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Young Men’s Christian Association
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Historique

Young Men’s Christian Association - Historique




1880-1889


-A partir de 1880, Australie : après plusieurs essais infructueux, une première YMCA est formellement établie à Adélaïde par Charles Goode en 1880. Le mouvement essaime ensuite dans le pays et essaie de s’organiser au niveau national malgré les difficultés de communications à l’intérieur d’un territoire immense. Réunies en conférence à Hobart en février 1886, les YMCA australiennes forment ainsi un « conseil inter-colonial » qui tient des séances plénières à Adélaïde en juillet suivant, Sydney en mai 1889, Brisbane en juin 1892 et Melbourne en juin 1896. Avec pour premier secrétaire général un Britannique du nom de William Oatts en 1900, le mouvement reste cependant administré par des expatriés. Etabli dans le cadre d’une Constitution adoptée à Ballarat en juillet 1906, son comité central est en l’occurrence dirigé par un Américain, Lyman Pierce, qui est nommé en décembre. Le mouvement continue par ailleurs de se développer sans véritable centre de gravité. Un moment établi à Melbourne, où douze YMCA australiennes tiennent leur première conférence nationale en octobre 1908, son siège fait faillite l’année suivante et doit déménager à Sydney. L’organisation ne parvient pas non plus à empêcher la « sécession » du comité central des YMCA de Nouvelle Zélande en octobre 1916. Le mouvement s’était implanté assez tôt sur ce territoire qui dépendait également de la Couronne britannique, avec la formation d’une YMCA à Auckland en 1855 puis d’une YWCA à Dunedin en 1877, seize ans avant que le droit de vote fut accordé aux femmes. Mais les tensions avec le « grand-frère » australien l’ont bientôt emporté et mis un terme au Conseil national établi en 1886 pour réunir les associations des deux pays. Le mouvement de la YWCA connaît le même sort. En Australie, il se développe d’abord sous l’égide de Londres, qui a implanté à Sydney en 1879 une première association avec Mary Jane et son mari Frederic Barker, l’évêque anglican de la ville, afin d’ouvrir un foyer, Loma House, et d’aider les jeunes filles chrétiennes à trouver un emploi et suivre des cours du soir. Comme pour la YMCA, la YWCA qui se constitue au niveau national en 1896 est à l’époque administrée par des expatriées : une Américaine à partir de 1911, Helen Barnes, puis une Britannique à partir de 1918, Amy Snelson. Sa première directrice à être née en Australie est Gertrude Owen en 1922 puis 1937-1940, suivie d’Esther Anderson à partir de 1923, Elsie Griffin à partir de 1926, Florence Clucas à partir de 1934, Winifred Carruthers à partir de 1941, Leila Bridgman à partir de 1947, Florence Christian à partir de 1954, Jean Prendergast à partir de 1969, Jean Keen à partir de 1974, Louanne Lyle à partir de 1976, Wendy Rose à partir de 1980, Brenda Fitzpatrick à partir de 1986, Monica Glenn à partir de 1988, Nicola Bullard à partir de 1990, Michele Beg à partir de 1998 et Caroline Lambert à partir de 2007. La « nationalisation » du mouvement n’évite cependant pas le départ des Néo-Zélandaises. Réunies en convention à Sydney en 1896, 1907 et 1916, Melbourne en 1900, 1913 et 1922, Adelaide en 1904, Hobart en 1911, Auckland en 1919 et Brisbane en 1925, les YWCA d’Australasie se scindent d’un commun accord en 1926. L’organisation australienne va alors se développer de son côté avec des réunions au niveau national qui ont lieu sur une base triennale à partir de 1926 puis quadriennale à partir de 1969. Devenue propriétaire de son siège de Castlereaght Street à Sydney en septembre 1903, elle n’en reste pas moins centrée sur les grosses agglomérations des côtes Est et Sud. Les conventions nationales de la YWCA australienne se déroulent essentiellement à Sydney (en 1926, 1931, 1957 et 1969), Melbourne (en 1934, 1940, 1945, 1951, 1954 et 1977) et Adelaide (en 1928, 1948, 1960 et 1981), plutôt que dans les petites villes de province comme Newcastle (en 1937), Canberra (en 1963), Perth (en 1966 et 1989), Brisbane (en 1973) et Geelong (en 1985). Après avoir déménagé son siège à Melbourne en 1926, l’organisation s’implante notamment dans la capitale, Canberra, à la demande du gouvernement, dont l’insistance et les subventions convainquent le mouvement de construire à partir de 1928 un établissement inauguré en 1931.
 
