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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
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Historique

Fédération internationale des ligues des droits de l’homme - Historique




Années 1950


-1950, Corée : la LDH française condamne à la fois l’agression de la Corée du Nord communiste et l’intervention militaire américaine au Sud. A l’époque, ses prises de position en faveur d’un désarmement atomique paraissent plutôt faire le jeu des Soviétiques. En effet, la LDH soutient en janvier 1947 les insurgés communistes en Grèce, s’oppose en février 1951 au réarmement de l’Allemagne de l’Ouest et se mobilise en février 1953 pour essayer (en vain) de sauver les époux Julius et Ethel Rosenberg, accusés d’avoir livré des secrets militaires à l’URSS et exécutés aux Etats-Unis.

-1952, Etats-Unis : présidée par Joseph Paul-Boncour (1873-1972), qui siège également au comité central de la LDH française et qui a occupé diverses fonctions gouvernementales pendant la Troisième République (député puis sénateur socialiste indépendant, il a été ministre du Travail en 1911, de la Défense en 1932 et des Affaires étrangères en 1933, 1934 puis 1938), la FIDH obtient un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), où elle rejoint son équivalent américain, la Ligue internationale pour les droits de l’homme (ILHR). Cette dernière a été admise à l’ECOSOC en 1947 et elle y subira des attaques en règle de la part de l’URSS car elle défend en priorité les droits de l’homme dans les pays communistes et son conseil d’administration compte bientôt un bon nombre de réfugiés politiques en provenance d’Europe de l’Est. En 1967 puis 1978, l’ILHR devra ainsi lutter de pied ferme pour conserver son statut consultatif auprès des Nations Unies.

-Mars 1953, Allemagne : la FIDH, qui s’oppose au réarmement allemand, envoie à Berlin-Ouest une mission enquêter sur l’exode de plus de 100 000 Juifs qui fuient les mesures discriminatoires prises à leur encontre dans la zone d’occupation soviétique. La Fédération n’est cependant pas la plus active en ce qui concerne les violations des droits de l’homme en Europe de l’Est. En France, d’autres initiatives comblent d’ailleurs ces lacunes, notamment de la part de David Rousset, auteur d’un livre sur L’Univers concentrationnaire qui, dans le Figaro littéraire du 12 novembre 1949, avait lancé un “ appel aux anciens déportés des camps nazis ” afin de dénoncer le goulag soviétique et fonder, le 10 octobre 1950 à Bruxelles, une Commission internationale contre le régime concentrationnaire, la CICRC. Faute de pouvoir se rendre sur place, ladite Commission a recueilli des témoignages des rescapés pour rédiger un Livre Blanc sur l’URSS en 1951. Autorisée à visiter les lieux de détention en Espagne et en Grèce en 1952, en Tunisie en 1953 et en Algérie en 1957, elle élargit ensuite son champ d’investigation mais cessera ses activités vers 1960, après avoir publié d’autres Livres Blancs, en l’occurrence sur l’Espagne, la Grèce et la Tunisie en 1953.

-A partir de mars 1954, Belgique : dissoute pendant la Seconde Guerre mondiale, la LBDH, qui était présidée par Emile Vandervelde avant l’invasion allemande de 1940, est reconstituée par des francophones bruxellois, essentiellement des juristes. Reconnue d’utilité publique en 1968, elle est très proche du pouvoir, compte en permanence des ministres au gouvernement et recense 72 ligueurs au Parlement en 1958 par exemple, dont 15 dans les partis chrétiens et 57 chez les socialistes et les libéraux. Sur le plan financier, elle dépend aussi beaucoup des subventions publiques au niveau fédéral, communautaire et local ; les cotisations de ses membres et le mécénat d’entreprise ne représentent, respectivement, qu’entre 10% et 30% de son budget. Sachant que les crédits gouvernementaux ne sont accordés que pour une année, Karim Cham se demande ainsi “ dans quelle mesure cette peur permanente de perdre ses ressources influence ses prises de position et sa détermination à les défendre ”. De fait, la LBDH se dote, en 1978, d’un équivalent néerlandophone, la Liga Voor Mensenrechten, lorsque le ministre de la Culture refuse d’accorder des fonds à une organisation ne disposant pas d’une antenne flamande indépendante. De même, le silence de la Ligue à propos de certains conflits au Proche-Orient ou dans les pays communistes s’explique par le souci de maintenir de fragiles équilibres politiques au sein d’une association qui fonctionne au consensus et ne recourt pas au vote pour décider ses motions. Passant de 300 à un millier de membres au début des années 1970, la LBDH s’ouvre néanmoins aux femmes, aux Flamands et au monde de l’enseignement, du journalisme et du syndicalisme. Après Henri Botson et Georges Aronstein, Marc De Koch est, en 1973, le premier président néerlandophone de la Ligue, dont il recentre les activités sur la Belgique sans pour autant cesser d’engager l’organisation à propos des grandes crises internationales.

