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Norwegian People’s Aid
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Historique

Norwegian People’s Aid - Historique




Années 1980


-1980-1983, Norvège : dotée depuis 1976 d'une section internationale dirigée par Vesla Vetlesen, la NPA signe en janvier 1980 un accord cadre pour recevoir des subventions de l'agence de coopération NORAD et voit son budget passer de 3 millions de couronnes en 1980 à 11 en 1981, 40 en 1982 et 70 en 1983. L'organisation étend en conséquence ses opérations à l'étranger et cible notamment les domaines de l'agriculture et de la santé en Amérique latine, en l'occurrence au Nicaragua, au Honduras, au Chili, au Guatemala, au Salvador et au Mexique dans la région du Chiapas. La formidable croissance économique de la NPA suscite cependant des réserves de certains volontaires, qui craignent une « marchandisation » des idéaux de solidarité avec, pour la première fois, une participation à un téléthon en 1983. Soucieuse de défendre les valeurs du mouvement, l'organisation lance alors une campagne de collecte de fonds controversée car très politisée en faveur des mouvements de libération en Afrique australe et des régimes socialistes au Nicaragua et au Zimbabwe. Résultat, le téléthon de 1983 ne rapporte que 69 millions de couronnes à la NPA, 15 de moins que pour une organisation plus neutre comme la Croix-Rouge norvégienne en 1981.

-1981, Pologne : la NPA soutient le syndicat " Solidarité " contre le régime communiste au pouvoir à Varsovie.

-Depuis 1982, Liban : à Beyrouth, la NPA intervient dans les camps de Sabra et Chatila où les phalangistes chrétiens viennent de massacrer des réfugiés palestiniens en septembre 1982. A Chatila, en particulier, l'organisation, qui condamne avec véhémence les responsables des exactions et l'occupation du Liban par l'armée israélienne, travaille de concert avec les " comités populaires " du camp. En 1983, la NPA établit également un centre de réhabilitation pour les invalides de guerre palestiniens. En accord avec l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), encore, elle ouvre en 1984 deux écoles à Beyrouth et Sidon. Reconnu et enregistré comme une association de droit local par les autorités libanaises en 1990, la NPA se préoccupe ensuite de passer le relais à des ONG du cru, qu'elle finance et qui continuent les programmes d'aide destinés aux Palestiniens.

-A partir de 1983, Nicaragua : la NPA soutient la révolution des Sandinistes, arrivés au pouvoir en 1979, et condamne l'appui de Washington aux Contras qui combattent le régime socialiste de Managua. L'organisation travaille en étroite collaboration avec les structures gouvernementales jusqu'en 1987. Mais elle réoriente ses opérations quand la droite revient au pouvoir à Managua lors d'élections pluralistes et démocratiques en 1990. La NPA évite alors de coopérer avec les autorités, sauf à l'échelon municipal, et concentre ses efforts sur des partenaires sociaux comme le syndicat paysan sandiniste UNAG ( Uníon Nacional de Agricultores y Ganaderos ) à Esteli à partir de 1992.

-A partir de 1984, Ethiopie : alors que la famine sévit, la NPA soutient les activités de secours de la RST ( Relief Society of Tigray ) et de l'ERA ( Eritrean Relief Association ), qui émanent de mouvements de guérillas, le TPLF ( Tigray People's Liberation Front ) et l'EPLF ( Eritrean People's Liberation Front ), en lutte contre la dictature « marxiste » de Mengistu Hailé Mariam au pouvoir à Addis-Abeba.

-1985, Namibie : dans le camp de réfugiés de Viana en Angola, la NPA gère un centre de santé pour la SWAPO ( South West Africa People's Organisation ), qui lutte pour l'indépendance et contre la domination blanche des Sud-africains en Namibie. Un tel programme a clairement des implications politiques et militaires. Cité par Tor Sellström, le trésorier national de la SWAPO, Hifikepunye Pohamba, explique que les Norvégiens avaient déclaré "nous assister sur une base purement humanitaire et ne rien vouloir faire qui puisse promouvoir la lutte armée... Mais quand ils nous donnaient de la nourriture pour les camps de réfugiés, ils nourrissaient les cadres de la PLAN (People's Liberation Army of Namibia). On peut ainsi dire que les Scandinaves ont aidé la PLAN". Si la Norvège a certes refusé de fournir des armes, elle a nourri, éduqué, vêtu et logé les combattants. Dans ce même livre de Tor Sellström, un leader de la SWAPO, Peter Katjavivi, confirme que "les camps de réfugiés... ont permis de regrouper nos forces en exil et de les former au combat. Ce sont devenus des camps d'entraînement".

