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Comité catholique contre la faim et pour le développement
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Historique

Comité catholique contre la faim et pour le développement - Historique




Années 1960


-Juin 1961, France : avant de prendre son nom actuel en février 1966, le Comité Catholique contre la Faim (CCF) est lancé en réponse à l’appel du Pape Jean XXIII et de l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation, la FAO, en 1960. Présidé par Mgr Jacques Ménager, évêque de Meaux puis archevêque de Reims, le CCF est d’abord influencé par les idées de Louis-Joseph Lebret, un père dominicain, ancien officier de marine et inspirateur de l’encyclique Populorum Progresio au concile de Vatican II. Emanant essentiellement de l'Action Catholique Ouvrière, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne et de Pax Christi, le Comité veut privilégier le laïcat, promouvoir le développement plutôt que la charité et favoriser une direction collégiale. Il regroupe ainsi plusieurs associations qui, à présent, se composent de l’Action Catholique des Enfants (ACE), l’Action Catholique Générale Féminine (ACGF), l’Action Catholique des Milieux Indépendants (ACI), l’Action Catholique des Membres de l'Enseignement Chrétien (ACMEC), l’Action Catholique Ouvrière (ACO), les Chrétiens dans le Monde Rural (CMR), la Croisade des Aveugles, les Equipes Enseignantes, les Guides de France (GdF), la Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC), la Jeunesse Indépendante Chrétienne (JIC), la Jeunesse Indépendante Chrétienne Féminine (JICF), la Jeunesse Mariale (JM), la Jeunesse Ouvrière Chrétienne/Féminine (JOC/JOCF), la Mission Etudiante Catholique de France (MECF), la Mission de la Mer, le Mouvement Chrétien des Retraités (MCR), le Mouvement des Cadres et dirigeants Chrétiens (MCC), le Mouvement Eucharistique des Jeunes, le Mouvement du Nid, le Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC), les Oeuvres Pontificales Missionnaires (OPM), Pax Christi, les Scouts de France (SdF), le Secrétariat National des Aumôneries de l'Enseignement Public (SNAEP), le Secrétariat Général de l'Enseignement Catholique (SGEC), la Société de Saint-Vincent de Paul, l’Union Nationale des Centres d'Etudes et d'Actions Sociales (UNCEAS), Vivre Ensemble l'Evangile Aujourd'hui (VEA).

-A partir de 1962, Côte d’Ivoire : l’INADES (Institut africain pour le développement économique et social), dont le CCFD va financer les activités, est fondé par des jésuites à Abidjan. Avant de s’étendre au Burkina Faso, au Burundi, au Cameroun, au Congo-Brazzaville, au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie, au Tchad et au Togo, celui-ci commence en Côte d’Ivoire par former des groupes d’alphabétisation, proposer des cours par correspondance et traduire dans les langues vernaculaires des manuels d’agriculture et d’élevage. Mais l’Institut, qui prend le nom d’INADES-Formation, considère bientôt que ses efforts ne suffisent pas à défendre les droits des paysans. Il veut alors organiser les masses pour influencer le marché et s’inscrit clairement dans le champ politique en cherchant par exemple à surveiller la gestion du pétrole de Doba au Tchad ou à participer à la rédaction d’un nouveau code foncier avec le syndicat paysan Imbaraga au Rwanda en 2002. Ses nouvelles ambitions sont limitées par un budget en constante diminution, passé de 4,5 millions d'euros en 1990 à 3,8 en 2001 et 3,6 en 2002.

-A partir de 1963, Burkina Faso : encore proche des anciennes méthodes de travail des missionnaires, le CCF soutient un centre de formation agricole de catéchistes. Par la suite, il s’affranchit des réseaux de missionnaires en Afrique noire et élargit ses opérations à d’autres régions du monde, recrutant des responsables pour l’Amérique latine en 1970 et l’Asie en 1973. Le CCFD essaiera alors d’assurer une répartition égalitaire de ses fonds entre les trois continents les plus pauvres de la planète.