-1881-1955, Libéria : une petite association se réclamant de la YMCA est formée en 1881 par l’évêque anglican de la ville de Harper, Samuel Ferguson. Le mouvement ne se développe cependant pas. C’est seulement en 1926 qu’il gagne la capitale Monrovia, où un certain James McCritty établit à son tour une association de jeunes chrétiens. Restreint à quelques groupes d’expatriés, le mouvement ne parvient toujours pas à s’enraciner dans la population locale et doit être relancé par un Noir américain, David Howell, à partir de 1949. Dirigée par des membres du gouvernement, la YMCA inaugure alors son siège à Monrovia en janvier 1954. Elle est d’autant plus proche des autorités qu’elle repose essentiellement sur la minorité urbaine et afro-américaine de la côte, au pouvoir depuis la fondation du pays. Un de ses membres les plus éminents est ainsi Charles Dunbar Sherman, le conseiller économique du président William Tubman, qui lui avait accordé une bourse d’études pour Harvard. Ministre des finances, sénateur et représentant du Libéria aux conférences des pays non-alignés à Bandung puis Accra, Charles Dunbar Sherman deviendra en 1955 le premier président africain de l’Alliance mondiale des YMCA à Genève, avant d’être accusé de corruption et emprisonné par les militaires qui s’empareront du pouvoir à Monrovia en 1980.
 
-1882-1918, Grande-Bretagne : suite à leur première conférence, qui avait eu lieu à Leeds en septembre 1858, les YMCA décident en décembre 1882 de constituer un Conseil national dont le secrétaire général, William Hind Smith, dirige en réalité l’organisation depuis février 1879. Il faut cependant attendre la Première Guerre mondiale pour que les associations britanniques forment une Alliance le 4 août 1914. Sous l’égide de son nouveau secrétaire général Arthur Keysall Yapp (1869-1935), l’organisation se mobilise alors pour aider les soldats envoyés sur le front. Des Dardannelles à l’Afrique du Sud en passant par l’Inde, l’Australie, l’Egypte et l’île de Malte, l’organisation est bientôt active sur tous les théâtres d’opération de l’armée britannique. En 1916, elle gère quelque 1 500 foyers de soldats, contre 250 au début de la guerre. A la différence de son homologue américain, la plupart de ses services sont gratuits. Ils consistent essentiellement à organiser les loisirs de la troupe pour rompre la monotonie militaire, quitte à établir des cantines où il est autorisé de fumer. Accessoirement, il s’agit aussi d’organiser des services religieux au front, sans exclusive confessionnelle puisque la YMCA confie à un rabbin, Michael Adler, le soin d’aider les soldats britanniques juifs en France. A l’arrière, l’organisation ravitaille également les ouvriers et ouvrières qui travaillent dans les usines d’armements. Son rôle militaire est assez évident sur le plan stratégique. D’abord, la YMCA veille à la santé du soldat en prônant l’abstinence sexuelle contre les maladies vénériennes. De plus, relate Sherwood Eddy, elle participe au maintien de la discipline, par exemple en convainquant un contingent de Sikhs venus d’Inde et stationnés à Marseille d’arrêter de boire de l’alcool. Enfin, elle contribue à la propagande militaire en exaltant le courage des soldats dans un ouvrage préfacé par Arthur Keysall Yapp et destiné à financer ses opérations outre-mer. A en croire un article du New York Times en date du 6 octobre 1918, la YMCA britannique déploie un total cumulé de 38 000 volontaires pendant toute la durée du conflit, dont 34 000 femmes. Parfois déployés directement en zone de combat sous le contrôle de l’armée, plusieurs perdent d’ailleurs la vie sur le front et certains sont décorés de médailles militaires, tels les caporaux James Pollock et James Dawson, qui sont tués en essayant de s’emparer du retranchement de Hohenzollern lors de la bataille de Loos près de Lille les 27 septembre et 13 octobre 1915 respectivement.
 
