>
Young Men’s Christian Association
>
Historique

Young Men’s Christian Association - Historique




1960-1969


-1960-1994, Etats-Unis : la YWCA se politise et s’engage dans la lutte du mouvement des droits civiques contre les discriminations raciales. Avec la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), elle organise des campagnes de sensibilisation qui visent à inscrire les Noirs sur les listes électorales. A la différence de la YMCA, elle n’hésite pas non plus à participer à des manifestations et à les financer. En mai 1960, sa section étudiante de la Trinity University organise par exemple un sit-in à San Antonio au Texas. En décembre 1961, encore, les YWCA se cotisent pour obtenir la libération d’une de leurs activistes, Java Mae Thompson, relâchée sous caution après avoir été arrêtée lors d’une manifestation sur le campus de la Southern University de Baton Rouge en Louisiane. Même la présidente de la YWCA au niveau national, Olga Seastrom, est emprisonnée après avoir participé à l’organisation d’une grande marche en faveur des droits civiques à Washington le 28 mars 1963. Parallèlement à sa politisation, le mouvement accorde davantage de place aux femmes noires. Celles-ci, qui représentaient à peine 10% des membres des YWCA américaines en 1940, se plaignaient depuis longtemps de voir la lutte contre le racisme détournée par des revendications féministes d’ordre plus général. Autrefois porté par quelques associations locales, leur combat prend en l’occurrence une toute autre dimension sous l’impulsion de Dorothy Height, une Afro-américaine qui préside également le « Conseil national des femmes nègres » depuis 1957. Le mouvement doit notamment se réformer de l’intérieur pour s’ouvrir aux populations de couleur. A la suite de sa 22ème convention à Denver dans le Colorado en mai 1961, il adopte en mai 1965 une politique de déségrégation complète. La situation s’améliore un peu et la proportion de Noires au sein du conseil national des YWCA passe de 4% en 1946 à 11% en 1958. Selon des enquêtes internes, 73% des 225 associations du pays ont des personnes de couleur dans leurs conseils d’administration en 1957, contre 24% en 1944, soit 36 sur 148. Mais les résistances restent fortes dans le Sud des Etats-Unis, où le mouvement inaugure sa première cafétéria mixte à Atlanta. En 1963, la direction doit intervenir vigoureusement contre les associations locales qui continuent d’exclure les Noirs. La proportion de YWCA déségréguées dans le Sud passe alors de 13% en juin 1963 (11 sur 80) à 60% en mai 1965 (48 sur 80) et 76% (60 sur 79) fin 1966. Bien que Dorothy Height ne soit pas elle-même favorable à l’instauration de quotas dans le cadre d’une politique de discrimination positive, la direction du mouvement entreprend également de promouvoir en son sein des personnes issues de la diversité, qui constituent un quart des 326 employés du bureau national des YWCA en 1965. En 1967, Helen Wilkins Claytor est la première Afro-américaine élue à la présidence de la YWCA : après avoir cédé la place à Betty Genné de 1973 à 1979, une autre Noire, Jewel Graham, lui succèdera ensuite de 1979 à 1985, avant de prendre la tête de la YWCA mondiale de 1987 à 1991. D’une manière générale, les postes de responsabilité sont de plus en plus confiés à des minorités de couleur. Après le départ d’Edith Lerrigo en 1974, la direction de la YWCA américaine revient ainsi pour la première fois à une Noire, Sarah-Alyce Wright. Ses successeurs, à savoir Gwendolyn Calvert Baker à partir de 1984 et Prema Mathai-Davis à partir de 1994, sont quant à elles d’origine africaine et indienne, respectivement.
 
