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Comité catholique contre la faim et pour le développement
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Historique

Comité catholique contre la faim et pour le développement - Historique




Années 1990


-1992-1999, France : à l’occasion d’un forum international qui réunit 60 000 personnes au Bourget dans la banlieue parisienne en juin 1992, le CCFD jette les bases d’une Fondation Terre d’Avenir afin de financer des actions d’information et d’éducation au développement. Avec le Crédit Lyonnais, la Caisse des dépôts et consignations, le Crédit coopératif et la Banque Dexia, le Comité lance également une Sicav (Société d’investissement à capital variable), Eurco (Europe, Coopération Solidarité), qui vise à soutenir la création d’entreprises dans les pays d’Europe de l’Est après la chute du Mur de Berlin. D’une manière générale, le CCFD, qui compte désormais une centaine de salariés, tente de se professionnaliser et s’ouvre au monde de l’entreprise, y compris au niveau du recrutement, sachant que les réseaux de l’Eglise ne suffisent plus à fournir du personnel qualifié. Est ainsi créé un poste de secrétaire général au profil plus administratif que militant. Avec des conseillers en communication, le CCFD, qui obtient le label de grande cause nationale en 1993 et coordonne la campagne française pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres en 1999, veut aussi développer la collecte de fonds ; à partir de 1987, il a réorienté ses campagnes publicitaires en mettant l’accent sur le donateur plus que la victime ; depuis 1989, il commandite un baromètre annuel de la solidarité international des Français, réalisé par l’institut de sondage Lavialle.

-Depuis 1993, Brésil : dans un pays où il est présent depuis près de vingt ans et auquel il consacre un bon quart de ses activités en Amérique latine, le CCFD, qui a soutenu la campagne contre la faim du Movimento pela etica política en 1992, facilite le travail de lobbying de l’INESC (Instituto de Estudios Socioeconomicos) auprès des parlementaires à propos de diverses questions sociales, de la démarcation des territoires indiens à la lutte contre la pauvreté en passant par la réforme agraire. Dans le Ceara, un Etat du Nordeste, il encourage par ailleurs le CETRA (Centro de Estudos do Trabalho e de Assessoria co Trabalhador) à fournir une assistance juridique aux organisations communautaires et syndicales. Jusqu’en 1994, enfin, le CCFD appuie un projet du syndicat national CUT (Central Unica dos Trabalhadores), qui vise à former des petits producteurs agricoles du Sudeste, les mini-fundistes, et des leaders ruraux du Nordeste dans les secteurs de la canne à sucre, du cacao et de la culture des fruits. Au cours de la décennie suivante, le Comité s'investira par ailleurs dans la première mouture du Forum Social Mondial de Porto Alegre, qui est lancé en 2001 par des organisations partenaires comme l’IBASE (Institut brésilien d’analyses sociales et économiques) et des militants comme Francisco Whitaker Ferriera « Chico », un ancien permanent du CCFD du temps où il vivait en exil en France pour fuir la dictature.

-5-13 septembre 1994, Egypte : à la conférence internationale des Nations Unies sur la population et le développement, qui se réunit au Caire et traite de la démographie mondiale, le CCFD soutient l'usage de contraceptifs en vue de lutter contre la pandémie de sida et se dissocie du Vatican, uni pour la circonstance à des organisations islamiques.

