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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
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Historique

Fédération internationale des ligues des droits de l’homme - Historique




Années 1980


-1980-1986, France : en 1980, la LDH modifie l’article deux de ses statuts afin d’élargir son champ d’action à la lutte contre le racisme. L’organisation, qui s’est prononcée dès 1974 pour le droit de vote des étrangers aux élections locales, commence à militer en faveur de la régularisation des immigrés sans papiers. Cela lui vaut l’hostilité des milieux nationalistes et, en septembre 1980, le président de la LDH, Henri Noguères, est victime d’une tentative d’attentat à son domicile. L’élection de François Mitterrand à l’Elysée en mai 1981 conforte cependant la détermination de l’organisation. La LDH, qui a appelé à voter pour le parti socialiste, compte seize Ligueurs dans le gouvernement de Pierre Mauroy. Si Henri Noguères refuse d’accepter le portefeuille des droits de l’homme et décide de rester à la tête de la Ligue, Daniel Mayer est nommé à la présidence du Conseil constitutionnel ; Robert Badinter devient ministre de la Justice et met en sommeil ses activités d’avocat pour la LDH. L’organisation, qui avait publié un “ Livre noir ” sur le septennat du président Valéry Giscard d’Estaing en matière d’atteintes aux droits de l’homme, modère alors ses critiques contre les autorités. En juillet 1984, il est vrai, un de ses responsables, Pierre Joxe, se voit confier le portefeuille de l’Intérieur du gouvernement de Laurent Fabius afin d’endiguer l’immigration clandestine. En avril 1985, le président François Mitterrand est l’invité d’honneur du 65è Congrès de la LDH, à qui il répond sur le droit de vote des étrangers. Les affinités de l’organisation avec l’Elysée tiennent pour beaucoup à des liens personnels. Fondateur de l’Union de la gauche socialiste en 1957, le président de la LDH depuis 1984, Yves Jouffa, est lui-même proche de Robert Badinter ; il a notamment défendu des membres du Mouvement nationaliste algérien de Messali Hadj, des trotskystes des Jeunesses communistes révolutionnaires et des indépendantistes kanaks et corses. Pour voir la LDH reprendre du mordant contre le gouvernement, il faut attendre le retour de la droite au pouvoir avec les législatives de 1986 et la cohabitation. Malgré l’absence de liens organiques avec un parti, cette politisation de la LDH, qui recrute quasi-exclusivement à gauche, refuse des candidatures d’hommes de droite et donne des consignes de vote, suscite des réticences de la base. Parmi les commissions thématiques de la LDH, il en est une qui traite de l’extrême droite ; aucun équivalent n’existe pour l’extrême gauche.

-1981, Pologne : la LDH française dénonce la répression du mouvement syndical par la junte du général Wojciech Jaruzelski.

-A partir de 1982, Colombie : la FIDH mène une première mission d’enquête qui dénonce les exactions des groupes paramilitaires. Alors que la guerre civile prend de l’ampleur, la Fédération focalise par la suite son travail sur l’Etat colombien, considéré comme “ le principal responsable de la violence ”, ainsi que les milices pro-gouvernementales, les narcotrafiquants et l’aide militaire des Etats-Unis. La FIDH suit en l’occurrence la tendance des ONG locales, qui imputent aux groupes paramilitaires l’essentiel des violations des droits de l’homme —les trois quarts en 1999 par exemple. Dans un communiqué du 7 mai 2003, la Fédération condamne certes la guérilla des FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia), qui vient d’exécuter des otages tels que le gouverneur de Medellin et un ancien ministre de la Défense. Pour autant, la FIDH n’entreprend jamais d’enquête sur les exactions commises par les mouvements de rébellion armée.

-1984, Chine : la LDH française lance une campagne publique contre les violations des droits de l’homme dans l’Empire du Milieu. Mais pas plus que la FIDH elle n’y mène d’enquêtes.

