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Comité inter-mouvements auprès des évacués
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Historique

Comité inter-mouvements auprès des évacués - Historique




Années 1950


-1953, France : la CIMADE, qui poursuit ses visites en milieu carcéral, commence à s’occuper des détenus de droit commun et plus seulement des prisonniers politiques.

-Septembre 1955, France : la CIMADE démarre un programme d’aide pour les réfugiés d’Indochine dans les camps de Noyant (Allier), du Vigeant (Vienne) et de Sainte-Livrade (Lot et Garonne).

-Novembre 1956-septembre 1957, Hongrie : la CIMADE facilite l’installation de 10 000 réfugiés hongrois initialement accueillis en France dans des casernes et des camps militaires. A la demande du ministère français des Affaires étrangères, le Comité envoie brièvement une équipe distribuer des vivres à Budapest au moment de la répression soviétique.

-1956-1962, France : la CIMADE, qui s’occupe par exemple de 510 demandeurs d’asile albanais, entretient dans la banlieue parisienne deux foyers d’accueil pour les réfugiés en provenance d’Europe de l’Est. Parmi eux, on trouve encore de vieux « Russes blancs » qui ont fui la révolution bolchevique de 1917 et qui, avec l’aide de la Fondation Tolstoï, sont canalisés vers des établissements à Cannes, Saint-Raphaël et Le Perreux. Alors que la guerre d’indépendance prend de l’ampleur en Algérie, la CIMADE commence également à aider les communautés maghrébines à Marseille (quartier de la Porte d’Aix, cité de reclassement d’Arénas) puis à Paris, Lyon et Strasbourg. Le Comité, qui dénonce la torture en Algérie, s’occupe en particulier des immigrés condamnés pour des délits politiques, identifiés à Vincennes et détenus dans quatre centres d’assignation (Vadeney dans la Marne, Thol dans l’Ain, Saint-Maurice dans le Gard, Le Larzac dans l’Aveyron) qui contiennent jusqu’à 17 000 Nord-africains en 1962.

-1957-1963, Algérie : après avoir envoyé, en juin 1957, une première équipe à Alger et dénoncé, en mai 1959, les conditions de vie sordides dans les camps de regroupement imposés par l’armée française, la CIMADE se déploie dans l’arrière-pays. Elle y secourt d’abord les populations arabes de Médéa, au sud d’Alger, puis des « villages de la paix » gérés par les SAS (Sections administratives spécialisées) à Sidi Naamane et Belkitane. La distinction entre civils et combattants étant fort difficile à apprécier, la CIMADE se retrouve parfois à aider des agents du FLN (Front de Libération national) à se faire soigner dans des hôpitaux militaires français. De cœur, certains membres de la CIMADE sont favorables à l’indépendance, ce qui leur vaut d’être suspectés de « porter des valises » au profit des rebelles. D’après Roland Gaucher, un journaliste de droite, le secrétaire général de la CIMADE entre 1956 et 1968, Jacques Beaumont, est proche du Réseau Henri Curiel, qui soutient les mouvements de libération dans le monde arabe. Cela étant, la proximité politique de la CIMADE avec le FLN algérien répond pour beaucoup à des considérations pratiques en vue de venir au secours des victimes du conflit. « Si la CIMADE n’avait pas aidé le FLN en France, lit-on dans un document interne, elle n’aurait jamais eu la confiance des Algériens en Algérie ». La préoccupation de la CIMADE est d’abord humanitaire : en témoigne son champ d’action, qui n’est pas discriminant. Ainsi, le Comité aide à l’installation en France des pieds-noirs et des harkis qui fuient l’indépendance de l’Algérie en 1962, les premiers parce qu’ils sont perçus comme des colons, les seconds parce qu’ils ont servi de supplétifs à l’armée française. En Algérie, la CIMADE participe en revanche aux "chantiers populaires de reboisement" que mettent en œuvre Jean Carbonare et Charles Harper dans une optique socialiste.