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Oxford Committee for Famine Relief
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Oxford Committee for Famine Relief - Commentaires




4) Les financements


-Concernant la présentation des ressources financières des différentes sections du mouvement, les budgets d’Oxfam-Hong-Kong et d’Oxfam-Québec sont calculés du 1er avril au 31 mars de l’année suivante ; ceux d’Oxfam-Espagne, d’Oxfam-Nouvelle Zélande et d’Oxfam-Australie, du 1er juillet au 30 juin ; ceux d’Oxfam-Irlande, du 1er mai au 30 avril ; ceux d’Oxfam-Canada, du 1er octobre au 30 septembre ; ceux d’Oxfam-America, du 1er novembre au 31 octobre. Les chiffres cités pour l’année 2001 dans la base de données de l’Observatoire de l’Action Humanitaire couvrent, respectivement, les périodes qui démarrent le 1er avril 2001, le 1er juillet 2001, le 1er mai 2001, le 1er octobre 2000 et le 1er novembre 2000. Les budgets d’Oxfam-UK, eux, sont calculés du 1er mai au 30 avril de l’année suivante. Ainsi, le chiffre cité pour l’année 2001 couvre la période qui démarre le 1er mai 2001 et inclut les quatre premiers mois de l’année 2002. A partir de 1999, des changements de présentation comptable font par ailleurs que le total des ressources déclarées comprend désormais l’ensemble des revenus tirés des activités commerciales d’Oxfam-UK, qui étaient auparavant calculés nettes de leur coût de fonctionnement. Avant 1989, et faute d’avoir eu accès aux rapports financiers d’Oxfam-UK, les chiffres proviennent des données recueillies par la Charitites Aid Foundation et calculées à prix constants 1987. Concernant Oxfam-Australie, le calcul des revenus totaux date de 2002, quand l’organisation a commencé à publier les comptes combinés de CAA, de ses magasins et de ses activités de service. La part des ressources privées a naturellement augmenté en conséquence. Au niveau de la seule entité humanitaire CAA, elle serait sinon de 79% d’un budget de Au$46,3 millions en 2004, 77% de Au$29,2 millions en 2003 et 66% de Au$31,5 millions en 2002. Les sections irlandaise et espagnole, pour leur part, publient des comptes avec l’ensemble des revenus tirés de leurs activités commerciales ; Hongkong les diffuse nets de leur coût de fonctionnement ; on ne sait pas ce qu’il en est pour les sections américaine, belge, canadienne, hollandaise et québécoise. Les taux de change en dollars américains ou en euros sont calculés à la date de clôture des comptes pour l’Australie et le Canada ; sur la moyenne de l’ensemble de l’année considérée pour le Québec, Hongkong et la Nouvelle Zélande.
 
-Au niveau mondial, Oxfam-International dispose d’une force de frappe financière digne d’une firme multinationale, avec un budget initial de $350 millions en 1996, puis de $1,224 milliard en 1999, $1,105 en 2000, $1,254 en 2001, $1,889 en 2002, $2,078 en 2003, $2,629 en 2004, $4,384 en 2005 et $5,090 [déficit compris] en 2006. En comparaison, il faut savoir que le budget de l’Etat libérien était de $80 millions en 2005 et que le produit national brut du Burundi était de $620 millions en 2002.
 
-A parts à peu près égales, les deux sections les plus riches, en Grande-Bretagne et en Hollande, représentent plus des deux tiers des ressources financières du mouvement. La progression d’Oxfam-UK est particulièrement impressionnante à cet égard, marquée par les trois temps forts qu’ont été la crise du Cambodge en 1979, la famine éthiopienne en 1984 et le tsunami d’Asie en 2004. Avec des ressources passées de £17 millions en 1979 à £30,2 en 1980, l’organisation a d’abord vu son revenu doubler et, pour la première fois, dépasser celui de l’Armée du Salut en 1981. Grâce aux appels en faveur des victimes de la famine en Ethiopie, le budget du Comité d’Oxford a de nouveau doublé entre 1984 et 1985, de £33,6 à £63 millions. Au cours des années 1990, enfin, Oxfam-UK est, selon la Charities Aid Foundation, devenu l’ONG la plus appréciée des donateurs britanniques : celle, en tout cas, qui a le plus bénéficié de la générosité du public en valeur absolue, devançant l’Armée du Salut et Save the Children.
 
