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Oxford Committee for Famine Relief
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Historique

Oxford Committee for Famine Relief - Historique




Années 1990


-A partir de 1990, Somalie : alors que l'opposition armée resserre son étreinte contre la dictature de Siyad Barre, l'insécurité contraint Oxfam-UK à fermer en décembre 1990 son bureau de Mogadiscio, ouvert dix ans auparavant pour aider les réfugiés victimes de la guerre d'Ogaden contre l'Ethiopie. En 1988, déjà, CAA avait dû quitter la région de Sanaag, où certains de ses employés locaux avait été exécutés par les autorités, et avait dénoncé la répression du gouvernment contre les Isaak du SNM (Somali National Movement), qui inviteront les Australiens à venir redémarrer des programmes une fois le Somaliland proclamé indépendant en 1991. Profitant de l'arrivée de casques bleus des Nations Unies, Oxfam-UK revient ensuite dans la capitale somalienne en octobre 1992, au moment de la famine de Baidoa. Des dssensions apparaissent alors avec la section américaine de l'organisation, qui est favorable à une intervention militaire des Etats-Unis pour sécuriser la distribution de secours. Malgré le débarquement des troupes de Washington à partir de décembre 1992, la poursuite des combats oblige en l'occurrence à mettre un terme en décembre 1993 aux programmes lancés sur la côte à Merca et Kisimayo. A Mogadiscio même, Oxfam-UK évacue brièvement ses expatriés après le meurtre de vingt-quatre casques bleus pakistanais en juin 1993. L'organisation, qui décide de payer des gardes armés, est régulièrement volée par les employés locaux et ses intrants logistiques sont détournés par les combattants. Oxfam-UK , qui liquide à la va-vite ses stocks, ses véhicules et ses armes, décide finalement de quitter le pays en même temps que les casques bleus en mars 1995. Dans les régions du Nord qui connaissent une paix relative, l'organisation continue cependant de financer quelques activités, telle Radio Galcayo, une station lancée en 1993 pour promouvoir la paix au Puntland. En vue d'obtenir des fonds, le mouvement Oxfam mène par ailleurs en mai 2006 une campagne controversée sur un risque de famine massif dans la Corne de l'Afrique, qualification que d'autres ONG considèrent comme inutilement alarmiste.

-A partir de 1991, Afghanistan : suite au retrait des troupes d’occupation soviétiques, Oxfam est, en mai 1991, la première ONG occidentale à ouvrir un bureau à Kaboul, un an avant que le régime communiste s’effondre sous la pression des mouvements de lutte armée en avril 1992. A l’époque, certains reprochent à l’organisation de se compromettre avec un gouvernement fantôche, un peu comme au Kampuchéa démocratique dix ans plus tôt. Mais ce débat n’a bientôt plus lieu d’être au vu de la tournure des événements. En 1996, l’arrivée au pouvoir des étudiants fondamentalistes taliban oblige en effet l’organisation à interrompre ses activités car les nouvelles autorités islamiques interdisent la participation des femmes aux programmes d’aide. En janvier 1997, Oxfam est ainsi contraint de mettre un terme à ses efforts en vue de réhabiliter le réseau hydraulique de la capitale. Après des bombardements américains contre les bases d’Oussouri Ben Laden en août 1998, les autorités durcissent encore davantage leur position dans le courant de l’année 1999. En 2000, Oxfam doit alors trouver d’autres bailleurs de fonds pour poursuivre ses programmes car la coopération britannique refuse dorénavant de financer les ONG qui continuent d’envoyer des expatriés dans le pays. En octobre 2001, l’intervention de l’armée américaine aboutit finalement à la chute du régime des taliban. Le problème est qu’elle provoque aussi des dégâts collatéraux dans la population civile, si bien qu’Oxfam demande un arrêt des bombardements pour permettre la distribution de nourriture avant l’arrivée de l’hiver. Soucieuse de préserver sa neutralité, l’organisation s’inquiète également des interférences américaines. Dans une lettre adressée à la Maison Blanche par le biais de la plate-forme d’ONG InterAction le 2 avril 2002, Oxfam-America demande notamment que les militaires impliqués dans la distribution de secours portent des uniformes afin de ne pas mettre en péril les humanitaires, que la population risque de confondre avec des espions. Au vu de l’insécurité ambiante, les distributions alimentaires dans les zones rurales de l’arrière-pays restent de toutes façons assez difficiles. Suite à l’assassinat d’un délégué du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), froidement abattu par des islamistes à Tirin Khot au nord de Kandahar le 27 mars 2003, les personnels expatriés d’Oxfam sont finalement renvoyés vers Hérat et Kaboul pour des raisons de sécurité. Même la capitale n’est bientôt plus épargnée et les bureaux de l’organisation y sont victimes d’un attentat à la bombe fin 2005. Lorsqu’un camion de l’armée américaine provoque un accident mortel le 29 mai 2006, encore, des émeutes ensanglantent Kaboul et le siège d’Oxfam y est pillé car symbolique de la présence des forces occidentales.

