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Young Men’s Christian Association - Commentaires




8) Les relations avec les forces militaires


-C’est dans son rapport avec les forces militaires que le positionnement politique du mouvement s’apprécie le mieux. La YMCA, en particulier, a souvent tenu un discours patriotique. Les éléments de langage de ses dirigeants le montrent à leur manière, par exemple lorsqu’un ancien secrétaire général de son Alliance mondiale à Genève, Paul Limbert, comparait le défi de la modernité laïque à une bataille militaire. Encore récemment dans leur rapport d’activités pour l’année 2004, les YMCA militaires des Etats-Unis expliquaient pour leur part comment leur engagement aux côtés des soldats déployés en Afghanistan et en Irak les rendait « fières d’être américaines ». De ce point de vue, le mouvement n’est absolument pas neutre. Le cas de John Mott, responsable de la YMCA américaine, est particulièrement significatif. Le 27 juin 1917 lors d’une mission officielle en Russie pour le compte du président Woodrow Wilson, celui-ci devait encourager publiquement les cosaques à voter la poursuite de la guerre contre l’Allemagne afin de soutenir l’effort militaire des Etats-Unis contre Berlin. Reproduit dans la presse, ses déclarations lui valurent d’ailleurs de sévères remontrances de la part du mouvement, notamment en Suisse et en Suède, pays neutres. De février à avril 1918, le ministère de la Guerre à Berlin prit en effet des mesures de rétorsion en interdisant aux YMCA de continuer à ravitailler les prisonniers de guerre alliés en Allemagne et allemands en France, Grande-Bretagne et Suisse. Après l’armistice, les associations locales et le président du mouvement étudiant chrétien Georg Michaelis, éphémère chancelier du Reich en juillet-octobre 1917, ont ensuite demandé en vain la démission de John Mott à la tête de l’Alliance mondiale des YMCA.
 
-La YMCA américaine a certainement été une des plus bellicistes au sein du mouvement. Avec 319 volontaires médaillés pour leur bravoure sur le front pendant la Première Guerre mondiale, elle a adhéré sans réserve à l’engagement militaire des Etats-Unis contre l’Allemagne à partir de 1917. Les magazines qu’elle a publiés pour l’armée de terre (Trench and Camp) ou la marine nationale (The Marine) étaient clairement destinés à soutenir le moral des soldats. Son alignement sur la politique de la Maison Blanche était tel qu’il a fini par l’assimiler à une organisation militaire. En juillet 1918, l’assistant du secrétaire d’Etat du Wisconsin, Louis Nagler, a ainsi été condamné à trente mois de prison au pénitencier de Leavenworth, dans le Kansas, parce qu’il avait critiqué la Croix-Rouge américaine et la YMCA en refusant de leur donner de l’argent. D’origine allemande et admirateur déclaré du sénateur pacifiste Robert La Follette, qui était opposé à l’intervention militaire en Europe, Louis Nagler est tombé sous le coup de la loi contre l’espionnage alors qu’officiellement les organisations humanitaires ne relevaient pas du secret défense. Mais le juge a estimé que les volontaires de la Croix-Rouge américaine et de la YMCA étaient de facto parties prenantes de l’armée.
 
