Mode d'emploi

 

 

Les profils proposés dans la base de données se focalisent sur les stratégies d’engagement et de désengagement des ONG sur des terrains en crise. Quelques questions essentielles ont guidé la réalisation de ces fiches :
- Quels sont les facteurs qui déterminent le choix d’intervenir dans un pays plus qu’un autre ?
- Au-delà des motivations humanitaires, des arrière-pensées politiques, religieuses ou financières jouent-elles également dans le démarrage ou la fermeture d’un programme ?
- L’ONG s’est-elle conformée au mandat qu’elle s’était assigné ?
- Comment a-t-elle évolué depuis sa fondation ?

La base de données énumère ainsi les problèmes auxquels les ONG sont confrontées et la façon dont elles y réagissent. Une lecture trop rapide peut donner une impression assez négative alors même que le pointage des difficultés doit se comprendre dans un contexte historique, social, politique, économique et culturel bien précis. De ce point de vue, il est impératif de pondérer les profils signalétiques de la base de données par la durée de vie et la transparence d’une ONG, qui grossissent évidemment la liste des problèmes recensés.
Au vu des lacunes et de l’éparpillement des archives, qui rendent difficiles les recoupements de sources contradictoires, les informations mises en lignes ont été sélectionnées en fonction de leur disponibilité et de leur pertinence pour une analyse stratégique.
Le lecteur est invité à utiliser la base de données dans l’esprit de la communauté Internet, avec un accès libre et gratuit. Si ces données sont amenées à être exploitées en vue de la rédaction d’un rapport, d’un article ou d’un livre, nous vous serions reconnaissants d’en citer la source.

 

La présentation des ONG se décompose en cinq parties :

1) Une fiche signalétique qui comprend :
– le nom et l’acronyme de l’ONG ;
– l’adresse de son siège social ;
– l’existence ou non de “ succursales ” à l’étranger. Par succursale, on entend une section qui entretient une relation organique et formelle avec la « maison mère », quoi qu’il en soit par ailleurs de son caractère opérationnel, de son degré d’autonomie et de ses droits de vote au sein d’une structure internationale. Les appellations diffèrent d’une institution à l’autre. Certains parlent d’organisations « sœurs » ; d’autres, de branches « affiliées », de sociétés « membres », de « bureaux » outre-mer, etc., etc. ;
– le site Internet de l’ONG ;
– la date de création de l’ONG ;
– le champ d’activités de l’ONG : nutritionnel, médical, éducatif, œuvre d’adoption, défense des droits de l’homme, médiation, autres. Dans le contexte de conflits armés, le travail de médiation se comprend ici dans un sens large, qui va de la mission de bons offices au lobbying en vue de faciliter le retour à la paix. En théorie, les bons offices consistent, pour une tierce partie, à prêter son concours à des négociations, mais sans faire de propositions. Une procédure de médiation vise, elle, à rapprocher les parties en lice en suggérant des solutions qui n’ont pas de caractère obligatoire ;
– le niveau d’activités de l’ONG : agence opérationnelle, canal financier (d’une fondation au “ sous-marin ” d’un parti politique), duplicata (prête-nom ou réplique d’une autre organisation “ masquée ”), coquille vide ;
– l’éventuel affichage confessionnel de l’ONG : chrétien, musulman, juif, orthodoxe, bouddhiste, etc ;
– la pérennité de l’ONG : organisation permanente ou formation ad hoc ;
– la proportion de fonds propres en % du budget déclaré d’une ONG : à la différence des subventions et contrats du secteur public, l’autofinancement privé comprend les dons et les legs des particuliers, les placements des excédents de trésorerie, les cotisations des membres, les ventes de biens ou de services, le mécénat d’entreprise, les gratifications en nature et les revenus des loteries nationales, certes souvent gérées par les Etats, mais toujours abondées par les individus. Le budget de l’année, lui, est annoncé en millions arrondis à une décimale ;
– le caractère régional, national ou international de l’ONG : un seul ou plusieurs pays d’intervention ;
– la transparence de l’ONG : accessibilité des données. La gradation de 0 à 5 ne concerne que la diffusion des rapports d’activités et des budgets EN DEHORS des seuls bailleurs institutionnels, donateurs et membres de l'association. Il est important de noter à ce propos qu'il n'existe pas forcément de corrélation entre la transparence d'une ONG et la qualité de ses performances sur le terrain. La diffusion de rapports d'activités et de budgets satisfait seulement une exigence de « redevabilité » vis-à-vis du public en général, tant dans les pays du Nord que du Sud. A l'instar de la méthodologie employée par le One World Trust en 2003, la transparence s'apprécie alors par la mise en ligne sur Internet d'informations susceptibles de répondre à des interrogations citoyennes sur le fonctionnement des associations de solidarité internationale. Un moment testées par l'Observatoire de l'Action humanitaire, les démarches entreprises par téléphone ou par courrier s'avèrent trop aléatoires à cet égard : dans une même ONG, un(e) standardiste peut, du jour au lendemain, décider d'envoyer ou non un rapport d'activités, tandis qu'une lettre présente toujours le risque de s'égarer. De plus, le développement d'Internet fait qu'il est désormais possible de mettre des fichiers en ligne pour un coût dérisoire. La transparence des ONG se mesure donc en consultant leur site Internet une seule fois par an, généralement en milieu d'année. On s'attend à y trouver les rapports d'activités et les comptes d'emploi des ressources de l'année précédente et, mieux encore, des années antérieures. Dans les structures internationales, l'étude se focalise sur le site Internet de la « maison mère » ; des précisions concernant les sociétés membres au niveau national sont apportées dans la partie de la rubrique « Commentaires » qui traite de la « communication externe » d'une association. La transparence des ONG s'échelonne de la façon suivante :

