH (Lembaga Bantuan Hukum) en Indonésie. Face à l’opacité des institutions publiques et des entreprises, ce dernier défend par exemple des individus qu’il choisit en fonction de leur niveau de revenus et de la nature du préjudice subi, en l’occurrence sur la base d’un panorama assez large : atteintes à la liberté de parole, d’opinion ou d’association, discriminations sexuelles, torture, insécurité physique, exploitation économique, destruction de logements ou expropriation de terres, dégradation de l’environnement…
 
-Historiquement, Oxfam a connu un mouvement de balancier entre l’urgence et le développement. Le Comité d’Oxford a d’abord commencé avec des programmes de secours dans l’Europe en guerre. Avec la vague tiers-mondiste des années 1960 et 1970, il s’est ensuite spécialisé dans le développement en donnant la priorité au monde rural pour prévenir le gonflement des bidonvilles et l’hypertrophie d’agglomérations trop dépendantes des importations. Oxfam-UK n’en a pas pour autant renoncé à sa vocation humanitaire. Puis, dans les années 1980, les crises cambodgienne et éthiopienne ont amené Oxfam-UK à réinvestir l’action humanitaire en situation de crise. La part dévolue aux opérations d’urgence est alors remontée sensiblement, atteignant 35% en 1982. En Australie, CAA a, pour sa part, suivi une tendance assez similaire en se dotant en 1986 d’une unité de réponse aux crises. D’une manière générale, le mouvement ne considère pas que l’action humanitaire se limite à l’urgence et interdit le plaidoyer politique. Dans un écart publié dans le Times du 12 septembre 1964 et cité par Katherine Davies, Oxfam-UK demandait ainsi aux donateurs de soutenir la poursuite de ses « projets humanitaires sur le long terme ».
 
-Sur le plan géographique, Oxfam-UK travaille initialement en Europe et dans le monde colonial britannique car le bloc soviétique et des pays comme la Chine ou l’Indonésie refusent son aide. La fin de la guerre froide et l’internationalisation de l’organisation permettent ensuite d’étendre le rayonnement du mouvement. Pour la première fois, Oxfam, par le biais de sa section de Hong Kong, peut par exemple démarrer en 1996 un projet de développement dans la Chine communiste, en l’occurrence auprès d’éleveurs de yaks sur le plateau tibétain. L’Afrique subsaharienne continue cependant de retenir l’essentiel des efforts du mouvement, à hauteur d’un tiers des programmes d’Oxfam International (36% en 2006, 39% en 2003, 38% en 2002, 38% en 2001, 37% en 2000, 32% en 1999, 46% en 1997), contre un cinquième pour l’Amérique latine et les Caraïbes (12% en 2006, 17% en 2003, 19% en 2002, 20% en 2001, 21% en 2000, 23% en 1999, 24% en 1997), un cinquième pour l’Asie (32% en 2006, 20% en 2003, 21% en 2002, 24% en 2001, 21% en 2000, 19% en 1999, 20% en 1997) et un dixième pour l’Europe de l’Est (2% en 2006, 5% en 2003, 5% en 2002, 6% en 2001, 10% en 2000, 16% en 1999, 7% en 1997) et le Moyen Orient (3% en 2006, 5% en 2003, 5% en 2002, 4% en 2001, 3% en 2000, 3% en 1999, 2% en 1997). Une sorte de division géographique du travail permet en l’occurrence de répartir les tâches entre les différentes sections : les Hollandais de NOVIB sont très présents en Indonésie ; les Espagnols d’Intermón, en Amérique latine ; Oxfam-Hong-Kong, en Chine, etc.