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Commission internationale de juristes
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Commission internationale de juristes - Commentaires




6) Les rapports avec les forces politiques


-De par sa composition, la CIJ entretient par ailleurs des liens étroits avec les forces politiques, tant gouvernementales que dissidentes. Sa section française, Libre Justice, comptait par exemple un bon nombre de radicaux-socialistes et était présidée par René Mayer, qui a plusieurs fois été ministre de la justice en 1950-1951, avant d’être brièvement premier ministre en 1953. Elle comprenait également des personnalités gaullistes comme Edgar Faure, qui a été premier ministre en 1952 et 1955-1956, puis président de l’Assemblée nationale de 1973 à 1978, ou Louis Joxe, qui a, entre autres, été ministre de la justice en 1967-1968, avant de devenir membre du Conseil constitutionnel de 1978 à 1989. D’une manière générale, les juristes de la CIJ ont souvent été amenés à occuper des fonctions gouvernementales, tant et si bien que certains ont fait de la prison à cause de leurs engagements politiques. Le problème est que de tels positionnements ont parfois suscité des conflits d’intérêts relativement au mandat de l’institution. Au moment où un de ses illustres membres, Boutros Boutros-Ghali, était nommé ministre des affaires étrangères de l’Egypte en 1981, la CIJ a donc révisé ses statuts afin de suspendre l’adhésion des juristes qui entraient dans un gouvernement. Après avoir rejoint le régime de parti unique du président Daniel Arap Moi en 1991, le Kenyan Amos Wako a ainsi dû se retirer de la Commission. De même, la sénatrice travailliste Mary Robinson a dû suspendre son adhésion à la CIJ lorsqu’elle a été élue présidente d’Irlande en 1990. Dans d’autres cas, les membres de la Commission n’ont tout simplement pas été reconduits pour un deuxième mandat lorsque leurs engagements politiques contrevenaient aux idéaux de l’institution, à l’instar du Fidjien Moti Tikaram en 1989, qui a en l’occurrence été sanctionné parce qu’il avait accepté de remplacer des juges destitués par les militaires après un coup d’Etat anti-constitutionnel.