-Dans le même ordre d’idées, il s’avère que les YMCA et les YWCA se sont étendues à travers le monde en suivant l’avancée des troupes occidentales et la conquête coloniale. En Chine à la fin du XIXème siècle, par exemple, elles ont approuvé la diplomatie de la cannonière de leur pays et ne se sont guère exprimées contre le système d’exploitation des concessions européennes. Les premières expatriées de la YWCA américaine, relate Jane Hunter, y ont fait preuve de condescendance et d’impérialisme culturel, tandis que leurs homologues masculins ont renoncé à toute neutralité pour soutenir les troupes occidentales au moment de la révolte des Boxers en 1900. Dans la foulée, la YMCA américaine devait ensuite établir des foyers pour les soldats de son pays à Pékin puis Hankou à partir de 1919, Chefoo à partir de 1921, Shanghai à partir de 1923 et Tientsin de 1919 à 1934. Au sortir de la Première Guerre mondiale, encore, elle a monté à Harbin en 1918 une association locale organisée par des secrétaires arrivés en Mandchourie dans les fourgons de l’armée américaine de Sibérie. Les YMCA d’autres pays n’ont pas été en reste. Au Tonkin, les UCJG françaises ont établi une association à Hanoi en 1899 pour les soldats de leur armée, avant de collecter de l’argent en faveur des troupes chargées de mater la révolte des Boxers en Chine en 1900. Initialement destinées à organiser l’accueil des immigrés européens dans une colonie de peuplement, les YMCA australiennes ont, pour leur part, accompagné les corps expéditionnaires envoyés en Afrique du Sud pendant la guerre des Boers en 1900, en Chine lors de la révolte des Boxers en 1901 et en Turquie au moment de la bataille des Dardanelles en 1915. En Australie, elles ont alors pérennisé leur présence dans les casernes en établissant des foyers du soldat, d’abord une simple tente dans le camp de Burrumbeet à Easter près de Ballarat en mars 1904, puis un baraquement à Fort Queenscliff près de Point Lonsdale en août 1914. Avec un budget en forte augmentation pendant la Première Guerre mondiale, elles ont ainsi été amenées à délaisser leurs activités sociales auprès des civils.
 
-A l’époque, la YMCA anglaise a également suivi l’avancée des troupes de son pays pour renforcer ses implantations outre-mer, notamment en Egypte et en Palestine. En Irak, elle a ouvert des foyers du soldat dès que la ville de Bagdad a été occupée par les forces britanniques en mars 1917, avant de s’étendre à Bassorah et Kurna en mai suivant. Alors que Londres prenait possession du pays, placé sous mandat de la Société des Nations, elle n’a cependant pas réussi à s’ouvrir aux autochtones. En 1920, relatent Frank Ross et al., la YMCA de Bagdad servait « quasi-exclusivement à soigner les troupes coloniales britanniques ». Elle devait ensuite disparaître. De ce point de vue, la YMCA américaine a été plus heureuse lorsqu’elle a accompagné les troupes de son pays pour s’étendre à Cuba et aux Philippines lors de la guerre contre le colonisateur espagnol en 1898. En Europe de l’Est, elle a également profité de son soutien aux soldats américains pour s’implanter en Pologne, en Roumanie et en Tchécoslovaquie au sortir de la Première Guerre mondiale. En 1919, la YMCA d’Estonie devait être la seule de la région à ne pas découler d’un programme militaire malgré la présence d’un expatrié américain, Herbert Sidney Gott, qui supervisa la création d’un comité national à Tallinn en 1925 avant de céder la direction de l’association à des autochtones, Herbert Tönisson puis Arthur Kasak à partir de 1933 et 1938 respectivement.
 
-En temps de guerre, en revanche, les activités du mouvement ont surtout concerné les militaires, plutôt que les civils. A la différence des autres organisations humanitaires, la YMCA s’est en effet spécialisée sur l’aide aux soldats et son assistance aux prisonniers de guerre a été négligeable. Pendant la Première Guerre mondiale, par exemple, elle a ravitaillé 90% des cantines militaires approvisionnées par des associations caritatives, contre 2% seulement pour ses rivaux de l’Armée du Salut. Selon Sherwood Eddy, la YMCA est ainsi aux combattants ce que la Croix-Rouge est aux blessés ou aux prisonniers de guerre. Le décalage est saisissant. Sur un total de $20,5 millions de fonds collectés par la YMCA canadienne entre août 1914 et décembre 1922, explique Charles Bishop, seulement $100 000 ont servi à assister les prisonniers de guerre. Il en va de même pour la YMCA américaine. Pendant toute la durée du conflit, celle-ci n’a engagé que 65 secrétaires pour s’occuper des prisonniers de guerre, contre 26 000 pour les soldats au combat ! Considérée comme une affaire intérieure, l’aide aux prisonniers de guerre entre les mains des Américains n’a pas été confiée à son Foreign Department et a paradoxalement été plus compliquée à négocier auprès des autorités que l’assistance aux troupes engagées sur le front. Devenues très puissantes et quasiment autonomes, les YMCA militaires, elles, ont ensuite eu du mal à rentrer dans le rang et à repasser sous la coupe du siège à New York à partir de janvier 1925, quand la « division outre-mer » du Conseil de Guerre des YMCA américaines a fusionné avec son département des affaires étrangères.

