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Young Men’s Christian Association
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Historique

Young Men’s Christian Association - Historique




1970-1979


-A partir de 1970, Suisse : la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d'Étudiants (FUACE), ou World Students Christian Federation (WSCF), emménage en 1970 dans un bâtiment loué à la YMCA mondiale avant de renoncer définitivement, en 1978, à établir son siège à Paris ou Londres. L’organisation, qui émane des YMCA et des YWCA, traverse en l’occurrence une passe difficile du fait de tensions internes et d’une diminution drastique de ses revenus. De pair avec le désengagement des Eglises américaines et la baisse du dollar, qui pénalise une institution basée en Suisse, le budget de la WSCF tombe ainsi de $1 million en 1967 à $300 000 en 1972. Après avoir organisé ses trois premiers congrès mondiaux de la jeunesse chrétienne à Amsterdam en août 1939, Oslo en juillet 1947 puis Kottayam en Inde en décembre 1952, la Fédération n’est donc plus en mesure de tenir des assises jusqu’au sommet de Mendes au Brésil en juillet 1993. Reconstitué à New York en mai 1945 puis au château de Bossey près de Genève en août 1946, seul son comité exécutif parvient à se réunir à peu près régulièrement, avec des assemblées générales à Whitby au Canada en 1949, Nasrapur en Inde en 1953, Tutzing en Allemagne en 1956, Thessalonique en Grèce en 1960, Embalse Rio Tercero en Argentine en 1964, Otaniemi en Finlande en 1968, Addis-Abeba en Ethiopie 1973, Colombo au Sri Lanka en 1977, San Francisco aux Etats-Unis en 1981, Mexico au Mexique en 1986, Chantilly en France en 1990, Yamoussoukro en Côte d’Ivoire en 1995, Beyrouth au Liban en 1999, Chiang Mai en Thaïlande en 2004 et Montréal au Canada en 2008. Conjuguée à une forte demande de démocratisation en interne depuis les révoltes étudiantes de mai 1968, la diminution des revenus de la WSCF oblige aussi l’institution à se restructurer, à se décentraliser et à déplacer son centre de gravité vers l’Europe et les pays du Sud. A partir de 1978, les Eglises ouest-allemandes prennent en effet le relais de leurs homologues américains et leur contribution financière dépasse bientôt celle des Etats-Unis au cours de la décennie suivante. En 1988, le regroupement régional des associations chrétiennes d’étudiants d’Amérique du Nord doit même être suspendu faute de fonds. A partir de 1973, les fédérations d’Afrique, d’Asie-Pacifique, d’Europe, d’Amérique latine, du Moyen orient et d’Amérique du Nord obtiennent par ailleurs le droit de nommer à Genève des représentant au comité exécutif de la WSCF, qui conserve cependant sa fonction d’accréditation et de confirmation des nouvelles et anciennes organisations membres.
 
-1971-1991, Bangladesh : la guerre de sécession du Pakistan oriental conduit le mouvement des YMCA et YWCA à envoyer des secours aux victimes des affrontements au moment de l’indépendance du Bangladesh en 1971. Sous l’égide d’un Britannique, William Harte, puis d’un Canadien, Jack Dunderdale, et d’un Américain revenu de la guerre du Vietnam, David Moore, à partir de 1977, l’Alliance mondiale, en l’occurrence, ouvre en 1975 deux orphelinats de chacun cent places à Brahmanbaria et Naogaon. De son côté, la YWCA indienne aide un camp de 17 000 réfugiés qui se sont installés près de la frontière. Les événements sont aussi l’occasion de relancer les associations locales. Créée par Bina Shaw en 1962 et reconnue par Genève comme une entité indépendante du Pakistan en 1971, la YWCA de Dacca monte ainsi des programmes de commercialisation de l’artisanat rural à partir de 1973. Dirigée par Asrukana Baroi puis Asrukana Das, l’organisation fournit également une aide alimentaire et médicale aux victimes d’inondations, par exemple en 1988. Née en 1965 dans le foyer de la mission baptiste à Sadarghat sous l’égide de Matthew Malakar jusqu’en 1968 puis de Sushanta Adhikari jusqu’en 1970, la YMCA de Dacca était pour sa part tombée en léthargie pendant la guerre d’indépendance. Avec l’aide de l’Alliance mondiale à Genève, elle renaît de ses cendres en 1972 et s’étend en province à Chittagong, Barisal, Dinajpur et Birisiri. En février 1974, elle forme un Conseil national des YMCA du Bangladesh qui se dote d’une Constitution, installe ses bureaux dans le quartier de New Eskaton et recrute son premier permanent et secrétaire général, Matthew Malakar, en avril 1977. Reconnue et affiliée à l’Alliance mondiale des YMCA lors d’une réunion à Buenos Aires en septembre 1977, l’organisation est officiellement enregistré auprès des autorités du Bangladesh en janvier 1978 et compte près de 2 000 membres qui ne sont pas tous chrétiens. Malgré la mort accidentelle, l’année suivante, d’un collaborateur local puis d’un expatrié britannique, Roderick Thomson, venu assister les enfants intouchables des Dalit à Dinajpur, la YMCA bangladaise s’étend bientôt en province. En mars 1979 dans le district de Jamalpur, elle monte ainsi à Hatibanda une petite association villageoise pour faciliter la réinstallation des réfugiés revenus d’Inde. Les catastrophes naturelles retiennent aussi son attention. En septembre 1988, elle fournit des vivres à 10 000 victimes d’inondations près de Dhaka et Barisal, 4 500 dans les environs de Bogra, 7 000 à Kaligram et quelques villageois dans les régions de Foiljana, Dinajpur et Birisiri. En avril 1991, encore, elle envoie des secours aux rescapés d’un cyclone qui a fait plus d’une centaine de milliers de morts à Barisal et Chittagong.
 
