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Action Contre la Faim
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Historique

Action Contre la Faim - Historique




1990-1999


-A partir de décembre 1990, Libéria : ACF intervient à Monrovia après la chute de la dictature de Samuel Doe. La poursuite des combats empêche cependant de se déployer à l’intérieur du pays. En avril 1996, le pillage de la capitale et des équipements humanitaires par les rebelles obligent par ailleurs ACF à initier avec Oxfam et SCF une opération conjointe qui, en dehors des Nations Unies, vise à harmoniser les efforts des ONG en se partageant les zones de travail, en se transmettant les informations, en assurant ensemble la sécurité et en rédigeant des communiqués communs pour dénoncer les exactions des seigneurs de guerre.

-A partir de septembre 1991, Sierra Leone : à mesure que s’étend la guerre en provenance du Libéria voisin, ACF se retrouve à mener des programmes dans l’arrière-pays, qui est tenu par les guérilleros du RUF (Revolutionary United front). De Makeni à Kenema en passant par Bo et Kabala, un pareil positionnement lui vaut d’être accusée de collusion avec les rebelles et suscite la méfiance des forces d’interposition de l’Ecomog (Ecomomic Community of West African States’ Monitoring Group), qui patrouillent sur la côte. Pour rétablir sa réputation et garantir sa neutralité, l’association communique alors à l’Ecomog les fréquences de ses contacts radios avec le RUF. ACF doit ensuite négocier ses programmes avec le président élu et réinstallé par l’Ecomog en mars 1998, Ahmed Tejan Kabbah, qui veut privilégier les distributions alimentaires gratuites afin de se gagner les faveurs de la population, au risque de ruiner l’agriculture locale. Après avoir brièvement évacué Freetown, pillée par le RUF en janvier 1999, l’association parvient à retravailler du côté gouvernemental comme rebelle. Au plus fort des combats, en juin 2000, ses équipes se retirent certes des zones contrôlées par la guérilla. A la différence d’ONG américaines comme CARE, CRS et World Vision, qui restent sur la côte, elles y reviendront cependant six mois plus tard en dépit de l’embargo filtrant imposé par les Nations Unies et les militaires britanniques qui sécurisent désormais la capitale. Pour ne pas compromettre sa neutralité, ACF refuse alors d’utiliser les véhicules militaires de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone, l’UNAMSIL, qui commence à se déployer en dehors de Freetown.

-A partir de 1992, Laos : arrivée dans le pays en 1991, ACF démarre des programmes de sécurité alimentaire et d'accès à l'eau qui s'inscrivent dans le cadre du nouveau plan de développement rural du gouvernement. Bientôt, l'association s'inquiète cependant de l'impact sur les villageois des mesures adoptées par le régime communiste. En 2001 puis 2002 dans le district de Muang Long de la province de Luang Namtha, ACF commandite ainsi une étude sur les effets dévastateurs de la réinstallation forcée des minorités montagnardes dans la plaine. L'organisation constate que les transferts sont mal préparés, appauvrissent la population, créent des conflits fonciers et augmentent les taux de mortalité. ACF décide alors de fournir aux villageois déplacés une aide nutritionnelle à court terme, mais refuse de s'impliquer à plus long terme dans des programmes de développement susceptibles de faciliter le déménagement forcé des paysans. Dans le district de Kaleum de la province de Xekong, l'ONG décide même de travailler délibérément dans les villages des montagnes en espérant que la construction d'infrastructures dissuadera les autorités de vouloir les transférer dans les plaines. Le problème est que le percement de routes par ACF favorise la propagation du sida dans les zones désenclavées. De plus, le travail de l’ONG ne permet pas toujours de promouvoir les minorités, notamment en pays akha. ACF recrute surtout des gens de la plaine car les montagnards n’ont pas les compétences requises et parlent rarement une langue étrangère. Pire encore, la présence de l’association conduit à des abus de pouvoir et à du harcèlement sexuel du fait que les communautés doivent nourrir les employés locaux pour être impliquées dans un programme et bénéficier d’une aide alimentaire.

-A partir de 1993, Somalie : après le retrait de MSF, racketté par les seigneurs de guerre, ACF continue de travailler à Mogadiscio malgré une attaque contre son siège le 23 février 1993, le bombardement accidentel de ses bureaux par les troupes américaines de l’Opération des Nations Unies en Somalie (UNOSOM), qui tuent un collaborateur somalien le 17 juin suivant, et l’enlèvement d’un volontaire, Rudy Mark, qui est retenu par des bandits pendant trente-sept jours en 1995. Avec le départ des casques bleus de l’ONU en mars 1995, l’association demeure une des dernières ONG occidentales encore présentes dans la capitale somalienne, à la fois dans le Nord et le Sud. Pour assurer sa sécurité, elle doit payer des combattants et, sous peine de subir des représailles, continuer de rémunérer des employés locaux partis avec la caisse de la mission. Au vu de la difficulté à circuler avec des escortes armées, ACF ne peut contrôler la réalisation effective de ses programmes sanitaires auprès des déplacés de Mogadiscio ; seules ses interventions médicales lors des épidémies de choléra en saison des pluies bénéficient d’un réel suivi. En juillet 2000, le kidnapping de deux autres expatriés, relâchés deux mois plus tard, donne le coup de grâce et l’association se retire au Kenya. Mais ACF s’est également déployée dans le reste du pays. En collaboration avec l’armée française dans le cadre de l’UNOSOM, elle s’occupe d’abord, entre mai et octobre 1993, de la réhabilitation hydraulique de Bur Hakaba, qu’elle évacue lorsqu’une grenade est lancée contre ses installations. Dans le Nord-Est, elle s’implante aussi à Bosaso après avoir dû fermer ses bureaux de Gardo, attaqués et pillés en 1995. Bien que les coupables soient traduits en justice, un garde de l’association est ensuite tué et un expatrié brièvement enlevé en avril 1996 à Bosaso. En 1999, ACF ouvre par ailleurs une mission à Luuq, un fief islamiste que l’association doit quitter en mars 2003 à cause de la recrudescence des combats. Le 5 novembre 2008, encore, quatre employés de l’association (deux Françaises, un Bulgare et un Belge) sont enlevés avec les deux pilotes d’avion kenyans qui les accompagnaient à Dushamareb dans la région centrale de Galgadud ; ils ne sont relâchés que le 11 août 2009. Après l’invasion du sud du pays par l’armée kenyane en novembre 2011, les équipes d’ACF sont finalement expulsées par les Chabab islamistes, qui veulent ainsi affirmer leur pouvoir, contrôler seuls l’aide humanitaire et se débarrasser des étrangers suspectés de renseigner les Américains pour lancer des drones contre les responsables de groupes terroristes.