-A parts égales, les ressources d’Oxfam-UK proviennent aux deux tiers des dons des particuliers et du produit des ventes de ses magasins. Le développement d’activités commerciales est partie prenante d’une organisation qui veut ainsi assurer son indépendance financière, quitte à faire pression sur le Parlement britannique, comme en mars 1997, pour obtenir que les structures à vocation humanitaire continuent d’être partiellement exemptées du paiement de la TVA. A l’instar d’Oxfam-Trading au Royaume-Uni, les autres sections du mouvement disposent également de leurs propres compagnies, telles Bridgehead au Canada de 1984 à 1998, Community Aid Abroad Trading Pty. Ltd. (Proprietary limited company) en Australie depuis 1986, Oxfam-Wereldwinkel/Magasins du monde en Belgique depuis 1975, CEOQI (Commerce équitable Oxfam-Québec Incorporated) au Québec depuis 1997, etc. La section australienne, CAA, a en l’occurrence été la première à suivre le modèle britannique en lançant en 1965 une chaîne de magasins d’artisanat sous le nom de Trade Aid puis de Trade Action Pty Ltd. Après deux déficits consécutifs en 1976 et 1977, l’affaire a été revendue en 1979 mais a repris avec la création, en 1986, de la Community Aid Abroad Trading Pty Ltd, désormais placée directement sous la responsabilité de CAA. Depuis lors, la mode du commerce équitable a redonné un nouveau souffle à ces activités. Tandis qu’Oxfam-Belgique expérimentait le procédé à Anvers dès 1971, le Comité d’Oxford s’est préoccupé de vérifier les filières d’achat de ses magasins afin de ne pas cautionner le travail des enfants et l’exploitation des artisans du tiers-monde. Oxfam-UK a ouvert sa première boutique de commerce équitable à York en mars 1996 ; Oxfam-Québec, à Toronto en juin 1997. Les membres du mouvement, en l’occurrence, ne vendent pas que des produits alimentaires : du riz à Hong Kong, du café au Royaume-Uni ou une eau minérale ironiquement appelée « Eau Secours » au Québec. La section australienne, par exemple, a aussi commercialisé son expertise en créant en 1983 un cabinet de consultants, CAA Development Services, devenu indépendant sous le nom d’IDSS (International Development Support Services) en 1987. A Hong Kong, OHK vend pour sa part du matériel éducatif. En France, enfin, Agir Ici a ouvert des librairies d’occasion, d’abord à Lille en 2007, puis à Paris dans le 14ème arrondissement en 2010 et dans le 11ème en 2011.
 
-Autre source de financements privés, les membres d’Oxfam-International sollicitent la générosité du public en organisant des concerts de musique (en Grande-Bretagne), des courses de fond (en Australie), des salons de thé (à Hong Kong) ou des tournois de golf (au Québec). Sur le plan éthique, tous refusent de pratiquer le parrainage d’enfants, un procédé qui, apprécié par les donateurs, s’avère très rentable mais qui présente l’inconvénient d’individualiser l’aide au risque d’exciter la jalousie des exclus et de diviser la communauté d’origine des bénéficiaires. Pour autant, les méthodes utilisées par le mouvement pour attirer les dons sont parfois racoleuses ou culpabilisantes. Oxfam-America, Hong Kong, Canada et Québec organisent ainsi des « banquets de la faim » (hunger banquets) au cours desquels une minorité des convives a droit à un repas complet, tandis que la majorité doit se contenter d’eau et de riz. Pionnier sur le marché britannique de la collecte de fonds, Oxfam-UK a très tôt fait usage du marketing, bénéficiant d’abord des tarifs préférentiels d’une agence spécialisée, Alexander Butterfield. A l’instar de son homologue au Québec, l’organisation a alors été accusée de pornographie humanitaire parce qu’elle montrait les visages d’enfants affamés. En Grande-Bretagne, elle a d’ailleurs dû retirer des affiches jugées mensongères par la Charity Commission puisque l’aide était destinée à des adultes et pas seulement à des mineurs. Malgré cela, note Vanessa Pupavac, Oxfam-UK n’a pas renoncé à utiliser des slogans simplistes pour attirer l’attention des donateurs, quitte à condamner par la même occasion les désirs de consomation, le matérialisme et les aspirations à la prospérité des masses chinoises ou indiennes. En 2008, par exemple, l’organisation villipendait l’obésité des habitants des pays riches pour expliquer la faim du tiers-monde suivant un principe de vases communiquants pour le moins discutable. De telles campagnes publicitaires, remarque Benedict Nightingale, n’en ont pas moins continué à générer des fonds importants. Il en va de même pour la section belge, qui, en octobre 2006, a été très critiquée par les associations féministes parce qu’elle cherchait à promouvoir les produits issus du commerce équitable avec des affiches sexistes et provocantes représentant des femmes dévêtues et « fatales », l’une couchée sur un lit de bonbons, l’autre déguisée en bonne sœur pour vanter les mérites d’une huile d’olive « extra vierge ». Si cette campagne publicitaire a provoqué la démission de quelques militants, elle n’a pas eu d’incidences sur les ventes d’Oxfam.
 
