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Oxford Committee for Famine Relief
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Historique

Oxford Committee for Famine Relief - Historique




Années 2000


-A partir de 2000, Grande-Bretagne : Oxfam rejoint en octobre 2000 une campagne internationale lancée en novembre 1999 à Amsterdam par Health Action International, Médecins sans frontières, Act Up et le Consumer Project on Technology. L’objectif est de permettre aux pays en développement d’avoir accès à des médicaments génériques moins onéreux en important ou fabriquant des molécules encore sous licence de l’industrie pharmaceutique. D’abord centrée sur les traitements contre le sida, ladite campagne est élargie en février 2001 à la santé publique en général et se politise sous l’impulsion du Consumer Project on Technology, le lobby d’un candidat indépendant aux élections présidentielles aux Etats-Unis, Ralph Nader, qui veut dénoncer la collusion des partis démocrate et républicain avec l’industrie pharmaceutique. Avec l’appui de Washington, cette dernière argue en effet que la vente de licences permet de financer la découverte de nouvelles molécules. Les ONG démontrent au contraire que les innovations des multinationales du médicament proviennent en réalité des fruits de la recherche financée sur fonds publics. Leur lobbying à l’Organisation mondiale de la Santé, à la Banque mondiale et au Programme des Nations Unies pour le développement finit par porter ses fruits. Après avoir perdu le soutien des Etats-Unis et de l’Union européenne, les laboratoires pharmaceutiques retirent en avril 2001 leur plainte contre le gouvernement sud-africain à propos d’une loi qui autorise l’utilisation de médicaments génériques sans payer les brevets les plus onéreux. Réunie à Cancún au Mexique, la cinquième conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) impose ensuite en août 2003 un moratoire sur les licences qui est pérennisé à Hongkong en décembre 2005 et qui accorde la priorité aux questions de santé publique par rapport au droit de la propriété intellectuelle. Concrètement, les accords bilatéraux ou régionaux des Etats-Unis permettent cependant de contourner ces dispositions. D’une manière générale, les demandes de dérogation pour exporter des médicaments génériques s’avèrent si complexes qu’elles sont pratiquement impossibles à mettre en œuvre.
 
-A partir de 2001, Tanzanie : sous la direction de Barbara Stocking, qui remplace en 2001 David Bryer démissionnaire, Oxfam-UK commence à se désengager des camps de réfugiés burundais et refuse de soutenir un programme de rapatriement non volontaire. Malgré les pressions du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) et des autorités tanzaniennes, les exilés se montrent en effet réticents à revenir dans un pays en guerre.
 
-2002, Ouzbékistan : dans la province semi-aride de Kashkadarya, NOVIB commence en octobre 2002 à financer un programme de micro-crédits pour les femmes de Beshchashma, Beshkent et Karshi. Mais, explique Deniz Kandiyoti, le taux de remboursement des prêts décline lorsque les bailleurs arrêtent de superviser directement le projet. A Karakalpak, notamment, l’ONG locale chargée de gérer les crédits invente de faux clients pour détourner l’argent et il faut mettre un terme à l’expérience.
 
