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Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
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Historique

Fédération internationale des ligues des droits de l’homme - Historique




Années 2000


-A partir de janvier 2000, Tchad : à Dakar le 25 janvier 2000, la FIDH soutient la plainte de l’AVCRP (Association des victimes des crimes et répressions politiques) contre Hissène Habré, qui vit en exil au Sénégal depuis qu’il a été chassé du pouvoir à Ndjamena en décembre 1990. Accusé d’être responsable de la mort de 40 000 personnes, celui-ci est inculpé de complicité d’actes de torture le 3 février 2000. Le 20 mars 2001, cependant, la Cour de cassation de Dakar déclare la justice sénégalaise incompétente pour juger des crimes commis à l’étranger et Hissène Habré peut rester dans le pays en attendant une demande d’extradition en bonne et due forme. En vertu de sa loi de compétence universelle, la Belgique ne parvient pas non plus à obtenir l’extradition de l’ancien dictateur et se voit opposer le refus de la Cour d’appel de Dakar, qui se déclare incompétente le 25 novembre 2005. 

-A partir d’octobre 2000, Côte d’Ivoire : après l’élection mouvementée d’un “ socialiste ” à la présidence, Laurent Gbagbo, la LIDHO (Ligue ivoirienne des droits de l’homme), qui le soutenait et qui est membre de la FIDH, perd de sa combativité et dénonce moins les errements xénophobes d’un régime qui utilise le concept d’ivoirité pour écarter du pouvoir son opposant d’origine burkinabè, Alassane Ouattara. En décembre 2003, un ancien président de la LIDHO, Martin Bléou, devient même ministre de la sécurité intérieure et s’avère incapable d’arrêter les forces de l’ordre qui massacrent entre 37 et 200 manifestants de l’opposition à Abidjan en mars 2004. Le MIDH (Mouvement ivoirien des droits de l’homme), qui n’appartient pas à la FIDH, prend le relais pour enquêter sur les escadrons de la mort qui écument la ville au service du gouvernement. La FIDH, dont le président Sidiki Kaba avait défendu Laurent Gbagbo lors du procès intenté contre lui en 1992, ne prend pas publiquement position contre le parti pris de la LIDHO. 
 
-2001, France : pour se financer, la FIDH lance un fonds de placement éthique, la Sicav Libertés et Solidarité, avec le soutien de la Caisse des dépôts et consignations, de La Poste et de la Macif (Mutuelle assurance des commerçants et industriels de France). Ladite Sicav (Société d’investissement à capital variable) se compose à 80% d’obligations et à 20% d’actions. Les obligations sont émises par les Etats les plus démocratiques de la zone euro et les actions par des entreprises soucieuses d’assumer leurs responsabilités sociales. Les sociétés retenues dans le portefeuille sont proposées par un bureau de conseil bruxellois, Stock@Stake, et sélectionnées par la FIDH après avoir reçu l’avis d’un comité éthique composé de cinq personnalités indépendantes. La moitié des dividendes des actions est alors reversée par les souscripteurs sous forme de dons à la FIDH. 
 
-A partir de mai 2002, France : décidant exceptionnellement de rompre avec ses engagements en faveur d’une stricte neutralité politique, la FIDH prend parti dans un scrutin démocratique et soutient les instructions de la LDH française, qui appelle à voter pour Jacques Chirac afin de faire barrage au Front National de Jean-Marie Le Pen, arrivé en deuxième position au premier tour des élections présidentielles le 21 avril 2002. Avec le retour de la droite au pouvoir, la LDH, dans son rapport sur l'état des droits de l'homme en France en 2003, dresse un bilan accablant des réformes liberticides en matière de droit d’asile, de lois sécuritaires, de droits sociaux et de lutte contre la criminalité. Des ONG comme SOS Racisme, proche du parti socialiste, se dissocient cependant des appels lancés par la LDH contre les projets de loi du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. 
 
-A partir de juin 2002, Congo-Brazzaville : profitant des avancées de la justice belge qui, en juin 2001, a condamné quatre Rwandais pour leur participation au génocide de 1994, la FIDH soutient en France une plainte contre le président congolais Denis Sassou Nguesso, son ministre de l’Intérieur Pierre Oba, le commandant de la garde présidentielle Blaise Adoua et l’inspecteur général des armées, le général Norbert Dabira. Poursuivis pour torture et crime contre l’humanité, ceux-ci sont accusés d’avoir supervisé des exécutions sommaires, commises par la milice des Cobras à Brazzaville en mai 1999. Les victimes revenaient du Congo-Kinshasa, où elles avaient fui, et étaient suspectées d’appartenir au groupe adverse des Ninjas. La plainte n’aboutit pas et, en avril 2004, la FIDH déplore la remise en liberté, lors d’une visite en France, de Jean-François Ndengue, directeur de la police nationale du Congo-Brazzaville, également incriminé pour sa responsabilité au moment des faits. En août 2005, la Fédération dénonce finalement une « illusion de procès » lorsque les suspects sont traduits en justice à Brazzaville et acquittés. Dans une réponse publiée par le journal Le Monde en date du 28 août 2005, les avocats français de la défense remarquent cependant que les observateurs de la FIDH étaient peu présents au moment des audiences : ils ont énoncé des « contre-vérités » dont la moindre n’était pas d’avoir qualifié les exactions de génocide et de crime contre l’humanité. 
 
