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Médecins du Monde
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Historique

Médecins du Monde - Historique




Années 1980


-Janvier 1980, France : scission de MSF, MDM est lancé par des médecins, notamment Pierre Pradier, qui fut président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), et Bernard Kouchner, un ancien responsable du service d'ordre de l'Union des étudiants communistes avant les manifestations de mai 1968. D’après Michel Brugière, l’association compte notamment des militants soixante-huitards du MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception). MDM n’est pas pour autant une « organisation de gauche », contrairement à ce qui a pu en être dit. Ainsi, l’association est bientôt rejointe par Xavier Gouyou-Beauchamps, l’ancien porte-parole du président Valéry Giscard d’Estaing chassé par l’arrivée des socialistes au pouvoir en mai 1981. Bernard Kouchner et Pierre Pradier, eux, démissionneront précisément de la direction de MDM pour faire de la politique, le premier en mai 1988 afin d’entrer au gouvernement Michel Rocard comme Secrétaire d’État chargé de l’Insertion sociale, le second en juin 1994 afin de se présenter aux élections du Parlement européen sur la liste radicale de Bernard Tapie. A l’écart des affaires de corruption et de subornation de témoin qui ont valu à Bernard Tapie de perdre son immunité parlementaire, Pierre Pradier mourra d’un cancer le 25 avril 2003. Resté président d’honneur de MDM, Bernard Kouchner sera, pour sa part, promu ministre de l’Action humanitaire et de la Santé du gouvernement Pierre Bérégovoy en avril 1992, toujours dans la mouvance du Parti Socialiste. Puis, sur une liste conduite par Michel Rocard en juin 1994, il sera élu au Parlement européen, dont il présidera la Commission Développement. Après avoir adhéré, en janvier 1996, au Parti Radical Socialiste, dont il sera brièvement le président-délégué, Bernard Kouchner rejoindra le Parti Socialiste et sera nommé secrétaire d’État à la Santé auprès de la ministre de l’Emploi et de la Solidarité Martine Aubry dans le gouvernement Lionel Jospin en juin 1997. Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies entre juillet 1999 et janvier 2001, il dirigera ensuite l’administration civile du Kosovo dans le cadre de la MINUK (Mission des Nations Unies pour le Kosovo). Revenu en France après avoir en vain brigué le poste de Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, il deviendra, de février 2001 à avril 2002, ministre délégué à la santé sous la tutelle d’Elisabeth Guigou, ministre des affaires sociales. Passé à droite, il obtiendra finalement le portefeuille des Affaires étrangères du gouvernement François Fillon en mai 2007.

-1980, Tchad : tandis que les troupes de Hissène Habré et de Goukouni Oueddeï se disputent le contrôle de la capitale, MDM et Hôpital Sans Frontières soignent la population civile, ainsi que des prisonniers de guerre blessés et des combattants qui reviennent du front.

