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Comité inter-mouvements auprès des évacués
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Historique

Comité inter-mouvements auprès des évacués - Historique




Années 1970


-1970, France : la CIMADE participe à la fondation de l’association France Terre d’Asile. Une sorte de partage des taches s’instaure bientôt, avec la gestion de l’accueil des réfugiés dans l’Hexagone pour la CIMADE et le lobbying en faveur du droit d’asile pour France Terre d’Asile.

-1972, France : le père jésuite André Legouy, qui s’occupait depuis 1969 du département des migrants à la CIMADE, s’en va fonder une organisation beaucoup plus radicale sur la question du droit des étrangers, le GISTI (Groupement d’information et de soutien aux travailleurs immigrés). Proche des militants algériens du FLN (Front de libération nationale), le prêtre est connu pour sa virulence et a été l’aumônier d’Ahmed Ben Bella à la prison de Fresnes, d’où le ministère de la justice l’avait congédié en 1963 à cause de ses déclarations politiques. En 1977, la CIMADE finit par renvoyer André Legouy car son intransigeance entrave les négociations menées avec le gouvernement pour accueillir les réfugiés en provenance d’Amérique latine et d’Asie.

-1973-2000, Chili : la CIMADE facilite l’évacuation des opposants à la dictature du général Augusto Pinochet. Avec la transition démocratique et le retour des militaires dans les casernes à partir de 1990, le Comité soutient ensuite l’association Vamos Mujer, qui œuvre en faveur de la réinsertion professionnelle des détenues politiques libérées de prison.

-1974, France : la CIMADE décide d’arrêter d’envoyer des expatriés dans les pays du Sud et passe le relais à des partenaires locaux. Cette année-là, elle accompagne par exemple la formation d’Union Solidarité Entraide à partir de sa mission de Dakar, qui avait été enregistrée comme une association de droit sénégalais sous le nom de « Service oecuménique d'entraide » en 1961. De même à Alger, où, dès 1963, la CIMADE avait réduit sa présence sous la forme d’une participation au CCSA (Comité chrétien de service en Algérie), Paris soutient le lancement de Rencontre & Développement (Comité de coopération et de service en Algérie), qui accueille les migrants en provenance d’Afrique noire et qui deviendra une ONG locale vers 1979.

-A partir de 1976, France : la CIMADE intègre dans ses statuts la lutte contre le racisme et la défense des exploités. En 1977, le Comité commence à appuyer les associations des diasporas africaines, d’abord à destination du Mali, puis du Sénégal. En 1980, la CIMADE soutient par exemple la fondation, en France, de l’ALDA (Association pour la Liaison et le Développement d’Agnam), un groupement d’émigrés sénégalais. En 1983, le Comité participe également au lancement de l’AMADE (Association malienne pour le développement) et de l’URCAK (Union régionale des coopératives agricoles de Kayes). D’autres suivront : l’ARKF (Association des Ressortissants du Kaniaga en France) et la CAMSEL (Coopérative Agricole Multi-fonctionnelle de Sélingué) au Mali ; l’ADO (Association pour le développement d’Ourossogui) au Sénégal.

