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Frères des Hommes
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Historique

Frères des Hommes - Historique




Années 1960


-A partir de 1965, France : FDH est lancé par Armand Marquiset (1900-1981) sous le nom de Petits Frères de l'Inde le 26 mars 1965, puis de Frères du Monde le 25 mai suivant et enfin de Frères des Hommes le 17 septembre . Connu en France pour avoir fondé plusieurs oeuvres de bienfaisance catholique en faveur des enfants défavorisés (avec Les Amis de la Banlieue en 1934) et des personnes âgées (avec Les Petits Frères des Pauvres en 1946), Armand Marquiset avait travaillé pour le Secours National pendant la Seconde Guerre mondiale, rejoint l'ordre des Franciscains en 1943 mais refusé d'intégrer le Secours Catholique de son rival Jean Rodhain en 1946 . Sous son impulsion, Les Petits Frères des Pauvres allaient s'étendre dans les colonies françaises d'Afrique du Nord , établir des Little Brothers of the Poor aux Etats-Unis et, à la demande du Secours Catholique, envoyer des volontaires dans des camps de personnes déplacées en Allemagne en 1953. Venu à Bombay au moment de la visite officielle du pape Paul VI en 1964, Armand Marquiset a ensuite décidé d'aider les habitants des bidonvilles de Calcutta et New Delhi, où travaillait déjà la fameuse Mère Thérésa. Malgré l'opposition des Petits Frères des Pauvres , qu'il quitte avec un quarteron de fidèles en 1965, il lance ainsi FDH pour s'occuper des enfants en milieu urbain, d'abord à Delhi , puis à Recife, à Lima et à Ouagadougou . C'est dans un second temps que l'organisation s'oriente vers le développement des campagnes, dont la paupérisation est perçue comme responsable d'un exode rural massif vers les villes. FDH soutiendra notamment des tentatives de coopératives agricoles en Amérique latine (Brésil, Pérou, Equateur).

-A partir de 1966, Inde : après avoir envoyé des volontaires à Anjengo, un village côtier du Kerala, puis à Kiddapore, un quartier pauvre de Calcutta, FDH commence à distribuer des vivres aux victimes de la famine dans le Bihar et construit une trentaine de puits pour des populations « intouchables », notamment autour du village de Hardija. Rayonnant à partir de la ville de Gaya, l'organisation tente ensuite d'aller au-delà de l'urgence en promouvant des cultures irriguées, la construction de briqueteries et la scolarisation des enfants, tandis que des centres de formation agricole sont établis à Luta en 1972 et Nanauk en 1974. A partir de 1970, FDH essaie surtout d'impliquer la population en arrêtant de la rémunérer et en la faisant travailler gratuitement dans le cadre de programmes d'entraide appelés shramdan . Mais les hors castes s'investissent peu dans les projets et leurs coopératives agricoles dépérissent quand FDH arrête de les financer en 1975. Lancées en 1973, les tentatives d'alphabétisation des adultes se heurtent également à de nombreuses difficultés car les paysans manquent de motivation pour aller suivre des cours du soir après une dure journée de labeur.

-1967-1983, Burkina Faso : arrivé pour lutter contre la sécheresse qui ravage le Sahel en 1967-1968, FDH commence par alimenter des cantines scolaires en ville, à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou. A l'instigation de Claude Dalbéra, futur secrétaire général de l'association au milieu des années 1980, une équipe s'installe en 1969 dans le village de Mogtedo, à 60 kilomètres à l'est de la capitale, et démarre des programmes de développement intégré. L'objectif est de favoriser l'autosuffisance alimentaire des paysans et de déléguer les responsabilités à des coopératives agricole pour que les paysans s'approprient les projets. En accord avec l'Office régional de développement voltaïque, les activités s'étendent ensuite à Piéla en 1972 et Tibga en 1974. Cités par Jean-Dominique Boucher en 1986, deux volontaires de FDH, Etienne Laurent et Michel Girault, constatent cependant l'échec des efforts en vue de promouvoir la culture attelée dans une région où, le plus souvent, on travaille le sol à la houe. Revenus à Piéla en juin 1980, ils s'aperçoivent que, parmi les treize groupements de cultivateurs constitués avant le départ de l'association en décembre 1978, seulement un continue de fonctionner. La vulgarisation de la traction animale, en l'occurrence, s'est faite sans véritable concertation avec les paysans et elle a suivi une idéologie collectiviste qui ne correspondait pas aux progrès de l'individualisme dans des communautés traditionnelles. Résultat, les innovations techniques introduites par FDH ont accentué les différences sociales en ne touchant que les cultivateurs les plus aisés et les plus exposés à la modernité. Dans les villages de Piéla et Tibga à l'est du pays, deux chercheurs, Jean-Loup Amselle et Emmanuel Grégoire, confirment d'ailleurs que les projets de l'association ne bénéficient pas au plus grand nombre et se focalisent sur quelques individus qui, à eux seuls, ne sont pas représentatifs des intérêts de la communauté : commerçants, catéchistes, paysans aisés, anciens combattants... En 1983, FDH cesse alors de soutenir ces activités, qui ne survivent pas au départ de l'organisation.

-1968-1969, France : la révolte étudiante de mai 1968 contribue à laïciser une organisation qui, jusqu'alors, s'appuyait exclusivement sur le réseau des communautés chrétiennes pour mener des programmes de développement à l'étranger. Après le départ en 1970 d'Armand Marquiset, victime d'un infarctus en 1969, FDH tend également à intégrer les problématiques tiers-mondistes de la théologie de la libération. Dans le numéro d'avril 1970 de sa revue, l'organisation dénonce ainsi les silences complices du Vatican et les compromissions de l'Eglise avec les dictatures d'Amérique latine. Elle reproche notamment à la Commission Justice et Paix de ne pas prendre position contre l'intervention militaire des Etats-Unis au Vietnam, la torture au Brésil, le racisme en Afrique australe et les guerres coloniales du Portugal en Angola, au Mozambique et en Guinée Bissau.

-1969, Belgique : après avoir ouvert un bureau à Bruxelles en 1966, FDH commence à étendre son réseau en Europe et crée son équivalent flamand Mensenbroeders. L'expérience est renouvelée au Luxembourg et en Italie (avec Fratelli Dell'uomo). Une section suisse existe également pendant un temps sous un nom différent, Frères des Frères, afin de ne pas être confondue avec Terre des Hommes. Ces associations nationales sont autonomes mais coordonnent leurs efforts.