>
Fédération internationale des ligues des droits de l’homme
>
Commentaires

Fédération internationale des ligues des droits de l’homme - Commentaires




2) Le fonctionnement interne


-Issue d’une longue et riche histoire, la FIDH agit sur cinq principaux registres pour défendre les droits de l’homme : la publicité via des appels ou des communiqués de presse ; l’établissement des faits en mandatant des missions chargées de rapporter les exactions constatées ; l’action judiciaire en soutenant des plaintes devant les juridictions nationales ou internationales, notamment grâce au principe de compétence universelle en ce qui concerne les crimes contre l’humanité ; le lobbying, avec des représentations à Bruxelles et Genève, auprès des organisations intergouvernementales (United Nations Economic and Social Council, United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization, Comité des droits de l’homme au Conseil de l’Europe, Organisation internationale de la francophonie, Bureau international du travail, Union européenne, Union africaine, Union des Etats américains) ; la coopération juridique sous la forme de séminaires ou de tables rondes afin de consolider la société civile dans les Etats en voie de démocratisation.

-Contrairement à Amnesty International, la FIDH ne publie pas de rapport annuel sur la situation des droits de l'homme dans le monde. Elle organise plutôt au cas par cas des enquêtes de terrain qui durent habituellement entre trois jours et trois semaines. La FIDH envoie en l'occurrence des professionnels bénévoles, essentiellement des juristes. Sa "charte des chargés de mission" défend des principes d'objectivité et de rigueur. Selon la FIDH, "aucune information n'a jamais été infirmée, malgré de nombreuses tentatives de dénigrement, de discrédit ou d'intimidation". A la différence d'Amnesty International, les rapports ne sont pas soumis aux gouvernements concernés avant d'être publiés, et les observateurs, généralement au nombre de trois ou quatre (au lieu d'un dans les années 1970 et 1980), peuvent pénétrer dans un pays clandestinement. Quelques-uns ont d'ailleurs été expulsés, par exemple en 2002 en Israël et en 1997 au Mexique, lors d'une enquête sur les violations des droits de l'homme dans l'Etat du Chiapas. D'autres ont été interdits de territoire, comme en Tunisie et en Mauritanie, ou se sont vus refuser la délivrance d'un visa, comme au Cameroun, en Biélorussie et en Algérie. Président d'honneur de la FIDH, l'avocat Patrick Baudoin a par exemple été refoulé à trois reprises de Tunisie, en 1996, 2000 et 2004. Dans les régimes autoritaires, les membres des associations affiliées à la FIDH sont, eux, encore plus vulnérables ; certains ont été tabassés, emprisonnés ou même tués, tels Abdel Hareth Madani, un avocat de l'Egyptian Organization for Human Rights, Youssef Fathallah, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, Marianela García Villas, de la Comisión de Derechos Humanos de El Salvador, et maître Joseph Behidi, le vice-président de la Ligue tchadienne des droits de l'homme. Président de l’association turque de défense des droits de l’homme IHD (Insan Haklari Dernegi), Akin Birdal a quant à lui échappé de peu à une tentative d’assassinat le 12 mai 1998.

-Reconnue d’utilité publique par un décret français du 27 septembre 1983, la FIDH joue un rôle complémentaire relativement aux ONG qui, dans les pays en crise, fournissent une assistance matérielle et ne peuvent pas toujours dénoncer les exactions dont elles sont témoins, sous peine de compromettre la poursuite de leurs programmes de secours. Sur le terrain, la Fédération collabore parfois avec de telles associations, par exemple en mai 2002 et mai 2004 avec MDM dans les territoires occupés par l'armée israélienne. Faute d'avoir directement accès aux détenus ou aux victimes, cela permet à la FIDH de recueillir des témoignages de seconde main : ainsi, le rapport publié le 17 juillet 2003 sur les prisonniers politiques palestiniens est essentiellement une synthèse des informations obtenues auprès de treize ONG locales. De façon ponctuelle, la FIDH coopère également avec d’autres organisations de défense des droits de l’homme comme Human Rights Watch aux Etats-Unis à propos du Rwanda après 1994 ou Memorial en Russie à propos de la Tchétchénie en 2000. D’une manière générale, cependant, la Fédération travaille surtout avec ses correspondants ou membres affiliés. La plupart des missions d’enquête sont montées à la demande de ceux-ci.

-La FIDH est engagée dans un effort de professionnalisation et compte désormais une quarantaine de salariés au siège en 2010, contre deux en 1990.