-1955, France : la LDH soutient le gouvernement radical-socialiste de Pierre Mendès France, un de ses vieux militants qui, avant de devoir démissionner en février 1955, a réussi à négocier la décolonisation du Vietnam et le retrait des troupes françaises dans le cadre des accords de Genève de juillet 1954. Dès 1949, l’organisation s’était prononcée en faveur de l’indépendance du Vietnam… dans le cadre de l’Union française. A l’époque, la Ligue dénonce les inégalités sociales du monde colonial. Sous l’égide d’Emile Kahn, son nouveau président depuis 1953, elle n’est cependant pas favorable à l’indépendance de l’Algérie, où une insurrection a éclaté fin 1954.

-1956, Hongrie, Pologne : la FIDH dénonce les exécutions qui suivent l’entrée de l’Armée Rouge à Budapest en octobre 1956. A propos de la Pologne, la FIDH critique également les procès de Poznán qui démarrent en septembre et où sont jugés les opposants ayant fomenté des manifestations ouvrières le 28 juin 1956. Ses positions reflètent en l’occurrence les analyses de la LDH française qui, d’un côté, demande en juin 1949 une enquête de l’ONU sur les camps de travail forcé en URSS et, de l’autre, condamne en juillet 1954 l’intervention militaire américaine au Guatemala et désapprouve l’expédition franco-britannique contre l’Egypte nassérienne en octobre 1956.

-1957-1961, Algérie : après avoir condamné l’instauration d’un état d’urgence par le président du Conseil Edgar Faure en mars 1955, la LDH française prend ses distances avec le gouvernement SFIO de Guy Mollet, qui durcit sa politique coloniale. L’organisation, qui a dénoncé en avril 1956 l’usage de la torture par l’armée, s’implique dans la publication à ce sujet d’un livre interdit par les autorités, “ La Question ” d’Henri Alleg. En 1957, un de ses membres, l’historien Pierre Vidal-Naquet, lance par ailleurs un comité de soutien à Maurice Andin, un jeune assistant de la faculté des sciences d’Alger, arrêté et assassiné par les militaires français. L’opposition de la LDH à la guerre d’Algérie permet d’attirer de nouveaux militants et de renouveler des instances dirigeantes qui, dans les années 1950, se composent, entre autres, de René Barthes, gouverneur général des colonies à la retraite depuis 1948, et de Lucie Aubrac, résistante et sympathisante du mouvement de la paix, d’obédience communiste. Avec René Cassin, Léo Hamon et André Philip, quelques personnalités gaullistes entrent également au comité central de la LDH.

-1958-1975, France : journaliste au Populaire de 1933 à 1939, résistant, secrétaire général du parti socialiste entre 1944 et 1946, député SFIO de 1945 à 1958, plusieurs fois ministre du Travail ou des Affaires sociales en 1947-48, Daniel Mayer est élu président de la LDH et s’élève contre les risques d’atteinte aux libertés publiques que présente la nouvelle Constitution fondant la Vème République. L’organisation appelle en l’occurrence à voter contre le projet du général Charles de Gaule au référendum du 13 mai 1958. Remplaçant Emile Kahn, décédé, Daniel Mayer restera en poste jusqu’en 1975, date à laquelle il cèdera la place à Henri Noguères, le fils d’un des rares députés à avoir refusé de voter les pleins pouvoir au maréchal Philippe Pétain en juin 1940. Membre démissionnaire d’un courant de la SFIO opposé à la politique algérienne du gouvernement de Guy Mollet, Daniel Mayer a participé en septembre 1958 à la fondation d’une formation dissidente, le PSA (Parti socialiste autonome), ancêtre du PSU (Parti socialiste unifié) en 1960. En mai 1968, il appellera les électeurs à voter massivement pour obtenir la démission du général Charles de Gaulle.