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Comité catholique contre la faim et pour le développement
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Comité catholique contre la faim et pour le développement - Commentaires




4) La politique de communication


-Le CCFD se situe à la croisée des chemins entre la laïcité et le catholicisme, l’urgence et le développement, l’action humanitaire et la solidarité internationale. Il a donc développé une politique de communication ambivalente, voire schizophrène, en vue de satisfaire des publics très divers, radical ou conservateur. D’un côté, le Comité récuse par exemple la posture humanitaire de la neutralité et assume l’engagement politique de la solidarité internationale. D’un autre côté, il dit mener de façon impartiale des opérations de secours, en particulier lorsqu’il s’agit de collecter des fonds. Il bénéficie ainsi d’une partie des revenus de sociétés d’investissement à capital variable (Sicav) que des plaquettes présentent comme destinées à financer des actions humanitaires. Dans le même ordre d’idées, le CCFD dit œuvrer en faveur du développement durable, sur le long terme, mais lance un appel d’urgence en faveur des victimes du tsunami de décembre 2004 en Asie du Sud-Est. Dans un éditorial du magazine Faim et développement en avril 2005, Xavier Lamblin, président du CCFD, se sentait d’ailleurs obligé de préciser que l’appel de décembre 2004 était " une démarche rare " et non " la tentation opportuniste de capter une part du formidable élan de générosité " des Français. Jean-Pierre Moreau résume l’ambiguïté de l’organisation en écrivant que le CCFD “mange à trois râteliers : celui de l’Eglise catholique pour le label et l’argent, celui de la gauche au pouvoir en France et en Europe et celui de ses compagnons de route du Forum social mondial avec lesquels il est engagé depuis les origines”.

-L’Observatoire suppose que le CCFD dispose depuis sa fondation de rapports d’activités réservés à un usage interne. Sur le plan financier, l’association a accompli un effort de transparence en publiant ses budgets. Mais, sur le plan de ses activités, elle reste très lacunaire. Dans son livre, un ancien secrétaire général du CCFD, Bernard Holzer, reconnaît d’ailleurs une certaine opacité qui, selon lui, serait due à trois principaux facteurs : le refus de demander des comptes aux partenaires des pays du Sud, de crainte de les humilier ; la volonté de passer sous silence les engagements les plus risqués, au vu des difficultés à expliquer au public le travail de terrain dans des régimes communistes comme le Vietnam ou Cuba ; une vision purement comptable des projets, enfin, réduite à la seule question du rapport qualité-prix. Malgré ou peut-être à cause des attaques politiques dont il a été la cible dans les années 1980, le Comité ne diffuse en tout cas pas de rapports d’activités à la mesure d’une association de solidarité internationale dont le budget se chiffre en dizaines de millions d’euros. Sur 538 projets annoncés dans le rapport d’activités de 2001, seulement 14 sont brièvement évoqués. Sur 137 projets annoncés dans le rapport d’activités de 2005, encore, 11 sont détaillés, cette fois avec des informations sur les montants alloués. De fait, contrairement à d’autres ONG qui dépendent beaucoup plus des bailleurs de fonds institutionnels et doivent donc en satisfaire les exigences de "redevabilité", le CCFD n’a pas autant besoin de rendre compte de ses actions car il s’appuie sur un "public captif", qui donne à la messe. En l’état actuel, il est donc difficile d’apprécier l’évolution du Comité quant à l’impartialité de ses secours et l’efficacité de son assistance.

-Sur le plan de la communication publicitaire, le CCFD utilise la palette classique de la plupart des ONG. Suivant l’exemple des « banquets de la faim » d’Oxfam, il a ainsi organisé des « festins solidaires » où des acteurs ont joué le rôle des paysans exploités du tiers-monde au Musée de l’Homme à Paris en octobre 2007. A l’occasion, le discours de l’organisation a cependant pu entrer en contradiction avec la doctrine du Vatican, par exemple concernant la planification familiale, alors que le président du CCFD à partir de 1988, René Valette, était un professeur de démographie malthusien et favorable à la contraception. Pour sa part, Jean-Pierre Moreau accuse le CCFD d’avoir déformé les propos du pape Jean-Paul II en prétendant qu’il avait approuvé la théologie de la libération.