-Depuis 1986, Soudan : dans les régions du Sud tenues par les guérilleros de la SPLA ( Sudan People's Liberation Army ) de John Garang, la NPA démarre un programme de soutien agricole et nutritionnel dirigé par Egil Hagen, un ancien para des commandos de skis de l'armée norvégienne, garde du corps du roi à Oslo et agent de liaison des services de contre-espionnage. L'organisation, qui ne veut pas travailler avec le gouvernement de Khartoum dans le Nord, est vite suspectée de connivences avec les rebelles. Si le gouvernement norvégien continue de financer les opérations courant 1987, la Communauté européenne rompt, dès 1986, le contrat passé avec Egil Hagen, car les vivres sont directement distribués aux combattants de la SPLA à Narus. Afin de ne pas rendre de comptes à la junte islamiste au pouvoir à Khartoum, qui entend délivrer au compte-gouttes des autorisations de vols vers le Sud pour les organisations caritatives, la NPA refuse notamment de rejoindre l' Operation Lifeline Sudan , lancée par les Nations Unies en 1989. Une telle attitude lui vaut la réputation d'être un " franc-tireur ". En septembre 1992, par exemple, la NPA poursuit ses activités sans respecter les consignes des Nations Unies et les règles de solidarité entre les ONG, qui ont suspendu leurs opérations dans une région, l'Eastern Equatoria, pour exiger une enquête après le meurtre d'un photoreporter norvégien et de trois travailleurs humanitaires (deux d'entre eux tués sur le coup lors d'un affrontement entre les hommes de John Garang et du dissident William Nyuon Bany ; deux autres, une infirmière philippine et un chauffeur kenyan, capturés vivants et exécutés par la SPLA). Après la mort d'Egil Hagen, décédé d'un cancer en 1992, le programme de la NPA est repris par Helge Rohn depuis Nairobi, où les Norvégiens règlent le loyer des employés de la SRRA ( Sudan Relief and Rehabilitation Association ), branche " humanitaire " du mouvement de John Garang. De cette façon, la NPA prend à sa charge une partie des frais de la représentation de la SPLA au Kenya. Soucieuse d'améliorer l'image d'une guérilla autoritaire et brutale, la NPA organise également la visite des journalistes occidentaux dans les zones libérées par les hommes de John Garang. En 1993, la NPA fournit même une aide décisive qui permet à la SPLA de tenir quelques kilomètres carrés à l'intérieur du Soudan lors d'une poussée des troupes gouvernementales vers la frontière ougandaise et la rivière Aswa. Les relations avec les rebelles sont si bonnes que, contrairement à d'autres ONG, aucun employé de la NPA ne sera enlevé par la SPLA (un collaborateur local est en revanche tué lors du bombardement par les avions gouvernementaux de l'hôpital de Yei le 24 avril 1998). Un rapport commandité par le ministère des Affaires étrangères norvégien en novembre 1997 constate que les volontaires de la NPA " fournissent la logistique, la nourriture et les soins de santé jusque sur les lignes de front. Leur aide permet aux familles de rester à proximité des zones de combat pour ravitailler les guérilleros, de revendre les vivres pour acheter des armes et d'assurer l'éducation des jeunes promis à devenir les cadres de la SPLA ". Dans son édition du 20 mai 1998, le magazine danois Aktuelt confirme que la NPA autorise délibérément la SPLA à revendre les rations alimentaires pour acheter des armes, des véhicules et des logements. Après avoir exclusivement dénoncé les exactions de la junte au pouvoir à Khartoum, la NPA finit certes par admettre, dans un document interne daté de septembre 1998, que les rebelles ont leur part de responsabilité en matière de tensions ethniques, de violations des droits de l'homme, de pillage de l'aide alimentaire et de protection des seigneurs de guerre censés être poursuivis en justice. Mais les attentats d'août 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie changent la donne. Imputés à la junte soudanaise, ils provoquent, en guise de représailles, le bombardement par les Etats-Unis d'une usine pharmaceutique à Khartoum, de pair avec un appui de la CIA ( Central Intelligence Agency ) et du Congrès à l'effort de guerre de la SPLA. Du fait de ses connivences avec le mouvement de John Garang, la NPA reçoit alors des financements de la coopération américaine (USAID) pour gérer, entre autres, un centre de formation médicale à Yei, un projet agricole à Akot et un hôpital à Nimule. Faute de fonds, ce dernier établissement est ensuite laissé aux bons soins d'une organisation chrétienne intégriste, Voices of the Martyrs , en 2001. Après les événements du 11 septembre à New York, le rapprochement de Washington et de Khartoum sur la base d'une collaboration dans la lutte contre le terrorisme conduit en effet les Etats-Unis à presser la SPLA de parvenir à un accord de paix, quitte à menacer les rebelles d'une suspension de l'aide. La NPA ne continue pas moins d'entretenir d'excellentes relations avec John Garang. Ainsi, d'après le témoignage d'un journaliste de l' Economist dans un article paru à Londres le 31 août 2002, elle ravitaille directement les guérilleros de la SPLA au moment de la prise de la ville de Torit. La NPA se déploie également en pays shilluk, où les partisans de Lam Akol rejoignent le mouvement de John Garang en octobre 2003. Elle est ainsi la seule à rester dans la région alors que l'intensification des combats avec les milices pro-gouvernementales oblige des ONG comme Tearfund et World Vision à se retirer des zones rurales et à se replier sur Malakal en avril 2004. Dans le même ordre d'idées, l'ancien secrétaire général de la NPA, Halle Jørn Hansen, est officiellement convié par la SPLA à l'enterrement de John Garang, tué dans un accident d'hélicoptère le 1 er août 2005.

-Depuis 1987, Israël/Palestine : la NPA commence à intervenir dans les territoires occupés alors que débute l'Intifada, la " guerre des pierres " que mènent les Palestiniens contre les forces de sécurité israéliennes. Favorable à l'établissement d'une Autorité palestinienne dans le cadre des accords de paix signés à Oslo en août 1993, l'organisation soutient ensuite la mise en place d'une administration autonome sous la direction de Yasser Arafat. Mais la reprise des combats et la deuxième Intifada, à partir de 2000, obligent à revoir les programmes d'aide. Pour contourner le blocus contre les territoires occupés en 2001, la NPA aide notamment les entreprises de la bande de Gaza à régler les salaires des chômeurs " techniques " qui ne peuvent plus aller travailler en Israël. En 2003, l'organisation participe également en Norvège à la campagne qui dénonce la construction par Israël d'un mur de sécurité qui annexe des régions de la Cisjordanie en violation du droit international.