-Parmi les financements d’origine privée, l’organisation peut aussi compter sur l’apport des milieux d’affaires. Elle participe ainsi au Global Compact, une plate-forme créée en 2001 à l’initiative du secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, en vue d’amener les ONG et les entreprises à collaborer. Oxfam-Québec, en l’occurrence, travaille avec la banque Desjardins. Oxfam-Belgique, de son côté, émet des obligations et a créé avec Siemens une sorte de consortium d’entreprises engagées pour le développement (Corporate Funding Program). NOVIB, encore, a lancé un fonds de placement avec la banque ASN (Algemene Spaarbank voor Nederland) en 1996, tandis que Oxfam-UK entretient depuis longtemps des relations étroites avec la Cooperative Bank et une compagnie quaker, Northern Foods. Depuis 2005, enfin, Oxfam-America labellise le café « équitable » servi dans les restaurants rapides McDonald.
 
-Pour des raisons éthiques, le mouvement a parfois refusé le mécénat d’entreprises douteuses. En 1985, Oxfam-UK décidait par exemple de renoncer aux financements de la banque Barclays, très présente en Afrique du Sud malgré les sanctions internationales contre le régime de l’apartheid. Dans le même ordre d’idées, l’organisation repoussait un don de Rothmans, à la fois à cause des nuisances du tabac et de l’implantation sud-africaine de cette compagnie. En 2005, notent encore Anisya Thomas et Lynn Fritz, le Comité d’Oxford a refusé d’utiliser gratuitement des avions de fret pour venir au secours des victimes du tsunami asiatique, car il n’était pas sûr qu’ils n’avaient pas aussi servi à transporter des armes. D’après Ruth Phillips, Oxfam-Australie a, pour sa part, rédigé en 1997 un code de conduite confidentiel qui lui interdit théoriquement de recevoir des subventions des entreprises responsables de dégâts environnementaux ou sociaux. Oxfam-America dit également refuser les financements des industries contre qui le mouvement mène campagne. Soucieuse de favoriser l’accès des pauvres à des médicaments génériques moins onéreux, l’organisation devrait donc, en théorie, renoncer au mécénat des firmes pharmaceutiques dont les brevets pénalisent les pays en développement. A partir de 2002, Oxfam-America n’en pas moins reçu des subventions de Pfizer, une compagnie qui est par ailleurs mêlée à des expériences malheureuses de vaccins ayant provoqué la mort d’enfants au Nigeria en 1996. Les contradictions entre les valeurs humanitaires et les ressources du mouvement ne sont pas exceptionnelles à cet égard. D’un côté, l’organisation critique les compagnies pétrolières qui polluent l’environnement ou financent des dictatures ; de l’autre, les sections américaine et britannique ont reçu un soutien de la Fondation BP (British Petroleum) en 2002 et 2005, tandis que Oxfam-Australia a été sponsorisé par la succursale australienne de Shell en 2005. Malgré les préventions du mouvement contre l’industrie de l’armement, des compagnies de sécurité privées ont également versé leur obole, telles Securicor Gurkha Services à Oxfam-Hong-Kong et Securitas à Intermón, tandis que le Comité d’Oxford a accepté en 1976 de vendre des jouets guerriers dans ses boutiques. De telles contradictions n’épargnent pas non plus les partenaires du tiers-monde. Ainsi, Oxfam-UK reçoit des subventions des brasseries SAB Miller (South African Breweries) alors que son correspondant en Inde, AWARE (Action for Welfare and Awakening in Rural Environment), manifeste dans les rues pour demander une interdiction totale de la vente et de la consommation d’alcool dans l’Andhra Pradesh et l’Orissa. Les critères éthiques ont d’ailleurs évolué en la matière. En 1976, par exemple, le Comité d’Oxford avait renoncé aux revenus de la loterie, sachant que les jeux de hasard facilitent le blanchiment d’argent sale et peuvent dilapider l’épargne des ménages en difficulté. A présent, Oxfam-UK et NOVIB acceptent les fonds des loteries nationales britannique et hollandaise.
 