-A partir de 1992, Grande-Bretagne : sous la direction de David Bryer, qui succède à Frank Judd en janvier 1992, Oxfam-UK commence à travailler en Europe de l'Est, région qui, avec l'effondrement de l'URSS et la crise yougoslave en 1991, représente 12% des dépenses opérationnelles de l'organisation en 1993 (contre 0% avant 1992, 10% en 1994, 15% en 1995, 14% en 1996, 10% en 1997, 15% en 1998, 23% en 1999, 6% en 2000, 6% en 2001 et 6% en 2002). Autre réorientation notable sur le plan géographique, les sections britannique et irlandaise d' Oxfam annoncent en 1995 le démarrage de programmes en faveur des pauvres dans leur propre pays de siège. Au cours des années 1990, le Royaume Uni va ainsi absorber entre 2% et 4% des dépenses opérationnelles du Comité d'Oxford. Depuis la ville de Leeds, Oxfam soutient notamment une campagne de lobbying au Parlement britannique et à l'OIT (Organisation internationale du travail) en faveur des domestiques exploités, à commencer par les femmes.

-A partir de 1993, ex-Yougoslavie : tandis que la guerre civile prend de l’ampleur, Oxfam-UK ouvre un bureau à Belgrade en 1993. De 1994 à 1997, l’organisation s’établit également à Zagreb pour mener des programmes en Croatie. Par la suite, Oxfam-UK s’engage massivement au Kosovo, auquel il consacre £23 millions en 2000, soit une somme équivalente à l’ensemble de ses opérations d’urgence ailleurs dans le monde. De fait, l’intervention en 1999 des troupes de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) contre le régime nationaliste serbe de Slobodan Milosevic change la donne. Le Comité d’Oxford cherche d’abord à préserver sa neutralité. Pour bien distinguer les acteurs humanitaires et militaires, il demande ainsi que la coordination des secours au Kosovo et en Macédoine soit confiée au HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés), et non à l’OTAN. Mais les financements qu’il reçoit des Etats membres de l’Alliance atlantique, parties au conflit, limitent considérablement sa marge de manœuvre. Contrairement à des ONG de défense des droits de l’homme comme Human Rights Watch, relèvent Michael Barnett et Jack Snyder, Oxfam met en sourdine ses critiques contre les troupes de l’OTAN, qui utilisent des bombes à fragmentation et prennent pour cible des objectifs civils. De l’aveu même d’un ancien responsable de l’organisation, Tony Vaux, le Comité d’Oxford renonce à toute neutralité et se positionne uniquement dans le camp des Kosovars sans chercher à aider aussi les Serbes.

