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American Friends Service Committee
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Historique

American Friends Service Committee - Historique




Années 1970


-1970-1983, Zambie : avec ses propres fonds, l’AFSC fait construire 228 maisons à Kafue, un quartier de Lusaka. L’expérience, qui s’achève en 1973, est ensuite étendue en 1974 à Chawama, des bidonvilles de la capitale qui sont des fiefs du parti unique, l’UNIP (United National Independence Party). Les constructions sont désormais financées par le gouvernement zambien et la Banque mondiale dans le cadre d’un projet d’habitat qui dure jusqu’en 1978. Par la suite, l’AFSC songe alors à se désengager faute de moyens. En janvier 1983, il transfère finalement ses programmes de logement à une ONG locale, HUZA (Human Settlements of Zambia).

-1971-1983, Etats-Unis : reprenant la lutte de l’AFSC et du SANE (Committee for a Sane Nuclear Policy), qui avaient obtenu en 1963 l’interdiction des expériences atomiques dans l’atmosphère, des Quakers affrètent des bateaux, le Phoenix puis le Golden Rule, pour aller protester contre des essais nucléaires américains à Amchitka dans les îles Aléoutiennes du golfe de l’Alaska. Mais leurs embarcations sont refoulées car les équipages sont de nationalité américaine. Ce sont donc des Canadiens qui, en restant dans les eaux internationales, parviennent à s’approcher du lieu des explosions et s’en vont fonder Greenpeace. La mobilisation antinucléaire et antimilitariste du Comité de Philadelphie n’est pas terminée pour autant. Directeur des campagnes de désarmement de l’AFSC, Terry Provance organise par exemple à Washington en octobre 1979 une « marche de la survie » contre le déploiement de missiles Pershing en Europe et dans le Pacifique. Philadelphie n’est pas en reste et voit à chaque fois défiler près de 15 000 personnes lors de diverses manifestations antinucléaires en 1981 et 1983.

-1972, Chine : l’AFSC envoie une délégation à Pékin, où Richard Nixon est le premier président américain à visiter officiellement le pays depuis l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949.

-1973-1985, Israël : pour le compte des Quakers, Sydney Bailey part en mission en janvier 1973 afin d’inciter Le Caire et Tel-Aviv à engager des négociations de paix. Ses efforts n’empêchent pas la guerre du Yom Kippour en octobre suivant. Le choix du médiateur quaker n’était sans doute pas très heureux. Sydney Bailey est en effet né d’une mère juive dans une famille apparentée à David Zvi Farbstein, l’organisateur du premier congrès sioniste avec Theodor Herzl à Bâle en 1897. Par la suite, l’AFSC n’essaie pas de renouveler l’expérience car il s’est aussi attiré l'inimitié des milieux juifs des Etats-Unis en dénonçant l’occupation des territoires palestiniens à partir de 1967. L’AJC (American Jewish Committee) et l’Anti-Defamation League (une officine de l’organisation B’Nai B’rith) critiquent notamment une étude qu’il a commandité à Landrum Bolling en 1968 et qui a été publiée en 1970. Malgré les secours prodigués aux Juifs d’Egypte en 1954 ou d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, l’AFSC est ainsi accusé de prendre systématiquement parti pour les Palestiniens en soutenant leur droit à l’autodétermination. Le Comité de Philadelphie ne fait pas illusion lorsqu’il se dit favorable à une reconnaissance officielle de l’Etat d’Israël par les pays arabes, en échange d’un retrait des territoires occupés. A en croire Marvin Maurer, les Quakers sont foncièrement hostiles à Israël et ont seulement admis son existence pour ne pas heurter de front le lobby sioniste aux Etats-Unis. En effet, le Comité de Philadelphie réclame une reconnaissance inconditionnelle de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) sans exiger au préalable que le mouvement de Yasser Arafat renonce au terrorisme et admette l’existence de l’Etat d’Israël. Dans un rapport publié par l’AFSC en 1982 et réédité en 1989, Everett Mendelsohn préconise pour sa part la création de deux entités étatiques séparées. En poste à Amman de 1982 à 1985, le représentant du Comité de Philadelphie au Moyen-Orient, Ronald Young, focalise quant à lui ses critiques contre la diplomatie américaine dans la région. Dans un ouvrage paru en 1987, il dénonce l’acceptation tacite de l’occupation du Liban par les troupes israéliennes et demande à Washington d’arrêter sa coopération militaire avec Tel Aviv. De telles propositions font le jeu de l’OLP car le Comité de Philadelphie n’a nullement les moyens d’exercer des pressions similaires sur l’Union soviétique, qui fournit des armes à ses alliés arabes dans la région, à commencer par la Syrie.