-1961, Etats-Unis : la YMCA participe en avril 1961 au lancement des peace corps par le président John Kennedy. Le dispositif consiste à envoyer des étudiants fraîchement diplômés exercer leurs talents dans les pays en développement et s’inspire des World Service Workers et du Student Volunteer Movement que John Mott avait fondés en 1888. En pleine guerre froide, la YMCA américaine craint cependant d’être instrumentalisée pour servir la politique extérieure de Washington. Elle refuse en conséquence de gérer directement les peace corps. Dès 1956, l’organisation avait ainsi cherché à prendre ses distances avec la logique politique d’une aide qui n’était pas fondamentalement déterminée par des considérations humanitaires. A l’époque, la YMCA américaine avait demandé que Washington assiste également les pays neutres, et pas seulement ses alliés. Par la suite, le mouvement radicalise sa position à mesure qu’il s’engage dans les luttes sociales des années 1960. En 1973, par exemple, la YWCA américaine passe une résolution exigeant des pays riches qu’ils consacrent au moins 1% de leur produit national brut à l’aide au développement.
 
-1962, Sri Lanka : les YMCA locales, qui se sont affranchies de la tutelle de l’Inde après l’indépendance de Ceylan en 1948, se constituent en Conseil national le 30 juin 1962. Leur formalisation est l’aboutissement d’un long processus depuis l’apparition sur l’île d’éphémères groupes de jeunes chrétiens en 1859 et la création d’une première association à Colombo en 1882 sur le modèle de son homologue de Glasgow. Organisé sous la forme d’une union en 1891 et doté d’un comité central en 1899, le mouvement a en l’occurrence connu des hauts et des bas, avec un nombre d’associations qui a d’abord progressé de 7 en 1885 à 15 en 1892 et 20 en 1897, avant de retomber à 19 en 1905 et 14 en 1953. Il faut dire que la YMCA de Ceylan a pendant longtemps été encadrée par des expatriés comme Frank Sanders, qui avait été envoyé s’occuper d’un collège à Jaffna en 1884. A la différence de son homologue en Inde, elle a tardé à s’ouvrir aux autochtones et est restée confinée aux milieux étudiants : avec un millier de membres à son apogée en 1905, ceux-ci composaient 7 des 19 associations recensées à l’époque, par exemple. Après avoir vu son foyer de Colombo réquisitionné par les troupes britanniques pendant la Première Guerre mondiale, la YMCA de Ceylan a ensuite attendu jusqu’en 1932 pour recruter son premier secrétaire général srilankais.
 
-A partir de 1963, Fidji : constituée à l’initiative de Lolohea Waqairawui en 1961, la YWCA est reconnue par l’Alliance mondiale à Genève en 1963 et s’installe à Suva dans une ancienne mairie allouée par la municipalité avec l’assentiment du gouverneur britannique de l’île. Présidée et dirigée à partir de 1962 par une Quaker britannique, Marjorie Stewart, et une expatriée américaine, Ruth Lechte, l’association n’a d’abord qu’une vocation caritative et aide par exemple les victimes d’inondations sur l’île de Viti Levu en 1964. Mais elle se politise bientôt pour demander l’indépendance de Fidji, qui est accordée en 1970. Elle entretient alors des relations fort étroites avec les autorités. A l’instar de sa collègue Fiame Naomi Mata’afa aux Samoa occidentales, la présidente de la YWCA de Fidji, Taufa Vakatale, devient ainsi sénateur et ministre de l’Education après 1970. L’association continue par ailleurs de se mobiliser pour demander l’arrêt des essais nucléaires dans le Pacifique, l’indépendance de la Nouvelle Calédonie ou le respect des médecines traditionnelles dans le cadre d’une campagne lancée en 1993. De ce point de vue, la YWCA paraît plus dynamique que la YMCA de Fidji, qui a vainement essayé de s’implanter parmi les coolies de l’île sous l’égide de missionnaires indiens dans les années 1930, avant d’ouvrir à Suva en 1971 un bureau placé sous la tutelle de la Nouvelle Zélande.
 
