La méthodologie
>
Le champs thématique

L'étude des ONG / Le Champ thématique


Dans la base de données sur les ONG ne sont retenues que les associations de solidarité internationale qui fournissent des secours, une protection juridique ou une assistance morale dans des situations de crise, essentiellement dans des pays en guerre ou en voie de reconstruction, sachant que les sorties de conflits sont extrêmement volatiles. 

Le champ de l'investigation se focalise sur la relation de l'aide humanitaire à la guerre car c'est dans une telle configuration que les défis, les risques et les dérives des opérations de secours sont les plus frappants. Les échecs de l'aide au développement en temps de paix ont déjà fait couler beaucoup d'encre. Le détournement de l'argent de la coopération bi ou multilatérale est certes regrettable car il peut indirectement provoquer la mort d'hommes lorsque le budget destiné à la construction d'un hôpital finit sur un compte bancaire en Suisse et permet la survie économique de sanglantes dictatures. Mais l'instrumentalisation, par les belligérants, de l'aide humanitaire dans des zones de combats est bien plus grave car elle alimente directement des dynamiques guerrières et revient à aggraver le nombre de morts en servant à acheter des armes et en contribuant à prolonger la durée des conflits. 

Le champ de l'investigation se limite aux ONG. Non que les Etats bailleurs et les organisations intergouvernementales échappent au problème. Mais parce que les ONG caritatives ou humanitaires —plus nombreuses et moins connues— représentent un formidable espoir. Soucieuses de promouvoir une morale internationale, elles veulent en effet échapper aux contraintes de la raison d'Etat, interpellent les décideurs et sollicitent la générosité du public en incarnant la "conscience du monde". 

Dans la genèse d'une ONG, on s'intéresse notamment à l'origine sociale et aux motivations idéologiques de ses fondateurs ; aux relations avec les forces politiques, militaires, syndicales et religieuses en présence dans le pays de siège et dans les pays d'intervention, sans oublier la presse et la magistrature ; à la stratégie de l'organisation en matière de démarrage et d'interruption de ses programmes ; aux problèmes rencontrés sur le terrain (expulsions, assassinats, morts accidentelles) ; à l'impact sur les populations récipiendaires... 

L'Observatoire ne prétend pas à l'exhaustivité. Ne sont retenues que les ONG qui semblent les plus pertinentes. Sur le plan institutionnel sont exclues les diverses plates-formes regroupant les opérateurs, tels ICVA (International Council of Voluntary Agencies, 70 membres) en Suisse et VOICE (Voluntary Organisations In Cooperation and Emergency, 95 membres) ou CONCORD (Confederation for Relief and Development, 1600 membres, qui a remplacé en 2003 le CLONG [Comité de Liaison des ONG, 938 membres]) en Europe, sans parler des lobbies confessionnels comme l'APRODEV (Association of Protestant Development Agencies, 19 membres), fondée en 1990 du côté protestant, ou la CIDES (Coopération Internationale pour le Développement et la Solidarité, 16 membres), fondée en 1969 du côté catholique. Il en va de même en ce qui concerne les offices publics et les agences spécialisées des organisations intergouvernementales : bureaux d'aide aux réfugiés des Etats de l'hémisphère Sud ou organismes de coopération du monde occidental, à l'instar de l'United States Agency for International Development (USAID). Seule exception à la règle : le CICR, à mi-chemin entre une ONG et une organisation intergouvernementale du fait d'un budget provenant à 90 % de fonds publics, d'un statut d'observateur aux Nations unies et d'un mandat de gardien de la Convention de Genève de 1949 sur les "lois de la guerre". 

Dans les pays du Sud, enfin, sont écartées les organisations qui peuvent avoir des prétentions caritatives mais qui, à un niveau strictement formel, ne s'apparentent pas à des ONG au sens moderne du terme : syndicats, regroupements corporatistes d'étudiants, de médecins ou d'ingénieurs, confréries soufies, missions chrétiennes dont les œuvres sociales ont très largement précédé la mode humanitaire, etc. On attache beaucoup d'importance, à cet égard, aux éventuels "chevauchements" entre donateurs et bénéficiaires des programmes, ce qui permet de distinguer : les associations d'originaires, où la communauté des donateurs est généralement plus petite que celle des bénéficiaires ; les sociétés coopératives et les corporations professionnelles, où les deux groupes correspondent à peu près ; et les congrégations religieuses, où le nombre de donateurs peut être supérieur à celui des bénéficiaires.