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Médecins du Monde - Commentaires




4) Les financements


-Sur le plan financier, MDM s’avère soucieux de s’affranchir de la conditionnalité politique des bailleurs de fonds institutionnels. En Amérique latine, notamment, l’association a évité d’intervenir avec des financements nord-américains, mal perçus par les populations locales. Appuyé par la puissante corporation des médecins, MDM-France essaie donc de recourir au mécénat du secteur privé et sollicite la générosité du public afin de financer un bon nombre de missions sur fonds propres, ceci sans compter sur le bénévolat, qui n’est pas comptabilisé comme une ressource financière mais qui s’avère particulièrement important pour les programmes menés dans l’Hexagone. A partir de 1986, l’organisation a ainsi confié à un spécialiste du marketing, Antoine Vaccaro, le soin de développer et professionnaliser sa collecte auprès des particuliers. En 1991, elle a par ailleurs intégré la branche française de Band Aid, la structure lancée en Grande-Bretagne par le chanteur Bob Geldof en faveur des victimes de la famine éthiopienne de 1985. Les bailleurs institutionnels, eux, sont essentiellement, pour les pays du tiers-monde, l’Union européenne, avec qui l’association a signé un contrat de partenariat en juillet 1993, et, pour la France, les directions départementales des affaires sociales. Grosso modo, les financements publics servent surtout à payer les interventions d’urgence ; les financements privés, à couvrir le fonctionnement du siège, les frais de collecte et de communication, les missions exploratoires et, pour moitié, les programmes de développement.
 
-Depuis que MDM-France a acheté l’ancien bâtiment des Galeries Barbès rue Marcadet à Paris en 1994, les frais de siège semblent importants et les comptes ont plusieurs fois été déficitaires, par exemple en 2000 et 2006. Tendanciellement, le coût de la collecte de fonds auprès des particuliers va en augmentant. L’association doit donc consacrer davantage d’argent pour trouver de nouveaux donateurs. En 1996, la Cour des Comptes a par ailleurs critiqué des comptabilités qui n’étaient pas toujours très bien tenues dans les missions à l’étranger. En 2005, encore, les rapporteurs d’une mission d’information parlementaire, Michel Charasse et Adrien Gouteyron, s’étonnaient du surcoût constaté dans le service informatique de MDM en Indonésie. En 2007, enfin, la Cour des Comptes déplorait un manque de transparence en affectant à d’autres causes une partie des fonds recueillis en faveur des victimes du tsunami asiatique de 2004. Contrairement à MSF, MDM a en effet pris cette décision sans en avertir au préalable tous ses donateurs, alors que la formidable vague de générosité des Français lui permettait de renflouer ses caisses et de financer des programmes dans d’autres pays moins médiatisés. Le président de l’association a argué qu’une telle règle de gestion n’avait pas été modifiée pour l’occasion et qu’elle permettait « de répondre à des crises humanitaires, toutes aussi graves mais moins connues du grand public, et de ne pas laisser guider [les] choix de lieux et de volumes d’intervention en fonction de critères strictement financiers ». Dans son rapport publié en janvier 2007, la Cour des Comptes n’en a pas moins reproché à MDM d’avoir axé sa communication sur l’urgence en sachant pertinemment « que les fonds perçus dépassaient les besoins [immédiats] » et que l’organisation allait en réalité « se lancer dans des opérations de reconstruction à plus long terme ».
 
-Les budgets des différentes organisations sœurs de par le monde, eux, ne sont pas publiés ensemble, sans doute faute d’avoir été centralisés. MDM-France n’en a pas moins accompli un réel effort de transparence financière. En 1997, elle a par exemple arrêté de pratiquer le transfert des charges qui lui permettait d’amortir sur plusieurs années le coût de la collecte des fonds. Depuis 2004, elle publie par ailleurs sur son site Internet le salaire le plus élevé de l’organisation, et non des moyennes qui masquent une telle information. Les autres sections nationales du mouvement ne sont en revanche pas toujours aussi transparentes. En Argentine, en Grèce, en Suède, au Canada, à Chypre et en Italie, elles ne mettaient pas leur budget en ligne en 2007, les associations de ces deux derniers pays n’ayant même pas de site Internet. Bien que n’ayant pas le statut de « délégations », les « bureaux » allemands, japonais et hollandais s’avéraient plus transparents. Leurs comptes laissaient apparaître une proportion de fonds privés qui s’élevait par exemple à 58% et 29% d’un total de 0,4 million d’Euros en 2005 et 2003 respectivement pour l’Allemagne, et 52% et 75% de 0,7 million d’Euros en 2003 et 2002 respectivement pour la Hollande.