-A partir de 1996, Burundi : avec les Flamands de Broederlijk-Delen et les Canadiens de Développement et Paix, le CCFD commence à financer les efforts de l’INADES-Formation dans la filière du café -—puis du coton à partir de 2001. L’apport du Comité représente à peu près un cinquième d’un budget local qui dépasse à peine les 100 000 euros en 2001 et 2002. Initié en 1967 sous les auspices du Centre de recherche et d’animation sociale du Secrétariat des évêques du Rwanda et du Burundi, puis reconnu comme une association indépendante de droit burundais en 1975, l’INADES-Formation de Bujumbura est en l’occurrence le bureau national d’une ONG panafricaine qui date de 1962 et dont le siège se trouve en Côte d’Ivoire. Après une fermeture temporaire à cause des troubles qui ont ensanglanté Bujumbura et provoqué la fuite de ses employés en 1993, l’organisation a pu reprendre ses activités lorsque la situation s’est stabilisée dans la capitale, suite au coup d’Etat de Pierre Buyoya en 1996. L’INADES-Formation remporte alors l’appel d’offres d’une agence gouvernementale, l’OCIBU (Office des Cultures Industrielles du Burundi), en vue d’organiser les planteurs de café en associations dans le cadre d’un programme de la Banque Mondiale qui vise à libéraliser le marché en poussant l’Etat à réduire le personnel d’encadrement de la filière et en incitant les paysans à investir les usines de traitement, en voie de privatisation depuis 1991. Le programme a du mal à démarrer à cause de la guerre civile, qui se poursuit dans les campagnes. De plus, l’embargo des pays voisins contre le régime de Pierre Buyoya oblige à exporter le café en contrebande par avion, ce qui multiplie les coûts et nourrit toute une mafia de trafiquants. Tandis que les rebelles veulent détruire les plantations ou prélever un impôt révolutionnaire en échange de leur " protection ", le café est un enjeu stratégique pour les belligérants, car il constitue 80% des recettes en devises du pays, même si sa part dans le budget de l’Etat diminue quelque peu du fait de la baisse des cours mondiaux et de l’effondrement de la production pendant les années de guerre. Les clivages entre les " dispersés " hutu, restés cultiver dans les collines, et les " déplacés " tutsi, venus trouver refuge auprès de l’armée dans les vallées, ne facilitent certainement pas la réorganisation de la filière. Parmi les Hutu, des tensions foncières apparaissent également entre les dispersés du " haut " et les regroupés du " bas ", qui ont dû abandonner leurs plantations. Aussi l’INADES-Formation doit-il monter des ateliers de réconciliation pour inviter les différentes communautés à reprendre le travail agricole ensemble, d’abord dans les provinces de Kayanza, Ngozi, Muramvya, Mwaro et Gitega, puis de Kirundo et Muyinga à partir de 2003. Ce faisant, l’INADES-Formation poursuit quatre principaux objectifs dans le cadre des conventions signées avec l’OCIBU en 1996, 1998, 2001 et 2002. Le premier objectif est de défendre les droits des paysans, trop souvent floués au moment du paiement des récoltes ou de la distribution des produits phytosanitaires, déduits du prix d’achat du café cerise mais détournés et revendus au marché noir par des fonctionnaires véreux. Un deuxième objectif est de diversifier les activités génératrices de revenus pour réduire les effets pervers de la monoculture du café : outre le développement des filières du coton, de l’apiculture et des champignons, l’INADES-Formation soutient ainsi les commandes d’engrais organiques pour les cultures vivrières et la reconstitution des cheptels de chèvres et de vaches. Un troisième objectif est aussi de promouvoir le rôle des femmes et de veiller au respect de l’environnement, par exemple en ce qui concerne le reboisement et la gestion des pépinières. Un quatrième objectif, enfin, est de renforcer la capacité d’épargne des paysans pénalisés par les taux des usuriers ou les difficultés d’accès au système bancaire officiel, sachant que les planteurs ont tous besoin de capital au même moment, en fonction des saisons agricoles. L’idée, à terme, est de proposer des crédits dont le remboursement serait ré-échelonné sur plusieurs années. En attendant, les caisses de prévoyance mises en place avec l’aide de l’INADES-Formation ne jouent qu’un rôle d’assurance maladie et leur fonds de roulement ne dépasse pas la vingtaine de milliers d’euros en 2003. D’une manière générale, les efforts de l’INADES-Formation sont limités. D’abord, ils révèlent un fort déséquilibre géographique au profit de l’Ouest et du Nord du pays, où se concentre la production de café et où, à l’exception de la province de Bujumbura-Rural, la restauration d’un semblant de sécurité a permis de redémarrer les projets de développement. Ensuite, les programmes de l’INADES-Formation ne bénéficient qu’aux seuls membres des organisations paysannes, sous la supervision d’une confédération nationale. Le nombre d’associations de base au niveau local (329 en 2001, 360 en 2002 et 923 en 2003), d’unions au niveau des communes (39 en 2002, 69 en 2003) et de fédérations au niveau des provinces (1 en 2002, 4 en 2003) a certes augmenté. Mais très peu sont opérationnelles : une vingtaine seulement selon le rapport d’activités du siège de l’INADES-Formation à Abidjan en 2002. De fait, ces associations ont souvent perdu des membres qui ne voulaient pas payer les cotisations destinées à les impliquer dans les projets communautaires. Leurs effectifs (15 104 en 2001, 50 000 d’après des sources non confirmées en 2004) ne représentent qu’une petite fraction des quelque 700 000 planteurs de café au Burundi. De l’aveu même de l’OCIBU, cité par Pascal Baridomo, l’INADES-Formation est une petite ONG qui " n’est pas en mesure de répondre aux demandes de tous les planteurs de café ".

-A partir de 1997, Colombie : dans la région d’Uraba, le CCFD commence à appuyer les projets agricoles des " communautés de paix " qui, sur la base d’une expérience démarrée en mars 1997, passent des accords de neutralité avec les belligérants en s’engageant à ne pas être armés, à ne nourrir ni aider aucun des camps et à ne pas divulguer d’informations utiles aux protagonistes. Le programme est mené en partenariat avec le CINEP (Centro de Investigación y Educación Popular), une organisation créée par les Jésuites en 1972 à la suite du CIAS (Centro de Investigación y Acción Social) en 1962. Auparavant, le CCFD a également soutenu des petites entreprises et des projets communautaires mis en place afin de faciliter la réintégration sociale de 3 264 ex-guérilleros du M19 (Mouvement du 19 avril), du PRT (Partido revolucionario de los trabajadores), du MQL (Mouvement Quintin Lame), de l’EPL (Ejercito popular de liberación) et du CRS (le Courant de rénovation socialiste, une dissidence de l’Ejercito de liberación nacional). En 2005, les “ communautés de paix ” sont transformées en “ zones humanitaires ” mais leur bilan est plus que mitigé. L’anthropologue Michel Agier parle d’échecs « cinglants » car les personnes regroupées dans ces lieux n’ont bénéficié d’aucune protection armée et ont trop souvent été « rançonnées, blessées ou assassinées par les groupes en armes de la région, en général les paramilitaires ».

-1998, Etats-Unis : le CCFD est admis au Conseil économique et social de l’ONU, l'ECOSOC.

-1999, ex-Yougoslavie : au Kosovo, le CCFD commence à travailler avec le Centre pour la protection des femmes et des enfants, fondé en 1993 et présidé par Svedije Ahmeti, une femme récompensée du prix des droits de l’homme de Human Rights Watch en 2000. Du côté serbe, le CCFD appuie le journal Republika, le Centre des droits de l’homme à Belgrade, les Roms de Kraljevo, les clubs d’amitié interethnique de l’association Most et les programmes du Groupe 484, qui encadre les enfants et adolescents traumatisés par leur départ précipité du Kosovo.