>
Norwegian Church Aid
>
Historique

Norwegian Church Aid - Historique




Années 1970


-1971-1996, Afrique du Sud : à la suite de la Société Missionnaire de Norvège, le Conseil oecuménique de l'Eglise norvégienne pour les Relations Internationales (CEIR) et la NCA commencent en 1971 à soutenir les mouvements de résistance à l'apartheid. Parce que les Blancs au pouvoir prétendaient être de bons chrétiens, la Société Missionnaire de Norvège avait espéré continuer à avoir de bonnes relations avec le gouvernement sud-africain tant que la ségrégation raciale ne gênait pas les activités de l'Eglise. Mais le Bantu Education Act of 1953 avait privé les écoles missionnaires des financements de l'Etat et celles-ci avaient dû fermer leurs portes ou être transférées aux autorités. En 1962, la Société Missionnaire de Norvège avait alors refusé d'assister le gouvernement pour expulser les Zoulous qui vivaient sur ses terres. Et l'Eglise luthérienne de Norvège avait condamné l'apartheid. Une telle position explique pourquoi la NCA et le CEIR (dont le secrétaire général, Andreas Løken, est un ancien missionnaire norvégien dans la province du Natal) ne peuvent pas directement travailler à l'intérieur du pays et doivent verser des subsides à leurs partenaires locaux via la LWF ( Lutheran World Federation ) et son représentant en Zambie Øystein Tveter, ou via le SACC ( South African Council of Churches ). Avec des subventions du Ministère norvégien des Affaires étrangères à partir de 1973, la NCA finance notamment l'Institut Chrétien établi par le fameux Beyers Naudé après la rupture entre les Eglises protestantes sud-africaines et le WCC ( World Council of Chur ches). Très critique à l'égard de l'apartheid, l'Institut est placé sous la surveillance de la police et accusé de prôner la révolution, la violence et le socialisme par une commission parlementaire nommée par le Premier Ministre Johannes Vorster en 1973. L'Institut et Beyers Naudé sont finalement interdits d'activités en octobre 1977. Après la sanglante répression des émeutes de Soweto en juin 1976 et le meurtre de l'activiste Steve Biko en septembre 1977, le CEIR commence également à soutenir le Mouvement de la Conscience noire. Le consul général de Norvège au Cap à partir de 1984, Bjarne Lindstrøm, aide alors à transférer les fonds, l'Institut Chrétien n'étant plus légalement autorisé à recevoir des subventions de l'étranger   depuis mai 1975. Dans un tel contexte, la NCA et le CEIR envoient de l'argent en liquide et ne demandent pas de comptes à leurs partenaires car les rapports d'activités sont toujours susceptibles d'être saisis par la police. Comme le montre le livre du journaliste Tomm Kristiansen, dix pour cent des transferts de fonds vers l'Afrique du Sud sont en fait convoyés en secret par des voyageurs, notamment les secrétaires généraux du CEIR Trond Bakkevig et Atle Sommerfeldt. L'argent sert à aider des individus recherchés par la police à se cacher et à fuir le pays. Le problème est que les bailleurs de fonds se préoccupent peu de la bonne gouvernance, de la transparence et de l'intégrité des mouvements de libération, y compris l'ANC ( African National Congress ). Dans la ville du Cap, de l'argent est ainsi détourné par le révérend Allan Boesak, qui a établi une Fondation pour la paix et la justice en 1986 et qui reçoit des subventions du CEIR jusqu'en 1993. Président de l'Alliance mondiale des Eglises réformées jusqu'en 1990, responsable de la campagne électorale de l'ANC dans la province du Cap occidental en 1994 et ambassadeur de l'Afrique du Sud auprès des Nations Unies à Genève, Allan Boesak utilise des fonds du CEIR et de Danchurchaid à des fins personnelles, notamment pour entretenir sa résidence dans une banlieue chic : accusé de vol et de fraude, il sera finalement condamné à six ans de prison en mars 1999. Entre-temps, la transition démocratique et la fin de l'apartheid permettent d'envisager de nouvelles formes d'action. Avec le Conseil norvégien pour l'Afrique australe ( Fellesrådet for det sørlige Africa ) et la NPA ( Norwegian People's Aid ), la NCA commence en 1993 à soutenir les efforts de l'ANC pour se préparer aux élections législatives et présidentielles de 1994, que remporte Nelson Mandela. En 1996, l'organisation finit par remplacer complètement le CEIR pour transférer et administrer les fonds de la coopération norvégienne.