-A partir de 1985, Algérie : un avocat, Ali Yaya Abdennour, lance la LADDH (Ligue algérienne de défense des droits de l’homme) en juin 1985. Dès sa création, celle-ci est réprimée par le gouvernement, qui refuse de légaliser son existence, et un de ses membres fondateurs, le psychiatre Saïd Sadi, est par exemple emprisonné d’août 1985 à avril 1987. Au cours des années 1990, la fin du parti unique et les affrontements entre l’armée et les islamistes ne mettent pas un terme au harcèlement des autorités. Visé par dix-sept plaintes identiques mais émanant de différentes institutions, le journaliste Hafnaoui Ghoul, représentant de la LADDH à Djelfa, dans le Sud, se dit victime d’une cabale judiciaire après avoir publié une enquête sur la corruption locale. Arrêté le 24 mai 2004 et condamné à deux mois puis trois mois de prison ferme, il entame une grève de la faim le 10 août. Clairement associée à l’opposition légale et laïque, la LADDH se positionne alors contre un pouvoir héritier du régime de parti unique. A la suite des « révolutions » populaires qui entraînent la chute des dictatures en Tunisie et en Egypte, elle monte par exemple une Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui organise en février 2011 des manifestations avec les Kabyles du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie). Ses défilés ne rassemblent cependant qu’une petite poignée de militants et ne mobilisent guère la population. A l’occasion des législatives de mai 2012, le président de la LADDH, l’avocat Moustapha Bouchachi, se résout en conséquence à conduire la liste du Front des forces socialistes (FSS) dans la capitale. Il est aussitôt remplacé à la tête de la Ligue par un autre avocat, Nour-Eddine Benissad.
 
-1986, France : suite à des élections législatives, Jean-Michel Belorgey, député socialiste de l’Allier, prend la présidence de l’intergroupe parlementaire que la LDH a reconstitué dans la foulée de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. D’abord présidé par les députés socialistes de Paris et du Gers, Bertrand Delanoë puis Lydie Dupuy, celui-ci compte désormais quelque 200 élus, sénateurs et parlementaires européens compris, contre une cinquantaine cotisant effectivement à la Ligue au moment de son lancement. Il n’est cependant pas aussi influent que pendant la Troisième République. En effet, le règlement des assemblées interdit d’imposer l’adhésion à une association pour former un groupe d’études ou d’amitié. Essentiellement constitué de socialistes, l’intergroupe parlementaire de la LDH est donc plus informel.

-15 mars 1987, France : avec la CIMADE, les syndicats de gauche, les partis communiste et socialiste, les Verts et la Ligue communiste révolutionnaire, la LDH manifeste à Paris contre le projet de réforme du code de la nationalité concocté par Charles Pasqua, le ministre de l’Intérieur du gouvernement Jacques Chirac. A la différence d’associations plus radicales comme la FASTI (Fédération des associations de soutien aux travailleurs immigrés) et le GISTI (Groupement d’information et de soutien aux travailleurs immigrés), la Ligue n’est cependant pas favorable à la liberté d’installation des étrangers ; comme la CIMADE, elle défend seulement la liberté de circulation des migrants. Le 3 décembre 1983, la LDH avait également participé à une marche pour l’égalité et contre le racisme organisée par le mouvement beur, dont elle devait ensuite accueillir la conférence de presse inaugurale de l’association SOS Racisme le 22 novembre 1984. Selon Antoine Spire et Cédric Porin, la Ligue va en fait succomber à la « culture de la repentance postcoloniale » et « épouser de façon acritique l’engagement aux côtés des plus démunis ». Elle n’a « plus seulement pour ambition d’être à côté du mouvement social, elle se [met] à en faire partie ».

-Juillet 1988, Haïti : la FIDH envoie une mission enquêter sur la situation de la Ligue haïtienne des droits de l’homme, dont le secrétaire général vient d’être assassiné.