-A partir de 1972, Chine : en février 1972, la visite officielle du président Richard Nixon à Pékin ouvre une période de détente qui permet aux YMCA et aux YWCA d’essayer de reprendre pied dans le pays. Le problème est que les associations locales, complètement fermées depuis la Révolution culturelle en 1966, demandent d’abord à l’Alliance mondiale de désaffilier leurs homogues de Taiwan pour rentrer dans le mouvement. Ainsi, la YMCA chinoise peut officiellement se reconstituer en 1980 quand Genève accepte de la reconnaître en lieu et place de la YMCA taiwanaise. En 1983, son comité national en profite alors pour récupérer les fonds saisis pendant la Seconde Guerre mondiale par son homologue américain, qui craignait les réquisitions des communistes. Dirigée à partir de 1957 par Cora Deng et suspendue de 1966 à 1976, la YWCA de Chine peut également rouvrir ses portes en 1980 à Shanghai, où elle partage ses bureaux avec la YMCA dans un ancien foyer transformé par le gouvernement en hôtel et restitué en 1982. Présidée et dirigée à partir de 1994 par Zheng Huaimei et Shi Ruzhang, l’organisation n’en demeure pas moins modeste. La YMCA, par exemple, ne dispose que d’un budget de $150,000 en 1992.
 
-A partir de 1973, Chili : le coup d’Etat d’Augusto Pinochet ébranle la fédération chilienne des YMCA, constituée en 1952 et basée à Valparaíso. Présent dans le pays depuis 1912, le mouvement est d’abord apparu dans un port ouvert aux influences anglo-saxonnes et protestantes, Valparaíso, où ses campagnes d’alphabétisation ont bientôt été reprises par la municipalité. La YMCA s’est ensuite étendue à Santiago en 1920, Concepción en 1927 et Antofagasta en 1962, avant d’ouvrir de nouvelles antennes en province à Iquique en 1981 et Temuco en 1996. Liée aux milieux d’affaires, elle a cependant pâti en 1970 de l’arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste de Salvador Allende, qui a réquisitionné les bâtiments de la YWCA chilienne, une organisation créée en 1921 et reconnue par Genève en 1938. La junte militaire d’Augusto Pinochet n’enraye pas ce déclin. Dominée par la bourgeoisie, dirigée par un conseil d’administration conservateur et présidée de 1975 à 1988 par Maggie O’Connor, la YWCA, notamment, connaît un vieillissement de ses adhérentes. A la différence de ses homologues en Afrique du Sud ou en Palestine, elle ne s’implique pas dans la défense des droits de l’homme et se garde bien de critiquer une dictature qui a ses faveurs. Très dépendante des subventions de Genève, sa secrétaire générale est même accusée de détourner des fonds en 1989.
 