-A partir de 1972, Soudan : suite aux accords de paix signés à Addis-Abeba entre le gouvernement de Khartoum et les sécessionnistes du Sud, la Norwegian Church Relief démarre un programme de reconstruction, le plus gros jamais entrepris à l'époque par une ONG norvégienne, puisqu'il compte jusqu'à 2 000 employés, dont une centaine d'expatriés. Basée à Hilieu, près de Torit, et financée par la coopération norvégienne, une présence aussi massive fait de la NCA le principal employeur de la région Sud sur la rive orientale du Nil. Sous l'égide de la SPLA ( Sudan People's Liberation Army ) en 1983, la reprise de la guerre civile compromet ces efforts. La NCA doit retirer ses expatriés et se replier sur la ville de Juba en janvier puis novembre 1985, tandis que les installations de son quartier général à Hilieu sont pillées par les rebelles. Sur place, une équipe réduite de cinq personnes tente de continuer les programmes avec leurs responsables soudanais. Un collaborateur, Arne Olav Øyhus, est néanmoins kidnappé par la SPLA en avril 1986 et libéré après sept semaines de captivité. En 1989, la NCA commence alors à travailler depuis Khartoum dans le cadre de l'Opération Lifeline Sudan , qui l'oblige à se déployer dans le Sud avec l'accord du gouvernement. A partir de 1991, l'organisation obtient l'autorisation d'aller dans des zones de l'Eastern Equatoria tenues par la guérilla, en l'occurrence à Nimule et Pachakos. Sans être vraiment expulsées, ses missions sont contraintes d'évacuer leur personnel à plusieurs reprises, par exemple à Gorgyal en juin 2002. Le 13 janvier 2000, deux collaborateurs de la NCA, le Kenyan Simon Kenyatta et la Soudanaise Esther Mania, sont même tués avec six autres (dont deux de la branche humanitaire de la SPLA) quand leur voiture est attaquée par des rebelles venus d'Ouganda dans le village de Parajok près de la frontière. Le 27 mars 2000, un chauffeur de la NCA, Lino Ofire, est également tué alors qu'il conduisait des travailleurs humanitaires de la SPLA de Bira vers Lotome dans la region de l'Eastern Equatoria. Le 20 décembre 2000, encore, un autre employé local, Juma Manoa, est tué avec un infirmier de la branche humanitaire de la SPLA lors d'une embuscade sur la piste entre Chukudum et Ikotos, toujours dans la region de l'Eastern Equatoria. La difficulté est d'intervenir dans plusieurs camps à la fois, de part et d'autre des lignes de front, notamment à l'occasion d'un cessez-le-feu en pays nouba en 2002 lorsqu'un coordinateur de la NCA, Per Normark, est brièvement capturé par la SPLA. A partir de 1999, la NCA entame par ailleurs une campagne contre les compagnies pétrolières qui financent l'effort de guerre de Khartoum. Elle soutient les tentatives de médiation du NSCC (New Sudan Council of Churches ), proche des rebelles, et se dit ouvertement favorable au principe de l'indépendance du Sud du Soudan dans le cadre des négociations de paix entamées au Kenya fin 2002 avec l'appui des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Norvège. Avec Caritas en 2004, l'organisation fournit aussi des secours à la région occidentale du Darfour, où une insurrection oblige les habitants à quitter leurs foyers. A Ta'asha, l'insécurité oblige la NCA à interrompre ses activités pendant un temps. Au Tchad voisin, l'organisation construit des camps pour abriter quelque cinquante mille réfugiés du Darfour dans les régions désertiques de Toulum, Iridmi et Milé.

-1973-1980, Tchad : la Norwegian Church Relief commence à s'occuper des victimes de la sécheresse dans le Sahel. En mars 1974, par exemple, elle envoie des camions de nourriture et de médicaments à Mao au nord de N'djamena, à charge pour le Croissant Rouge local de redistribuer les vivres sur place. De pareilles opérations sont renouvelées en 1975 et 1980 alors que le pays s'enfonce dans la guerre civile.