-A partir de 1883, Etats-Unis : à la suite des conventions nationales de Baltimore en 1879 et Cleveland en 1881, qui sont organisées sur une base biennale à partir de 1877, les YMCA américaines se retrouvent à Milwaukee en 1883, puis Atlanta en 1885, San Francisco en 1887, Philadelphie en 1889, Kansas City en 1891, Indianapolis en 1893, Springfield en 1895, Mobile en 1897 et Grand Rapids en 1899. Après la célébration du cinquantième anniversaire du mouvement à Boston en 1901, les recontres suivantes sont triennales. En l’absence de véritables débats, leurs délégués n’empêchent pas la concentration des pouvoirs entre les mains du Conseil « international » à New York, qui s’est réorganisé en sous comités à partir de 1893 afin de donner davantage de cohérence à un mouvement hétéroclite. En 1867, les YMCA ont en effet décidé d’introduire un suffrage censitaire afin d’élire leurs représentants aux conventions nationales en fonction de leurs effectifs respectifs. Résultat, les plus grosses associations de New York et Chicago dominent les sessions. Le mouvement s’institutionnalise alors et est en quelque sorte victime de son succès face à l’explosion du nombre d’adhérents actifs, qui passe de 16 000 en 1858 à 25 000 en 1859, 19 000 en 1888, 33 000 en 1895, 38 000 en 1896, 39 000 en 1900 et 720 000 en 1915.
 
-A partir de 1884, Etats-Unis : malgré ses liens étroits avec le patronat et son hostilité aux organisations ouvrières laïques, la YMCA commence en 1884 à participer à des campagnes syndicales pour demander une réduction du temps de travail et l’établissement d’un demi jour férié le samedi. Ses préoccupations sociales, qui tiennent à la fois à des raisons religieuses et pratiques, marquent un tournant. La YMCA de New York, qui avait condamné des grèves de dockers en 1875 puis d’employés du chemin de fer en 1894, soutient ainsi les revendications des grévistes des mines de charbon de l’Indiana en 1897. A l’échelle des Etats-Unis, l’organisation cherche en effet à élargir sa base sociale et se dote pour cela en 1902 d’un département pour l’industrie qui, jusqu’à sa dissolution en 1929, est d’abord dirigé par Charles Michener, puis par Charles Towson de 1907 à 1922. De fait, la YMCA américaine compte surtout des employés de bureaux. En 1910, constate Owen Pence, elle touche à peine 20% des masses ouvrières. Or celles-ci constituent 75% des habitants des grosses villes où l’organisation concentre ses activités. Autrement dit, la YMCA américaine recrute les quatre cinquièmes de ses membres dans un quart de la population ciblée. Et la tendance est encore plus marquée après la Première Guerre mondiale, qui avait permis à l’organisation de marquer des points dans industrie de l’armement. En dix ans, la proportion de prolétaires parmi les adhérents des YMCA passe de 23% en 1920 à moins de 13% en période de crise économique, quand seuls les plus aisés parviennent à continuer de payer leur cotisation. Tant le patronat que les syndicats contribuent au déclin de l’organisation dans les milieux ouvriers. D’une part, les entreprises commencent à réduire leurs subventions lors de la dépression économique de 1920-1922. De pair avec le développement des assurances maladie, des congés payés, des mutuelles ouvrières et des systèmes de participation à l’actionnariat, en outre, le patronat recourt de moins en moins aux YMCA pour s’assurer de la fidélité de ses employés. D’autre part, les syndicats demandent désormais que les entreprises confient leurs programmes sociaux à des professionnels. Lancée par Ralph Easley à Chicago en 1900, la National Civic Federation, en particulier, dénonce l’incompétence des YMCA, qui sont accusées de retarder les réformes sociales.
 
