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Oxford Committee for Famine Relief
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Historique

Oxford Committee for Famine Relief - Historique




Années 1940


-Octobre 1942, Grande-Bretagne : Oxfam est créé pendant la Seconde Guerre mondiale par des universitaires d'Oxford opposés à un blocus de l'armée britannique qui précipite une famine de 200 000 morts dans la Grèce occupée par les Allemands. A l'époque, l'organisation relaie les efforts d'une structure nationale, le Famine Relief Committee, qui a été établie en mai 1942 par une Quaker du Friends Relief Service, Edith Pye (1876-1965). De tous ses homologues ailleurs en Grande-Bretagne, le Comité d'Oxford pour le secours aux victimes de la famine (Oxford Committee for Famine Relief) sera le seul à se pérenniser, en l'occurrence sous le nom d'Oxfam, une abréviation utilisée dans les télégrammes et définitivement retenue comme acronyme officiel en 1965.

-1943, Grande-Bretagne : enregistré en mai 1943 avec un statut d'association caritative dans le cadre très réglementé du War Charities Act, Oxfam démarre sous la forme d'un centre de collecte de fonds qui organise des galas pour financer des programmes de la Croix Rouge, de l'Armée du Salut et du Friends Relief Service, puis du SCF (Save the Children Fund). Malgré les obstacles administratifs, des vivres peuvent finalement être envoyés en Grèce. A Londres, le ministère de la Guerre refuse cependant que l'organisation aide aussi les Belges occupés par l'Allemagne, de crainte que les secours soient détournés et alimentent la machine de guerre nazie.

-1944, Grande-Bretagne : faute de fonds et de capacité opérationnelle, Oxfam demeure une petite association dont l'activité repose essentiellement sur le bénévolat. A l'époque, ses premiers membres sont, pour beaucoup, des religieux, des travaillistes et des pacifistes attachés aux idéaux de la Société des Nations. Parmi eux, on trouve notamment Gilbert Murray (1866-1957), un proche de la famille royale grecque en exil à Londres, Henry Gillett (1872-1955), un Quaker maire d'Oxford en 1938, et Cecil Jackson-Cole (1901-1979), un homme d'affaires qui participera ensuite à la fondation de Help the Aged et d' Action in Distress (l'actuel Action Aid ). Le secrétaire général (entre 1951 et 1961) et directeur d'Oxfam (entre 1961 et 1975), Howard Leslie Kirkley, est, pour sa part, un pacifiste convaincu, y compris au moment de l'entrée en guerre contre l'Allemagne nazie en 1939, et un objecteur de conscience travailliste qui parvient à être exempté de service militaire sans avoir à rallier les convictions religieuses des Quakers. Les premiers responsables du département Afrique dans les années 1960 et 1970 sont quant à eux membres de la Fabian Society  : au Botswana, Bernard Murphy est un syndicaliste qui soutient la formation de coopératives ; basé à Maseru puis Nairobi, Jimmy Betts est un ancien forestier du Nigeria et le frère de Barbara Castle, la député de Blackburn de 1945 à 1979, présidente du parti travailliste, ministre du développement outre-mer en 1964-1965 puis des transports en 1965-1968. Enfin, le directeur du département Asie à partir de 1964, Bernard Llewellyn, a travaillé pour les Friends Ambulance Units des Quakers en Chine pendant la Seconde Guerre mondiale.

-A partir de 1945, Grande-Bretagne : l'effondrement de l'Allemagne nazie et la fin du conflit permettent à Oxfam d'étendre son rayon d'action sur le continent européen. Il faut cependant attendre plusieurs années pour que l'organisation devienne opérationnelle. C'est en août 1953 que, pour la première fois, Oxfam-UK intervient directement sur le terrain de l'urgence à l'occasion d'un tremblement de terre dans les îles ioniennes en Grèce.