-A partir de 1980, Afghanistan : franchissant clandestinement la frontière pakistanaise, les équipes de MDM secourent les moudjahidine en guerre contre l’Armée rouge. Le périple est difficile et un jeune volontaire, Christophe Cany, meurt en janvier 1989, enseveli par une avalanche au moment de traverser la vallée de Haftasyab dans la région du Wardak. Le départ des troupes soviétiques change évidemment la donne. Malgré les réticences de son équipe sur place, MDM décide en juin 1991 de fermer sa mission afin de ne pas soutenir les intégristes qui ont pris le pouvoir dans le Wardak. Cité par le journaliste Olivier Weber, un des médecins en poste à l’époque, Philippe Bonhour, explique avoir pris “ conscience de ce qu’étaient vraiment les moudjahidine, qui n’étaient pas forcément des gens très sympathiques, ou qui abusaient de l’aide, qui la détournaient. Jusqu’à une certaine période, on fermait les yeux, on trouvait ça normal. Evidemment, ils utilisaient les voitures du projet pour se déplacer… Je me rappelle personnellement avoir été agacé par certaines façons de faire, notamment les arnaques par les chefs du Wardak sur les transports, sur les salaires ”. En 1995, MDM revient néanmoins travailler dans la région de Hérat, où ses bureaux sont saccagés lors de manifestations contre des bombardements américains sur la ville de Khost. L’année suivante, le siège de l’ONG est de nouveau pillé et volé. Lorsque Kaboul tombe aux mains des intégristes le 26 septembre 1996, le régime taliban impose ensuite une application stricte du droit coranique, la charia, et veut séparer les hommes des femmes dans les structures médicales. Le 6 septembre 1997, un décret du ministre de la Santé contraint ainsi les femmes à être soignées dans le seul hôpital Rabia Balkhi, qui n’est pas encore complètement fonctionnel. Revenu dans le pays, MDM doit composer. Après des négociations menées par le CICR et les ONG, les taliban autorisent certes l’admission des femmes dans d’autres hôpitaux où les sexes sont séparés. Mais en avril 1998, les autorités, qui tentent de contrôler le recrutement du personnel local et de sélectionner les bénéficiaires de l’aide, obligent les ONG à se regrouper dans un quartier plus facile à surveiller. Refusant d’accepter les termes d’un accord qui, signé entre les Nations unies et les taliban le 14 mai, s’avère discriminant pour les femmes, les expatriés de MDM sont finalement expulsés par le régime le 20 juillet 1998. Faute de trouver des Afghans suffisamment préparés pour prendre la relève, MDM négocie un retour difficile en 1999. Dans un numéro de Médecins du Monde Actualités en date de juin 2001, le responsable de la mission à Kaboul s’inquiète de ce que les humanitaires permettent aux taliban “ de continuer une action guerrière ” en “ assumant à leur place les devoirs sociaux et de protection ”. Après l’intervention militaire américaine d’octobre 2001, qui oblige MDM à évacuer brièvement son personnel expatrié, ce sont cette fois les employés locaux qui assurent la poursuite des opérations sur le terrain. La situation reste difficile car les ONG sont désormais assimilées aux troupes d’occupation des pays occidentaux. Début 2002, les bureaux de MDM sont attaqués par les Pachtounes du mollah Dadullah Akhund, qui suspectent l’association française d’avoir soutenu le commandant tadjik Ahmad Shah Massoud. Il faut verser 2 000 dollars pour obtenir la libération des gardiens des lieux. En novembre 2008, encore, l’association décide de se replier momentanément suite à l’assassinat d’un volontaire de l’ONG Solidarité laïque qui circulait à Kaboul dans une voiture de l’AFRANE.

-A partir de 1981, Salvador : pour obtenir une autorisation officielle en vue d’accéder aux zones tenues par la guérilla en juin 1981, MDM doit céder une partie des secours aux autorités gouvernementales, qui ravitaillent ainsi leurs troupes. L’association, que la télévision locale accuse bientôt d’aider les rebelles à El Merillo, est très surveillée par l’armée. Elle est d'autant plus suspecte qu'en 1983, elle refuse des financements de la coopération américaine visant à mettre en oeuvre des programmes de lutte contre la pauvreté qui répondent en l'occurrence aux stratégies contre insurrectionnelles telles qu'elles ont pu être développées par les coopérants militaires de Washington en Amérique latine. De façon clandestine, MDM intervient ensuite dans des camps de réfugiés salvadoriens à Colomoncagua au Honduras. Ceux-ci sont infiltrés par le FMLN (Front Farabundo Marti de Libération Nationale), qui s’en sert de bases arrières et intimide la population en l’empêchant de retourner au Salvador.

-A partir de 1981, Nicaragua : à Managua, MDM monte une banque du sang avec le gouvernement sandiniste, qui combat l’opposition armée des Indiens Mosquitos sur la côte et du commandant Eden Pastora " Zéro " dans le Nord. Sensible aux avancées sociales de la révolution sandiniste, MDM décide de ne pas intervenir dans ces zones rebelles. Une mission exploratoire chez les Mosquitos avait, il est vrai, été utilisée par les autochtones pour convoyer des armes au fond des pirogues transportant les médicaments. De plus, l’association ne veut pas mettre en péril son équipe qui travaille à l’hôpital de Somotillo, du côté sandiniste.