-1964-1967, Etats-Unis : lors de sa 23ème convention nationale, qui se déroule à Cleveland dans l’Ohio en avril 1964, la YWCA américaine décide de supprimer les différences de statuts entre membres associés ou de plein droit. Désormais, toutes les adhérentes de plus de dix-sept ans disposent d’un droit de vote, y compris, donc, les catholiques. Lors de sa 18ème convention nationale à San Francisco en mars 1949, la YWCA américaine avait en effet entrepris d’amender sa Constitution pour élargir sa base sociale à des membres non protestants. La pression venait aussi de l’étranger. Lors de la réunion du Conseil mondial des YWCA à Londres en 1955, la vice-présidente catholique du mouvement, la Libanaise Jamal Karan Harfouche, s’était ainsi abstenue de voter un règlement qui, selon elle, n’ouvrait pas assez l’élection des délégués aux membres « associés », c’est-à-dire « non protestants ». Aux Etats-Unis, qui plus est, les YMCA eux-mêmes avaient commencé à s’ouvrir à des jeunes d’autres confessions. A Boston en avril 1967, la 24ème convention nationale des YWCA américaines entérine en conséquence l’égalité de droits de ses adhérentes protestantes ou catholiques pour voter ou présenter sa candidature à des positions électives. De fait, l’heure est plutôt à l’œcuménisme dans la foulée du deuxième concile du Vatican.
 
-A partir de 1965, Vietnam : destinée à soutenir le régime nationaliste de Saigon contre les incursions des communistes au pouvoir à Hanoï, l’intervention militaire grandissante des Etats-Unis conduit la YMCA et la YWCA américaines à démarrer des programmes d’assistance dans le Sud, notamment en matière de santé publique. Sur place, le mouvement se préoccupe d’aider les civils et pas seulement les soldats. Il assiste par exemple des déplacés juste au nord de Saigon puis dans un camp de la province de Binh Duong avec des fonds de la coopération américaine à partir d’avril 1966. A partir de juin 1966, la YWCA américaine établit quant à elle des crèches pour accueillir les enfants et les femmes qui ont fui le Nord communiste. En mai 1972 à Saigon, elle finance par ailleurs la création d’un foyer d’étudiantes sous l’égide de Le Thi Thé. Le départ des troupes américaines et la victoire de Hanoï en avril 1975 ne permettent cependant pas d’enraciner le mouvement au Vietnam. Il faut dire que la YMCA est perçue comme un agent de l’impérialisme car elle n’a pas dénoncé les bombardements de civils, n’a pas essayé de ravitailler les zones communistes et est restée à l’écart des mouvements pacifistes aux Etats-Unis. Tout aussi proche du gouvernement au pouvoir à Saigon, son équivalente féminine n’a pas meilleure réputation malgré la position de la YWCA étudiante, qui a voté en 1966 une résolution demandant la fin de la guerre et l’ouverture de négociations avec les Viet Cong du FLN (Front de libération nationale). En février 1967, le New York Times a en effet révélé qu’elle avait reçu des financements des services secrets de la CIA (Central Intelligence Agency) par l’intermédiaire de fondations servant de couverture pour soutenir les organisations anticommunistes. D’autres scandales ont également émaillé les opérations du mouvement pendant la guerre. En mars 1972, on découvre ainsi que les programmes de la YMCA auprès des soldats américains en poste au Vietnam du Sud ont donné lieu à divers trafics de devises et de produits de contrebande sous la houlette de l’USO (United Services Organization), collectif d’ONG dont le directeur, Samuel Anderson, est poussé à la démission en décembre suivant. Sous la direction d’un Japonais, Yukio Miyazaki, de 1969 à 1973, l’Alliance mondiale des YMCA est plus neutre à cet égard. Outre une auberge de jeunesse à Can Tho, elle emploie jusqu’à une cinquantaine de Vietnamiens pour monter des écoles en faveur des enfants défavorisés, faciliter la réunification des familles dispersées par le conflit et fournir des cochons d’élevage aux paysans qui ont fui les combats. Elle doit cependant recentrer ses activités à   mesure que les communistes resserrent leur emprise sur Saigon, où elle aide des déplacés chinois à Tu Do Thon dans la banlieue de Cholon et quelques 5 000 réfugiés cambodgiens dans le camp de Than-Phu. Resté sur place après le départ des Américains et de Yukio Miyazaki, le Japonais Masaichi Yamashi essaie en vain de poursuivre les activités de la YMCA et de continuer à nourrir quelques centaines d’enfants dans le village de Binh Hoa et à Rung La au nord de la ville. Mais il doit à son tour quitter le pays après l’entrée des troupes communistes à Saigon en avril 1975. Le mouvement se mobilise alors pour accueillir les boat people qui fuient le régime de Hanoï. En Thaïlande, la YMCA assiste les réfugiés vietnamiens dans le sud-est et construit pour eux une clinique dans le camp de Vayam. A Hongkong, elle s’occupe des boat people de Saikung et Kai Tak et accepte en 1979 de gérer seule un camp ouvert pour 7 500 personnes dans un ancien hôpital de Kowloon. Aux Etats-Unis, la YMCA et la YWCA facilitent pour leur part l’accueil des réfugiés vietnamiens débarqués dans des bases aériennes comme Elgin en Floride.
 