-Depuis 1994, Congo-Kinshasa : déjà présent dans la région de Goma depuis 1993, où il était venu aider des déplacés internes, Oxfam-UK accueille et approvisionne en eau potable les réfugiés rwandais qui fuient l'avancée du FPR (Front patriotique rwandais) et qui, pour un bon nombre d'entre eux, sont des paysans hutu ayant participé au génocide de 1994 contre la minorité tutsi. Avec MSF, CARE, MDM, PSF et l'IRC, l' organisation signe alors une pétition pour dénoncer l'insécurité et les menaces physiques des miliciens hutu qui entravent l'accès aux populations nécessiteuses dans les camps de Goma et Bukavu. Oxfam-UK décide néanmoins de rester sur place, quitte à ravitailler les « génocideurs » en train de préparer la reconquête du Rwanda. Publié en 1994, le petit livre de Guy Vassall-Adams est révélateur : il dénonce l'immobilisme de la communauté internationale et énonce des recommandations pour les pays de la région mais ne dit rien de l'aide apportée par les ONG à des réfugiés responsables de crimes contre l'humanité. De même, le travail de Shona MacKenzie et Renée de la Haye en juillet 1996 propose une évaluation purement technique des programmes sanitaires d'Oxfam-UK, les plus gros de son histoire. En 1996, encore, l' organisation continue de demander des fonds au bureau humanitaire de l'Union européenne (ECHO) pour aider les réfugiés rwandais au Congo-Kinshasa et préparer leur rapatriement. C'est seulement dans un ouvrage publié en 1997 que Edmund Cairns finit par reconnaître qu'Oxfam-UK a financé à son insu les plans de revanche des « génocideurs » en exil. Dans un article du Chicago Tribune en date du 30 décembre 1996, le responsable d'Oxfam-International à Washington, Justin Forsyth, admet également que son organisation a alimenté le conflit. Après la chute du régime de Mobutu Sese Seko et l'assassinat du président Joseph Kabila à Kinshasa, la poursuite de la guerre dans l'est du pays oblige ensuite le Comité d'Oxford à reprendre ses activités, cette fois pour secourir des Congolais, notamment en Ituri où les armées d'occupation rwandaise et ougandaise ont enflammé les tensions entre les milices locales des Hema et des Lendu. A la différence de l'ONG suisse Medair et de la section belge de la Caritas, qui étaient arrivés dans la région dès 1997, Oxfam s'implante en l'occurrence à Bunia en 1999 avec des équipes venues du Kivu. Suite aux pressions des autochtones et au départ d'un bon nombre d'expatriés après l'assassinat de six collaborateurs du CICR au nord de Bunia en avril 2001, l'organisation doit bientôt recruter des locaux et prendre bien soin d'équilibrer ses programmes et ses emplois entre les Hema et les Lendu. A l'époque, raconte Johan Pottier, Oxfam compte quelque 90 collaborateurs répartis à parité entre les deux principaux groupes de la région. En juin 2001, par exemple, l'organisation démarre un programme à Lipri, un village lendu, pour ne pas donner l'impression qu'elle favorise les zones hema, plus facile d'accès. A partir d'octobre 2003, encore, elle travaille à la fois en pays lendu à Medhu, au sud de Bunia, et en pays hema à Muhito, au nord. Une telle approche lui permet de s'étendre un moment vers Fataky et Rethy dans le territoire de Djugu. La situation ne reste pas moins tendue. En décembre 2001, l'insécurité contraint Oxfam à quitter Lipri du coté lendu et Mandro du côté hema. L'organisation doit également évacuer ses expatriés au moment des combats qui ravagent Bunia avant le déploiement, en juin 2003, de troupes françaises venues rétablir la paix dans le cadre de l'Opération Artémis sous l'égide de l'Union européenne. En janvier 2004, encore, Oxfam doit suspendre ses opérations à Medhu du fait des attaques des guérilleros de l'Union des patriotes congolais.

