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Young Men’s Christian Association
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Historique

Young Men’s Christian Association - Historique




1844-1849


-1844-1845, Grande-Bretagne : le 6 juin 1844, George Williams (1821-1905) lance à Londres la « Société pour le progrès spirituel des jeunes employés du textile », association qui prend le nom de YMCA le 4 juillet suivant. L’organisation réunit d’abord très peu de gens. Selon les différentes versions en vigueur, elle compte entre huit et douze collègues de l’entreprise dans laquelle travaille George Williams, une draperie qu’il finira par diriger et qui emploiera jusqu’à un millier de personnes en 1900. Anglican né à la campagne, ce dernier s’inquiète en l’occurrence de la paupérisation et de la misère morale des paysans débarqués en ville. Son objectif n’est pas que religieux. Dès mars 1845, il affiche le souhait d’améliorer aussi l’environnement mental et physique des jeunes qui travaillent dans l’industrie. Outre l’enseignement de la bible, il commence alors à organiser des mutuelles d’entraide, monte des bibliothèques et ouvre sa première cantine en 1848. Profondément urbain, le mouvement va surtout se développer dans les classes moyennes et s’implante en milieu étudiant avec l’ouverture d’autres YMCA à Oxford en 1847 puis Cambridge en 1851.
 
-1845, Grande-Bretagne : la YMCA de Londres recrute son premier salarié, Thomas Henry Tarlton, auquel succéderont William Edwyn Shipton en 1856 puis William Hind Smith en 1879. Les réunions de l’association, qui ont d’abord eu lieu dans une chambre, puis dans un café et un hôtel, se formalisent bientôt dans un local loué par la firme George Hitchcock où George Williams travaille et où l’organisation installe son siège en 1845. C’est ce dernier qui anime le mouvement. Le président de la YMCA de Londres, Robert Cooper Lee Bevan, joue quant à lui un rôle purement honorifique. Il ne vient jamais aux réunions et sert surtout à cautionner l’association en tant que membre fondateur de la banque Barclays.
 
-1846, Grande-Bretagne : l’Association évangélique qui se constitue à Londres en 1846 est très proche de la YMCA. Les deux organisations ont en effet en commun de chercher à convertir les « âmes perdues », notamment les jeunes paysans victimes de l’exode rural en période de révolution industrielle. En 1855, par exemple, la première convention internationale de la YMCA se déroule à Paris concomitamment avec la conférence de l’Alliance évangélique ; les délégués passent sans difficultés de l’une à l’autre. D’une manière générale, les Eglises protestantes suivent de près le développement du mouvement initié par George Williams, qui comprend un grand nombre de pasteurs méthodistes, wesleyens, indépendants, baptistes, congrégationalistes, presbytériens et anglicans.
 
-A partir de 1847, Suisse : sous l’égide du fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant, des réunions informelles de jeunes protestants posent en 1847 les fondements d’une YMCA francophone, l’UCJG (Union chrétienne des jeunes gens), qui est formalisée à Genève en décembre 1852 puis internationalisée à Paris dans le cadre d’une Alliance universelle en août 1855. Initialement, cette initiative n’a aucun rapport avec l’association de George Williams. Il faut attendre mai 1851 pour qu’un professeur et pasteur suisse, Jean-Henri Merle d’Aubigné, fasse le lien avec Londres lors de sa visite d’une exposition universelle à Hyde Park. Le débat oppose alors Henry Dunant et les responsables des groupes locaux. Porté par une vision universaliste, le premier souhaite rassembler toutes les associations chrétiennes du monde. Les seconds, eux, voudraient se contenter de fédérer les YMCA/UCJG. Les discussions portent aussi sur la localisation du siège du mouvement. Les francophones se disputent entre partisans de Genève ou Paris, tandis que les anglophones penchent en faveur de Londres. Les Britanniques finissent par l’emporter du fait des divisions des continentaux. A Paris, ni Frédéric Monnier ni Jean-Paul Cook ne réussissent à concrétiser leur projet d’Union générale des associations francophones, formulé en décembre 1852. Un mois auparavant, le départ de Henry Dunant, impliqué dans un scandale financier, a par ailleurs mis un terme aux espoirs de Genève, dont l’UCJG sera ensuite présidée par des personnalités comme Max Perrot, Francis Chaponnière et Charles Fermaud. L’organisation suisse, en l’occurrence, est extrêmement éclatée et compte 54 associations pour seulement 700 membres en 1855. Malgré la formation d’un comité central pour la Suisse romande en 1877, elle ne parvient pas à rassembler les groupes francophones et germanophones qui se sont multipliés à travers le pays. Face à Londres, Genève ne retrouvera finalement une place centrale qu’en 1878, lorsque le mouvement décidera d’y établir le secrétariat permanent de son comité international, tout juste créé.
 