-Février 2003, Centrafrique : la FIDH dépose la première plainte reçue par la Cour pénale internationale, dont les juges viennent tout juste d’être nommés. La plainte pour “ crimes de guerre ” vise le chef de l’Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé, un responsable de ses forces armées, le colonel Abdoulaye Miskine, et son allié au Congo-Kinshasa, Jean-Pierre Bemba, qui dirige le MLC (Mouvement de Libération du Congo). 
 
-2-4 mars 2004, Equateur : le 35ème Congrès mondial de la FIDH, qui se tient pour la première fois en Amérique latine, se déroule à Quito. L’événement avait d’abord été prévu à Bogota mais avait dû être annulé suite aux déclarations du président colombien Alvaro Uribe Velez qui, le 11 septembre 2003, avait assimilé les défenseurs des droits de l’homme à des “ écrivains et des politicards au service du terrorisme ”. 
 
-A partir de 2005, France : lors de son 83ème congrès, qui se déroule à Lille du 3 au 5 juin 2005, la LDH élit à sa présidence un professeur de droit constitutionnel à l’Université Paris XI, Jean-Pierre Dubois, qui prend la suite de Michel Tubiana. La Ligue, qui appelle à voter pour la candidate socialiste Ségolène Royal au deuxième tour des élections présidentielles de mai 2007, ne parvient cependant pas à calmer les tensions internes déjà apparentes du temps de Henri Leclerc. En novembre 2006, deux membres du comité central de la LDH, Antoine Spire et Cédric Porin, démissionnent ainsi en dénonçant la complaisance de l’organisation à l’égard des islamistes et de leur lobbies religieux. Ils déplorent la dérive d’une Ligue qui s’est abstenue de participer au centenaire de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus et qui prête moins d’attention à la lutte contre l’antisémitisme. D’un côté, la LDH a en effet rejeté les « idées nauséabondes » du philosophe Robert Redeker, menacé de mort par les extrémistes musulmans. De l’autre, elle n’a rien dit des discours négationnistes du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, s’est s’engagée en faveur des Palestiniens et s’est excessivement focalisée sur les abus d’Israël, à défaut de se prononcer avec autant d’intensité sur des conflits autrement plus meurtriers au Darfour et en Tchétchénie. Lors de la guerre du Liban de l’été 2006, par exemple, elle a condamné les crimes de guerre de Tsahal contre la population civile mais a oublié les Israéliens victimes des bombardements du Hezbollah. 
 
-A partir de 2006, Allemagne : avec son partenaire américain, le Center for Constitutional Rights, la FIDH dépose en novembre 2006 une plainte pour crimes de guerre au nom de douze victimes, onze irakiennes et une saoudienne, détenus, respectivement, à Abu Ghraib et Guantanamo. Grâce à une loi allemande adoptée en 2002, la Fédération peut en effet saisir les tribunaux du pays en vertu de la doctrine dite de compétence universelle, qui permet de poursuivre des ressortissants étrangers afin de juger les crimes les plus graves. Sont ainsi visés des hauts responsables civils et militaires de l’administration américaine, accusés d’avoir ordonné la torture des détenus de la prison irakienne d’Abu Ghraib et du camp de Guantanamo sur le territoire cubain : notamment l’Attorney General Alberto Gonzales et le Secrétaire d’État à la défense Donald Rumsfeld, qui vient de perdre son immunité en démissionnant du gouvernement du président George Bush. Mais la procédure n’aboutit pas malgré le dépôt d’une plainte similaire en France à l’occasion d’une visite de Donald Rumsfeld à Paris en octobre 2007. 
 
-24 avril 2007, Portugal : à l’issue de son 36ème Congrès, qui se déroule à Lisbonne, la FIDH élit pour une première fois à sa tête une femme, la Tunisienne Souhair Belhassen, une journaliste vice-présidente de la LTDH. 
 
-A partir de 2008, Djibouti : le harcèlement des défenseurs des droits de l’homme connaît un regain de vigueur lorsque les relations avec Paris se refroidissent et que la justice française reprend son enquête sur la mort suspecte du juge Bernard Borel, dont l’assassinat en octobre 1995 a vraisemblablement été commandité par des militaires de la mouvance présidentielle. Après avoir observé et condamné le déroulement des élections législatives de février 2008, la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH), organisation membre de la FIDH, fait ainsi l’objet de nombreuses pressions de la part du pouvoir. Déjà condamné en avril 2007 pour « diffamation » et « divulgation de fausses nouvelles », son président, Jean-Paul Noël Abdi, est de nouveau arrêté en avril 2009. 
 
-Janvier 2009, Israël/Palestine : avec Broederlijk Delen, le CAFOD, le CCFD, Christian Aid, Medico International, Muslim Aid, Oxfam International, Trócaire et la section britannique de World Vision, la FIDH condamne l’offensive de Tsahal contre le Hamas, dénonce la dégradation de la situation sanitaire des Palestiniens et appelle l’Union européenne à suspendre la procédure de renforcement de ses accords de coopération avec Israël jusqu’à la réouverture d’un accès humanitaire à la bande de Gaza et l’acceptation d’un cessez-le-feu par les toutes les parties au conflit. La mobilisation des ONG intervient en l’occurrence à la veille d’un sommet informel des ministres européens des Affaires étrangères à Prague.