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Comité catholique contre la faim et pour le développement
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Comité catholique contre la faim et pour le développement - Commentaires




5) Les relations avec les forces politiques


-La direction du Comité a compté un bon nombre de membres du parti socialiste, tels Philippe Farine, conseiller municipal à Paris, Menotti Bottazzi, candidat aux municipales de 1983, Bernard Holzer, un militant, François Bellec, un ancien cadre de la CGT (Confédération générale des travailleurs), et Joël Thomas, un syndicaliste de la CFDT (Confédération française démocratique du travail). Dans son livre sur Les finances de l’Eglise, Roland Gaucher, journaliste à Minute et militant du Front National, qualifie le CCFD de « secours rouge ». Avec La subversion humanitaire, Michel Algrin déplore quant à lui le parti pris d’une ONG qui, du temps de la guerre froide, défend uniquement les droits de l’homme dans les pays pro-occidentaux (Afrique du Sud, Chili, Argentine, Brésil, Colombie, Maroc, Salvador, Mexique, Paraguay, Porto Rico, Uruguay, Israël/Palestine, Indonésie, Malaisie, Philippines, Turquie) et non dans les régimes dits progressistes (Pologne, Hongrie, Russie, Vietnam, Nicaragua), comme si ces derniers n’avaient rien à se reprocher. Le CCFD a en réalité aidé les Polonais après le coup d’Etat de 1981, les Afghans envahis par l’Armée Rouge en 1980 ou les Ethiopiens victimes de la junte marxiste d’Addis-Abeba à partir de 1974. Mais les montants consacrés aux Polonais ou aux Afghans sont sans commune mesure avec les efforts en direction des victimes des dictatures de droite en Amérique latine.

-On peut se demander si le CCFD reste marqué par les pesanteurs idéologiques qui l’ont amené à favoriser les luttes de libération. De la Corée du Sud à l’Argentine, il a ainsi continué, dans les années 1990, à aider les milieux progressistes et les syndicats, par exemple au Paraguay avec le CDE (Centro de Documentación y Educación), une organisation fournissant les statistiques nécessaires à la défense des droits des travailleurs lors des négociations collectives avec le patronat ou le gouvernement. Reconverti du marxisme à l’altermondialisme, le CCFD s’est également investi dans le militantisme transnational des forums sociaux mondiaux. En France, il reste par ailleurs lié au parti socialiste, notamment par le biais du Crédit Coopératif, qui gère son fonds commun de placements, et du collectif “ De l’éthique sur l’étiquette ”, qui émane initialement de la CFDT. Lors d’un colloque organisé par l’Agence Française de Développement et le Collège des Bernardins à Paris le 5 décembre 2012, le président de l’organisation, Guy Aurenche, continuait quant à lui de récuser la notion de neutralité et de prôner un "réel" engagement auprès des pauvres. D’un autre côté, la fin de la guerre froide a sans doute conduit le CCFD à réévaluer l’orientation politique de ses activités. Cité dans l’ouvrage collectif de Denis Rolland, le directeur du département Projets et Programmes de l’association, Marc Berger, explique que, face à des régimes plus démocratiques en Amérique latine, les mouvements sociaux que le CCFD appuie se situent moins dans une optique d’opposition aux pouvoirs publics ; désormais, il s’agit de soutenir leurs efforts de “ formation civique pour apprendre à voter, participer à l’élaboration de la Constitution ou faire du lobbying ”.