-En pratique, le mouvement a en fait été un auxiliaire des armées pendant les deux guerres mondiales. Pour aider les soldats, les YMCA française, canadienne, japonaise et britannique ont dès 1914 signé des accords avec leurs gouvernements respectifs, suivies de leur homologue américain au moment de l’entrée en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne en 1917. Leur engagement aux côtés des militaires a été sans failles. Aumônier auprès des objecteurs de conscience emprisonnés en Grande-Bretagne pendant la Première Guerre mondiale, John Graham note par exemple que la YMCA a été encore plus dure que l’armée à l’égard des jeunes qui refusaient de servir sous les drapeaux. Son assistance aux militaires s’est alors déployée au détriment des civils. La YMCA de Norwich, expliquent Charlotte Barringer et Peter Larter, a ainsi suspendu ses programmes habituels car elle s’est entièrement dédiée aux soldats britanniques. En remerciement, un bombardier américain stationné dans la région a d’ailleurs été repeint aux couleurs de l’organisation en 1945. Au printemps 1999, cette même YMCA de Norwich devait ensuite ouvrir une tente en Bosnie pour assister des soldats britanniques accueillant des réfugiés en train de fuir les combats du Kosovo.
 
-C’est aux Etats-Unis pendant la Première Guerre mondiale que le rôle stratégique de la YMCA a été le plus évident. De l’aveu même d’un rapport de l’armée cité par Charles Howard Hopkins, l’organisation y a en effet joué « une fonction militaire plus que d’assistance sociale ». Les Etats-Unis ayant été pris de court par une entrée en guerre précipitée contre l’Allemagne en 1917, la YMCA a d’abord facilité la mobilisation et le mouvement des troupes vers la France. Sur le plan logistique, elle s’est occupée des loisirs, du ravitaillement et de la maintenance du matériel non militaire. Ses red triangle services ont alors exercé une fonction disciplinaire en maintenant le moral des troupes et en servant à empêcher les soldats en permission d’aller se saouler, d’attraper des maladies vénériennes au bordel et de se disperser au risque de ne pouvoir être rappelés rapidement en cas d’offensive allemande. Grâce à ses cours d’éducation sexuelle, la YMCA a permis à l’armée américaine d’enregistrer un des plus faibles taux de prévalence de maladies sexuellement ransmissibles dans les rangs des Alliés. Partant, elle a entrepris d’instruire des soldats qui, pour un grand nombre d’eux, étaient analphabètes et incapables de lire un ordre écrit.
 
-Sur le front intérieur, la YMCA américaine a aussi joué un rôle important en mobilisant des fonds en faveur de l’effort de guerre grâce à des spécialistes comme Arnaud Cartwright Marts, qui devait d’ailleurs terminer sa carrière en tant que responsable de la défense civile en Pennsylvanie de 1940 à 1942 puis chef des gardes-côtes réservistes de 1943 à 1945. Dans le même ordre d’idées, le mouvement a incité les civils à aller travailler dans les industries de défense. La YWCA n’a pas été en reste à cet égard. Elle a ainsi demandé une dérogation au code du travail pour que les femmes soient autorisées à être employées dans les usines d’armements. On retrouve d’ailleurs un pareil élan patriotique pendant la Seconde Guerre mondiale quand, sous la direction respectivement d’Anna Virena Rice et Hilda Newhouse, les YWCA américaine et britannique ont convié leurs membres à soutenir l’effort de guerre. Bien que quaker et a priori pacifiste, la présidente de la YWCA des Etats-Unis de 1940 à 1946, Mary Shotwell Ingraham, alla même jusqu’à s’occuper du recrutement des femmes d’officiers pour les corps auxiliaires de l’armée. A la fin de son mandat de secrétaire générale de l’Alliance mondiale des YWCA en 1947, Ruth Frances Woodsmall répondit quant à elle à une demande de l’armée américaine pour impliquer les femmes dans la dénazification et la démocratisation de l’Allemagne occupée.