-Concernant les financements d’origine publique, l’attitude des diverses sections du mouvement varie beaucoup. A un extrême, on trouve Oxfam America et Agir Ici, qui refusent toute subvention gouvernementale. A l’autre, on trouve les sections québécoise, hollandaise, australienne et belge, qui travaillent régulièrement avec les agences de coopération de leurs pays. CAA, par exemple, a vu la part des subventions gouvernementales augmenter de 5% de ses ressources en 1975 à 51% en 1984, entraînant une augmentation significative de son budget, qui est passé de 2,03 millions de dollars australiens en 1980 à 1,56 en 1982, 3,66 en 1984, 4,76 en 1986, 7,85 en 1988 et 12,38 en 1990. Une telle dépendance s’est ensuite amoindrie quand l’organisation a fusionné en 1992 avec l’Australia Freedom from Hunger Campaign, une ONG qui bénéficiait davantage de la générosité des particuliers. Les situations sont assez différentes d’un pays à l’autre. Dans un ouvrage publié en 2007, Ian Anderson montre ainsi que, sur la période 1984-1996, la part des financements publics a considérablement augmenté dans le budget des sections espagnole, hollandaise, britannique, québécoise, néo-zélandaise et belge, mais a diminué chez les Australiens, les Canadiens et les Hongkongais.
 
-Oxfam-UK se situe entre les deux extrêmes que sont Novib et Agir Ici. Soucieux d’échapper aux contraintes politiques du gouvernement britannique ou de l’Union européenne, le Comité d’Oxford a décidé de limiter les subventions publiques à 20% puis 10% de son budget, avec un plafond de 20% pour chaque projet. Pour autant, la part de financements privés est tombée de 95% de ses ressources en 1970 à moins de 85% au début de la décennie 2000. Au cours des années 1980 et 1990, constate la Charities Aid Foundation, l’essentiel de l’augmentation du budget d’Oxfam-UK est en fait provenu de subventions des pouvoirs publics. Le plafond qui limitait l’apport d’un seul bailleur institutionnel à 10% du budget total de l’organisation a d’ailleurs été relevé à 20% en 2005. Certains financements étatiques n’en sont pas moins discutables. Depuis le début des années 1990, Oxfam-UK reçoit par exemple de l’argent des agences de coopération de Jersey et Guernesey. Or les îles anglo-normandes recyclent l’argent sale des dictatures du tiers-monde, tel le Nigeria du général Sani Abacha entre 1993 et 1998. Le risque serait de voir des activités d’Oxfam-UK financées grâce au détournement des fonds publics de pays en développement où l’Etat n’investit pas ou peu dans les infrastructures.
 
-Il est arrivé que des sections du mouvement connaissent des dérives financières ou s’associent à des personnages pas toujours très recommandables. NOVIB, par exemple, est d’abord présidée par le prince consort Bernhard Peter zur Lippe-Biesterfeld, un comte d’origine allemande qui sera impliqué dans divers scandales de fraude et corruption (notamment l’affaire Lockheed en 1976 ou le Project Lock en 1989, qui vise à former des mercenaires sud-africains du régime de l’apartheid), ceci sans parler de ses relations douteuses avec Robert Vesco, un escroc de grande envergure, et Tibor Rosenbaum, le banquier suisse de la mafia. Oxfam-Québec, pour sa part, traverse une grave crise interne en 1991 quand la presse locale révèle que son président, Jean O’Keefe, a détourné des fonds et profité de sa position pour se payer des billets d’avion en première classe. Il est alors remplacé par Jean-Guy Brodeur, le responsable de la communication des chemins de fer canadiens, puis, en 1992, Jean-Pierre Charbonneau, qui effectuera son retour à la politique active en 1994 et auquel succédera Nicole Saint-Martin, la directrice de l’Institut de recherche et d’enseignement pour les coopératives. La dérive marchande de l’organisation touche en fait l’ensemble d’un conseil d’administration dont seulement trois membres sur treize ont une expérience dans les pays en développement. Egalement critiqué, le directeur d’Oxfam-Québec à l’époque, Gaston Truchon, doit aussi partir et cède la place à Pierre Véronneau en septembre 1993.
 