-A partir de 1974, Etats-Unis : conjuguée à la fin de la guerre du Vietnam, la suppression de la conscription en février 1974 précipite les YMCA « militaires » dans une crise financière. Sur 15 associations de ce type en 1972, 8 sont déficitaires. Le problème vient tout à la fois du public, dont la générosité s’amenuise à mesure que la réputation de l’armée s’érode pendant la guerre du Vietnam, et de la rupture de la YMCA américaine avec les institutions chargées de lever des fonds pour les milieux militaires, à commencer par l’USO (United Services Organization). En effet, cette dernière n’est plus parvenue à couvrir ses besoins quand elle s’est retirée en février 1955 de l’UDF (United Defence Fund), qui centralisait les collectes au bénéfice des soldats et qui gardait près de la moitié de ses revenus pour financer d’autres activités au service de l’armée. De plus, la YMCA a commencé à vouloir se retirer de ce système pour garder le contrôle de ses activités outre-mer, et pas seulement aux Etats-Unis, au moment où le gouvernement annonçait une réduction de ses effectifs militaires en juillet 1957. Dans un premier ultimatum présenté avec la YWCA en décembre 1961, elle a d’abord accusé l’USO de s’être laïcisée en renonçant aux valeurs religieuses des membres constitutifs du collectif, à savoir la YMCA, l’Eglise catholique, l’Armée du Salut et les agences juives. Puis elle a reproché à l’organisation de vouloir s’affranchir de la tutelle de ses mentors. En décembre 1976, la YMCA décide finalement de se retirer définitivement de l’USO, suivie peu après par la YWCA et l’Armée du Salut. Elle récupère alors ses douze foyers que l’USO n’a de toutes façons pas les moyens de gérer en dépit de ses velléités de supervision. Le défi ne reste pas moins important après la fermeture des établissements de la YMCA à Fort Totten à New York en mars 1967, Ipswich en Angleterre en mars 1970, Columbus en Georgie en décembre 1971, Norfolk en Virginie en mars 1972, Newport à Rhodes Island en décembre 1973 et Long Beach en Californie en décembre 1974. En août 1975, par exemple, la municipalité californienne d’Oceanside décide d’expulser du centre-ville le foyer de la YMCA qui accueille les Marines du Camp Pendleton et qui est perçue comme une source de nuisance et de criminalité parce qu’elle favorise la prostitution et l’alcoolisme. D’une manière générale, le département militaire de la YMCA américaine doit de plus en plus se tourner vers les subventions de l’armée pour compenser la désaffection du public et financer ses activités en temps de paix, à tel point que son centre de ressources pour les familles de soldats, basé à Washington, est finalement intégré au ministère de la Défense en avril 1984. Certes, il arrive que les YMCA « civiles » servent des casernes à proximité. Malgré les efforts entrepris à partir de mars 1968, celles-ci refusent cependant de prendre le relais en s’impliquant davantage en faveur des soldats en poste aux Etats-Unis. Or les YMCA militaires sont cantonnées en casernes et ont moins de facilités à lever des fonds auprès du public. Elles sont donc plus dépendantes des subventions du gouvernement et de leur siège à New York, qui est propriétaire de leurs bâtiments. Adopté en septembre 1983, leur statut est d’ailleurs différent. Avec 21 000 volontaires revendiqués en 1985, le département des YMCA militaires se présente comme une association métropolitaine basée à Chicago et pourvue de 25 branches qui ne sont pas réparties par quartiers mais sur tout le territoire national et à l’étranger, de l’Alaska à l’Ecosse en passant par Hawai et le Panama. En 1983, Mary Dixon, une civile, est la première femme à prendre la tête de l’organisation, avant de céder la place en 1986 à un chimiste, Elija Hicks. Mais on en revient ensuite à un schéma plus classique avec des présidents comme les généraux Donald Infante à partir de 2003 ou Eugene Habiger à partir de 2005. Historiquement, les seuls présidents civils des YMCA militaires ont été des hommes d’affaires avec Charles McAlfin de 1898 à 1901, William Sloane de 1901 à 1921, Lucien Warner de 1921 à 1939 et Holgar Johnson de 1947 à 1957, qui allait ensuite diriger l’USO. Tous les autres ont été des officiers d’active ou à la retraite, avec le commandant Seabury Mastick de 1939 à 1946, le contre-amiral Thomas Wynkoop de 1957 à 1962, le vice-amiral Chester Wood de 1962 à 1965, l’amiral Charles Welborne de 1965 à 1971, le major Peter Dawkins de 1971 à 1976, le lieutenant Edwyn Taylor de 1976 à 1981 et le vice-amiral Emmett Tidd de 1981 à 1983. Les directeurs de l’organisation, eux, ont certes été d’anciens employés des YMCA civiles, depuis William Millar (1898-1910) jusqu’à Frank Gallo (1994-2015) en passant par John Tichenor (1910-1920), Fred Carl (1920-1935), Thomas Rymer (1935-1946), Edwin Bond (1946-1951), Louis Meillette (1951-1959), John Greiner (1960-1962), Fount Robison (1962-1974), Fred Carl (1975-1985) et Richard Stotz (1986-1994). Mais certains avaient combattu dans les rangs de l’armée, à l’instar de Fred Carl pendant la Seconde Guerre mondiale, du lieutenant-colonel Richard Stotz dans les Marines au Vietnam ou du contre-amiral Frank Gallo.
 
