Solidarités - Historique

Années 1990

-1991, France : Alain Boinet et Patrice Franceschi lancent Solidarités à la suite d’associations ad hoc fondées dans la deuxième moitié des années 1980, à savoir Solidarité Afghanistan en 1987 puis Solidarité Mission Liban et Solidarité Roumanie en 1989. Ancien de la Guilde européenne du raid, Alain Boinet avait monté sa première mission humanitaire en décembre 1980, franchissant clandestinement la frontière pakistanaise depuis Peshawar pour aller ravitailler les moudjahidine en guerre contre l’Armée rouge en Afghanistan ; les colis de la caravane avaient directement été remis aux partisans du commandant Amin Wardak.

-Depuis 1992, Afghanistan : après le départ de l’Armée rouge et la chute du gouvernement communiste, Solidarités met en œuvre à partir de 1992 des projets de développement rural dans la vallée de Jalrez près de Kaboul. L’organisation, qui s’étend vers Bamyan et le Hazaradjat, démarre également en 1994 des programmes d’assainissement de l’eau dans la capitale. Mais le mouvement des taliban monte en puissance et finit par s’emparer de Kaboul le 26 septembre 1996. Le nouveau régime impose une application stricte du droit coranique, la charia, et veut séparer les hommes des femmes dans les structures médicales. Les autorités tentent par ailleurs de prendre le contrôle de l’aide humanitaire et interdisent parfois l’accès aux régions tenues par l’opposition, par exemple sur le territoire de la minorité des Hazara en janvier 2001, d’où Solidarités, qui opérait depuis Bamyan, doit se retirer en se repositionnant à Mazar-i-Charif. Les attentats du 11 septembre 2001 à New York et les représailles américaines, qui consistent à bombarder le pays, changent évidemment la donne. Solidarités évacue alors son personnel expatrié vers le Paksistan et l’Ouzbékistan. En novembre, l’organisation revient ensuite en Afghanistan via Mazar-i-Charif tandis que les combattants de l’Alliance du Nord prennent Kaboul et renversent le régime taliban.

-4 novembre 1993, ex-Yougoslavie : un véhicule de Solidarités saute sur une mine près de la ville de Vares, qui vient d’être prise par les forces musulmanes de Bosnie ; une personne est tuée et une autre grièvement blessée.

-A partir de 1994, Roumanie : intervenue dans l’urgence au moment de la chute du régime communiste fin 1989, Solidarités décide de rester dans le pays en quittant Bucarest et en s’implantant en province, en l’occurrence à Iasi en Moldavie. Selon Gautier Pirotte, un tel redéploiement lui permet d’échapper aux problèmes de la capitale, qui est saturée d’ONG, et d’institutionnaliser ses activités auprès des enfants abandonnés, qui sont désormais financées par l’Union européenne, et pas seulement des donateurs privés. A la différence de HI ou de MDM, l’association pérennise ainsi ses programmes sans avoir à justifier sa présence en créant des « partenaires » locaux. Elle professionnalise également des activités qui, initialement, avaient simplement consisté à déverser des vivres pour ravitailler des enfants abandonnés improprement qualifiés d’orphelins. Elle est appelée à rester d’autant plus longtemps qu’en 1999, la gestion des centres d’aide à l’enfance est décentralisée et transférée du pouvoir central à des communes sans budgets.

-Décembre 1995, Rwanda : Solidarités est, avec Action Nord Sud et une autre association, la seule ONG française à ne pas être expulsée du pays par le gouvernement du Front patriotique rwandais, qui est en froid avec Paris et dont certains éléments veulent venger sans témoins les victimes du génocide de 1994. A Butare, Solidarités avait pourtant secouru les blessés cachés dans la forêt et suspectés d’avoir participé aux massacres avant la victoire militaire du Front patriotique rwandais. Et l’association signe quand même un communiqué de presse protestant contre l’expulsion des autres ONG, sans remettre en cause sa présence dans le pays, avec une mission qui fermera finalement en 2001.

-Depuis décembre 1996, Burundi : Solidarités aide les déplacés et les réfugiés de retour dans leur pays.

-1998-2001, ex-Yougoslavie : Solidarités décide en septembre 1998 d’ouvrir une mission au Kosovo et assiste au déferlement de quelque 300 ONG après les bombardements de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) contre les troupes serbes en juin 1999. L’association se déploie également en Macédoine à partir d’avril 1999 et en Serbie, où démarre un programme hydraulique en décembre 2000. La plupart de ces missions, y compris en Bosnie, ferment courant 2001.