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Secours populaire français
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Historique

Secours populaire français - Historique




Années 1980


-Octobre 1980, Algérie : le SPF expédie des produits de première nécessité aux habitants d'El Asnam, ville ravagée par un tremblement de terre. Suivi un mois plus tard par un autre séisme, cette fois en Italie, l e cataclysme est l'occasion de pérenniser une cellule de crise organisée en Médecins du Secours sous la houlette du chef de clinique de l'Université Paris VI, le Docteur Chantal Feuillade. L'association, qui compte 700 médecins en 1985 et un maximum de 7 600 dix ans plus tard, se dote d'une charte spécifique en 1987 mais périclite après la mort du Dr. Chantal Feuillade .

-1981, France : l'arrivée de la gauche au pouvoir, avec l'élection du président socialiste François Mitterrand, consacre l'institutionnalisation et la mue identitaire du SPF, qui change de logo et de journal. Ancien hebdomadaire du Secours Rouge, lancé en 1927 par Henri Barbusse et devenu un mensuel en 1950, l'organe de l'association, La Défense , s'était caractérisé par un ton agressif sous la houlette de Daniel Assalit, son rédacteur en chef jusque dans les années 1960 et un militant aguerri par deux ans de prison après avoir été condamné pour avoir manifesté contre la guerre d'Indochine puis d'Algérie. Au Congrès de Tarbes en 1981, le nouveau journal du SPF prend au contraire un nom plus consensuel, Convergences , qui témoigne d'une volonté d'ouverture et de compromis par rapport aux combats d'antan pour la « défense » des militants politiques. Dans la foulée, l'association change également de symbole : le dessin offert par Jean Cocteau est remplacé par un logo qui, conçu par des graphistes proches du PCF, le groupe Grapus, représente une main tendue portée par deux ailes aux couleurs du drapeau français, quitte à renier l'internationalisme de la classe ouvrière.

-1982-1997, Salvador : le SPF, qui avait brièvement aidé des orphelins nicaraguayens au Costa Rica en 1979, commence à s'engager auprès des réfugiés salvadoriens au Nicaragua. De sa propre initiative, une de ses médecins, Dominique Servais, passe la frontière clandestinement en novembre 1983 et doit prendre le maquis lorsqu'elle est témoin d'un massacre de villageois par les escadrons de la mort au service de la junte anticommuniste au pouvoir à San Salvador . Autre médecin de l'organisation, Madeleine Lagadec est quant à elle assassinée le 15 avril 1989 au Salvador, où elle s'était rendue à titre personnel. A partir de 1992, la normalisation de la situation permet ensuite au SPF de démarrer à l'intérieur du pays des activités qui durent jusqu'en 1997.

-A partir de 1983, Israël/Palestine : le SPF entame une collaboration étroite avec le Secours médical palestinien, une organisation communiste lancée en 1979 en Cisjordanie. A partir de 1988, il soutient également les crèches, les jardins d'enfants, les coopératives, les programmes sanitaires et les efforts d'alphabétisation de l'Union des femmes palestiennes. Avec des subventions de l'Union européenne à partir de 1997, il continue par ailleurs de travailler avec l'UPMRC ( Union of Palestinian Medical Relief Committees ), qui dispose déjà de beaucoup de fonds et concentre ses efforts sur la Cisjordanie plutôt que la bande de Gaza. Rompant avec la règle qui lui interdit en principe de se prononcer sur un régime politique, le SPF dénonce aussi l'occupation israélienne et les violations des droits de l'homme.

-1984-1993, Ethiopie : le SPF dépêche un médecin expatrié et envoie des vivres au moment de la famine de 1984. A la demande des autorités, l'association établit l'année suivante un hôpital de campagne à Chanka dans la zone de Keto de la région occidentale de Wolléga, qui doit accueillir des populations en provenance du Tigré. Mais l'organisation ne dénonce pas les déportations que la junte "marxiste" du colonel Mengistu Hailé Mariam entreprend en vue de vider le Nord du pays et de priver les guérillas du soutien de la paysannerie. Pire encore, elle est une des seules ONG à accepter de faciliter la réinstallation forcée de la population au Sud , sous prétexte que les terres y seraient plus fertiles et que les autres humanitaires concentrent leurs efforts sur le Nord. Jusqu'en 1993, le SPF continue ensuite de financer des actions de prévention dans le domaine de la santé publique.

-1985, France : bénéficiant désormais de l'appui des pouvoirs publics, le SPF recentre ses actions sur l'Hexagone au détriment de l'international et se concentre sur les chômeurs au détriment des personnes âgées. Après avoir été agréée comme une organisation d'éducation populaire en 1983 et avoir révisé ses statuts en 1984, l'association est reconnue d'utilité publique en 1985. Cela lui permet d'accepter des legs, d'obtenir de facilités fiscales, d'accroître les demandes de subventions et d'augmenter ses recettes, avec un budget qui passe de 46 millions de francs en 1980 à 100 en 1985. Le processus de reconnaissance d'utilité publique suscite cependant des réticences de la part des vétérans communistes, qui redoutent l'inféodation de l'association à l'Etat, et du ministère de l'Intérieur, qui fait traîner les choses et se méfie d'une organisation potentiellement subversive.

-1986, Biélorussie : le SPF envoie des secours aux victimes de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. Avec un ancien dirigeant de l’association France-URSS, Claude Parsys, le SPF parraine depuis Minsk le séjour en France d’enfants éprouvés par les radiations.

-1988, Arménie : alors que l'URSS commence à s'ouvrir et à accepter la présence d'humanitaires occidentaux, le SPF envoie des vivres aux victimes du tremblement de terre du 7 décembre 1988.

-1989, Roumanie : dans un pays où il avait déjà envoyé des secours aux victimes d'inondations en septembre 1975, le SPF commence à s'occuper d'orphelinats dans la région de Bucarest après la chute de la dictature de Nicolae Ceaucescu.