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Secours populaire français
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Historique

Secours populaire français - Historique




Années 1940


-1945, France : puisant ses racines dans le mouvement ouvrier, syndical et communiste, le SPF est fondé dans la lignée du Secours rouge international, lancé en 1921, et du Secours populaire de France et des colonies, créé en 1936. Le premier a fait campagne pour demander la grâce de Nicolas Sacco et Bartolomeo Vanzetti, deux militants anarchistes exécutés aux Etats-Unis en 1927, et a envoyé des avocats assurer la défense, en 1935, de Georges Dimitrov, chef du parti communiste bulgare, entré en clandestinité, exilé en Allemagne et accusé par Adolf Hitler d’avoir incendié le Reichstag en 1933. Le Secours populaire de France a, pour sa part, appuyé les Républicains espagnols et n’a pas envoyé d’aide du côté franquiste. Interdit en septembre 1939 et officiellement dissous le mois suivant en tant qu'organisation communiste , il est entré en résistance ; près de la moitié de ses secrétaires départementaux ont été tués, fusillés ou déportés pendant l'Occupation. A la Libération de la Franc e, il resurgit au grand jour à Paris en septembre 1944 et fusionne en novembre 1945 avec l'Association Nationale des Victimes du Nazisme pour former le Secours populaire français, dont les statuts sont officiellement déposés en préfecture le 29 janvier 1946 . Les deux organisations, qui revendiquent respectivement 180 000 et 30 000 adhérents, s'occupent notamment de soutenir les résistants encore en prison. Elles aident également les détenus soviétiques et les soldats français déployés en Allemagne ou dans les colonies.

-1946-1968, France : dirigé depuis 1943 par un avocat, Pierre Kaldor, le Secours est, à l'époque, une simple organisation satellite du PCF (Parti communiste français), pour qui il appelle à voter et sur les listes duquel il présente des candidats en avril 1945 puis novembre 1946. Ainsi, ses dirigeants sont rémunérés par le parti (avec un salaire équivalent à celui des permanents non élus du comité central) et leurs déplacements à l'étranger sont soumis à une autorisation écrite. A mesure que la guerre froide prend de l'ampleur, le contrôle devient si étroit que, après avoir pris la décision de renvoyer Pierre Kaldor en mars 1947, un responsable du PCF siège pour la première (et dernière) fois dans les instances de direction de l'organisation, en l'occurrence André Marty, qui devient membre du bureau national du SPF en mai 1951. Dans un tel contexte, le Secours ne peut guère étendre ses actions sociales. Dès avant l'éviction des ministres communistes du gouvernement Charles de Gaulle en mai 1947, le parti restreint l'aide du SPF « aux victimes de la réaction et du fascisme », par opposition aux socialistes et aux démocrates chrétiens. Les secouristes sont plutôt envisagés comme les "brancardiers de la révolution", pour reprendre une formule utilisée dans le livre du secrétaire général de l'organisation, Julien Lauprêtre. En décembre 1947, par exemple, le SPF aide et prend la défense des familles des grévistes victimes de la fusillade de la gare de Valence. Il monte notamment un "comité national pour l'amnistie" qui ne se contente pas de distribuer des colis ou de demander la libération des ouvriers emprisonnés, mais qui dénonce aussi les policiers responsables de brutalité et qui exige leur renvoi en les stigmatisant devant leur lieu d'habitation. A la demande de la CGT (Confédération générale du travail), le SPF va ensuite jusqu'à préparer le mouvement social des mineurs du Pas de Calais et de la Loire en octobre-novembre 1948. A la différence des organisations humanitaires qui réagissent à des crises, il anticipe ainsi le conflit et se prépare à la bataille. Il assure en l'occurrence l'assistance juridique des mineurs en grève, envoie des vivres à leurs familles et demande l'amnistie du millier de travailleurs arrêtés dans le cadre de l'état de siège décrété par le ministre de l'Intérieur Jules Moch, qui avait envoyé l'armée pour dégager les puits.

-A partir de 1947, Madagascar : le SPF condamne la répression de l’insurrection anti-coloniale, qui s’accompagne de nombreuses arrestations et fait entre 11 000 et 89 000 morts selon les sources. Le SPF soutient quelques familles des 20 000 personnes emprisonnées sur la Grande Île et participe à la défense des leaders malgaches, notamment les députés Joseph Ravoähangy et Joseph Raseta, qui, condamnés à mort ou aux travaux forcés à perpétuité en octobre 1948, seront finalement libérés en mars 1956. Cette aide aboutit à la création en mai 1950 d'un comité de solidarité avec Madagascar, le Fifanam Priana Malagasy, qui, sous la conduite de Gisèle Rabesahala, servira ensuite de partenaire régulier au SPF pour mener des actions de développement sur la Grande Île, notamment en faveur de l'éducation à partir de 1967. Proche des communistes, ce dernier entretient le souvenir de la révolte et demande à la France des mesures de réparation. Il conteste évidemment les travaux des professeurs Jean Frémigacci à Paris et Lucile Rabearimanana de l'université d'Antananarivo, qui, sur la base des archives de l'armée française ouvertes en 2003, dénoncent " les exagérations démesurées du Parti communiste " et livrent des chiffres révisés à la baisse : moins de 2 000 Malgaches tués par les insurgés, 5 000 à 6 000 par les forces coloniales, entre 1 000 et 2 000 victimes de crimes de guerre, entre 20 000 et 30 000 morts non pas du fait des combats mais de malnutrition ou de maladie en forêt.

-1948-1956, Maroc : le SCF envoie un avocat pour assister les militants syndicalistes et communistes après les manifestations d'Oujda et Djerada en juillet 1948. L'association, qui laisse au PCF le soin de prendre en charge la défense des plus hauts dirigeants du parti communiste marocain, dénonce alors la répression, la torture et la déposition forcée du sultan Mohammed V ben Youssef en 1953. Suivant les prises de position du PCF, le SCF se prononcera ensuite en faveur de l'indépendance du Maroc et de la Tunisie.

-1949-1951, Côte d'Ivoire : le SPF envoie à Bassam des avocats assister les militants emprisonnés de la section ivoirienne du RDA (Rassemblement démocratique africain), qui est dirigée par Félix Houphouët-Boigny et, à l'époque, affiliée en France au groupe parlementaire communiste. En 1951, Félix Houphouët-Boigny congédie cependant les défenseurs fournis par le SPF à l'occasion d'un nouveau procès. En effet, celui-ci s'est entre-temps brouillé avec le parti communiste, qui se dit favorable à l'indépendance des pays d'Afrique noire en 1957 seulement.