-A partir de 1966, Canada : à la suite de Sidney Smith en 1939-1941, Lloyd Shaw en 1942-1943, Jasper Humphrey en 1944-1949, John Pritchard en 1950-1956, Basil Tippet en 1957-1958, Hiles Templin en 1959-1960, John Magwood en 1961-1962 et Harold Rea en 1963-1965, Maurice Strong est élu à la présidence de la YMCA canadienne avant de céder la place à John Carson à partir de 1968 puis Holbrook Davis à partir de 1970. L’organisation, qui a emménagé dans un nouveau siège à Toronto en 1962, ne parvient cependant pas à sortir de son immobilisme. La YMCA canadienne de cette période, relate Murray Ross, s’est en fait prémunie contre le radicalisme des jeunes mais pas contre le conservatisme des vieux. Placée depuis 1938 sous la direction de Richard Hosking, qui s’est avéré beaucoup moins autoritaire que son prédecesseur, elle n’a pas non plus réussi à recentrer les associations locales sur des valeurs communes. Ses successeurs à partir de 1958 puis 1971, Leslie Vipond et Rix Rogers, ne font guère mieux jusqu’à ce que le Conseil National des YMCA canadiennes soit contraint en 1973 de se réorganiser en douze régions et de rationaliser ses activités sociales autour de huit principaux centres à travers le pays. Malgré le démarrage d’un nouveau projet à Fort Smith dans le Grand Nord en 1962, la YWCA peine également à se renouveler.
 