-1946-1950, Allemagne : Oxfam envoie des vivres dans la zone occupée par l'armée britannique et plaide en faveur d'une augmentation des rations alimentaires. Les vêtements fournis sont directement distribués par l'armée britannique, à charge pour les autorités allemandes de financer leur transport à partir de 1950. Par l'intermédiaire des réseaux protestants, l'organisation finance également, à partir de 1947, un centre destiné à accueillir les indigents originaires d'Europe de l'Est.

-1947, Grande-Bretagne : sous la houlette de Robert Castle, son premier salarié, recruté en 1946, Oxfam ouvre des boutiques de vente d'artisanat et d'antiquités afin de s'autofinancer.

-A partir de 1948, Grande-Bretagne : alors que le contrat à mi-temps de Robert Castle expire en juillet 1948, Oxfam hésite à fermer ses portes car ses programmes en Europe sont devenus moins urgents en période de reconstruction après guerre. En 1949 avec la crise israélo-palestinienne, le Comité décide néanmoins de se pérenniser en élargissant son mandat au développement et à toutes les souffrances de par le monde. Après avoir hésité à déménager vers la capitale londonienne ou le port de Bristol pour des raisons de facilités logistiques, il s'enracine à Oxford et s'y fera construire un siège permanent en 1962. L'organisation s'engage alors dans des actions à plus long terme. La part qu'elle consacre aux urgences lors de catastrophes naturelles diminue en conséquence, variant entre 10% du budget dans les années 1960 et 20% dans les années 1970. Il s'agit désormais de casser les relations de dépendance et de paternalisme de la charité traditionnelle. L'objectif est d'inciter les populations des pays du Sud à se prendre en main. Comme le dit le slogan de l'époque, donner un poisson permet de nourrir un homme pendant un jour ; lui apprendre à pêcher permet de le nourrir pendant toute une vie.

-Depuis 1949, Israël/Palestine : suite à la fondation de l'Etat d'Israël en 1948, Oxfam commence à envoyer des secours aux réfugiés palestiniens. Entre 1955 et 1973, l'organisation soutient notamment l' Arab Development Society de Musa Alami, qui gère des orphelinats et des projets agricoles en Cisjordanie. Par la suite, le Comité appuie également l'UPMRC ( Union of Palestinian Medical Relief Committees ) de Mustapha Barghouti, qui est membre du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) et secrétaire général du Parti du peuple (communiste). Du côté israélien, Oxfam travaille par ailleurs avec les Bédouins du désert du Negev. D'une manière générale, cependant, le Comité d'Oxford va peu s'investir au Moyen Orient, région qui représente seulement 5% de ses dépenses opérationnelles en 1989, 8% en 1990, 9% en 1991, 7% en 1993, 6% en 1994, 8% en 1995, 3% en 1996, 3% en 1997, 8% en 1998, 8% en 1999, 6% en 2000, 5% en 2001 et 5% en 2002. D'Angleterre, Oxfam préfère lancer des actions de plaidoyer en vue de dénoncer la construction d'un « mur de la honte » visant à séparer les Juifs des Palestiniens pour éviter les incursions terroristes en provenance des territoires occupés. En 2002, l'organisation préconise ainsi le boycott des produits fabriqués en Israël , en particulier les oranges, qui sont représentées couvertes de sang dans le cadre d'une campagne d'affichage qui suscite de vives critiques et des accusations d'antisémitsime. Sur place, le contexte politique des territoires occupés ne se prête pas à des opérations de secours. De fait , des élections législatives en janvier 2006 portent au pouvoir le Hamas, mouvement islamiste qui est placé sur la liste des organisations terroristes. Pour ne pas financer le nouveau gouvernement, les Etats-Unis, le Canada, l'Union européenne et le Japon décident alors de suspendre leur aide financière bilatérale à l'Autorité palestinienne et d'en déléguer une partie aux ONG. Soucieux de préserver son indépendance et de ne pas servir d'auxiliaire social à la politique étrangère des Etats occidentaux, Oxfam décide en conséquence de se démarquer publiquement de ces sanctions et refuse tout financement de l'Union européenne et des Etats-Unis pour l'année à venir.