-2003, Irak : ouvertement hostile à l’intervention militaire de la Coalition anti-terroriste contre le régime de Saddam Hussein, le mouvement Oxfam veut préserver sa neutralité et refuse les fonds des gouvernements belligérants, savoir la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Australie. Dès le 27 décembre 2002, la section américaine publie par exemple dans le Herald Tribune un avertissement sur les dégâts collatéraux humanitaires à attendre d’une telle guerre. En mars 2003, l’organisation prend ensuite les devants pour éviter les contacts avec les militaires de la Coalition anti-terroriste dans les régions d’Irak où l’insécurité ne nécessite pas d’encadrement armé. Afin de travailler à Bagdad tout en se démarquant des Alliés, elle accepte ainsi de se plier aux efforts de coordination de l’ONU mais pas des Etats-Unis, à la différence d’ONG comme SCF-USA et Mercy Corps, qui collaborent avec les équipes de secours mises en place par Washington, les DART (Disaster Assistance Response Teams). Après la chute de la dictature Saddam Hussein en avril, la situation se dégrade rapidement et Oxfam décide finalement de se retirer en août 2003, après l’attaque contre le quartier général de l’ONU à Bagdad. L’organisation, qui continue de travailler à distance depuis les pays voisins, déplore alors la façon dont les Alliés privilégient l’Irak au détriment d’autres régions en crise. Dans une lettre cosignée avec Christian Aid, le CAFOD, SCF-UK, CARE International et ActionAid en octobre 2003, Oxfam-UK demande au Premier ministre britannique Tony Blair de ne pas réduire le montant total de son aide publique au développement dans le monde : en vain puisqu’en novembre suivant, le gouvernement y prélève un milliard et demi d’euros pour financer la reconstruction de l’Irak. Resté fidèle à son engagement de refuser les fonds des belligérants en Irak mais pas forcément dans les pays voisins, le mouvement ferme finalement en avril 2004 ses bureaux de Nassiriyah, qui fonctionnaient uniquement avec du personnel local.
 
-2004, Rwanda : présent dans le pays depuis 1979, Oxfam-UK, qui avait fermé son bureau de Kigali lors du génocide de 1994, commence à s’inquiéter de la dérive autoritaire du régime du président Paul Kagamé. Dans un rapport publié avec Cordaid, ICCO et Kerkinactie en février 2004, NOVIB, notamment, appelle les principaux bailleurs de fonds du pays, savoir la Hollande, la Suède et la Grande-Bretagne, à suspendre leur aide tant que Kigali n’aura pas donné de réponse satisfaisante sur la disparition d’opposants et son implication dans le pillage de l’Est du Congo-Kinshasa. Si la position du mouvement Oxfam est d’abord motivée par une analyse politique du régime, elle reflète aussi, à sa manière, l’échec de certains programmes menés au Rwanda. De 1995 à 1999, explique Zoë Marriage, l’organisation a ainsi tenté de faciliter l’accès à l’eau des habitants dans les régions aux abords des rivières Muvumba et Akagera. Mais le système de recouvrement des coûts a généré des fraudes. Sous prétexte de responsabiliser la population, les habitants se sont retrouvés à payer leur eau à des comités de développement commuautaire qui ont détourné les fonds.
 
-2005, Chine : au moment où s’ouvre la sixième conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) à Hong Kong le 13 décembre 2005, le mouvement Oxfam dépose une pétition de dix millions de signatures qui demande des régles d’échange plus justes, à savoir la fin des subventions aux agriculteurs occidentaux, le droit pour les Etats pauvres de protéger leur marché et la prise en compte des intérêts des pays en développement dans les négociations internationales. Intitulée « le Grand Vacarme » (Big Noise), cette initiative poursuit en l’occurrence une campagne entamée lors du précédent sommet de l’OMC, à Cancún au Mexique en septembre 2003, quand Oxfam-International avait recueilli quatre millions de signatures en faveur du commerce équitable. A l’époque, les milieux d’affaires avaient critiqué l’irresponsabilité du mouvement, accusé par l’Economist du 20 septembre 2003 d’avoir radicalisé le débat et poussé les pays en développement à l’intransigeance, quitte à aboutir à une impasse en bloquant tout compromis. Interviewé dans le numéro d’avril 2004 de Development in Practice, le directeur de la communication d’Oxfam-UK, Adrian Lovett, avait alors rétorqué que son organisation n’avait malheureusement pas une telle influence, en particulier à l’égard des géants brésilien, chinois et indien.
 
-2006, Venezuela : Oxfam décide d’adopter un profil bas au sixième forum social mondial, qui s’ouvre le 24 janvier à Caracas sous les auspices du président Hugo Chavez. L’organisation craint en effet que la rencontre, financée par le gouvernement vénézuélien, soit récupérée à des fins politiques en vue de promouvoir la lutte contre l’impérialisme nord-américain.
 