-1967-2000, Israël/Palestine : à l’occasion de la guerre des six jours en juin 1967, les bâtiments de la YMCA de Jérusalem abritent de nouveau le personnel des Nations Unies, qui y établit son siège provisoire jusqu’à la fin juillet. Après la fin des combats, le mouvement entreprend ensuite d’aider les Arabes déplacés par le conflit mais doit renoncer jusqu’en 1975 à animer sa branche de Gaza, qui s’était constituée en 1952 sur un terrain donné par Abdulla Rifaat, un ancien membre de la YMCA du Caire, devenu gouverneur général de ce territoire géré par l’Egypte après la création d’Israël en 1948. Dirigée et présidée à partir de 1967 par Doris Salah et Joyce Nasir, respectivement, la YWCA palestinienne n’est pas en reste. Elle assiste notamment les réfugiés qui se sont retrouvés en Jordanie dans les camps de Karameh, Bek’a et Madaba. L’organisation, qui a rapidement reconstruit ses bureaux endommagés pendant la guerre à Jérusalem, travaille alors depuis Amman, où elle jouit du soutien de la reine Zein el-Sharaf et inaugure un nouveau siège en 1971. De fait, les liens avec le mouvement en Jordanie ont toujours été étroits. Première salariée et présidente de la YWCA de Jérusalem jusqu’en 1967, Julia Awad était ainsi la belle sœur de la présidente de l’association d’Amman. Les programmes humanitaires à destination des Palestiniens établis en Jordanie contribuent aussi à ce rapprochement. Dans le camp de Madaba, où elle est présente depuis 1956, l’organisation établit en 1968 une crèche payante qui se pérennise à partir de 1974. Dans le camp de Bek’a, encore, la YWCA palestinienne ouvre en 1969 une maternelle qui est entièrement gérée par des musulmans et qui emménage dans un préfabriqué en 1974 puis un bâtiment en dur en 1980. Après la guerre du Yom Kippour en 1973, elle étend également son aide aux camps de Jalazone près de Ramallah, Kalandia près de Jérusalem et Aqaber Jaber près de Jéricho dans les territoires occupés. En Jordanie, elle essaie par ailleurs de développer l’autosuffisance et la viabilité financière des réfugiées en essayant vainement de commercialiser leurs produits vivriers. Elle est plus heureuse quand elle monte des ateliers de confection d’uniformes scolaires pour éviter aux femmes de devoir aller travailler en usine à Amman. Parallèlement, le mouvement se politise sur la question des territoires occupés. Lors de sa conférence de Vancouver au Canada en 1975, l’Alliance mondiale des YWCA réclame un droit au retour pour les réfugiés palestiniens. Huit ans plus tard à Singapour en 1983, elle demande le retrait des troupes israéliennes du Liban, la reconnaissance de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) comme unique représentant du peuple palestinien et l’arrêt des colonies juives dans les territoires occupés. En 1991 à Stavanger, encore, elle exige l’application des résolutions des Nations Unies, l’évacuation de Tsahal du Sud du Liban et le démantèlement des colonies illégales à Gaza et en Cisjordanie. D’une manière générale, le mouvement est favorable à la création d’un Etat palestinien en échange d’une reconnaissance d’Israël. Il se préoccupe d’autant plus de la situation que, sur place, l’Intifadah de 1988 puis la première crise du Golfe de 1991 aggravent le chômage et obligent la YWCA à interrompre certains de ses programmes lorsque les réfugiées palestiniennes ne parviennent plus à rembourser les bourses d’études qui leur étaient accordées à un rythme d’environ 25 par an. En dépit des troubles, la YMCA de Jérusalem s’en sort un peu mieux grâce à ses activités sportives et culturelles dans une ville où, faute de services municipaux, elle a pendant longtemps été la seule à disposer d’une piscine et d’un stade, en l’occurrence jusqu’en 1960 et 1991 respectivement. A l’instar de la YWCA palestinienne, qui est dirigée par Leila Diab à partir de 1979 et présidée par Samia Khoury à partir de 1992, ses programmes en province souffrent cependant de la poursuite des affrontements en Cisjordanie, où elle a établi en 1982 une branche qui devient indépendante en 1988 quand Amman renonce officiellement à tout droit de regard sur la gestion des territoires de la rive ouest du Jourdain. En 1989, par exemple, un étudiant de son centre de formation à Jéricho, Hitham ‘Iriqat, est tué par erreur par l’armée israélienne. Le directeur du programme de réhabilitation de la YMCA à Beit Sahour, Nader Abu Amsha, est quant à lui emprisonné et torturé à plusieurs reprises en 1982 et 1989, à l’instar de la coordinatrice dudit programme, Khawla Al Azraq, en 1982 et en 1990. Avec la deuxième Intifadah, encore, l’organisation doit interrompre pendant plusieurs mois les activités de son foyer de Beit Sahour, qui est touché à cinq reprises par les combats entre 2000 et 2002. Son centre de formation du camp de réfugiés d’Aqaabat Jaber à Jéricho est également la cible de tirs en octobre 2000, si bien que la YMCA demande aux Nations Unies d’ordonner une enquête internationale, de pair avec un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes israéliennes.
 
