>
Comité inter-mouvements auprès des évacués
>
Historique

Comité inter-mouvements auprès des évacués - Historique




Années 1940


-1940-1943, France : le CIM prend officiellement le nom de CIMADE en avril 1940 et transfère provisoirement son siège à Nîmes après l’armistice du 22 juin 1940, l’invasion du Nord du pays par les troupes allemandes et l’instauration, dans la zone Sud, du régime de Vichy. Le Comité favorise d’abord le retour des évacués de septembre 1939 qui souhaitent revenir en Alsace-Lorraine, région de facto annexée par l’Allemagne. Puis, sous le nom d’Assistance protestante, la CIMADE aide les personnes internées dans des camps du Sud de la France à Gurs, Rivesaltes, Récébédou, Nexon, Rieucros et Brens-Gaillard : réfugiés de la guerre d’Espagne, Juifs, Tziganes, communistes, intellectuels allemands ayant fui le nazisme et, bientôt, Européens de l’Est employés par la Wehrmacht à la construction du Mur de l’Atlantique. Le Comité n’essaie pas de travailler dans le Nord sous contrôle allemand de peur qu’une interdiction ne compromette aussi ses programmes en " zone libre ". L’internement de civils ne suscite pas moins de vives réactions. Tandis que Marc Boegner proteste publiquement contre la loi du 3 octobre 1940 sur le statut des Juifs, Madeleine Barot participe, en septembre 1941, aux rencontres de Pomeyrol avec Visser’t Hooft, un pasteur hollandais qui organise la résistance au nazisme en assurant la liaison entre les pays libres et occupés d’Europe occidentale. Les thèses dites de Pomeyrol, qui sont lues en chaire à partir de mai 1942, déclarent que "l’Eglise considère comme une nécessité spirituelle la résistance à toute influence totalitaire et idolâtre". Avec des financements américains, suisses et suédois, la CIMADE essaie notamment de négocier l’accueil en résidence surveillée des personnes âgées, des malades, des femmes et des enfants internés dans les camps du Sud de la France, ce qui leur évite d’être déportés. En avril 1942, les autorités de Vichy accréditent de tels centres d’hébergement au Coteau Fleuri près de Chambon-sur-Lignon, au Mas du Diable près de Tarascon, à Vabre dans le Tarn et au Foyer Marie-Durand à Marseille. Avec l’Œuvre de Secours aux Enfants, la CIMADE contribue aussi à l’évasion des Juifs enfermés au camp de Vénissieux au moment de la grande rafle du 26 août 1942 à Lyon. Le sauvetage s’opère légalement lorsqu’il s’agit de siéger à une commission chargée officiellement d’exempter certains prisonniers de la déportation. Mais il ressort de la clandestinité quand, avec la complicité du clergé local, il s’agit de faire signer aux adultes internés des actes de délégation de paternité en faveur d’une association catholique, Amitié chrétienne. La nuit, un sabotage électrique dans la gare de Vénissieux permet par exemple de récupérer 84 enfants qui sont exfiltrés vers la Suisse ou cachés en France dans les foyers d’accueil de la CIMADE, en particulier à Chambon-sur-Lignon. Avec l’occupation allemande de la zone dite "libre" en novembre 1942 et le durcissement des autorités de Vichy, qui interdisent l’accès à certains camps du Sud de la France à partir de juin 1943, le Comité achève d’entrer en résistance, fabriquant de faux papiers et accompagnant jusqu’en Suisse les Juifs menacés de déportation. Dans le camp de Nexon, une jeune volontaire de la CIMADE, Laurette Monet, facilite ainsi l’évasion de trois détenus en mai 1943. Invoquant un devoir de désobéissance, des réseaux protestants vont, eux, jusqu’à aider les maquisards et organiser la fuite de résistants, de jeunes réfractaires au Service du Travail Obligatoire et même d’un déserteur autrichien. La CIMADE se refuse cependant à user de la violence et interdit à ses "équipiers" de porter des armes. Ceux-ci sont parfois arrêtés à la frontière suisse et mis en prison ; l’un d’entre eux, Jacques Saussine, meurt en septembre 1942 à cause d’une crise d’appendicite mal soignée dans le camp de Récébédou.

-1944, France : alors que les troupes alliées libèrent le pays du joug allemand, la CIMADE secourt les victimes de bombardements en Normandie et dans la région Nord. A la demande du Conseil National de la Résistance en juillet, le Comité intervient aussi dans les camps de civils allemands et de collaborateurs français à Drancy, Ecrouves et Poitiers. La CIMADE travaille également dans les prisons de Noé et Clermont de l’Oise où sont détenus les criminels et prisonniers de guerre allemands.

-1947, Chine : pour la CIMADE, qui avait reçu des financements de l’Union chrétienne des jeunes gens pendant la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Barot participe à la réunion internationale des YWCA à Hangshow. Son voyage est payé par le ministère des Affaires étrangères à Paris, qui l’a chargée d’identifier les réfugiés russes qui demandent l’asile et veulent quitter la concession française en Chine.

-1947-1953, Allemagne : la CIMADE œuvre à la réconciliation dans la zone d’occupation française. En octobre 1947 à Mayence, ville détruite à 80% par les bombardements alliés, elle inaugure un premier foyer d’accueil qui fermera ses portes en 1951 et qui est suivi d’expériences similaires à Ludwigshafen et Bonn. En avril 1953 à Berlin, la CIMADE ouvre également un centre pour les réfugiés venus d’Europe de l’Est.