-A partir de janvier 1982, Pologne : MDM commence à soutenir le syndicat Solidarité contre la dictature militaire du général Wojciech Jaruzelski, qui a déclaré le pays en état de guerre. Cette année-là, près d’un quart du budget de MDM est consacré à la Pologne, où sont acheminées des ronéos, de l’encre et des machines à écrire cachées dans des convois de médicaments. Dans son autobiographie, le docteur Jacques Lebas reconnaît qu’une telle aide est plus politique qu’humanitaire. Les liens avec la Pologne perdurent après la période de l’état de guerre et une organisation sœur de MDM, Lekarze Swiata, se met en place sous la présidence d’un responsable des services de santé de Solidarnosc. Le partenariat avec les médecins sur place n’est cependant pas toujours évident. Jacques Lebas dit notamment regretter de ne pas avoir osé évoquer ouvertement la question de l’avortement, qui est bientôt interdit pas le Conseil de l’ordre des médecins polonais après la chute du Mur de Berlin en 1989. Echaudé par ses mésaventures à MSF, Bernard Kouchner avait cependant pris soin de faire enregistrer à l’étranger la marque de MDM dès sa création en 1980. Légalement, le mouvement est donc en mesure d’interdire à Lekarze Swiata de porter le nom de « Médecins du Monde ».

-1982-1987, Vietnam : après avoir affrété un bateau, l’Akouna, pour recueillir les boat people, MDM mène une opération conjointe avec deux bâtiments de la Marine nationale, le cargo Le Goelo et l’aviso-escorteur Le Balny, afin de conduire 1 500 réfugiés aux Philippines. En 1985, MDM repêche 500 autres boat people avec un navire océanographique, le Jean Charcot, et un aviso-escorteur, leVictor Schoelcher. L’année suivante, MDM accueille près de 900 boat people sur le Cap Anamur, affrété avec l’ONG allemande Cap Anamur. En 1987, enfin, MDM travaille conjointement avec un porte-hélicoptères de la marine française, le Jeanne d’Arc, afin de subvenir aux besoins des boat people embarqués à bord du Rose Schiaffino puis du Mary, un cargo acheté pour l’occasion.

-1983-1988, Thaïlande : en mars 1983, MDM commence à secourir les réfugiés karen près de la rivière Moei à la frontière de la Birmanie. En septembre 1985, l’organisation monte une opération clandestine à l’intérieur du territoire birman, en l’occurrence à l’hôpital de Htoo Wa Lu, où elle soigne des civils et des combattants de la KNLA (Karen National Liberation Army) en signant un accord avec le chef de la rébellion, Bo Mya. Alain Deloche, qui ouvre cette mission, propose de relayer la cause karen à l’étranger et d’arranger des contacts diplomatiques au niveau du Parlement européen. MDM doit ensuite cesser ses opérations lorsque le gouvernement à Bangkok veut fermer la frontière en 1988. Bien que débordées par les réfugiés khmers à la frontière du Cambodge, les autorités thaïlandaises souhaitent en effet gérer elles-mêmes la question karen et se débarrasser des ONG dans une région où le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés ne pourra intervenir que des années plus tard.

-1983-1994, Chili : MDM ouvre en 1983 une mission qui, selon son coordinateur, Jacky Mamou, s'impose moins par des besoins matériels sur place que par la nécessité "morale" de soutenir l'opposition de gauche à la dictature du général Augusto Pinochet, notamment par le biais du Collège national des médecins et de l'Eglise. Après le départ précipité du docteur Jean-Pierre Caze, surpris dans une rafle au cours d’une manifestation, cette position vaut aux bureaux de MDM à Santiago d’être perquisitionnés par la police secrète du régime en octobre 1986. L’association parvient néanmoins à poursuivre ses consultations médicales dans les quartiers pauvres de la capitale, d’abord à Villa Francia, puis à Conceptión et San Antonio. Par la suite, l'association s'affranchit de ses engagements politiques les plus marqués et décide d'accompagner le processus de transition démocratique soutenu par la France et l'Union européenne.