-Depuis 1974, Laos : l’AFSC envoie des vivres à toutes les parties en conflit. Après la victoire des communistes et l’établissement d’une république populaire à Vientiane en 1975, il décide ensuite de soutenir les Lao Theung et les Lao Soung, deux minorités des provinces septentrionales d’Oudomsay et Phong Saly. Sous l’égide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, il participe également au rapatriement des Hmong de la Thaïlande vers le Laos à partir de 1982. Il profite de l’occasion pour fournir des pelles destinées à déterrer les bombes et les mines que les combattants ont laissées et que les paysans risquent de heurter par mégarde avec leurs charrues. A la fin des années 1990, encore, l’AFSC entreprend d’aider les minorités montagnardes réinstallées de force dans la plaine. Ces programmes, expliquent remarquent Ian Baird et Bruce Shoemaker, ont des dessous stratégiques et servent les plans du gouvernement, qui compte sur les ONG étrangères pour pallier les déficiences de son administration, construire des infrastructures de base, détruire les champs de pavot et approvisionner les paysans privés de leurs terres. Sous prétexte de lutter contre la pauvreté et de promouvoir une agriculture plus moderne, le déménagement des minorités ethniques vise en réalité à contrôler des populations marginales et potentiellement rebelles en les intégrant à la nation lao et en gommant leurs spécificités culturelles. Les études disponibles montrent que la politique de réinstallation du gouvernement ne bénéficie pas aux paysans concernés. Au contraire, elle déracine des populations entières et contribue à aggraver la pauvreté, à dégrader l’environnement, à créer des conflits sociaux et à augmenter les taux de mortalité, qui sont parfois supérieurs de 30% à la moyenne nationale.

-1975, Etats-Unis : préoccupé par les connivences entre les grandes multinationales américaines et le complexe militaro-industriel à Washington, le bureau régional de l’AFSC en Nouvelle Angleterre commandite un rapport non sollicité qui, compilé par John Woodmansee, étudie le cas de la General Electric. En effet, cette compagnie développe des tendances monopolistiques, entretient des relations étroites avec le secteur nucléaire et produit d’importants composants électroniques pour l’armée. En outre, elle est accusée de ne pas respecter le droit du travail aux Etats-Unis comme en Afrique du Sud, où elle sous-paie ses employés noirs dans le cadre du régime ségrégationniste de l’apartheid. Les propositions de réforme étudiées dans le rapport de John Woodmansee n’excluent pas la nationalisation ou l’autogestion de telles entreprises, sans pour autant recommander l’instauration d’une économie planifiée de type communiste.

-A partir de 1976, Zimbabwe : soucieux de ne pas travailler au pays de l’apartheid en Afrique du Sud, l’AFSC préfère couvrir toute la région à partir de Salisbury (Harare), où il dispose depuis 1957 de représentants comme George Loft jusqu’en 1960, Lyle Tatum jusqu’en 1964 et Jim Bristol jusqu’en 1967. En Rhodésie du Sud, l’ancien nom du Zimbabwe, l’organisation s’inquiète en l’occurrence des ravages de la guerre civile qui oppose les nationalistes noirs au régime raciste de Ian Smith. D’octobre à décembre 1976, son délégué pour l’Afrique australe, Lyle Tatum, suit notamment les pourparlers de la conférence de Genève qui, ajournés pendant un moment, finissent par aboutir aux accords de paix de Lancaster House en mars 1978 et à l’indépendance du pays sous la houlette de Robert Mugabe en avril 1980. L’AFSC envoie également des observateurs aux élections d’avril 1979 puis mai 1980 qui permettent d’assurer la transition d’un régime à l’autre. D’après Sydney Bailey, l’analyse de la lutte de libération au Zimbabwe révèle cependant d’importantes dissensions avec le FSC. Tandis que les Américains de Philadelphie soutiennent l’insurrection des Noirs, quitte à entériner la lutte armée, les Britanniques de Londres préconisent des négociations avec le gouvernement, quitte à avaliser la légitimité d’un régime favorable à la domination des Blancs. Une fois l’indépendance acquise, l’AFSC démarre ensuite en janvier 1980 un programme d’assistance technique, le TAMAPSA (Technical and Material Assistance Program for Southern Africa), qui avait été lancé en Zambie pour assister les exilés victimes des régimes racistes au pouvoir en Afrique australe. Depuis Harare, il s’agit d’abord d’aider des réfugiés mozambicains et des rapatriés zimbabwéens dans le district frontalier de Nyanga, une région difficile, foyer de dissidence et base de la fameuse « cinquième brigade » qui réprime les opposants pour le compte de Robert Mugabe. Désavoué par le ministère de la Santé, l’AFSC se retrouve alors à financer l’intégralité de la construction d’une clinique qui est achevée à Nyafaru fin 1983 et qui devait initialement servir à recycler d’anciens guérilleros devenus infirmiers. Egalement lancés en 1980, les projets de développement menés par Jim et Pat Seawell dans le district de Mhondoro, à 60km au sud de Harare, fonctionnent mieux et associent davantage la population pour monter des écoles, des logements et des coopératives agricoles.

