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Norwegian Refugee Council
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Historique

Norwegian Refugee Council - Historique




Années 1960


-1960, Norvège : succédant à Knut Okkenhaug (1953-1956) et Arne Fjellbu (1956-1960), Wilhelm Sundt Bøe devient le secrétaire général du NRC, poste qu'il va occuper pendant vingt ans jusqu'en 1980. Sous son impulsion, l'organisation tente de s'affranchir des subventions publiques en sollicitant la générosité des particuliers au cours de grandes campagnes de collectes de fonds en 1964 et 1967. Le NRC va également se rapprocher du ministère des Affaires étrangères et s'internationaliser alors que les Nations Unies proclament « l'année des réfugiés » en 1959 et que les besoins se font moins pressants en Norvège, où le nombre de demandeurs d'asile décroît au cours des années 1960.

-1962, Algérie : pour la première fois, le NRC s'implique dans une guerre de décolonisation, en fournissant des couvertures aux réfugiés sur le point de revenir dans leur pays, devenu indépendant.

-1963-1982, Afrique du Sud : avec la Caritas d'Oslo, le NRC participe en 1963 à la création d'un Fonds pour l'Afrique du Sud ( Krisefondet for Sør-Africa ) qui est la branche norvégienne d'une organisation, l'IDAF ( International Defence and Aid Fund ), lancée par Christian Aid à Londres en 1953 pour assister les familles des prisonniers politiques qui s'opposent au régime raciste de l'apartheid, notamment les membres de l'ANC ( African National Congress ). Dissous et fusionné avec le Comité d'action norvégien contre l'apartheid ( Norsk Aksjon mot Apartheid ), ce Fonds prendra en 1968 la forme d'un Conseil norvégien pour l'Afrique australe ( Fellesrådet for det sørlige Africa ), subventionné par le Ministère des affaires étrangères et très actif dans la campagne en faveur de boycott et de sanctions économiques contre Pretoria. Pendant cette période et jusqu'à sa fermeture en 1982 (lorsque le Ministère des Affaires étrangères norvégien intègre les programmes d'assistance aux réfugiés de la région), c'est surtout le Comité spécial pour les réfugiés d'Afrique australe qui se charge de convoyer l'aide officielle de la Norvège. Le NRC en assure le secrétariat et fournit son unique président, Sigurd Halvorsen. A la différence de ses équivalents au Danemark et en Suède, ce comité n'a d'abord qu'une fonction humanitaire, essentiellement pour assurer l'éducation des exilés noirs sud-africains, et ne soutient pas directement les mouvements de libération de la région, une prérogative du Ministère des Affaires étrangères norvégien. On relève cependant des dérogations à la règle à propos de l'Angola, du Mozambique et de l'Afrique du Sud. A partir de 1972, la gestion dudit Comité est en effet reprise en mains par le Ministère des Affaires étrangères norvégien, qui lui donne un caractère beaucoup plus politique et qui, avec l'assentiment du Parlement en février 1973 puis juillet 1977, s'engage clairement en faveur de la lutte armée de l'ANC contre le régime de l'apartheid. Le Comité spécial pour les réfugiés d'Afrique australe finance ainsi la visite à Oslo d'une délégation de l'ANC emmenée par Oliver Tambo en 1972. De même en 1975, il verse une subvention au Luthuli Memorial Fund of South Africa, créé par le comité exécutif de l'ANC à Addis-Abeba en 1970. Selon un prospectus de l'ANC cité par Tore Linné Eriksen, "les programmes humanitaires du Fonds Luthuli sont directement liés à la lutte de libération de notre peuple... Soutenir ces programmes revient à soutenir notre lutte de libération". En 1976, encore, le Comité spécial auquel participe le NRC finance la section féminine de l'ANC en Zambie. Les témoignages recueillis dans le livre de Tor Sellström montrent à quel point un tel soutien est éminemment politique. Selon Garth Strachan, un communiste membre du MK (Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l'ANC), « la seule forme d'aide qui ne nous était pas donnée directement concernait les équipements militaires. Mais la lutte armée n'aurait de toutes façons pas été possible sans les autres composantes de l'aide. L'ANC l'a toujours dit : la lutte était plus importante sur le plan politique et international ». Représentant de l'ANC en Scandinavie, Lindiwe Mabuza confirme : « nous recevions tous les jours des contributions à la lutte. Tant les particuliers que les organisations nous laissaient disposer de cet argent et ne mettaient aucune restriction quant à son utilisation. Si nous décidions d'acheter des armes pour la branche militaire, ce que nous faisions d'ailleurs, personne ne nous en empêchait. Il était entendu que l'ANC faisait ce qu'il voulait avec cet argent. Les contributions des pays d'Europe du Nord venaient de toutes parts : partis politiques, syndicats, organisations religieuses. Elles n'étaient assorties d'aucune condition. Je le sais bien puisque nous avons utilisé cet argent pour acheter des équipements militaires en Europe du Nord ».

-1964, Botswana, Lesotho, Swaziland : à travers le Comité spécial pour les réfugiés d'Afrique australe, le NRC accorde des bourses et subventionne des écoles secondaires pour les Noirs sud-africains qui ont fui le régime raciste de l'apartheid.

-1966, Népal : le NRC, qui a démarré en 1963 des programmes en faveur des réfugiés ayant fui l'invasion du Tibet par la Chine communiste en 1950 puis 1959, se heurte aux réticences du gouvernement norvégien, qui craint qu'une telle aide compromette ses relations diplomatiques avec Pékin.

-1967, Israël/Palestine : à l'occasion de la guerre des six jours, le NRC envoie des secours aux réfugiés palestiniens avec la NCA et les sections norvégiennes de la Croix-Rouge et de Save the Children. La clinique que le NRC construit dans le camp de Baqa'a en Jordanie est ensuite reprise en 1974 par l'agence spécialisée des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.

-1969-1971, Tanzanie : : à travers le Comité spécial pour les réfugiés d'Afrique australe en 1969 puis 1971, le NRC verse à deux reprises des subventions à l'Institut du Mozambique, un organisme du FRELIMO ( Frente de Libertação de Mozambique ) en exil à Dar es Salaam. Etabli en 1963 par le leader du FRELIMO Eduardo Mondlane et placé sous le patronage du ministère tanzanien de l'Education, l'Institut du Mozambique est destiné à former les cadres du mouvement de libération, qui combat le colonisateur portugais et lance ses premières opérations armées depuis la frontière en septembre 1964. Initialement financé par la Fondation Ford, qui doit bientôt se désengager à cause des pressions de Lisbonne sur Washington, l'Institut du Mozambique inaugure son premier établissement scolaire à Kurasini dans la banlieue de Dar es Salaam en septembre 1964. Mais les luttes de factions internes au FRELIMO et l'assassinat d'Eduardo Mondlane en février 1969 l'obligent à fermer ses portes en mai 1968 avant de rouvrir une école secondaire à Bagamoyo en octobre 1970. En janvier 1968, des étudiants se sont en effet mis en grève en refusant d'être embrigadés dans la guérilla. De fait, le FRELIMO ne distingue pas l'assistance humanitaire de la lutte armée. C'est à cause de la pression des bailleurs qu'il accepte finalement de créer une unité prétendument « indépendante » pour gérer les activités éducatives et sanitaires au sein de l'Institut.