-De fait, le mouvement a poursuivi des activités militaires au sortir des conflits et en temps de paix. Après l’armistice de 1918, par exemple, la YMCA américaine a entrepris de faciliter les opérations de démobilisation des troupes de son pays. En Europe, elle s’est occupée des loisirs des soldats désoeuvrés dans l’attente de leur rapatriement. Aux Etats-Unis, elle leur a donné des bourses d’études pour les aider à aller à l’université et à se reconvertir à la vie civile. Sur le plan sanitaire, elle a par ailleurs aidé à soigner les victimes de l’épidémie de grippe espagnole qui furent placés en quarantaine dans des casernes une fois de retour au pays : 35 de ses secrétaires moururent de maladie à cette occasion. La YMCA américaine a ensuite joué un rôle stratégique en s’occupant des loisirs dans les camps des prisonniers de guerre russes abandonnés par l’armée allemande, sujets à la propagande bolchevique et pris en charge par les Alliés de février à août 1919. A l’époque, l’objectif était en effet de freiner les opérations de rapatriement pour ne pas alimenter les forces communistes.
 
-D’une manière générale, la YMCA américaine a pérennisé ses activités militaires en temps de paix, tant aux Etats-Unis qu’à l’étranger. En juin 1946, l’association de New York a par exemple inauguré un établissement, le Walter Hervey Junior College, pour former et aider les vétérans de la Seconde Guerre mondiale à trouver du travail pendant les dix années à venir. Suite à une demande du ministère de la Défense, encore, la YMCA américaine a développé en février 1957 un programme éducatif pour encourager les jeunes à respecter l’institution militaire et à s’engager sous les drapeaux. A l’étranger, elle a par ailleurs maintenu une présence dans les casernes de l’armée américaine outre-mer, par exemple en Allemagne de l’Ouest ou dans la zone militaire du canal de Panama, où la YWCA avait également établi en 1919 des foyers qui revinrent aux autorités du pays quand les Etats-Unis commencèrent à y abandonner leurs positions en 1982.

-A titre individuel, des volontaires du mouvement ont aussi pu être tentés par le recours à la violence. Pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple, le Français Philippe Maury et le Norvégien Andreas Shanke de la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Étudiants (WSCF) ont choisi la voie de la lutte armée contre les nazis. Du côté de la YMCA polonaise, Tadeusz Paczkowski (1912-1986) a, pour sa part, soutenu la résistance contre l’occupant allemand : capturé par l’armée, il a été envoyé dans un camp de travail forcé en Alsace-Lorraine, d’où il est parvenu à s’échapper à deux reprises, à chaque fois pour être rattrapé peu après. Dans un tout autre contexte, Mohamed Saleh, qui logeait dans une chambre de la YMCA à Jérusalem, a été arrêté par la police israélienne en janvier 1993 et accusé d’avoir transféré $100 000 de la Fondation de « l’assistance bénie » (Muwafaq al Khairiya) aux combattants islamistes du Hamas à Gaza et en Cisjordanie. Parce qu’il aurait été le représentant du Hamas aux Etats-Unis, la justice américaine s’est alors saisie de son cas et a fini en 1998 par geler les avoirs du Quranic Literacy Institute, qui avaient pour partie été placés dans des lotissements du comté de DuPage grâce aux prêts de la Fondation Muwafaq.
 
-Sur le plan institutionnel, certaines sections du mouvement ont par ailleurs pu justifier des interventions militaires au nom de l’humanité. Tardivement suite au génocide des Arméniens de Turquie en 1915, la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Étudiants (WSCF), réunie en convention à Pékin en 1922, appellait ainsi la communauté internationale à réagir pour « faire cesser immédiatement les massacres » par tous les moyens possibles. D’autres sections du mouvement ont quant à elles cautionné l’usage de la violence révolutionnaire en cédant à la mode du tiers-mondisme. Lors de ses assises nationales en 1970, la YWCA américaine s’est par exemple engagée à « éliminer le racisme par tous les moyens », sans exclure, donc, le recours à lutte armée, comme en Afrique du Sud. Dans le même ordre d’idées, elle a soutenu les boycotts du MECHA (Movimiento Estudiantil Chicano de Atzlan), un mouvement étudiant lancé en avril 1969 par une de ses égéries et militantes d’origine mexicaine, Margarita Mendoza de Sugiyama. Hostile à toute forme d’assimilation, celui-ci réclamait l’autodétermination de la nation « chicana », c’est-à-dire des descendants d’immigrés mexicains aux Etats-Unis. Malgré la violence de ses propos, Margarita Mendoza de Sugiyama a alors été élue en 1971 à la tête de la YWCA étudiante américaine, qu’elle a dirigée jusqu’à son remplacement en 1990 par une de ses collègues, Maya Bellon.

