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International Islamic Relief Organisation of Saudi Arabia (al-Ighata al-Islamiya al-'alamiya)
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International Islamic Relief Organisation of Saudi Arabia (al-Ighata al-Islamiya al-'alamiya) - Commentaires




5) La politique de communication et le prosélytisme


-De 1991 à 1996, l’IIRO a publié quelques rapports d’activités. Jusqu’en 1998, elle distribuait également un bulletin trimestriel en anglais. Depuis lors, l’opacité de l’organisation a beaucoup contribué à sa mauvaise réputation. Sur son site Internet réactualisé en 2007, l’IIRO donnait simplement des informations sur le montant de ses dépenses et non sur l’origine de ses ressources. Les chiffres publiés en riyals saoudiens étaient énormes, voire aberrants, à hauteur d’1,9 milliard d’euros en 2005-2006 ! Pour rassurer ses donateurs, l’assemblée générale de l’ONG a cependant décidé en 2008 de faire auditer ses comptes par la compagnie Ernest & Young. Dans le même ordre d’idées, l’IIRO a cherché et obtenu la certification de la norme ISO 9001 en 2010.

-Portée par un prosélytisme militant et fondamentaliste, voire guerrier, l’IIRO a cherché à propager les enseignements d’un islam wahhabite et rigoriste. A l’instar des Gideons avec la Bible aux Etats-Unis, l’ONG a beaucoup distribué de Corans et de littérature religieuse, y compris des cassettes vidéo d’Ahmed Deedat, un virulent prêcheur islamiste d’Afrique du Sud. A travers ses structures éducatives, l’IIRO a notamment ciblé les enfants isolés, avec, selon ses dires, la prise en charge de 38 000 orphelins dans 44 pays en 2006, contre 83 000 dans 58 en 1996. Ce secteur représenterait 97% des dépenses de l’organisation si l’on en croit son site Internet en 2007, contre 2% pour l’enseignement du Coran et moins de 1% pour la santé, l’éducation, les travaux publics, les projets communautaires et l’envoi de vivre. La notion d’orphelin, explique Xavier Pauly, doit en l’occurrence se comprendre ici dans un sens assez large car elle comprend des jeunes qui ont perdu leur chef de famille, c’est-à-dire leur père et pas forcément leur mère. Concernant les adultes, l’IIRO a surtout essayé de ré-islamiser les « mauvais » musulmans pervertis par un mode de vie occidental en Europe ou tribal en Afrique. A notre connaissance, l’ONG n’a pas tenté de convertir des chrétiens. En revanche, elle a clairement utilisé son aide humanitaire comme un moyen de pression et de discrimination à l’encontre des infidèles ou des dissidents. Ses volontaires ont ainsi refusé d’aider des femmes qui n’étaient pas voilées et des hommes qui buvaient de l’alcool, ne portaient pas de barbe et n’allaient pas à la mosquée. Les plus récalcitrants ont été laissés à leur triste sort. A Jomvu dans la banlieue de Mombasa sur la côte kenyane en 1994, l’IIRO s’est par exemple retirée d’un camp de réfugiés somaliens parce que son idéologie wahhabite s’accommodait mal du soufisme des occupants du lieu, un peuple de pêcheurs appelés Bajun.