-A partir de 1995, Libéria : Oxfam-UK démarre des programmes d'aide dans un pays ravagé par la guerre civile depuis 1989. En avril 1996, le pillage de Monrovia l'oblige cependant à se retirer pendant un temps. Avec douze autres organisations humanitaires, dont le CICR, le Comité décide alors de ne pas renouveler d'opérations de taille conséquente. « Les seigneurs de guerre, explique David Bryer, directeur d'Oxfam-UK, lors d'une conférence à Vienne en Autriche le 23 juillet 1996, ont volé plus de quatre cents véhicules et des millions de dollars d'équipements fournis par l'aide internationale. Ces pillages ont directement alimenté la guerre et contribué à augmenter le nombre de morts et aggraver les souffrances des civils... Je pense qu'ici [au Libéria], pour épargner des vies, il est plus important d'empêcher de tels pillages que de fournir une aide matérielle... Au Libéria, et avec le recul, en Somalie, le choix [du retrait était le bon]. En Bosnie et au Zaïre, au contraire, nous avons eu raison de rester. » En septembre 1996, Oxfam-UK revient cependant au Libéria distribuer des secours en ne donnant pas de rations sèches, pour éviter leur revente au marché noir, et en achetant les vivres localement, pour que les intrants de l'aide alimentaire n'alimentent pas trop l'économie de guerre. Le problème reste d'actualité après l'élection de Charles Taylor en 1997 et la reprise des combats l'année suivante. En avril, juin et août 2003, notamment, des équipements d'Oxfam sont de nouveau pillés à Monrovia, où l'étau des rebelles se resserre contre les forces gouvernementales du président Charles Taylor. Des deux véhicules volés, l'un est certes restitué par les combattants du LURD ( Liberians United for Reconciliation and Democracy )...

-1996-2004, Burundi : replié dans la capitale, Oxfam-UK doit interrompre ses programmes dans les campagnes car l'aide humanitaire est utilisée par l'armée à dominante tutsi pour attirer et enfermer dans des camps les déplacés suspectés de sympathies pour la rébellion hutu. Après la signature d'accords de paix en août 2000, l'organisation décide finalement de fermer ses bureaux de Bujumbura en janvier 2004. Oxfam-UK laisse à CARE la poursuite de son programme dans la province de Gitega et confie à sa section québécoise et à NOVIB la gestion des projets menés par des partenaires locaux.

-1997, Erythrée : Oxfam, qui a ouvert un bureau à Asmara en janvier 1993, est expulsé avec les autres ONG occidentales lorsque démarre une guerre frontalière contre l’Ethiopie en mai 1997. Les autorités veulent de toutes façons prendre en main le développement du pays.

-1998, Corée du Nord : dans une des dernières dictatures staliniennes de la planète, Oxfam-UK se retire faute de pouvoir avoir accès librement aux populations dans le besoin. Malgré le risque de voir le régime détourner les secours, OHK envoie cependant des vivres avec la Caritas de Hong Kong en 2003.

-A partir de 1999, Grande-Bretagne : à la suite d'un rapport de Global Witness publié en décembre 1999 sur les détournements de la manne pétrolière en Angola, Oxfam-UK lance en juin 2002 avec le CAFOD, SCF, Transparency International et l' Open Society Institute une campagne intitulée publish what you pay (« publiez ce que vous payez ») afin d'obliger les multinationales à rendre des comptes sur les sommes versées à des régimes corrompus dans les pays en développement. L'idée est relayée par le Premier ministre britannique Tony Blair lors du sommet de la terre à Johannesburg en septembre 2002, qui voit le lancement d'une « Initiative de transparence sur les industries extractives », l'EITI (Extractive Industries Transparency Initiative). Dans le même ordre d’idées, raconte Ian Smillie, Oxfam embraye en juillet 2000 sur une campagne intitulée Fatal Transactions et lancée avec Novib à Francfort en octobre 1999 par les ONG britannique et canadienneGlobal Witness et PAC (Partnership Africa Canada) pour interdire les « diamants du sang » qui financent les conflits armés, notamment en Sierra Leone, au Congo-Kinshasa et en Angola. Appuyées par l’Afrique du Sud et relayées à travers le monde par ActionAid, World Vision et Amnesty International, les négociations entamées avec l’industrie diamantaire, qui craint les menaces de boycott, aboutissent en janvier 2003 à la mise en place du processus de Kimberley, qui consiste à certifier les diamants en provenance de pays sûrs.