-Depuis 1977, Liban : alors que la guerre civile prend de l’ampleur, la CIMADE soutient d’abord les efforts de médiation du Mouvement social libanais, créé en 1957 par Mgr Grégoire Haddad, l’évêque grec catholique de Beyrouth, bientôt nommé à Tyr parce que son militantisme gêne la hiérarchie ecclésiastique. Dans le même ordre d’idées, la CIMADE appuie le Mouvement pour les Droits Humains qui, en 1988, prend le relais du Mouvement social libanais en vue de promouvoir le mariage civil et les relations harmonieuses entre les communautés religieuses. Dans les camps de réfugiés palestiniens d'Aïn el-Helweh, Chatila, Rachidieh, Borj el-Shemali et el-Bass, la CIMADE travaille par ailleurs avec deux associations : Beit Atfal as Somoud, qui assiste les familles des " martyrs ", et le Secours social Najdeh, une émanation du FDLP (Front démocratique pour la Libération de la Palestine) qui aide les femmes dans le besoin depuis 1977. Certains de ces sites sont en l'occurrence des fiefs islamistes. Etabli par le CICR (Comité International de la Croix Rouge) en 1949 à l'emplacement d'un camp construit par les Français dans la banlieue de Saïda pour les réfugiés arméniens en 1930, Aïn el-Helweh, par exemple, est contrôlé par le Fatah de Yasser Arafat jusqu'à l'invasion israélienne du Liban en 1982. Par la suite, il est repris en main par des prédicateurs salafistes hostiles à l'OLP (Organisation de Libération de Palestine) et à la secte « hérétique » des Ahbâsh. On y trouve notamment des cheikhs qui prêchent la guerre sainte (jihad) contre l'ennemi sioniste, tels Abdallah Hallâq, qui est proche du Hezbollah pro-iranien, Moharram al-'Arïfï, qui est membre du Front islamique de cheikh Mâher Hammoud, et Jamâl Suleyman Khattâb, le fondateur du Mouvement islamique combattant (al-harakat al-islâmiyya al-mujahida) et un ancien comptable de l'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) renvoyé en 1993 après avoir été condamné par un tribunal de Saïda pour incitation à la haine religieuse. Le camp d'Aïn el-Helweh, dont le seul hôpital est géré par le Hezbollah, compte également une milice locale qui, pour des raisons d'incompatibilité confessionnelle entre les sunnites libanais et les chiites iraniens, se débarrasse de la tutelle de Téhéran et prend en 1991 le nom de « Ligue des Partisans » ('Usbat al-Ansâr). Formée d'hommes qui ont combattu les troupes israéliennes en 1982 et les chrétiens des Forces libanaises en 1985 puis de l'ALS (Armée du Liban-Sud) en 1990, elle organise l'assassinat du chef de la secte des Ahbâsh, cheikh Nizâr al-Halabi, en 1995. Enfin, une autre faction islamiste, le Fatah Al-Islam, apparaît dans le camp en 2006.

-1978-1998, Haïti : un an après s’être implantée dans l’île, la CIMADE lance une association de droit local, le Service œcuménique d’entraide, qu’elle va soutenir financièrement pendant vingt ans. Sous couvert de développement intégré, l’ONG s’occupe tout à la fois de santé, d’éducation, de repeuplement porcin, d’introduction de l’élevage du lapin, de vaccination, de réhabilitation nutritionnelle, de recherche médicale… et de lutte contre la dictature de Jean-Claude Duvalier, dit "Bébé Doc". "Dans un cadre souvent semi-clandestin", relate le numéro 42 de Causes communes, la CIMADE participe ainsi à sa manière, discrètement, "au renversement" de la dictature en février 1986. En 1990, l’organisation salue alors l’arrivée au pouvoir du président Jean-Baptiste Aristide, un prêtre défroqué en qui elle voit "l’espérance incarnée" et dont elle publie un long message dans un numéro spécial de Cimade Info consacré à Haïti en 1991. Mais celui-ci bascule à son tour dans le despotisme et devra partir sous la pression populaire en 2004.

-1979, Cambodge : avec l’invasion de l’armée vietnamienne, la chute du régime Pol Pot dévoile toute l’ampleur du génocide commis par les Khmers rouges et incite la CIMADE à s’engager dans le pays. Le 27 décembre 1979 dans le Quotidien du Médecin à Paris, le docteur Xavier Emmanuelli, président de MSF, dénonce alors les compromissions de la CIMADE, du CCFD et du SPF avec le régime fantoche de Heng Samrin, mis en place par les Vietnamiens à Phnom Penh. Seules ONG françaises à avoir été admises au Kampuchéa démocratique, ceux-ci ne travaillent que d’un côté et n’aident pas les réfugiés khmers sur la frontière thaïlandaise.