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Comité inter-mouvements auprès des évacués
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Historique

Comité inter-mouvements auprès des évacués - Historique




Années 2000


-2000, France : faute de financements, la CIMADE ferme tous ses programmes en Amérique latine, un continent qui, avec les Caraïbes, avait pu accaparer jusqu’à 62% des transferts financiers du Comité à destination de ses partenaires du Sud en 1996. L’association recentre ses activités de solidarité internationale sur l’Afrique, le Moyen Orient et l’Europe de l’Est.

-2001, Israël/Palestine : dans des territoires où elle est présente par intermittences depuis la guerre des six jours en 1967, la CIMADE arrête de financer l’UPMRC (Union of Palestinian Medical Relief Committees), qui dispose déjà de fonds suffisants et concentre ses efforts sur la Cisjordanie au détriment de la bande de Gaza. L’UPMRC est l’ONG de Mustapha Barghouti, dirigeant de l’ex-parti communiste palestinien, membre du FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) et parent de Marwan Barghouti, lui-même leader des Tanzim, la branche armée du Fatah de Yasser Arafat. (Emprisonné quatre ans par les Israéliens en 1978, élu député du Conseil législatif de l’Autorité palestinienne en 1996, Marwan Barghouti a été la cheville ouvrière des deux Intifada de 1987 et 2001 avant d’être kidnappé par Tsahal à Ramallah en avril 2002 afin d’être jugé pour son rôle dans les attentats terroristes des brigades des martyrs d’al-Aqsa.) La CIMADE continue en revanche de soutenir le Badil Resource Center for Refugee Rights, la CFTA (Culture and Free Thinking Association) et le PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee), une organisation dont elle a appuyé la formation par un groupe d’agronomes dans la région de Jéricho en 1983. L'association intervient en l'occurrence dans un contexte politique trouble. Tandis qu'un groupe de travail du Parlement européen dénonce l'utilisation de l'aide pour financer des attaques contre Israël, les élections législatives de janvier 2006 compliquent encore les choses en amenant au pouvoir le Hamas, mouvement islamiste qui est placé sur la liste des organisations terroristes. Hostiles au nouveau gouvernement, les Etats-Unis, le Canada, l'Union européenne et le Japon décident alors de suspendre leur aide financière bilatérale à l'Autorité palestinienne et d'en déléguer une partie aux ONG. Soucieux de ne pas servir d'auxiliaire social à la politique étrangère des Etats occidentaux, la CIMADE décide en conséquence de se démarquer publiquement de ces sanctions. Dans un communiqué de presse publié en juin 2006 avec EMDH, le CCFD, le Secours catholique, MDM et ERM, l'association demande une reprise immédiate de l'aide européenne et condamne l'utilisation des ONG pour fournir des services publics, au risque de contribuer au démantèlement des institutions palestiniennes. A la différence de MSF, qui finance par des dons privés la totalité de ses opérations dans les territoires occupés, la CIMADE ne s'engage cependant pas à refuser des subventions de l'Union européenne ou des Etats-Unis pour l'année à venir.

-2002, France : président de la Fédération protestante de France de 1987 à 1997, membre de la mission nommée en 1988 par le Premier ministre pour assurer le dialogue en Nouvelle Calédonie après les incidents d’Ouvéa, le pasteur Jacques Stewart remplace Bernard Picinbobo à la présidence de la CIMADE.

-15 février 2003, France : la CIMADE participe à une manifestation à Paris contre les menaces de guerre américaine en Irak.

-22-26 mars 2004, Rwanda : à Paris, la CIMADE soutient la " commission d'enquête citoyenne " de l'ONG Survie à propos de la complicité présumée de la France dans le génocide de 1994. Créée en 1984 par François-Xavier Verschave et dirigée jusqu'en 1995 par Jean Carbonare, un protestant qui fut conseiller du président rwandais Pasteur Bizimungu de 1994 à 1998 , la section française de Survie dénonce l'enquête parlementaire conduite par le député socialiste Paul Quilès en 1998, qui s'est " autocensurée " et a innocenté le gouvernement Edouard Balladur au pouvoir en 1994. Indigné des " affirmations sans preuve ", du " parti pris " et des " considérations polémiques " de l'association, Paul Quilès refuse de venir témoigner à la barre de ce " tribunal " monté à l'occasion du dixième anniversaire du génocide. Le journaliste Pierre Péan, pour sa part, vilipende une entreprise qui absout de leurs crimes de guerre Paul Kagamé et le FPR (Front patriotique rwandais) alors même que ceux-ci sont très vraisemblablement à l'origine de l'événement déclencheur des pogroms contre les Tutsi, à savoir l'assassinat du président Juvénal Habyarimana. Lancée en 1999 avec le secrétaire général de la CIMADE, Gérard Sadik, et rejointe par Annie Faure, qui avait travaillé pour MDM au Rwanda en 1994, la " commission d'enquête citoyenne " fait en l'occurrence porter la responsabilité du génocide à la communauté internationale et notamment à la France du président François Mitterrand, qui est comparée à l'Allemagne nazie ! La démarche aboutit en février 2005 au dépôt de plaintes contre des militaires français ayant participé en juin 2004 à l'Opération Turquoise, qui était censée empêcher les massacres mais qui avait aussi facilité la fuite de criminels de guerre. A Paris, le tribunal des armées juge cependant que les plaintes ne sont pas suffisamment étayées pour ouvrir une information judiciaire.

-2007-2008, France : avec la Conférence européenne des Eglises protestantes, la CIMADE se mobilise en novembre 2007 contre une directive de l’Union européenne qui prévoit d’allonger à dix-huit mois la durée maximale de rétention administrative des immigrés clandestins avant leur expulsion. En juin 2008, l’association appelle à manifester à Paris contre le vote par le Parlement européen d’une directive dite du « retour », qui vise à harmoniser les modalités de rétention et d’expulsion des étrangers.

-A partir de 2009, France : en vertu d’un décret d’août 2008, la CIMADE perd son accès privilégié aux centres de rétention administrative pour apporter une aide juridique aux étrangers sans papiers avant leur expulsion. Le Comité, dont les critiques à répétition ont heurté le ministre de l’immigration Brice Hortefeux, s’inquiète en conséquence d’une « mise en concurrence des associations » qui permettrait, pour l’Etat, de diviser pour mieux régner. Selon son secrétaire général Laurent Giovannoni, cité dans Le Monde du 26 juillet 2008, le nouveau dispositif reviendrait à « émietter le soutien des personnes en rétention » et « interdirait toute vision d’ensemble du processus d’éloignement des étrangers ». Sous prétexte de casser une « situation de monopole », il réduirait également le rôle des intervenants extérieurs à une fonction d’information et non d’aide juridique. Soumises à des contrôles administratifs périodiques et à un devoir de réserve, sous peine de résiliation des contrats sans indemnités, les associations ne pourraient ni témoigner ni publier de rapports annuels sur les centres de rétention, comme le faisait la CIMADE. Soucieuses de ne pas entrer en concurrence avec d’autres ONG, la Croix-Rouge française et le Secours catholique refusent d’ailleurs d’être candidates à l’appel d’offres du ministère de l’immigration. Suite à une plainte de la Ligue des droits de l’homme, le tribunal administratif de Paris oblige quant à lui le gouvernement à revoir ses critères de sélection des associations et annule son appel d’offres en janvier 2009.