-A partir de 1885, Etats-Unis : sous l’égide du révérend David Allen Reed à partir de la rentrée universitaire de septembre 1885, la YMCA établit un collège « international » à Springfield dans le Massachusetts. L’enseignement va devenir une activité importante du mouvement, avec près de 83 000 « élèves » en 1916 et jusqu’à 130 000 en 1946. Au-delà de leur objectif initial, qui était de former les secrétaires de la YMCA ou de donner des cours du soir à des adultes, les diverses expériences menées à travers le pays se pérennisent à mesure que l’organisation établit ses propres institutions éducatives. La YMCA de San Francisco, qui date de 1853 et qui est dirigée par Henry McCoy à partir de 1880, démarre par exemple en 1881 des cours du soir dans une école qui devient en 1910 une faculté de droit et est rebaptisée Golden Gate College en 1923. A Chicago, les cours du soir qui commencent en 1890 débouchent sur la fondation, deux ans plus tard, d’un centre de formation qui se formalise en 1913 et prend le nom de collège George Williams en 1933, avant de déménager sur les rives du lac Geneva dans le Wisconsin et d’être finalement intégré à l’université Aurora de l’Etat de l’Illinois en 1992. A Boston à partir de 1896, une expérience similaire se concrétise sous la forme d’une « faculté » de droit en 1898, d’un « institut technique » en 1903 et d’une « école de commerce » en 1907, posant les bases en 1916 d’un Northeastern College qui rejoint la Northeastern University en 1922. A Detroit à partir de 1877, les enseignements de la YMCA se formalisent pareillement en 1891 et donnent naissance à un « institut technique » en 1918. A Cleveland, les cours du soir, qui datent de 1870, se pérennisent quant à eux en 1906, s’ouvrent aux femmes à partir de 1918, sont intégrés au cursus de l’Etat d’Ohio en 1929 et aboutissent à la formation d’un collège nommé en hommage au président de la YMCA locale, Sereno Peck Fenn (1844-1927). Après la Première Guerre mondiale, l’organisation commence cependant à perdre du terrain sur les campus. Selon Charles Howard Hopkins, le nombre de YMCA en université tombe de 731 en 1920 à 480 en 1940, avec respectivement 94 000 et 51 000 adhérents, alors que le nombre d’étudiants double dans le même laps de temps. Lancée en 1869 et formalisée en 1890, la branche du campus de la Northwestern University à Chicago cesse ainsi de recevoir des subventions de l’université en 1943 et ferme définitivement ses portes en 1963. Le déclin du mouvement s’accentue encore après la Seconde Guerre mondiale, quand les établissements éducatifs de l’organisation se mettent à revendiquer leur autonomie pour des raisons idéologiques et budgétaires tout à la fois. A Chicago, notamment, 70% des enseignants du collège central de la YMCA démissionnent pour protester contre le renvoi du président du conseil d’administration, l’imposition de quotas raciaux et les interférences qui restreignent leur liberté académique. Le résultat ne se fait pas attendre. Remercié parce qu’il avait refusé de fournir des données raciales, religieuses et sexuelles sur ses étudiants, le responsable de l’établissement, Edward Sparling, coupe les ponts avec la YMCA en avril 1945 et s’en va fonder le Thomas Jefferson College, qui prendra le nom d’Eleanor and Franklin Roosevelt University en janvier 1959. Après avoir perdu ses plus brillants éléments, l’association de Chicago, elle, en est réduite à recentrer ses activités éducatives sur les cours du soir pour les adultes et les immigrés. Le cas n’est pas unique. A Boston, le collège de la Northeastern University élimine de son intitulé officiel toute référence à la YMCA dès 1935 et s’affranchit complètement de l’organisation en 1948. Tandis que les formations de Saint Louis et Portland se séparent également de la YMCA, le collège Fenn devient indépendant en 1951 et est absorbé par la Cleveland State University en 1965. Le Detroit Technology Institute, lui, ferme tout simplement ses portes en 1982.
 
-1886, Etats-Unis : secrétaire de la YMCA de New York, Sumner Dudley organise une première colonie de vacances sur le lac Champlain. Le camping et le scoutisme deviennent vite une composante essentielle du mode de vie au grand air que préconise le mouvement. L’expérience fait d’ailleurs des émules. En 1910, un membre de la YMCA, Luther Halsey Gulick (1865-1918), et sa femme, Charlotte, lancent leur propre organisation, les Camp Fire Girls. Cette année-là, la YMCA abrite temporairement le siège national des Boys Scouts des Etats-Unis. Les effectifs américains de l’organisation ne dépasseront cependant jamais ceux du mouvement scout, avec 200 000 jeunes de moins de dix-sept ans recensés en 1919, 502 000 en 1940 et 960 000 en 1957 contre, respectivement, 460 000, 1 106 000 et 3 460 000.
 