-1975-1998, Liban : la guerre civile, qui prend de l’ampleur, met à l’épreuve la YMCA de Beyrouth, dont le siège est pillé en 1976. Historiquement, l’organisation s’est développée dans le pays à partir de 1890, d’abord autour de l’université américaine de Beyrouth pendant la Première Guerre mondiale, avec l’ouverture d’une branche dans la ville de Tripoli en 1919, puis sous l’impulsion de l’Union chrétienne des jeunes gens pendant la colonisation française des années 1920 et 1930. Après la création de l’Etat d’Israël en 1948 et la guerre des six jours en 1967, la YMCA libanaise a ensuite commencé à assister des réfugiés palestiniens à Tyre et Sidon. Avec 1 200 membres et 4 employés en 1969, elle devait par exemple ouvrir une antenne au Camp de Fares dans la région de Ras El Matn. L’extension de la guerre au Liban en 1975 oblige alors la YMCA à aider les autres victimes du conflit, quitte à devoir renoncer à des activités plus classiques dans les domaines sportifs et éductatifs. En 1979, elle construit ainsi cinq camps pour accueillir 15 000 déplacés dans le sud du pays et à Beyrouth Est. Elle fournit également 1 500 tentes aux habitants de 124 villages qui avaient perdu leur maison et qui souhaitaient revenir chez eux. Dans le même ordre d’idées, elle soutient les institutions d’aide sociale et offre des formations professionnalisantes aux jeunes pour les dissuader de rejoindre les rangs des miliciens. Après les accords de paix de 1989, encore, elle monte un centre de formation international en 1998 et assiste les victimes des attaques israéliennes de 1996, tandis que l’Alliance mondiale des YMCA demande le retrait des troupes d’occupation et des négociations directes avec la Syrie.
 
