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Action Contre la Faim
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Action Contre la Faim - Commentaires




4) La politique de communication


-De crainte d’être expulsée, ACF évite en général de dénoncer les exactions que constatent ses volontaires, la seule exception à ce cas de figure étant la Corée du Nord. Depuis quelques années, l’association préfère confier à des défenseurs des droits de l’homme le soin de témoigner, quitte à faciliter leur travail. En mai 2001, une chargée de mission de la FIDH, Nicole du Roy, a ainsi intégré l’équipe d’ACF-France à Kaboul en tant qu’expert agronome. Une telle couverture lui a permis d’enquêter sur la situation des femmes afghanes sans compromettre les activités de l’organisation. De même en 1998, ACF a rejoint la Coalition française pour la Cour pénale internationale. Certains volontaires ont préféré, eux, s’engager d’une autre manière. En Bosnie, un logisticien, Auguste Fontaine, a quitté ACF en octobre 1993 pour rejoindre pendant quelques mois l’armée du côté musulman, où il s’est retrouvé à poser des mines contre les Serbes et les Croates.

-De façon anecdotique, notons qu’ACF-France a aussi compté plusieurs romanciers dans ses rangs. Jean-Christophe Rufin était déjà écrivain avant de présider l’association de 2003 à 2006. Pour rédiger ses romans, Jonathan Littell s’est quant à lui inspiré de son expérience du temps où il travaillait pour ACF en Tchétchénie, en Afghanistan et au Congo entre 1996 et 1999.

-ACF-France a amélioré sa transparence suite au scandale qu’avait provoqué la démission de sa présidente Sylvie Brunel en 2003. Depuis 2005, l’association publie par exemple dans le détail les plus hauts salaires de ses cadres. En revanche, la section espagnole reste lacunaire. Sans même parler des salaires, son compte d’emploi des ressources en 2009 ne précisait toujours pas l’origine de ses fonds, publics ou privés. Cette meme année, ACF-Espagne décidait de quitter la fondation Lealtad, un organisme privé qui vise les comptes des ONG et cherche à promouvoir leur transparence. Après 2006, l’Observatoire de l’Action Humanitaire a donc dû calculer le pourcentage de fonds, privés de la section espagnole à partir des seules dépenses opérationnelles, qui s’élevaient à 24,6 et 32,5 millions d’euros sur un budget total de 30,3 et 36 millions d’euros en 2007 et 2008 respectivement.

-A l’occasion, ACF-France a aussi lancé des campagnes de publicité controversées pour solliciter la générosité du grand public. En 1994, une affiche montrait ainsi le visage émacié puis joufflu d’une jeune Somalienne, « Leila », « avant » et « après » l’intervention de l’ONG grâce à un don de 100 francs. L’image a été jugée dégradante car elle utilisait les recettes des marchands de lotions capillaires qui vantaient leur produit en montrant un homme chauve puis chevelu. De plus, Leila est morte six mois après avoir été prise en photo.  En 2014, ACF-France a de nouveau suscité la controverse en payant un voyage luxueux à son « ambassadrice » Valérie Trierweiler pour aller lever des fonds en Inde. La compagne du président François Hollande, qu’elle venait de quitter, a en l’occurrence dénoncé les turpitudes de sa vie de couple dans un livre à scandale qui l’a rendue impopulaire. ACF-France a d’abord nié avoir financé son voyage avec l’argent de ses donateurs et a fini par admettre que la facture avait été réglée par sa fondation Fight Hunger.
 
-Dès juillet-août 1980, relate Olivier Roy dans ses mémoires, ACF-France a par ailleurs organisé avec Bernard-Henri Lévy une mise en scène de « caravane humanitaire » à destination des zones rebelles en Afghanistan. L’événement a été annoncé dans les médias alors que le convoi n’était pas encore parti de Peshawar au Pakistan ; les séquences filmées censées l’illustrer ont quant à elle été prises dans un autre pays car elles étaient plus photogéniques.