-A partir de 2007, Nicaragua : contrairement à la première période révolutionnaire des années 1970, Oxfam-UK se retrouve dans l’opposition après le retour au pouvoir des Sandinistes et de Daniel Ortega en novembre 2006. La police perquisitionne ainsi le siège de deux de ses partenaires sur place, le Mouvement autonome des femmes MAM (Movimineto Autonomo de Mujeres) et le Centre d’investigation de la communication CINCO (Centro de Investigación de la Comunicación). L’organisation est en l’occurrence accusée par la présidence d’ourdir « un plan de déstabilisation contre le gouvernement ». Bien qu’anciens journalistes sandinistes, les directeurs du MAM et du CINCO, Carlos Fernando Chamorro et Sofía Montenegro, font quant à eux l’objet d’une enquête administrative et judiciaire pour “malversation” et “blanchiment d’argent”. Ils dénoncent en effet la mainmise du gouvernement sur les médias. Le MAM, en particulier, a mené campagne contre l’interdiction et la pénalisation de l’avortement thérapeutique, votées en 2006 par les députés sandinistes avec l’appui de la hiérarachie catholique. Faute de preuves, la justice abandonne cependant ses poursuites en janvier 2009 tandis qu’en juin suivant, des partenaires d’Oxfam accusent Daniel Ortega d’être responsable de la suspension de l’aide des Etats-Unis à la suite de fraudes qui ont entaché les élections municipales de novembre 2008.
 
-2008, Birmanie : suite au typhon Nargis, qui a fait environ 133 000 morts à Rangoon et dans la région du delta d'Irrawaddy le 3 mai 2008, Oxfam envoie des secours aux rescapés. Comme au Cambodge il y a une trentaine d’années, l’organisation annonce alors l’imminence d’une famine qui ne se produit pas. Le 11 mai 2008, sa responsable en poste à Bangkok, Sarah Ireland, évoque le chiffre de 1,5 million de personnes en danger de mort si rien n’est fait. Mais ces allégations ne sont pas reprises par la communauté humanitaire. En réalité, les inondations ne provoquent pas d’épidémies et les équipes de Médecins sans frontières sur place ne relèvent ni surmortalité ni risque de malnutrition sévère parmi les populations qui ont survécu au passage du cyclone. Face aux questions de journalistes comme Thierry Falise, Oxfam finit par admettre que sa réaction alarmiste a peut-être été un peu précipitée car l’organisation n’avait pas été autorisée a aller sur le terrain estimer les besoins réels des rescapés. Dans un rapport publié par l’ONG en 2009, Tanja Schuemer-Cross et Ben Heaven Taylor récidivent cependant en prétendant qu’à l’échelle mondiale, le nombre de victimes de catastrophes naturelles dues aux changements climatiques va passer en moyenne de 250 à 375 millions par an d’ici à 2015 : une crise « sans précédent » selon eux. A la suite du tremblement de terre de Port-au-Prince en 2010, remarquent encore Timothy Schwartz et al., Oxfam, qui a perdu un employé local lors du sinistre, reprend sans précaution les chiffres du gouvernement haïtien, qui ont manifestement été gonflés en vue d’obtenir des financements de la communauté internationale.
 
-Janvier 2009, Israël/Palestine : avec Broederlijk Delen, le CAFOD, le CCFD, Christian Aid, la FIDH, Medico International, Muslim Aid, Trócaire et la section britannique de World Vision, Oxfam International condamne l’offensive de Tsahal contre le Hamas, dénonce la dégradation de la situation sanitaire des Palestiniens et appelle l’Union européenne à suspendre la procédure de renforcement de ses accords de coopération avec Israël jusqu’à la réouverture d’un accès humanitaire à la bande de Gaza et l’acceptation d’un cessez-le-feu par les toutes les parties au conflit. La mobilisation des ONG intervient en l’occurrence à la veille d’un sommet informel des ministres européens des Affaires étrangères à Prague.