-1848-1905, Allemagne : une Union chrétienne des jeunes gens de Rhénanie Westphalie est constituée en octobre 1848 à Elberfeld en fusionnant les mouvements Jünglinsgsbund de Gerhard Dürselen et Jünglinsgsverein d’Anton Haasen. Basées à Ronsdorf pour la première et à Barmen près d’Elberfeld pour la seconde, ces deux organisations ont été fondées dans les années 1830, respectivement par un pasteur et un grand marchand. Elles côtoient une myriade d’associations assez similaires, telle la Jünglinsgsverein du pasteur Frederick Malleck, créée à Brême en 1834 sous l’influence des mouvements de la jeunesse protestante de Suisse. De par sa vocation fédératrice, l’Union chrétienne des jeunes gens de Rhénanie Westphalie se distingue cependant de ses prédécesseurs et suscite un regain d’intérêt lorsque la Révolution de 1848 fait prendre conscience aux Eglises de la nécessité de convertir les masses pour combattre les idées socialistes. Présidée par le pasteur Gerhard Dürselen, l’organisation veut ainsi atteindre les couches populaires jusque dans les milieux émigrés aux Etats-Unis, où elle ouvre une branche à New York en septembre 1850. Constituée de 130 associations, elle compte bientôt 6 000 membres en 1855. Lors de la première convention nationale des UCJG allemandes à Detmold en septembre 1882, elle ne parvient cependant pas à rassembler les groupements chrétiens des autres régions sous la coupe d’un comité central. Surtout, elle est rapidement concurrencée par une YMCA plus moderne et rajeunie, la CVJM (Christtliche Verin Junger Männer), qui est lancée sur le modèle américain à Berlin en janvier 1883 par un émigré revenu des Etats-Unis, Friedrich von Schlümbach. Bien que minoritaire, ce dernier a la faveur des Américains et des Britanniques. Il marque un point en obtenant d’accueillir en 1884 la dixième convention internationale des YMCA à Berlin plutôt qu’à Elberfeld, fief de l’Union chrétienne des jeunes gens de Rhénanie Westphalie. Les tensions entre la CVJM, d’une part, et le Jünglinsgsbund et le Jünglinsgsverein, d’autre part, continuent ensuite de miner le comité central des UCJG allemandes qui finit par se mettre en place en 1893 sous la présidence du pasteur Johannes Burckhardt, d’abord, puis du révérend Alfred Klug, de 1898 à 1912. Les oppositions tiennent notamment aux rapports à la religion. D’un côté, la Jünglinsgsverein se montre assez stricte en matière d’orthodoxie protestante. Aux Etats-Unis, le Chicago Standard du 25 juin puis 17 juillet 1885 critique par exemple sa branche américaine pour avoir refusé d’accueillir dans ses rangs des YMCA baptistes. En Allemagne, Alfred Klug convainc quant à lui le comité international du mouvement à Genève de rejeter en 1905 la demande d’adhésion de l’Alliance des YWCA des Eglises libres, qui a été fondée en 1901 et qui s’oppose à l’establishment protestant. Le contraste est saisissant avec la CVJM, qui s’avère plus souple, et la YWCA, qui a une attitude quiétiste et admet des jeunes filles sans leur imposer une profession de foi évangélique. Les divergences traversent d’ailleurs l’ensemble du mouvement. En octobre 1903, la YWCA allemande va jusqu’à menacer de se retirer de l’Alliance mondiale pour protester contre le prosélytisme agressif de ses homologues américain et anglais, qui affichent ouvertement leur volonté de christianiser les peuples du tiers-monde.
 
-A partir de 1849, Grande-Bretagne : la YMCA de Londres loue puis achète en 1849 un bâtiment, l’Exeter Hall, qui lui permet d’organiser des conférences et d’élargir son audience. Parallèlement, l’organisation connaît une augmentation continue du nombre de ses adhérents, qui passe de 70 en 1844 à 160 en 1845, 200 en 1846, 380 en 1847, 480 en 1848 et 600 en 1849. Le mouvement croît également à l’échelle de la Grande-Bretagne et enregistre 8 500 membres répartis dans 47 branches à travers le pays en 1855, contre 2 700 dans 24 associations en 1851. Aussi les YMCA prennent-elles bientôt conscience de la nécessité de se retrouver au cours de conférences annuelles, d’abord à Leeds en 1858, puis à Londres en 1859. Depuis la capitale, la forte personnalité et l’autoritarisme de William Edwyn Shipton, qui travaille souvent sur une base bénévole, empêchent cependant l’émergence d’un comité national. En outre, les associations de province craignent la domination de Londres et préférent rester indépendantes, en particulier en Ecosse et en Irlande. Lors de la huitième convention internationale des Unions chrétiennes de jeunes gens, qui se déroule à Genève en 1878, la Grande-Bretagne apparaît comme un des derniers pays qui n’a pas encore réussi à se doter d’un comité central. Et la capitale ne domine guère le premier Conseil national qui se constitue finalement sous la houlette de George Williams à partir de 1883.