-1968-2008, Zimbabwe : dans le contexte de la guerre de libération qui oppose la majorité noire à la minorité blanche au pouvoir en Rhodésie du Sud, les YMCA locales établissent en 1968 un Conseil National qui a pour objectif de rassembler les jeunes chrétiens sans distinctions de race. Fondée à Bulawayo par Victoria Bormann en avril 1958 et reconnue par Genève en octobre 1959, la YWCA n’est pas en reste et se développe à travers le pays. D’abord dominée par des Blanches, elle propose ses services au gouvernement de Ian Smith pour former les institutrices dont le ministère de l’Education a cruellement besoin au début des années 1970, faute de vocations. A mesure que la guerre prend de l’ampleur, l’organisation finit cependant par s’ouvrir aux Noires pendant que les Rhodésiennes blanches s’en vont rejoindre les associations ségréguées d’Afrique du Sud, qui ne sont pas reconnues par l’Alliance mondiale à Genève. En 1967, la première secrétaire générale de la YWCA zimbabwéenne est ainsi une Africaine, Khethiwe Kate Moyo, qui est bientôt rejointe à la présidence par une collègue, Agnes Dhlula, de 1970 à 1975. Parce qu’elle contribue à former les futures élites politiques du pays, l’organisation est alors très proche des dirigeants qui s’emparent du pouvoir à l’indépendance en 1980. Parmi les membres de la YWCA à l’époque, on relève la présence de la femme du président, Janet Banana, de la vice-ministre de l’Information, Naomi Nhiwatiwa, de la ministre du Tourisme, Victoria Chitepo, et d’une sénatrice en charge de l’éducation, Tsitsi Munyati. Une ancienne présidente de l’organisation, Angeline Makwavarara, devient quant à elle la directrice de cabinet du ministère de la femme et du développement communautaire. Mais la situation se dégrade ensuite quand le régime de Robert Mugabe tourne à la dictature. Lors des violences électorales de juillet 2008, par exemple, quelque 120 femmes et enfants qui avaient trouvé refuge dans les foyers de la YWCA à Harare sont raflés par la police et déportés en brousse à Bindura, où ils sont laissés à eux-mêmes.
 
-1969-1989, Etats-Unis : la YMCA de New York prend position en faveur des conclusions du rapport de la Commission gouvernementale qui, sous la direction d’Otto Kerner, avait été chargée d’enquêter sur les causes profondes des émeutes des ghettos noirs en 1967. Parallèlement, le mouvement confirme sa politique de discrimination positive en vue de promouvoir les minorités de couleur. Les réformes entreprises tardent en effet à se mettre en place. Dans le Sud, en particulier, le mouvement reste marqué par le racisme ambiant : 300 YMCA y pratiquent encore la ségrégation et quelques-unes préfèrent quitter l’organisation plutôt que d’obéir aux directives nationales leur demandant de s’ouvrir aux Noirs. Le Nord des Etats-Unis n’est pas non plus épargné par les problèmes. Au début des années 1960, remarque Mayer Zald, la plupart des employés de la YMCA de Chicago n’ont jamais entendu parler de la politique de déségrégation adoptée par le mouvement en 1944. Moins tolérants que les sections de jeunes, les foyers d’adultes de l’agglomération se sont peu ouverts aux populations de couleur et continuent d’ériger une sorte de barrière raciale en pratiquant des tarifications qui excluent de facto les Noirs, plus pauvres. Mais l’expansion des ghettos en direction des centres-villes rend bientôt intenable la position de la YMCA, qui doit s’adapter et par exemple recruter des secrétaires parlant l’espagnol, devenu la langue majoritaire des quartiers puerto ricains. Des pressions internes obligent également le mouvement à se réformer. Emmenés par Jesse Alexander Junior, les secrétaires noirs de la YMCA se révoltent en effet et exigent que la direction cesse d’envoyer des animateurs blancs dans les quartiers afro-américains. Leur demande, qui revient à remettre en cause la politique de mixité du mouvement, souligne d’ailleurs le paradoxe d’associations ségréguées qui ont tout à la fois été un produit du racisme et un refuge pour les Noirs, quitte à refuser de se mélanger avec les Blancs afin de conserver leur autonomie de gestion. Dans tous les cas, la direction des ressources humaines de l’organisation finir par adopter des programmes de discrimination positive. A partir de 1975, la YMCA de New York commence ainsi à établir des quotas de recrutement qui accordent aux femmes et aux minorités de couleur les trois quarts des 65 postes de travail créés en 1977, à parité entre chaque groupe. La direction du mouvement reste cependant entre les mains des WASP (White Anglo-Saxon Protestants) avec, en l’occurrence, Robert Harlan à partir de 1971 puis Solon Cousin à partir de 1980. Réalisé en août 1989 auprès de 5 601 et 1 163 membres de conseils d’administration à la tête de YMCA américaines et canadiennes respectivement, le sondage de Julie Siciliano confirme l’écrasante domination des Blancs, à raison de 98% au Canada et 96% aux Etats-Unis.