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Anti-Slavery International
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Historique

Anti-Slavery International - Historique




Années 1910


-1910-1912, Pérou : à Londres, la Société relaie les plaintes de Benjamin Saldana Rocca contre le richissime Julio Cesar Arana, qui a enregistré sa compagnie en Angleterre et qui est accusé de massacrer les Indiens d’Amazonie chargés de récolter pour lui le caoutchouc dans la région de la rivière Putamayo à la frontière de l’Equateur, du Brésil et de la Colombie. A l’instar de l’affaire du Congo, territoire finalement confié à la Belgique en 1906, le scandale suscite la création d’une commission d’enquête gouvernementale qui, menée par Roger Casement, rend son rapport au Parlement britannique en 1912 et cite le chiffre de 30 000 morts liés à l’exploitation du caoutchouc dans la région depuis 1900.

-1912, Nigeria : après avoir protesté en novembre 1906 contre la pendaison de neuf Ogoni d’Agbor qui avaient refusé de céder leurs terres et de se soumettre à des travaux forcés, l’Anti-Slavery Society reçoit des plaintes des Diobu de Port Harcourt, expropriés et menacés d’expulsion lors de la création de la ville par le colonisateur britannique en novembre 1912. Accusée de diffamation en novembre 1913, au prétexte qu’elle refuse de citer ses sources, l’organisation craint cependant d’être poursuivie en justice et renonce en mars 1914 à défendre les droits fonciers des autochtones car leurs chefs traditionnels ont signé des accords renonçant à leur souveraineté. Des considérations pratiques jouent également. L’Anti-Slavery Society n’a pas les moyens financiers d’engager une bataille juridique et d’envoyer sur le terrain des enquêteurs vérifier les allégations des plaignants. De plus, il existe des conflits d’intérêts. Ainsi, certains de ses membres sont directement concernés par le dossier et soulignent l’importance stratégique de l’établissement d’une ville à Port Harcourt. C’est notamment le cas de John Cavendish Lyttleton, un secrétaire aux colonies qui a monté les expéditions militaires de 1902 et 1910 pour ouvrir l’arrière-pays du Nigeria aux investissements britanniques.

-1913, Afrique du Sud : la Société s’oppose au Native Land Act qui, à l’instigation du colonisateur britannique, réserve 93 % des terres du pays aux Blancs et en exclut les paysans noirs, réduits au statut d’ouvriers agricoles. A Londres, le roi George V, qui désapprouve les critiques contre la politique britannique, démissionne alors de l’Anti-Slavery Society, dont il était le président d’honneur. D’une manière générale, l’organisation ne revendique pourtant pas l’indépendance des Africains et ne condamne pas la colonisation, dont elle cautionne l’œuvre civilisatrice et veut seulement limiter les abus.

-1914, Grande-Bretagne : l’alliance stratégique de Londres et de Bruxelles, en guerre contre l’Allemagne, oblige l’Anti-Slavery Society à mettre en sourdine ses attaques contre les exactions belges au Congo. Pour sa part, Edmund Dene Morel fonde alors un parti pacifiste, l’UDC (Union of Democratic Control), qui lui vaudra d’être emprisonné en 1917 mais qui exercera une certaine influence sur la scène politique, neuf de ses membres participant au gouvernement travailliste en 1924.