-A partir de 1965, France : le CCFD lance le magazine Faim et développement puis le mensuel CCFD Info, sans parler du financement de revues jésuites proches de la théologie de libération en Amérique latine, avec Christus au Mexique, Encuentro au Pérou et Mensaje au Chili.

-A partir de 1967, Vietnam : tandis que l’armée américaine se bat aux côtés du régime de Saigon dans le Sud nationaliste contre les communistes au pouvoir à Hanoi au Nord, le CCFD envoie des secours de part et d’autre des lignes de front. Son engagement n’en est pas moins politique. Il est ainsi accusé d’apporter de la logistique aux combattants du Viêt-minh lorsqu’il participe à l’armement d’un bateau à destination du Nord avec la CIMADE, la LDH, le parti communiste français, la CGT (Confédération générale des travailleurs) et le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) en 1968. Dans le même ordre d’idées, le CCFD aide les détenus politiques dans le Sud mais pas dans le Nord, où des chrétiens sont maintenus en prison. Au siège à Paris, rapporte Francis Bergeron, les responsables de l’organisation célèbrent finalement l’entrée des communistes à Saigon et la victoire du Viêt-minh en 1975. Une fois le Vietnam réunifié, le Comité finance alors du matériel ferroviaire, en l’occurrence des wagons susceptibles de servir au transport des troupes de Hanoi qui envahissent le Cambodge en 1979. A Saigon, le CCFD collabore beaucoup avec Quynh Hoa, une ancienne ministre de la santé du gouvernement révolutionnaire provisoire.

-1968, France : Philippe Farine (1917-2006) devient le premier président laïc du CCFD, pour une durée de neuf ans. Dans sa rétrospective à l’occasion du quinzième anniversaire du CCFD, Bernard Holzer qualifie cette période de " longue marche ", en référence à la révolution maoïste. Journaliste, Philippe Farine a été, en 1945, le plus jeune député de l’Assemblée Constituante, sous l’étiquette du MRP (Mouvement républicain populaire) dans la circonscription des Basses Alpes jusqu'en 1951. Il rejoint le parti socialiste en 1974, où il milite dans la commission pour les immigrés et au CERES (Centre d’Etudes, de Recherches et d’Education Socialistes), et envisage le CCFD comme une sorte de catalyseur des engagements politiques, syndicaux et culturels, ainsi qu’il le dit lors d’une réunion à l’UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) à Paris en 1977. Sous son égide, le Comité se constitue en groupe de pression, appelle à une remise en question de la société et commence à prendre publiquement des positions politiques qui suscitent des réserves de la part du Secours catholique, de la Société de Saint-Vincent de Paul, de l’ACI et de la JIC en juin 1968. Pour l’historien François Mabille, " la lutte contre le communisme " avait été " un enjeu caché de l’engagement catholique en faveur du développement ". L’Eglise avait perdu la classe ouvrière au XIXè siècle, elle ne voulait pas perdre le tiers-monde au XXè. L’étude de François Mabille s’arrête cependant à 1969 et ne montre donc pas comment, dans les années suivantes, le CCFD va reprendre à son compte une partie de la rhétorique de la lutte des classes afin de séduire les pauvres. Dans un souci de surenchère, le CCFD voudra, selon ses propres termes, contribuer à libérer les pays en développement " de toutes les structures oppressives et de toutes les aliénations ".

-A partir de 1969, France : le CCFD commence à financer et conseiller la DCC (Délégation catholique de la coopération). Créé l'année précédente, cet organisme a vocation à envoyer des volontaires outre-mer malgré la position du Comité, qui devient son premier bailleurs de fonds mais qui se refuse à faire encadrer ses projets par des expatriés pour ne pas dissuader les populations concernées de prendre elles-mêmes en main leur propre développement. Par la suite, la DCC est également financée par les pouvoirs publics. En 1980 puis 1992, l'Etat ne parvient cependant pas à convaincre la hiérarchie ecclésiastique de transformer la Délégation en association loi 1901 en vue de pouvoir légalement employer des volontaires du service national.