-A partir de 1974, Ethiopie : alertée par des missionnaires sur place, la Norwegian Church Relief envoie des vivres aux victimes de la famine. Après le renversement de la monarchie par la junte marxiste du colonel Mengistu Hailé Mariam, l'organisation envisage ensuite de démarrer des programmes de développement en pays oromo dans le Sud, où la Norwegian Lutheran Mission est présente depuis 1948, un décret impérial de 1946 lui ayant défendu d'évangéliser les régions du Nord dominées par l'Eglise orthodoxe éthiopienne. Avec la Swedish Church Relief et le SCC ( Sudan Council of Churches ), la Norwegian Church Relief commence par ailleurs, en 1978, à monter depuis le Soudan des opérations transfrontalières et clandestines pour venir au secours de l'Erythrée puis du Tigrée, régions du Nord tenues par les guérillas et interdites d'accès par le pouvoir à Addis-Abeba. L'aide ne cible pas que les chrétiens et va également aux musulmans de l'ELF ( Eritrean Liberation Front ) via la Société érythréenne du Croissant Rouge. Proche des indépendantistes, celle-ci dépérit cependant lorsqu'une autre faction, l'EPLF ( Eritrean People's Liberation Front ), écrase ses rivaux en 1982. Le dispositif suscite des tensions entre les équipes de la NCA à Khartoum et à Addis-Abeba. Ces dernières travaillent plutôt dans les régions méridionales de Gemu Gofa et Sidamo, où la Norwegian Lutheran Mission gère un hôpital financé par la coopération norvégienne à Yirga Alem depuis 1963. Elles s'inquiètent des compromissions avec les " services sociaux " des mouvements de lutte armée dans le Nord, qui reçoivent des millions de dollars et ne rendent pas de comptes à leurs bailleurs. Gérée à Khartoum par un administrateur de la NCA, Arild Jacobsen, la plate-forme de l'ERD ( Emergency Relief Desk ) brasse en l'occurrence des fonds considérables, l'équivalent de 150 millions d'euros en 1991. A partir de 1981, elle coordonne les actions des ONG impliquées dans les opérations ( Brot für Die Welt Christian Aid Dutch Interchurch Lutheran World Relief ) et véhicule entre la moitié et les deux tiers de l'aide alimentaire à destination du Tigrée et de l'Erythrée. A leur façon, les financements de la communauté internationale, notamment de la coopération américaine, légitiment les branches humanitaires des guérillas qui luttent contre un régime marxiste, à savoir, par ordre décroissant d'importance en termes de volume d'aide alimentaire : l'ERA ( Eritrean Relief Association ) pour l'EPLF ( Eritrean People's Liberation Front ), la REST ( Relief Society of Tigray ) pour le TPLF ( Tigray People's Liberation Front ) et l'ORA ( Oromo Relief Association ) pour l'OLF ( Oromo Liberation Front ). L'ERD, qui est officiellement intégré aux programmes de la NCA au Soudan en juin 1989, déménage ses bureaux de Khartoum vers Asmara en octobre 1991 et ferme finalement ses portes en juin 1993. Selon Terje Tvedt, c'est seulement après le renversement de la dictature de Mengistu Hailé Mariam, en 1991, que la NCA reconnaît officiellement, dans ses documents internes, avoir travaillé avec les départements spécialisés des mouvements de lutte armée, longtemps mentionnés sous l'euphémisme d'agences " sous-traitantes ". L'indépendance de l'Erythrée, entérinée par un référendum en 1993, ne met alors pas fin aux opérations de secours. La guerre reprend à cause d'un litige frontalier entre l'Ethiopie et l'Erythrée en 1999. A la différence d'autres ONG comme Action Contre la Faim en France, la NCA ne juge pas utile de dénoncer les manipulations du nouveau régime au pouvoir à Addis-Abeba, qui, issu du TPLF, grossit les chiffres d'une famine dans l'Ogaden en vue d'obtenir de l'aide pour financer son effort de guerre contre l'Érythrée au cours de l'année 2000. Au contraire, la NCA soutient des programmes du gouvernement qui obligent les agriculteurs à utiliser des engrais chimiques accusés de lessiver les sols. Les paysans qui refusent d'appliquer la loi sont emprisonnés, notamment dans la région du Wollo en 1999.

-A partir de 1976, Guatemala : à l'appel du général Kjell Laugerud Garcia, qui est d'origine norvégienne et au pouvoir de 1974 à 1978, la Norwegian Church Relief intervient pour secourir les victimes du tremblement de terre de 1976 dans la région de San Martin. Auparavant, le travail de l'organisation en Amérique latine avait essentiellement été religieux, auprès des immigrés luthériens de la région. Par la suite, la NCA va alors élargir son champ d'activités. A partir de 1986, notamment, elle mène des programmes de développement dans les bidonvilles de la capitale et les villages du Tierra Colorada dans la région de San Martin. La poursuite de la guerre civile ne facilite évidemment pas la tâche et les soupçons de l'armée, qui accuse les ONG de soutenir la « subversion » marxiste, obligent à rapatrier un missionnaire de l'organisation, Petter Skauen, qui a été menacé de mort. La NCA appuie également les pourparlers de paix menés sous les auspices d'un comité de réconciliation nationale présidé par l'évêque catholique de Zacapa, Rodolfo Quezada Toruño. En mars 1990, l'Eglise luthérienne organise ainsi à Oslo des rencontres informelles avec les guérilleros de l'URNG (Unidad Revolucionaria Nacional Guatemalteca), qui regroupe l'EGP (Ejército Guerillero de los Pobres), l'ORPA (Organización Revolucionaria del Pueblo en Armas), les FAR (Fuerza Armadas Revolucionarias) et le PGT (Partido Guatemalteco del Trabajo).

-1978, Norvège : parce qu'elle s'occupe désormais de développement et plus seulement d'urgences, la Norwegian Church Relief prend le nom de NCA.

-A partir de 1979, Pakistan : sous l'impulsion de l'évêque Arne Rudvin, la NCA démarre des programmes de secours pour les réfugiés afghans qui ont fui leur pays envahi par les troupes soviétiques. Dans la clandestinité, l'organisation convoie également des vivres de l'autre côté de la frontière pour les rebelles qui combattent l'Armée Rouge. L'insécurité et les difficultés de transport contraignent parfois la NCA à remettre directement de l'argent aux commandants des moudjahidine, à charge pour eux de distribuer les médicaments et la nourriture, par exemple dans la région de Farah.