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Les critères de l'indépendance financière et de la transparence

L’étude des ONG / Les critères

 
 

Les critères de l'indépendance financière et de la transparence

 

Relativement aux interférences des gouvernements, le pourcentage de financements publics et privés dans le budget d'une ONG représente un autre critère important au regard des pesanteurs de la contractualisation de l'aide et de la conditionnalité des programmes commandités par les bailleurs de fonds. Encore faut-il noter que ces proportions sont toujours celles annoncées par les opérateurs : un chercheur n'a ni les moyens ni le mandat d'aller " éplucher " la réalité des comptes d'une ONG. Autre remarque d'importance, le pourcentage de financements publics n'est pas toujours très significatif d'une dépendance politique vis-à-vis des bailleurs de fonds institutionnels. Au vu de la grande variété des " guichets " humanitaires, une ONG peut fort bien diversifier ses sources de revenus publics, tandis qu'une organisation intergouvernementale peut également faire appel à la générosité de particuliers, de fondations caritatives ou d'entreprises mécènes : environ un tiers des revenus de l'Unicef (United Nations Children's Fund) provient ainsi de dons privés, notamment en vendant des cartes de vœux, et le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés) s'est doté pour ce faire d'associations de soutien en france et en Grande Bretagne.

Après un rapide descriptif budgétaire, on affinera donc l'analyse en ajoutant un indicateur de transparence. Certaines associations ne publient pas de rapport d'activités, et encore moins de bilan financiers. Par publication, on entend une diffusion desdits rapports et bilans en dehors des seuls bailleurs institutionnels, donateurs et membres de l'association. Il est important de noter à ce propos qu'il n'existe pas forcément de corrélation entre la transparence d'une ONG et la qualité de ses performances sur le terrain. La diffusion de rapports d'activités et de budgets satisfait seulement une exigence de « redevabilité » vis-à-vis du public en général, tant dans les pays du Nord que du Sud. A l'instar de la méthodologie employée par le One World Trust en 2003, la transparence s'apprécie alors par la mise en ligne sur Internet d'informations susceptibles de répondre à des interrogations citoyennes sur le fonctionnement des associations de solidarité internationale. Un moment testées par l'Observatoire de l'Action humanitaire, les démarches entreprises par téléphone ou par courrier s'avèrent trop aléatoires à cet égard : dans une même ONG, un(e) standardiste peut, du jour au lendemain, décider d'envoyer ou non un rapport d'activités, tandis qu'une lettre présente toujours le risque de s'égarer. De plus, le développement d'Internet fait qu'il est désormais possible de mettre des fichiers en ligne pour un coût dérisoire. La transparence des ONG se mesure donc en consultant leur site Internet une seule fois par an, généralement en milieu d'année. On s'attend à y trouver les rapports d'activités et les comptes d'emplois et de ressources de l'année précédente et, mieux encore, des années antérieures. Dans les structures internationales, l'étude se focalise sur le site Internet de la « maison mère » ; des précisions concernant les sociétés membres au niveau national sont apportées dans la partie de la rubrique « Commentaires » qui traite de la « communication externe » d'une association.

La transparence des ONG s'échelonne de la façon suivante :

Degré 0 : pas de diffusion connue des rapport de comptes et d’activités. Le site Internet ne donne accès à aucun budget annuel ;

Degré 1 : le site Internet ne donne accès à aucun compte d'emplois et de ressources. La mission sociale de l'ONG est précisée mais les activités sont présentées de façon succincte et pas toujours exhaustive, sans chiffres budgétaires sur les fonds effectivement dépensés sur le terrain ;

Degré 2 : le site Internet donne accès à un seul compte d'emplois et de ressources, vieux d'un an ou plus. Il n'y a pas de rapport d'activités qui détaille les fonds engagés ou dépensés par programme ou par pays. Au mieux, on trouve un rapport annuel ou moral qui tient du pamphlet publicitaire et n'énumère pas la totalité des programmes menés dans chaque pays ;

Degré 3 : la transparence de l'ONG satisfait l'un des deux critères suivants. Soit le site Internet de l'association donne accès à plusieurs comptes d'emplois et de ressources, vieux d'un an ou plus. Soit l'ONG met en ligne un seul compte d'emplois et de ressources mais complète ses informations par un rapport d'activités ou des fiches-pays qui énumèrent la totalité des programmes menés et/ou détaillent les fonds engagés ou dépensés à ce titre ;

Degré 4 : le site Internet donne accès à un ou plusieurs comptes d'emplois et de ressources, le plus récent étant vieux d'un ou deux ans au maximum. Un ou plusieurs rapports d'activités ou fiches-pays énumèrent par ailleurs la totalité des programmes menés et détaillent davantage les fonds engagés ou dépensés à ce titre, notamment en précisant l'origine des ressources financières disponibles sur le terrain ;

Degré 5 : attestant de la régularité des efforts de transparence d'une ONG, le site Internet donne accès à un ou plusieurs comptes d'emplois et de ressources, le plus récent étant vieux d'un ou deux ans au maximum. Un ou plusieurs rapports d'activités ou fiches-pays énumèrent également la totalité des programmes menés et détaillent les fonds engagés ou dépensés à ce titre en précisant nommément l'origine et les montants des ressources financières disponibles sur le terrain. A l'occasion, la publication du pourcentage de fonds dédiés complète utilement le tableau. Encore mieux, le rapport annuel ou moral de l'association témoigne d'un réel sens de l'autocritique.