-A partir de 1983, Guatemala : après avoir pris contact en août 1983 avec l'opposition maya réfugiée au Mexique, MDM démarre en octobre des programmes de santé dans la région septentrionale et frontalière d'Ixcán, où l'armée rase des villages entiers pour combattre les guérilleros de l'EGP (Ejercito Guerillero de los Pobres) et saboter les coopératives des paysans réunis en CPR (Comunidades de Población en Resistencia). Avec l'accord des militaires et le soutien logistique d'Elf-Aquitaine, qui est présent dans la zone, l'association s'implante à Chisec dans le nord de l'Alta Verapaz. A Playa Grande, notamment, MDM reprend un projet initié par l'ONG américaine CARE et interrompu en 1985 : très controversé, ce programme de colonisation rurale rentrait en fait dans le cadre de la stratégie contre insurrectionnelle des généraux Ríos Montt en 1982 puis Mejía Víctores en 1983 en vue d'isoler la guérilla et de surveiller les paysans en les regroupant dans des « villages modèles », les polos de desarrollo. MDM, qui signe une convention avec le ministère de la Santé en septembre 1993, doit de toutes façons collaborer avec les autorités et ne dénonce pas leurs trafics de médicaments pour ne pas compromettre la poursuite de ses activités. A partir de janvier 1993, les premiers retours organisés de réfugiés changent cependant la donne. A la différence de MSF, qui veut travailler dans la légalité la plus stricte, MDM se passe d'autorisation officielle pour accompagner les rapatriements qui n'ont pas eu l'aval du gouvernement. Le choix de ravitailler en priorité lesretornados suscite la colère des habitants de Xalbal, qui suspectent les réfugiés d'abriter des leaders et des criminels de guerre de l'EGP. Résultat, MDM est accusé de soutenir les guérilleros et de cacher des armes. Malgré la présence de « militants solidaires et compromis » au sein de l'ONG, la chercheuse Nathalie Affre dit n'avoir « jamais recueilli de données tendant à prouver une aide financière ou guerrière importante [...] à part quelques médicaments, quelques soins, quelques appuis logistiques (transport, courrier) dans la tradition des "porteurs de valise" ».

-1984, Ethiopie : pendant la famine, MDM est interdit d’intervention du fait de son implication présumée dans l’Opération Moïse d’exfiltration vers Israël via le Soudan des Juifs éthiopiens, les Falasha. Selon Rony Brauman dans un entretien accordé à Aymeric Mantoux, l’association reste à l’époque marquée par sa rivalité avec MSF et refuse en conséquence de s’associer aux dénonciations des déportations de populations et des détournements de l’aide humanitaire par la dictature marxiste au pouvoir à Addis-Abeba, qui finit par expulser les médecins sans frontières en 1985.

-1984-1987, Brésil : sollicité par l’ONG Survival International, MDM s’installe à Boa Vista pour assister les Indiens Yanomami sur un territoire situé près de la frontière du Nicaragua et ravagé par les chercheurs d’or garimperos. MDM est cependant expulsé par les autorités fin 1985. L’association soutient alors le Mouvement des sans terre en assurant le suivi sanitaire des paysans pauvres qui ont occupé des propriétés en friche, les “ emplacements ” assentamentos. De 1990 à 1999, elle reviendra ensuite travailler auprès des Yanomami, cette fois avec l’autorisation du ministère brésilien de la santé dans le cadre d’un programme financé par l’Union européenne et Survival International.

-A partir de 1985, Afrique du Sud : malgré les réticences de l’ANC (African National Congress), qui ne veut pas que des ONG occidentales cautionnent l’existence d’un système de santé séparé pour les Noirs, MDM intervient dans le homeland “ indépendant ” du Bophuthatswana, où des volontaires sont fouettés et brièvement emprisonnés pour avoir pris la défense des victimes d’une manifestation écrasée par la police à Winterveld. Dans les townships de Johannesburg, l’association donne également des consultations médicales avec un docteur martiniquais, Serge Chalon. En 1986, une volontaire, Bénédicte Chanut, est blessée par l’armée, brièvement arrêtée puis relâchée à la demande de l’ambassade de France. A partir de 1987, encore, MDM collabore avec la NAMDA (National Medical and Dental Association) pour soigner clandestinement des militants politiques à leur sortie de prison.