-1977, Mali : l’AFSC transfère aux autorités locales le centre de santé construit en 1975 lorsque l’organisation a entrepris d’aider les victimes de la sécheresse du Sahel dans le village de Tin Aicha. Mais le dispensaire se retrouve vite à court de médicaments et les épidémies refont surface. D’une manière générale, les projets de l’AFSC à Tin Aicha ne sont pas viables faute d’entretien et d’investissement de la part de la communauté, ainsi que le montre une évaluation commanditée par l’agence de coopération américaine USAID et citée par Gene Ellis. Seule la reconstitution du cheptel a été financée sur la base de tontines locales. Pour le reste, les écoles, les cliniques, la coopérative agricole et les travaux de reboisement ont tous été portés à bout de bras par l’AFSC, qui les a payés au prix fort. Résultat, les efforts des Quakers se sont concentrés sur une toute partie de la population, au détriment de la majorité. Destiné à soigner un petit millier de villageois, le dispensaire de Tin Aicha a ainsi reçu plus de fonds que l’ensemble des structures de santé du cercle administratif, qui recensait quelque 150 000 habitants.

-1978, Grande-Bretagne : le FSC et le Friends Peace and International Relations Committee fusionnent pour former le QPS (Quaker Peace Service), qui prendra le nom de QPSWS (Quaker Peace and Social Witness Service) en 2001.

-Depuis 1979, Cambodge : après l’invasion de l’armée vietnamienne, la chute du régime de Pol Pot dévoile toute l’ampleur du génocide commis par les Khmers rouges et incite l’AFSC à envoyer des vivres aux rescapés. Peu compromis aux côtés des troupes américaines pendant la guerre du Vietnam, le Comité de Philadelphie compte alors parmi les rares ONG autorisées à travailler dans le pays, à la différence de CRS ou de l’IRC, qui doivent se contenter de ravitailler les Cambodgiens opposés à Hanoi et réfugiés en Thaïlande. Mais l’AFSC se heurte aux réticences des Etats-Unis car Washington condamne l’occupation vietnamienne et interdit en conséquence les exportations vers le Kampuchéa démocratique, qui sont limitées aux secours d’urgence et ne permettent pas d’entreprendre des projets de développement. Autre sujet de conflit, le Comité de Philadelphie prend clairement position en faveur de Hanoi. Fermant les yeux sur les détournements de l’aide à l’intérieur du Kampuchéa démocratique, il presse notamment Washington de reconnaître le régime fantoche de Heng Samrin, mis en place par les Vietnamiens. Pour étendre ses activités dans la région, le Comité de Philadelphie doit finalement attendre le départ des troupes de Hanoi en 1989, les accords de paix de 1991 et les élections de 1993. En 1996, l’AFSC démarre ainsi un programme de développement agricole à Sre Ambel, un district de la province de Koh Kong. En 2002, il demande également au gouvernement à Phnom Penh de relâcher les réfugiés cambodgiens extradés pour avoir commis des crimes aux Etats-Unis.