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Frères des Hommes
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Frères des Hommes - Commentaires




5) La capacité d’analyse


-A notre connaissance, aucune évaluation indépendante des activités de FDH n’a été publiée. Le constat s’applique aux rapports du F3E (Fonds pour la promotion des études préalables, des études transversales et des évaluations), qui sont commandités par les ONG concernées et dont l’accès Internet était toujours bloqué par un mot de passe en 2005. On peut donc s’interroger sur la capitalisation d’expérience d’une organisation qui se caractérise souvent par des discours simplistes et manichéens sur l’exploitation du tiers-monde. Opposant de façon caricaturale les "gentils pauvres du Sud" aux "méchants riches du Nord", FDH a notamment défendu la théorie des vases communicants selon laquelle l’opulence de l’Occident expliquait la misère et le sous-développement des anciennes colonies. Lors d’une campagne contre la faim lancée à la télévision française avec Terre des Hommes le 2 octobre 1981, l’organisation préconisait ainsi de limiter la consommation de viande des pays industrialisés pour non seulement lutter contre les maladies de civilisation comme l’hypertension, mais aussi permettre du même coup au tiers-monde de diversifier son agriculture en se prémunissant contre les aléas des cours mondiaux et en réduisant ses exportations de céréales destinées à nourrir les animaux. "La vache du riche mange le grain du pauvre" affirmait une plaquette éditée conjointement avec Terre des Hommes en juin 1981 et intitulée "Ici mieux se nourrir, là-bas vaincre la faim". La réalité s’avérait fort différente puisque l’alimentation du bétail européen ou américain provenait en l’occurrence des pays riches et non du tiers-monde.

-Face aux critiques qui remettaient en cause le simplisme des analyses marxistes et tiers-mondistes, FDH n’a pas non plus fait preuve d’une grande ouverture. Loin d’argumenter sur le fond du débat, l’association a souvent joué la carte du sentimentalisme et s’est contentée de récuser ses détracteurs. Dans la postface de son ouvrage sur l’Empire colonial français, l’historien Jacques Marseille regrettait ainsi les reproches que l’organisation lui avaient adressé, l’accusant de ne pas être " humain " et d’avoir produit " d’implacables raisonnements économiques " qui auraient occulté " la souffrance imposée à des millions d’hommes par le système colonial ".

-Depuis lors, les échecs théoriques du tiers-mondisme et la fin de la guerre froide ont obligé FDH à modifier son discours. En fait de renouveler ses analyses, l’organisation s’est surtout engouffrée dans la vague de contestation du modèle libéral et participe régulièrement aux forums sociaux du mouvement alter-mondialiste, en l'occurrence à Porto Alegre du 23 au 28 janvier 2003 et du 26 au 31 janvier 2005, à Bombay du 16 au 21 janvier 2004 et à Caracas du 24 au 29 janvier 2006.