-1994-1995, Rwanda : intervenue après le génocide, ACF est expulsée de Kigali en décembre 1995 par le gouvernement du FPR (Front patriotique rwandais), qui veut reprendre en main le contrôle des organisations humanitaires présentes sur le territoire.

-28 février 1995, Espagne : Acción contra el hambre est lancée à Madrid sous la présidence de Jorge Semprun. A la différence de MDM, ACF n’a en l’occurrence pas pris soin de faire enregistrer sa marque à l’étranger. Sa première section en dehors de France peut donc assez vite s’affranchir de la tutelle de Paris et devenir opérationnelle en générant ses propres ressources. A en croire son rapport d’activités de l’année 2006, son budget est en constante augmentation et passe de 0,8 million d’euros en 1995 à 3,2 en 1996, 6,2 en 1997, 9,2 en 1998, 9,9 en 1999, 11,7 en 2000, 15,5 en 2001, 16 en 2002, 17,5 en 2003, 18 en 2004 et 21,1 en 2005.

-A partir de 1996, Burundi : présent dans le pays depuis avril 1994, ACF, qui avait dû suspendre ses opérations suite à une attaque à la grenade contre ses bureaux de Gitega en décembre 1995, intensifie ses programmes nutritionnels alors que le major Pierre Buyoya prend le pouvoir par un coup d’Etat en juillet 1996 et que l’armée à dominante tutsi commence à parquer les paysans hutu dans des sites insalubres. En pleine guerre civile, l’association se heurte à des problèmes d’insécurité et de détournement de l’aide, notamment la contrebande de produits importés sans payer de droits de douanes grâce aux exemptions dont bénéficient les organisations humanitaires. Le patron de la société UFAC (Usine de fabrication des farines à base de céréales), Jérôme Ndayizeye, profite ainsi d’ACF, avec qui il travaille, et de la position de son beau-frère Serge Karonkano, qui est directeur du Bureau de coordination des ONG, pour mettre la main sur des vivres détaxés. Arrêté et accusé de faux et usage de faux en février 2001, il est libéré sous caution le mois suivant et, après avoir fui à l’étranger en juillet 2001, il reviendra s’acheter une immunité parlementaire en devenant sénateur du Parti indépendant des travailleurs lors de la mise en place des institutions d’un gouvernement de transition en janvier 2002. La poursuite des combats oblige par ailleurs l’association à interrompre ses programmes de temps à autre. En juillet 2003, par exemple, ACF doit rapatrier son personnel expatrié à cause des attaques de la rébellion contre la capitale. Le 11 août 2003, encore, ACF se retire provisoirement de la province de Kayanza deux jours après qu’une vingtaine de bandits armés ont pris d’assaut sa mission pour y voler des véhicules et des équipements. Le 31 décembre 2007, l’association doit de nouveau arrêter ses activités quand une volontaire française, Agnès Dury, est tuée par balles à Ruyigi dans l’est du pays, vraisemblablement à la suite d’un règlement de comptes à propos des quotas ethniques de recrutement dans les ONG.

-A partir de septembre 1997, Russie : présent en Tchétchénie depuis novembre 1995, ACF doit interrompre ses activités pour des raisons de sécurité en septembre 1997, après l’enlèvement à Grozny de deux volontaires, Michael Penrose et Frederic Malardeau, détenus pendant vingt-six jours en 1996. A partir de décembre 1999, ACF opère alors depuis les camps de réfugiés en Ingouchie et réduit la présence d’expatriés.

-Janvier 1998-mars 2000, Corée du Nord : dans la province septentrionale de Hamgyong, ACF démarre un programme de distribution alimentaire mais constate que la malnutrition persiste dans les crèches gouvernementales, dont les bénéficiaires sont triés sur le volet par les autorités. Faute d’avoir accès librement à la population, l’association se retire deux ans après et dénonce la poursuite de l’aide par les agences onusiennes. En grande partie financés par les Etats-Unis, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sont nommément accusés de mener une " opération politique ", qui viserait à échanger l’assistance humanitaire contre un arrêt du programme nucléaire militaire de la Corée du Nord, quitte à soulager la dictature de Pyongyang de ses responsabilités sociales.

-1999, ex-Yougoslavie : le 22 mars, ACF évacue le Kosovo à cause des bombardements de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord). L’association y revient en juin après la signature d’un cessez-le-feu.