-1976-1994, Afrique du Sud : réprimée dans la sang, la récolte de Soweto oblige le mouvement des YMCA et YWCA à se préoccuper davantage du sort de la majorité noire, qui est complètement exclue du pouvoir dans le cadre du régime de l’apartheid. A l’époque, les associations locales sont ségréguées, conservatrices et dominées par les Blancs. Historiquement, le mouvement a certes pu attirer des Noirs comme Albert Lutuli, qui s’est intéressé au travail de la YMCA auprès des prisonniers de la Première Guerre mondiale avant de présider le parti de Nelson Mandela, l’ANC (African National Congress), de 1952 jusqu’à sa mort en 1967. En 1922, la YMCA américaine a, pour sa part, dépêché un Noir des Etats-Unis, Max Yergan (1892-1975), pour démarrer des programmes éducatifs et religieux en milieu africain et étudiant. Initialement, celui-ci devait se rendre au Kenya, où son affectation fut rejetée par le gouverneur britannique Edmund Northey. Pour aller dans le bantoustan du Ciskei à l’université de Fort Hare, qui était réservée aux Noirs, Max Yergan dut donc vaincre les réticences des autorités sud-africaines, qui voyaient en lui un agitateur susceptible de contester la ségrégation raciale. De fait, il se rapprocha du parti communiste d’Afrique du Sud et mena une double vie de missionnaire baptiste le jour et de militant politique la nuit, jusqu’à sa démission et son départ en 1936. Avec des Noirs de l’ANC et des Métis du Cap, il participa notamment au lancement à Bloemfontein en décembre 1935 de l’All African Convention, une plate-forme dirigée par le professeur Davidson Don Tengo Jabavu pour s’opposer à des projets de lois visant à réduire les droits civiques et confisquer les terres des Africains. Max Yergan forma également Govan Mbeki (1910-2001), le père du président de l’Afrique du Sud, au pouvoir de 1999 à 2008, et un des grands leaders de l’ANC, emprisonné avec Nelson Mandela dans le pénitencier de Robben Island de 1963 à 1987. Le mouvement des YMCA n’en est pas moins resté très ségrégué. Placé sous la surveillance du FBI (Federal Bureau of Investigation) et victime des purges du milieu universitaire au début de la Seconde Guerre mondiale, Max Yergan lui-même finit par rejoindre les cercles afrikaners qui prirent le pouvoir en 1948 et mirent en place l’apartheid. Devenu anticommuniste après s’être rendu en Union soviétique en 1936, il devait alors vanter publiquement les mérites du « développement séparé des races » en 1964. La YWCA sud-africaine, de son côté, était surtout une organisation de femmes blanches dont la présidence tournait tous les deux ans entre les principales villes anglophones du pays, avec Madie Hall Xuma à Johannesburg puis Agnes Neilson à Durban et Joy Kennelly à Port Elizabeth, avant de s’établir définitivement à Johannesburg en 1970. Dans un tel contexte, ce sont essentiellement leurs équivalentes des townships noires qui sont touchées par les émeutes de Soweto en juin 1976. Détenue pendant quatre jours et de nouveau arrêtée un mois après, la présidente noire de la YWCA, Jane Oshadi Phakati, se retrouve ainsi en prison jusqu’en décembre 1976 avec Winnie Mandela et deux de ses collègues, une Noire, Joyce Seroke, et une Métisse, Vesta Smith. Arrêtée le 4 octobre 1977, la trésorière nationale du mouvement, Ellen Kuzwayo, est quant à elle détenue pendant cinq mois à cause de son engagement pour les droits civiques et la libération des détenus politiques. Après l’expulsion vers la Hollande de Jane Oshadi Phakati et l’intérim de Lou-Ann Parsons, la nouvelle présidente de la YWCA en 1977, Virginia Gcabashe, doit également cesser d’exercer des responsabilités à la Fédération des Femmes Noires (Black Women Federation), qui est interdite d’activités deux ans après. L’organisation, dont les bureaux sont fouillés par la police, est désormais sur la sellette et dépend de plus en plus des subventions de l’Alliance mondiale à Genève, qui représentent 79% des 33 000 rands de son budget pour l’année 1977, alors que le Fundraising Act de 1978 restreint les possiblités de financements de l’étranger. La YWCA sud-africaine est d’autant plus fragilisée qu’elle est aussi divisée par des tensions internes qui voient les Blanches critiquer la politisation du mouvement et quitter les associations locales. A Port Elizabeth, en l’occurrence, la YWCA devient complètement noire après la vente du foyer réservé aux Blanches en 1978. A Durban, les assemblées générales sont si houleuses que deux associations finissent par se créer, qui produisent leur rapports annuels chacune de leur côté avant de parvenir à se doter d’un conseil d’administration mixte. En comparaison, la YMCA sud-africaine paraît plus conservatrice. Elle attend que l’Alliance mondiale à Genève prenne position contre l’apartheid pour condamner à son tour, en novembre 1987 puis février 1988, le régime de la ségrégation raciale et les détentions sans procès, en particulier dans le cadre de la répression contre la vitrine légale de l’ANC, l’United Democratic Front. Elle demande alors au président Pieter Botha la légalisation des partis politiques noirs et le droit de vote pour tous les citoyens du pays, quelle que soit leur couleur de peau. En outre, elle réclame des négociations, l’arrêt des combats dans les pays voisins et l’indépendance de la Namibie. En vertu d’un amendement à sa Constitution approuvé en mai 1988, enfin, elle accepte de placer les YMCA blanches et noires sur un pied d’égalité. Réuni au Cap en juillet 1990, son conseil national élit pour la première fois un président noir, Caesar Molebatsi, qui sera épaulé par un nouveau secrétaire général noir, Aubrey Adams, à partir de janvier 1994. La YWCA, quant à elle, est pratiquement alignée sur l’ANC. En 1994, elle envoie des observateurs surveiller les élections et fait élire députées de l’ANC deux de ses membres, Ellen Kuzwayo et Thoko Msane. Une de ses anciennes responsables, Brigalia Bam, prendra ensuite la direction de la commission électorale d’Afrique du Sud en 1999. Après avoir travaillé à l’Alliance mondiale des YWCA à Genève, Phumzile Mlambo-Ngcuka deviendra quant à elle députée de l’ANC à partir de 1994 et vice-présidente de l’Afrique du Sud à partir de 2005. Ministre de l’énergie de 1999 à 2005, elle sera impliquée dans le scandale de l’Oilgate qui verra la companie parapublique PetroSa financer la campagne de l’ANC pour les électtions de 2004 via une société écran du nom d’Imvume. Phumzile Mlambo-Ngcuka sera ensuite accusée début 2006 d’avoir détourné des fonds publics pour financer les vacances de luxe de sa famille aux Emirats Arabes Unis.
 