-D’une manière générale, il faut savoir que seule une petite partie des ressources du mouvement, entre un quart et un cinquième, est effectivement dépensée dans les pays en développement. Une telle proportion, en l’occurrence, représentait 27% du budget d’Oxfam-International en 2000 ($303 millions), 25% en 2001 ($318 millions), 20% en 2002 ($369 millions), 19% en 2003 ($402 millions), 20% ($528 millions) en 2004, 12% ($528 millions) en 2005 et 13% ($638 millions) en 2006. Le reste est consacré aux activités de plaidoyer, à l’administration, aux frais de gestion et à la collecte de fonds.
 
-La structure financière des partenaires d’Oxfam dans le tiers-monde, enfin, révèle une grande dépendance à l’égard des subventions occidentales. En Indonésie, par exemple, la Fondation de l’Institut d’aide juridique, la YLBHI (Yayasan Lembaga Bantuan Hukum Indonesia), connaît une grave crise en 2005 lorsque ses deux principaux bailleurs de fonds lui retirent leur soutien suite à des problèmes administratifs internes. De même, au Kenya, le GBM (Green Belt Movement) ne parvient pas à attirer les dons des particuliers et ne souhaite pas s’autofinancer en vendant les semences qu’il distribue gratuitement aux paysans. Pour fonctionner, il dépend donc entièrement de l’agence de coopération danoise, du gouvernement finlandais, de la compagnie Mobil Oil et de NOVIB, qui devient son principal bailleur lorsqu’il perd les subventions de la Norvège à cause de la rupture des relations diplomatiques entre Nairobi et Oslo en 1990. Au Sri Lanka, encore, le SSM (Sarvodaya Shramadana Movement) se développe d’abord sur une base purement locale grâce aux seules contributions de ses membres, depuis sa fondation en 1958 jusqu’au recrutement de son premier salarié en 1968. Puis il voit sa capacité d’autofinancement s’éroder considérablement à mesure que le soutien des sections hollandaise, britannique et canadienne d’Oxfam lui permet d’étendre ses programmes d’éducation et de santé publique, avec, en 1976, la gestion de 147 maternelles reconnues par le gouvernement (contre 17 en 1972) et 203 bibliothèques pour enfants (contre 193 en 1975, 180 en 1974, 160 en 1973, 150 en 1972 et 82 en 1971). Malgré la constitution en 1985 d’un consortium de donateurs qui est censé faciliter et standardiser les procédures budgétaires, la brusque réduction des subventions de NOVIB, décidée unilatéralement, précipite le SSM dans une grave crise financière en 1994. Au final, note Jehan Perera, l’association sri lankaise est réduite à un rôle de sous traitant pour le compte de ses bailleurs occidentaux.
 
-D’une manière générale dans les pays en développement, beaucoup d’ONG partenaires du Comité d’Oxford ne sont pas viables sans les subventions des pays du Nord. La majeure partie de leurs ressources proviennent d’agences de coopération ou des diverses sections d’Oxfam, à hauteur, en 1991, de 50% d’un budget de $2,25 millions pour AWARE, de 77% d’un budget de $475 000 pour l’ORAP, de 80% d’un budget de $675 000 pour IBASE et de 90% d’un budget de $6 millions pour le SSM. Certes, la plupart de ces ONG cherchent à devenir autonomes et à s’affranchir de l’aide occidentale. Dans l’ouvrage de Sjef Theunis, publié en 1991, AWARE affirmait par exemple vouloir acquérir son indépendance financière d’ici l’an 2000 et disait avoir refusé en 1977 les subventions d’agences internationales qui voulaient imposer leurs conditions de fonctionnement. L’ORAP, pour sa part, s’est doté à cet effet d’une fondation commerciale en 1991 mais a continué de dépendre des fonds du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Le seul véritable succès en la matière est le BRAC, qui a réussi à réduire la part des bailleurs étrangers de 95% de son budget dans les années 1980 à environ 25% au début des années 2000.