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Reporters sans frontières - Commentaires




2) Le fonctionnement interne


-La méthode de travail a évolué en même temps que le mandat. Au début, RSF récoltait d’abord des financements, puis décidait des sujets à traiter avant de trouver un support de publication et de chercher des journalistes pour réaliser l’enquête. Mais cette méthode assez aléatoire a suscité des critiques car elle posait RSF en « donneur de leçons ». Aujourd’hui, la méthode de travail a changé du tout au tout et consiste, selon Robert Ménard, à étudier scrupuleusement les dépêches d’agences, la presse, le courrier, et les nombreuses publications spécialisées sur les problèmes des droits de l’homme qui parviennent quotidiennement à l’association. Vient ensuite un travail de traduction, de recoupement des informations et de vérification auprès des correspondants locaux et des organisations humanitaires. Toutes ces données alimentent ensuite les colloques et les diverses publications de RSF.

-Parallèlement, l’association s’est professionnalisée. En 1989, elle a recruté son premier journaliste à temps plein pour diriger une Lettre d’information mensuelle à destination des médias. Forte d’un budget de 8 millions de francs, elle a ensuite réorganisé son équipe et déménagé son siège de Montpellier à Paris en 1994. Outre des volontaires objecteurs de conscience, RSF compte désormais plusieurs permanents pour assurer le secrétariat et la comptabilité. Les recherches sont menées par des enquêteurs qui pratiquent généralement plusieurs langues de la zone dont ils ont la charge. Sur place, des correspondants locaux rendent également compte de l’état de la liberté de la presse dans leur pays. Certains ont d’ailleurs été arrêté et détenus de façon arbitraires, à l’instar d’Ali Lmrabet au Maroc ou de Ricardo Gonzalez Alfonso à Cuba en 2003.

-L’approche centralisatrice de Robert Ménard a cependant été source de conflits, comme en témoignent les différentes ruptures au sein du conseil d’administration de l’association. Dans son livre, Robert Ménard assume cette position : “ Je n’ai aucune difficulté à admettre que je suis autoritaire et que ma personnalité ne facilite pas l’exercice de la démocratie en milieu associatif. ” A partir de 1994, le conseil d’administration de RSF a certes pu participer aux débats sur les grandes orientations de l’organisation, mais Robert Ménard a gardé un rôle prépondérant dans la prise des décisions et la mise en œuvre des programmes. Il a fallu attendre vingt-trois ans pour que le fondateur et secrétaire général de Reporters sans frontières cède la place à un autre collaborateur, Jean-François Julliard, en 2008. Depuis lors, l’association a essayé de se développer et comptait un millier d’adhérents en 2010. En 2013, ses responsables ont publiquement pris leurs distances avec Robert Ménard, qui s’était entretemps rapproché de l’extrême droite et marié à une ancienne juriste de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, Emmanuelle Duverger.