-1977-1997, Australie : après avoir demandé très tôt une égalité de salaires avec les hommes, dès 1911, la YWCA australienne se déchire sur la question de l’avortement et ne parvient pas à obtenir de position consensuelle sur le sujet. En 1977, elle soutient seulement le principe d’un remboursement par la sécurité sociale des interruptions volontaires de grossesse. Le débat n’en est pas moins révélateur d’une certaine démocratisation depuis que l’organisation s’est décidée, en 1969, à élire sa présidente. Il s’agissait auparavant d’une simple formalité puisqu’une seule candidate était présentée par le conseil d’administration, à l’instar de Sarah Heard à partir de 1907, Laura Cumming Pratt à partir de 1916, Constance Sly à partir de 1921, Georgina Sweet à partir de 1925, Mary Cameron Pott à partir de 1937, Gertrude Kumm à partir de 1945, Jess Johnston à partir de 1951, Dorothy Wardlaw à partir de 1960, Ivy Victoria Rentoul à partir de 1963 et Betty Burton à partir de 1966. Elizabeth Ashton a été la première à être véritablement élue présidente de la YWCA australienne en 1969, suivie d’Una Porter en 1971, Stella Watson en 1973, Lesley Westmoreland en 1977, Joy Oakley en 1981, Helen Paterson en 1985 et Moira Huggins en 1989. Par la suite, on devait également observer un rajeunissement des tenantes du titre, avec Susan Brennan et Lynda Poke à partir de 1997, puis Fiona Jolly à partir de 2001.
 
-1978-1987, Sri Lanka : la YMCA aide les victimes d’un cyclone qui a détruit les locaux de ses associations de Batticaloa et Amparai le 2 novembre 1978. La montée des tensions ethniques, qui débouche sur des violences entre la majorité cinghalaise et la minorité tamoule en juillet 1983, oblige ensuite le mouvement à repositionner ses activités. Tout au long des années 1990, il distribue ainsi des vivres aux personnes déplacéées par le conflit, par exemple des Tamouls réfugiés à Colombo et à Dehiwela, juste au nord de la capitale. Les YMCA d’Inde ne sont pas en reste. A partir de 1987, la YMCA de Madurai assiste des réfugiés tamouls dans les camps de Kullursathi au sud de Virudunagar, Tirunagar au nord de Tirumangalam, Pasumalai au sud de Madurai et Kodaikanal près de Kodaikarol. De son côté, la YMCA de Salem aide des réfugiés tamouls dans les camps d’Omelur, Mettur, Tiruchengode et Sangakiri. La YMCA de Tuticorin, enfin, assiste une centaine de familles tamoules dans le camp de Mappillaioorani, qui a regroupé les réfugiés venus des sites de Sevanthakulam et Millerpuram / Peroorarani.
 
-1979-1985, Thaïlande : avec des fonds du gouvernement thaïlandais, la YMCA de Bangkok est chargée de coordonner la réinstallation de 80 000 habitants des zones frontalières affectées par les conflits au Laos et, surtout, au Cambodge après la chute du régime de Pol Pot en 1979. L’organisation continue par ailleurs de s’occuper des réfugiés accueillis dans le nord du pays, essentiellement des Karen de Birmanie et des Meo du Laos installés à Nan-Pua puis Nakorn Panom et Ubon. Elle y est relayée par l’Alliance mondiale des YMCA qui, depuis Genève, demande en 1980 à ses volontaires de jeûner et d’économiser le prix d’un repas pour envoyer de l’argent aux Laotiens du camp de Sob Tuong. Le nord de la Thaïlande retient d’autant plus l’attention que le mouvement y promeut également des programmes de développement rural dans des villages de la région de Chiangmai, où il établit un centre à Sao Hin en octobre 1984. La YMCA est moins présente à l’est, où elle a facilité le logement de quelques réfugiés cambodgiens à Aranyapratet à partir de 1975. Elle est plus active à Bangkok, où elle commence en 1985 à assister les immigrés clandestins détenus dans le centre de rétention administrative de Suan Phlu.