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Comité catholique contre la faim et pour le développement
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Comité catholique contre la faim et pour le développement - Commentaires




2) Le fonctionnement


-En vue de favoriser l’essor des organisations locales de développement, le CCFD a pour politique de ne pas envoyer d’expatriés et de volontaires à l’étranger. L’avantage est de soutenir ainsi la consolidation d’une société civile dans les pays du Sud ; l’inconvénient, dans les situations de conflits, est de se retrouver à financer des belligérants sans pouvoir bien contrôler la récupération politique des projets. Généralement, les subventions du Comité à un partenaire local sont de toutes façons très minoritaires par rapport aux cofinancements publics, ce qui ne permet pas d’influencer l’orientation des actions entreprises et relativise de beaucoup la marge de manœuvre du CCFD sur la base de ses ressources privées. La dispersion géographique des activités de l’organisation présente par ailleurs un certain risque de "saupoudrage". La Cour des Comptes arrive à des conclusions similaires dans son rapport publié en janvier 2007 à propos de l'aide aux victimes du tsunami asiatique de décembre 2004. Concernant le CCFD, elle souligne notamment « le risque de soutenir des associations trop petites pour être vraiment efficaces, ou confrontées à la corruption et à la fraude. Par la suite, il est malaisé de suivre et d'évaluer les actions réalisées par des partenaires locaux ».

-Très présent en Amérique latine et en Afrique de l’Ouest, le CCFD s’appuie sur d’anciens réseaux missionnaires. Selon Claude Prudhomme, son activisme compense en quelque sorte la diminution des ressources financières et le tarissement du recrutement des congrégations religieuses dans les pays en développement. Le CCFD collabore aussi avec des ONG chrétiennes, notamment les Allemands de Misereor, les Flamands de Broederlijk-Delen et les Canadiens de Développement et Paix. A la fin des années 1980, les attaques dont le Comité a été l’objet ont d’ailleurs été l’occasion pour l’épiscopat de reprendre la main sur une organisation critiquée parce qu’elle avait délibérément contourné les évêques locaux au Chili et en Nouvelle Calédonie. Mais le CCFD ne dépend pas aussi directement de l’Eglise que le Secours Catholique. Lors d’un colloque organisé par l’Agence Française de Développement et le Collège des Bernardins à Paris le 5 décembre 2012, le président de l’organisation, Guy Aurenche, rappelait par exemple que le Comité était d’abord né à la suite d’un appel laïc des Nations Unies qui fut ensuite relayé par le pape. Sur le terrain, l’ONG ne fait pas de prosélytisme et travaille dans des pays chrétiens comme musulmans. Depuis 2000, par exemple, ses appels en faveur des Coptes d’Egypte ou des Chaldéens de Syrie et d’Irak attestent plutôt d’un engagement universaliste en faveur des minorités opprimées en général, sachant que l’exil de ces communautés éduquées représenterait une perte en termes de potentiel de développement. Selon Claire de Galembert, le CCFD privilégie en réalité les relations avec les réseaux ecclésiaux du Sud pour des raisons historiques et pragmatiques tout à la fois, lorsqu’il n’a pas d’autre porte d’entrée vers des régions qu’il connaît mal et lorsque les Eglises locales lui offrent une couverture juridique afin de monter des projets de développement dans des régimes autoritaires où la liberté associative est restreinte. « Si statistiquement on relève une surreprésentation de partenariats noués avec des organisations chrétiennes, ni les populations concernées par les projets ni les contenus… ne font apparaître des logiques évidentes de solidarité confessionnelle ». Du Maroc à la Syrie, sur 93 partenaires qui ont reçu des financements du CCFD entre 1994 et 2001 dans les pays du Maghreb et du Machrek, plus d’un tiers sont en l’occurrence liés à la mouvance des chrétiens du cru, 25 relevant directement des structures diocésaines locales et 10 autres se définissant comme œcuméniques ou interreligieux.

-En France, le CCFD bénéficie du soutien d’une dizaine de milliers de bénévoles dont, d’après une étude de 1988, un quart sont syndiqués et un cinquième ont des engagements municipaux. D’après le Dossier Faim et Développement d’avril 1986, ses lecteurs proviennent essentiellement des classes moyennes urbaines : 70% vivent en ville, 48% sont des cadres moyens ou supérieurs, 24% sont des étudiants, des non-actifs ou des employés du secteur médical et social, 18% sont des clercs ou des permanents d’associations.