Degré 0 : pas de diffusion connue des rapport de comptes et d’activités. Le site Internet ne donne accès à aucun budget annuel ;
Degré 1 : le site Internet ne donne accès à aucun compte d'emploi des ressources. La mission sociale de l'ONG est précisée mais les activités sont présentées de façon succincte et pas toujours exhaustive, sans chiffres budgétaires sur les fonds effectivement dépensés sur le terrain ;
Degré 2 : le site Internet donne accès à un seul compte d'emploi des ressources, vieux d'un an ou plus. Il n'y a pas de rapport d'activités qui détaille les fonds engagés ou dépensés par programme ou par pays. Au mieux, on trouve un rapport annuel ou moral qui tient du pamphlet publicitaire et n'énumère pas la totalité des programmes menés dans chaque pays ;
Degré 3 : la transparence de l'ONG satisfait l'un des deux critères suivants. Soit le site Internet de l'association donne accès à plusieurs comptes d'emploi des ressources, vieux d'un an ou plus. Soit l'ONG met en ligne un seul compte d'emploi des ressources mais complète ses informations par un rapport d'activités ou des fiches-pays qui énumèrent la totalité des programmes menés et/ou détaillent les fonds engagés ou dépensés à ce titre ;
Degré 4 : le site Internet donne accès à un ou plusieurs comptes d'emploi des ressources, le plus récent étant vieux d'un ou deux ans au maximum. Un ou plusieurs rapports d'activités ou fiches-pays énumèrent par ailleurs la totalité des programmes menés et détaillent davantage les fonds engagés ou dépensés à ce titre, notamment en précisant l'origine des ressources financières disponibles sur le terrain ;
Degré 5 : attestant de la régularité des efforts de transparence d'une ONG, le site Internet donne accès à un ou plusieurs comptes d'emploi des ressources, le plus récent étant vieux d'un ou deux ans au maximum. Un ou plusieurs rapports d'activités ou fiches-pays énumèrent également la totalité des programmes menés et détaillent les fonds engagés ou dépensés à ce titre en précisant nommément l'origine et les montants des ressources financières disponibles sur le terrain. A l'occasion, la publication du pourcentage de fonds dédiés par rapport à l'ensemble du budget complète utilement le tableau. Encore mieux, le rapport annuel ou moral de l'association témoigne d'un réel sens de l'autocritique.

2) Un historique
–La chronologie de l’ONG est présentée de la façon suivante : date ; pays concerné ; description. La date peut être ponctuelle, signaler une période fermée ou s’inscrire dans la durée : “ depuis ” indique que l’intervention est toujours en cours ; “ à partir de ”, qu’on ne connaît pas la date de la fin de l’événement.
–Les noms de personnes comprennent impérativement le prénom ; pour les besoins de la traduction, les acronymes sont tous explicités entre parenthèses, même les plus évidents ; seuls les sigles des ONG de la base de données ne sont pas détaillés puisqu’ils renvoient à une fiche explicative.

3) Un commentaire analytique qui est laissé à l'appréciation du rédacteur et qui traite généralement des rubriques suivantes:
- L'évolution du mandat : les changements statutaires de la mission sociale de l’organisation ; le rapport à l’action humanitaire.
–Le fonctionnement interne : les modes opératoires ; les registres d’action ; la gouvernance démocratique ou autoritaire de l’organisation ; le renouvellement de ses dirigeants ; le rôle des assemblées générales, des adhérents et des volontaires relativement aux salariés permanents ; les grilles de rémunérations ; la syndicalisation du personnel ; les interactions entre les différents services, notamment les départements des opérations, des finances et de la communication.
–Le fonctionnement en réseau : les problèmes de coordination ; les rapports avec les organisations intergouvernementales et les autres ONG ; les modalités de franchise, de contrôle, de mise en tutelle, de certification, d’exclusion et/ou d’autonomie des sections nationales dans un cadre centralisé, fédéral ou confédéral.
–La communication externe : la politique de relations publiques ; la confidentialité ; l’accès aux archives ; la transparence ; l’impartialité ; le prosélytisme ; le merchandising ; le lobbying ; les rapports avec les médias.
–Les financements : l’économie politique de l’institution ; la proportion de fonds publics et dédiés ; les stratégies de diversification des ressources ; les implications pour l’action de terrain ; les éventuels scandales de détournements de fonds.
–Les relations avec les forces politiques : les rapports avec les partis et les gouvernements ; les engagements militants de l’organisation ; le parcours personnel de ses responsables.
–Les relations avec les forces économiques : le mécénat d’entreprise ; les campagnes ciblées ; les partenariats avec la Banque mondiale et les établissements financiers ; le recours à des sanctions économiques.
–Les relations avec les forces militaires : l’intégration dans des opérations de la paix ; l’emploi ou non d’escortes armées et de gardes privés ; la sécurisation et les modes d’évacuation du personnel ; les rapports avec les forces régulières et les mouvements insurrectionnels.
–La capacité d’analyse : la production d’études ; l’autocritique ; l’emploi et la publication d’évaluations externes ; l’apprentissage des échecs ; les conséquences pratiques pour les modalités d’un retrait stratégique.

4) Les sources écrites sur l’ONG
–Presse, revues spécialisées, ouvrages de recherche, récits, témoignages, biographies, rapports d’expertise, littérature “ grise ”.
L’information provient également :
–des sites Internet des ONG ;
–des comptes-rendus oraux et interviews des opérateurs sur le terrain ;
–du recoupement des données en envoyant à chaque ONG les informations obtenues à son propos, avec un droit de correction.

5) Un droit de réponse qui détaille les modalités de rédaction du profil de l’ONG étudiée. Les notices sont signées par leur rédacteur avec la date de saisie des informations.