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Action Contre la Faim
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Historique

Action Contre la Faim - Historique




2000-2009


-A partir d’avril 2000, Philippines : dans la province de Maguindanao, ACF-Espagne ouvre une mission afin d’aider les populations déplacées par le conflit entre l’armée et le Front de Libération Islamique Moro. La montée de la violence oblige à suspendre les programmes en mars 2003.

-21 juillet 2001, Italie : des militants d’ACF sont arrêtés lors des manifestations contre le sommet du G-8 qui réunit les dirigeants des huit Etats les plus riches du monde.

-A partir de 2002 , France : élue en juin 2001, la présidente d'ACF-France, Sylvie Brunel, démissionne en mars 2002, dénonçant la dérive marchande de l'association. Elle est remplacée au pied levé par Jacques Serba, auquel succèdent Jean-Christophe Rufin en janvier 2003 et Denis Metzger en juin 2006 . 

-2003-2004, Irak : ACF condamne l’intervention militaire américaine et s’inquiète des dispositions de Washington, qui veut encadrer les humanitaires lors de sa guerre contre Bagdad. Dans un communiqué commun avec MDM, PU, EMDH, HI et Solidarités le 3 mars 2003, l’association proclame son " refus de subordonner son action sur le terrain à une autorité militaire qui est partie au conflit ". Constatant ensuite l’incapacité des forces d’occupation à assurer la sécurité des personnels civils et la façon dont la Coalition anti-terroriste met à mal l’indépendance des humanitaires, ACF considère qu’il n’y a pas de gros besoins nutritionnels, commence à évacuer ses expatriés vers Amman en Jordanie et décide de se retirer progressivement à partir de mars 2004.

-2004, Ouganda : alors que les attaques des rebelles de la LRA (Lord’s Resistance Army) prennent de l’ampleur dans le nord du pays, ACF-USA déplore publiquement les restrictions d’accès aux camps de déplacés de la région de Gulu, qui requièrent l’escorte de troupes gouvernementales. L’organisation se plaint en particulier de ne pouvoir ravitailler les camps des districts de Lira et Kitgum. Comme au Soudan et au Burundi dans les années 1990 ou en Ethiopie dans les années 1980, le dilemme est d'assister la population sur des sites où elle a été rassemblée de force pour priver la guérilla du soutien de la paysannerie. L'aide humanitaire permet alors de renforcer et cautionner la stratégie militaire du gouvernement. A la différence de Médecins sans frontières et du Comité international de la Croix-Rouge, ACF se résout finalement à faire escorter ses équipes par l'armée. Pour Adam Branch, son intervention pose un problème de responsabilité pénale. A partir de septembre 1996, les Acholi du Nord de l’Ouganda ont en effet été regroupés à l’intérieur de camps ravitaillés par les humanitaires et « protégés » par l’armée en vue de vider les campagnes et d’isoler les rebelles de la LRA (Lord Resistance Army). Les agences d’aide ont ainsi contribué à pérenniser et contrôler des sites qui, sans elles, n’auraient pu perdurer sans provoquer des émeutes locales ou des protestations jusque dans la capitale Kampala. Partant, elles ont perpétué une crise humanitaire qui n’aurait pas eu lieu d’être si les paysans avaient été autorisés à retourner chez eux cultiver leurs terres. Elles ont également légitimé la stratégie de l’armée ougandaise dans un pays très bien coté par la Banque mondiale et, d’une manière générale, la communauté internationale. A en croire Adam Branch, une telle politique de regroupement n’aurait pas été « possible sans l’assistance des humanitaires ». Relativement aux obligations des Conventions de Genève de 1949, il s’agit pourtant d’un crime de guerre du fait que des civils ont été placés dans des camps contre leur volonté, qu’ils n’y ont pas été protégés et que leur enfermement ne répondait à aucune nécessité militaire, par exemple au moment d’une offensive de l’armée ougandaise. Dans un pays où, précisément, la Cour pénale internationale a engagé une procédure contre la LRA, les humanitaires devraient donc répondre de leurs actes. Leur complicité paraît d’autant plus évidente que les convois d’aide sont escortés par l’armée et que l’accès aux camps est dûment régenté par des représentants du pouvoir qui menacent de couper les vivres si les Acholi ne votent pas en faveur du gouvernement.

-2005, Indonésie : l'association intervient pour aider les victimes du tsunami de décembre 2004 et, dans le cadre de l'Opération Beryx, elle utilise des hélicoptères de l'armée française pour acheminer les secours auprès des villageois isolés par le raz-de-marée.

-2006, Sri Lanka : présente depuis 1996 dans un pays ravagé par la guerre de sécession des Tigres tamouls, ACF continue d'assister les déplacés victimes du conflit et les rescapés du tsunami de décembre 2004, alors que les hostilités reprennent de plus belle. Le 6 août 2006, dix-sept de ses employés, en majorité tamouls, sont assassinés, vraisemblablement par des auxiliaires de l'armée, lors de combats dans la localité à majorité musulmane de Muttur.

-2007, Centrafrique : intervenue à Bangui en juillet 2006 pour mettre en place un programme de sécurité alimentaire dans la capitale et ses alentours, ACF commence en janvier 2007 à aider les populations de Markounda et Boguila déplacées par des insurrections dans le nord-ouest du pays. En septembre suivant, l’association demande alors que Paris réduise sa contribution militaire à la force européenne en passe d’être déployée au Tchad et en Centrafrique pour sécuriser les camps de réfugiés fuyant la crise du Darfour. De fait, la France n’est pas neutre dans la région et l’envoi de ses soldats peut aussi servir à repousser les assauts des rebelles et à aider les régimes alliés au pouvoir à Ndjaména et Bangui.

-2008, Birmanie : présente dans le pays depuis 1994, ACF convoie des secours dans un avion affrété par le gouvernement français et essaie de les distribuer aux victimes du typhon Nargis qui, le 3 mai 2008, a fait environ 133 000 morts à Rangoon et dans la région du delta d'Irrawaddy. Chassée de la ville de Bogalay par les militaires, l’association se heurte cependant à la mauvaise volonté de la dictature, qui bloque l’accès des humanitaires occidentaux aux zones sinistrées. Résultat, l’organisation doit se replier sur Rangoon et ne peut guère contrôler l’utilisation de ses vivres, dont on craint qu’ils soient détournés par les soldats. D’après un responsable d’ACF cité par le journal Le Monde du 18 mai 2008, « une fois que les camions sont partis, on a beaucoup de mal à savoir exactement comment tout est distribué ».