-A partir de 1887, Italie : sous l’égide de Riccardo Davio à Turin, où vit une petite communauté protestante, l’UCJG locale, qui s’est établie sous le nom d’ACDG (Associazione Cristiana della Gioventu), parvient à tenir sa première convention nationale à Florence en juin 1887. Si elle rencontre un peu plus de succès que dans d’autres pays catholiques et méditerranéens comme l’Espagne, l’organisation se heurte à l’hostilité du Vatican, où, dès 1884, le pape Léon XIII a invité les fidèles à se méfier des YMCA et des YWCA. Résultat, l’ACDG doit se contenter de recruter l’essentiel de ses adhérents parmi les protestants du pays vaudois, dans le Piémont, et les milieux expatriés de Rome, surtout des Allemands et des Anglais. C’est la Première Guerre mondiale qui lui redonne un nouvel élan quand les Etats-Unis envoient dans la péninsule des troupes avec qui débarque la YMCA américaine. Connue localement sous le nom assez neutre de Confrérie américaine (Fratellanza Americana), cette dernière dispose de moyens que n’a pas son homologue italien et collabore sans problème avec les œuvres caritatives des catholiques. A partir d’août 1917, elle assiste ainsi les « maisons du soldat » (case del soldato) montés sur le front par un prêtre de l’Ordre de Malte, Don Giovanni Minozzi. En novembre 1917, en particulier, elle aide à reconstruire une partie des 200 foyers détruits lors de la retraite de Caporetto. A elle seule, elle gère 150 maisons du soldat  et intervient dans plus de 300 hôpitaux en 1918, avec un maximum de 270 expatriés pour 500 collaborateurs locaux. Après la guerre et le départ de la YMCA américaine, l’ACDG commence alors un lent déclin que vient accentuer l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini en 1922. Si ses initiatives inspirent les loisirs populaires de l’Opera Nazionale Dopolavoro que lance le gouvernement en 1925, le mouvement refuse en effet d’être absorbé par l’organisation de jeunesse fasciste qui a été créée en 1926, l’Œuvre nationale Balilla (Opera Nazionale Balilla). De plus, il se heurte aux critiques de la hiérarchie catholique lorsqu’il invite à ses conférences en 1933 un prêtre excommunié en 1925, Ernesto Buonaiuti, qui a dénoncé les compromissions de l’Eglise avec le régime. Pour des raisons financières autant que politiques, les associations de Turin puis de Rome doivent finalement fermer en 1937 et 1940 respectivement. Encore une fois, le mouvement va ensuite renaître de ses cendres grâce à la YMCA américaine, qui arrive dans les fourgons des Alliés partis à la reconquête de la péninsule à partir de 1943. Reconstituée sous l’égide du révérend Claude Nelson en août 1946, l’UCJG italienne tiendra sa première convention nationale de l’après-guerre à Assise en août 1948.
 
-A partir de 1888, Suède : la onzième convention internationale des Unions chrétienne de jeunes gens, qui se déroule à Stockholm en août 1888, consacre la montée en puissance de la YMCA locale, qui s’est dotée d’une organisation nationale en novembre 1884. Présidée à partir de 1892 par le deuxième fils du roi, Oscar Bernadotte, celle-ci rayonne en effet en dehors du pays, de pair avec la YWCA, qui a été établie à Stockholm par Natalie Meijerhelm en 1885 et qui se dote d’un département missionnaire en 1894. C’est notamment en Suède qu’est lancée une Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Étudiants (FUACE), ou World Students Christian Federation (WSCF), qui compte jusqu’à 300 000 membres au début des années 1920, soit un sixième des étudiants enregistrés dans le monde à l’époque selon Philip Potter et Thomas Wieser ! Suite à l’initiative de Luther Wishard, qui avait organisé en 1877 une première rencontre interuniversitaire des YMCA étudiantes aux Etats-Unis, le mouvement a en effet pris conscience de la nécessité de renforcer sa présence sur les campus. Sous l’égide de l’Américain John Mott et du Suédois Karl Fries, il décide donc de convoquer une conférence internationale à Vadstena, dans un château au nord-est de Göteborg, où la WSCF est officiellement fondée le 17 août 1895. Dès lors, la Fédération étudiante va s’étendre à travers le monde entier, notamment en direction de l’Asie. Réunissant des délégués des YMCA et des YWCA tout à la fois, elle se retrouve d’abord à Williamstown aux Etats-Unis en juillet 1897, près du château de Wartburg à Eisenach en Allemagne en juillet 1898, à Versailles en France en août 1900, à Sorö au Danemark en août 1902 et à Zeist en Hollande en mai 1905. Elle se développe ensuite sur le continent asiatique, où elle tient ses assises à Tokyo en avril 1907, Constantinople en avril 1911, Pékin en avril 1922, Mysore en Inde en décembre 1928 et Java en Indonésie en septembre 1933. Suite aux conventions qu’elle avait convoquées à Oxford en Angleterre en juillet 1909 et à Lake Mohonk près de New York en juin 1913, elle doit certes interrompre ses réunions à cause de la Première Guerre mondiale. Il faut attendre août 1920 pour que la WSCF tienne à nouveau des assises au niveau mondial, en l’occurrence à Saint Beatenberg en Suisse. Itinérante et plutôt dominée par la YMCA de New York avant 1914, l’organisation en profite alors pour établir son siège à Genève, où elle s’installe définitivement après un déménagement provisoire à Toronto pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1945. Son centre de gravité revient ainsi vers l’Europe, où elle tient ses conventions à High Leigh en Grande Bretagne en août 1924, Nyborg Strand au Danemark en août 1926, Zeist en Hollande en août 1932, Sofia en Bulgarie en août 1935 et Bièvres en France en août 1938.
 