-Historiquement, pourtant, le mouvement a aussi abrité une composante pacifiste. Parmi les quinze points que les YMCA américaines adoptèrent en 1919 pour affirmer leur engagement social, l’un d’entre eux, réitéré en 1931, visait par exemple à bannir la guerre et privilégier la coopération internationale en appellant les grandes puissances à réduire leur arsenal et leurs achats d’armes. Dans le même ordre d’idées, la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Étudiants (WSCF) votait à Pékin en 1922 une résolution condamnant le recours à la guerre pour résoudre les conflits internationaux. Plus modestement, les UCJG françaises ont vaguement pris position en faveur des objecteurs de conscience lors de leur quatrième conférence nationale à Saint Jean du Gard en 1876. A coups de pétitions à la Chambre des députés, elles se sont surtout mobilisées autour d’un projet de loi qui n’a jamais abouti et qui visait à mettre un terme à l’obligation faite aux soldats protestants d’assister à des messes catholiques, sous peine de punition.
 
-C’est surtout aux Etats-Unis que le tournant pris contre la guerre a été le plus impressionnant au vu des engagements militaires passés. Dès 1949, rapporte Nancy Boyd, la YWCA américaine déclinait ainsi une demande de l’armée américaine en vue d’ouvrir des foyers de soldats à Ryukyus au Japon. Par la suite, l’opposition à la guerre du Vietnam a beaucoup contribué à structurer le refus du tout-militaire. Lors de la première crise du Golfe en 1991, par exemple, le mouvement a réclamé un cessez-le-feu immédiat et demandé aux Nations Unies de ne pas approuver l’emploi de la force par les Etats-Unis. Dans une déclaration de 2002, l’Alliance mondiale s’est ensuite prononcée contre la possibilité d’une intervention militaire américaine en Irak. Elle a notamment argué qu’il n’appartenait pas aux ONG de réparer les dégâts collatéraux des forces armées, affirmation qui ne manquait pas de sel au regard du soutien que les YMCA avaient l’habitude d’apporter aux soldats en guerre.

-Dans le même ordre d’idées, le mouvement a pu se prononcer contre certains types d’armements. Aux Etats-Unis, la YMCA a pris position en faveur d’une interdiction de la libre vente d’armes à feu. A Genève, l’Alliance a quant à elle essayé de jouer un rôle dans l’élaboration du traité d’Otawa qui, en 1998, a banni l’usage et la production de mines anti-personnel. Le mouvement n’a cependant décroché aucun contrat de déminage et est resté à l’écart de la dynamique interationale des ONG mobilisées sur le sujet, ceci malgré un appel de la YMCA d’Angola en 1994 et le financement de quelques programmes de sensibilisation. C’est en Asie et en Europe que les associations locales ont été les plus dynamiques. En novembre 1981, par exemple, la YMCA hollandaise a participé à une réunion du Conseil oecuménique des Eglises et à l’organisation d’une manifestation à Amsterdam pour condamner la bombe atomique et appeller au désarmement général. Favorables à une région du Pacifique entièrement dénucléarisée, les YMCA d’Asie n’ont pas été en reste. En juin 1981, elles ont sollicité leur homologue français pour interpeller le gouvernement de François Mitterrand et lui demander d’arrêter ses essais nucléaires à Mururoa. A l’occasion d’une réunion en Nouvelle Zélande en décembre 1987, elles ont ensuite renouvelé leur demande auprès du président Jacques Chirac. A l’initiative de la YMCA de Hiroshima, qui datait de 1938, le mouvement, enfin, a appelé à l’interdiction totale de l’arme nucléaire lors de son congrès mondial à Frechen près de Cologne en juillet 1998.