-A partir de 1986, France : l'association, qui avait démarré avec un petit budget de 1,5 million de francs en 1980, commence à recevoir des subventions publiques et se développe en conséquence. Devenu présidence de MDM en 1986, Alain Deloche ouvre une mission pour les exclus à Paris. Assez rapidement, l'association s'investit de plus en plus en France, participant, entre autres, à la mise en application de la loi sur la Couverture Maladie Universelle en 1999. En 1987, MDM ouvre un centre de dépistage gratuit et anonyme du sida. En 1994, l’organisation démarre des programmes ciblés sur les toxicomanes et propose un accès aux traitements de substitution à l’héroïne sous la houlette de Jean-Pierre Lhomme (1948-2017), un médecin engagé, ancien de la Gauche prolétarienne entré à MDM en 1986Pour les orphelins, l’association se dote, en 1988, d’un service d’adoption différent de la " Chaîne de l’Espoir ", une association qui, créée en 1985 et gérée par MDM jusqu’en 1994, parraine des enfants à distance et permet par exemple, entre juillet 1992 et juillet 1993, d’évacuer de Sarajevo 86 enfants blessés afin de les faire soigner en France. Dans son livre, Olivier Demoinet, lui, explique avoir quitté MDM en novembre 1998 pour s’occuper personnellement d’une Kosovar et lui obtenir tous les visas nécessaires à une opération chirurgicale en France.

-Janvier 1987, France : MDM organise à Paris la « première conférence internationale de droit et morale humanitaires ». Y participent le Président de la République, François Mitterrand, son Premier Ministre, Jacques Chirac, et les amis politiques de MDM : Lech Walesa, leader du syndicat Solidarité en Pologne, Abdul Rahman Ghassemlou, secrétaire général du Parti démocratique kurde d’Iran, et Monseigneur Desmond Tutu, chantre de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. MDM défend le principe d’ingérence humanitaire, à qui le professeur Mario Bettati donne une tournure juridique dans l’enceinte des Nations Unies. A la suite de quoi, l’Assemblée générale de l’ONU vote la résolution n°43/131 du 8 décembre 1988 sur « l’assistance humanitaire aux victimes des catastrophes naturelles et situations d’urgence du même ordre », puis la résolution n°45/100 du 14 décembre 1990 sur l’établissement de « couloirs humanitaires ». Pareille jurisprudence permettra d’intervenir au Kurdistan irakien pendant la guerre du Golfe en 1991, en Somalie et en Bosnie-Herzégovine en 1992, au Libéria et en Croatie en 1993, au Rwanda en 1994.

-A partir de 1987, Etats-Unis : MDM ouvre une mission dans le Bronx à New York. Son travail donne naissance en 1990 à une organisation sœur, Doctors of the World (USA), qui est présidée par un chirurgien, Jonathan Mann, et soutenue par le directeur de Human Rights Watch, Aryeh Neier. A défaut d’être opérationnelle, celle-ci fournit des volontaires expatriés et s’engage en Amérique latine, par exemple au Chiapas dans le cadre d’une mission montée par la section française de MDM à l’hôpital de San Carlos à Altamirano en février 1994. Elle prend le nom de HealthRight International en 2006.

-A partir de 1988, Arménie : MDM obtient pour la première fois l’accord de l’URSS pour venir au secours des victimes du tremblement de terre de décembre 1988 qui fait 20 000 morts autour d’Erevan. Après la chute du mur de Berlin, l’association a ensuite l’occasion de monter des programmes auprès des éleveurs de rennes Nénètses en Sibérie en 1993 puis des enfants de la rue et des toxicomanes de Saint Petersbourg en 1996. Lors d’une mission exploratoire menée en octobre 1990 à Moscou sur la foi de fausses informations quant à des cas de malnutrition sévère, MDM renonce en revanche à envoyer des vivres et préfère donner des médicaments à des hôpitaux dont les pharmacies ont entre-temps été réapprovisionnées par les autorités !

-Novembre 1989-novembre 1991, France : le docteur Jacques Lebas prend la suite de Patrick Aeberhard à la présidence de MDM, tandis que l’association est reconnue d’utilité publique par les autorités françaises. Le docteur Gilles Brücker est ensuite élu président de MDM en septembre 1991, avant de céder la place à Bernard Granjon deux ans plus tard. Spécialiste de la santé publique, Gilles Brücker sera malgré lui mêlé en juillet 2010 au scandale de la richissime propriétaire du groupe L’Oréal, Liliane Bettencourt, à laquelle il s’était lié et qui avait fait des dons importants à sa fille et à trois associations médicales qu’il dirigeait.