-A partir de 1889, Etats-Unis : depuis New York, le comité exécutif du Conseil international des YMCA américaines approuve en septembre 1889 la politique d’expansion à l’étranger qui avait commencé à se mettre en place sous l’impulsion de Luther Wishard (1854-1925) et de Charles Kellogg Ober (1856-1948) deux ans plus tôt. Doté d’un service spécifique qui prendra le nom de Foreign Department en 1891 puis de World Service en 1933, il commence alors à envoyer des volontaires outre-mer en Inde, au Japon et au Brésil. Dans un premier temps, il n’est certes pas vraiment opérationnel et doit se contenter de financer des missions étrangères au coup par coup. Avec un budget de $5 000 en 1870 et de $24 000 en 1880, le Conseil international des YMCA n’a pas encore les moyens de ses ambitions. Son volontarisme en la matière provient surtout du dynamisme effréné d’un de ses membres, John Mott, qui veut évangéliser tous les continents et qui parcourt inlassablement le monde entier, de la Palestine à Ceylan en passant par l’Inde, l’Australie, la Chine, le Japon, la Nouvelle Zélande, l’Afrique du Sud, la Corée et les Philippines. Progressivement, le Foreign Department de la YMCA américaine va cependant gagner en puissance sous la présidence de William Murray à partir de 1891, Robert McBurney à partir de 1895, Wilfred Fry à partir de 1925 et Cleveland Dodge à partir de 1937. A l’exception d’un reflux en 1896 et 1914, son budget augmente ainsi de façon continue de 2 000 dollars en 1889 à 7 000 en 1890, 10 000 en 1891, 11 000 en 1892, 12 000 en 1893, 18 000 en 1894, 21 000 en 1895, 19 000 en 1896, 23 000 en 1897, 28 000 en 1898, 33 000 en 1899, 39 000 en 1900, 56 000 en 1901, 82 000 en 1902, 87 000 en 1903, 103 000 en 1904, 152 000 en 1905, 158 000 en 1906, 168 000 en 1907, 179 000 en 1908, 193 000 en 1909… et 1,5 million en 1920. Parallèlement, le comité exécutif des YMCA américaines étend son champ d’action et mène des programmes dans 18 pays en 1923 au lieu de 5 en 1897. Il s’internationalise également avec près de la moitié de ses effectifs (20 sur 43) en poste à l’étranger en 1900, contre un quart (7 sur 28) en 1896. Secondé à partir de 1902 par un avocat de New York, William Murray (1859-1939), et dirigé par Luther Wishard de 1898 à 1901 puis John Mott jusqu’en 1915, David Richard Porter jusqu’en 1934 et Roland Elliott jusqu’en 1943, le Foreign Department du Conseil international des YMCA peut bientôt compter sur un volan d’expatriés qui passe de 7 en 1896 à 20 en 1900, 50 en 1905, environ 100 en 1908, plus de 150 en 1911, 200 en 1912 et jusqu’à 290 en 1913, avant de retomber à 200 en 1920 et 230 en 1923. Au total, ce sont 529 « secrétaires » canadiens ou américains qui sont affectés à l’étranger entre 1890 et 1930. Encore faut-il n oter que ces chiffres n’incluent pas toujours le personnel envoyé outre-mer par les associations locales de la YMCA américaine, à raison de 13 secrétaires sur 1 311 en 1895 et de 175 sur 4 077 en 1915. En réalité, le nombre d’expatriés s’avère encore plus important sur le front européen pendant la Première Guerre mondiale, situation exceptionnelle il est vrai.