>
American Friends Service Committee
>
Historique

American Friends Service Committee - Historique




Années 1990


-1990, Jordanie : l’AFSC envoie des vivres pour les travailleurs immigrés qui doivent fuir l’Irak après l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein.

-Depuis 1991, Irak : après avoir tenté d’envoyer une ambulance à Karbala et de participer à la reconstruction du pays, bombardé par les Américains lors de la première crise du Golfe en 1991, l’AFSC doit renoncer à une intervention sur le terrain en 1992. A partir de 1998, il appelle alors à mettre fin aux sanctions économiques qui visent à empêcher le réarmement du régime de Saddam Hussein et qui pénalisent surtout la population civile. L’AFSC contourne ainsi l’interdiction de Washington et l’embargo de l’ONU pour envoyer des équipements hydrauliques et médicaux destinés à réhabiliter des écoles. Lors de la deuxième crise du Golfe en 2003, l’organisation quaker condamne ensuite l’intervention militaire des Etats-Unis en Irak. Après le renversement de Saddam Hussein, elle fournit des vivres en partenariat avec CARE et le MCC, notamment dans les camps de squatters d’al-Salam, al-Gazalia et al-Huda à Bagdad.

-A partir de 1992, Mexique : avec le Comité des travailleuses de la frontière, le CFO (Comité Fronterizo de Obreras), l’AFSC poursuit son soutien aux employées des maquiladoras où les entreprises américaines délocalisent leurs activités et exploitent une main d’œuvre bon marché. Dans la région de San Diego, l’organisation quaker s’oppose par ailleurs à la construction d’un mur pour verrouiller la frontière et empêcher le passage de clandestins dans le cadre de l’Opération Gatekeeper, initiée par Washington en octobre 1994. Dans le même ordre d’idées, l’AFSC se mobilise pour faire respecter les droits des sans papiers. Le Comité de Philadelphie travaille notamment avec MECHA (Movimiento Estudiantil Chicano de Aztlan), un mouvement étudiant qui réclame l’autodétermination de la nation « chicana », c’est-à-dire des descendants des immigrés mexicains aux Etats-Unis.

-Depuis 1993, Vietnam : après ouvert un bureau à Hanoi en 1990, l’AFSC démarre en 1993 un programme de micro crédits destinés aux petits paysans du district de Tinh Gia dans la province de Thanh Hoa. Sur le modèle de la Banque Grameen au Bangladesh, l’initiative est, selon le Comité, la première du genre dans la région. Ciblant les femmes, elle vise à suppléer les lacunes des banques « populaires » que le gouvernement vietnamien a établies en 1995 et dont les bénéficiaires sont triés sur le volet par les comités communaux sous contrôle du parti unique. Avec 8 000 emprunteurs en 1999 et 11 000 en 2001, l’AFSC se targue d’obtenir le remboursement de la quasi-totalité de ses prêts et de pratiquer des taux d’intérêts deux fois inférieurs à ceux du système financier officiel.

-1994-2008, Haïti : à la différence des principales églises protestantes, l’AFSC s’oppose en 1994 à l’envoi de troupes américaines pour renverser la dictature militaire au pouvoir à Port-au-Prince. Après avoir essayé de monter des programmes médicaux, l’organisation se retire ensuite du pays faute de moyens financiers en 2008.

-1995-2006, ex-Yougoslavie : grâce à des contacts noués pendant la guerre froide, l’AFSC intervient au cours des guerres de sécession qui ravagent la région. Depuis Budapest, où elle a dépêché un représentant régional en 1993, l’organisation est active en Serbie et en Croatie aussi bien qu’en Bosnie, où elle participe à des programmes de reconstruction après les accords de paix signés à Dayton en 1995. A Sarajevo, elle contribue par exemple à développer les cultures maraîchères des potagers des quartiers serbes, croates, musulmans et roms de la ville. Mais l’intervention militaire des Occidentaux pour enrayer l’extension du conflit en direction des Albanais du Kosovo pose bientôt des problèmes de conscience. D’un côté, Philadelphie condamne fermement l’opération et envoie des militants manifester devant la Maison Blanche à Washington le 3 juin 1999 ; huit d’entre eux sont d’ailleurs arrêtés à cette occasion. D’un autre côté, les Quakers de Londres ne sont pas tous hostiles aux bombardements de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) contre les troupes serbes. Sur place, l’AFSC se déploie en fait dans la foulée des armées occidentales qui occupent le terrain. Basé à Skopje en Macédoine, son représentant s’occupe en l’occurrence de distribuer des vivres par l’intermédiaire de deux ONG opérationnelles, Mercy Corps et la Norwegian Chruch Aid. L’AFSC entreprend ensuite de faciliter le retour des Albanais du Kosovo avant de se retirer de la région en 2006.

-1996, Sri Lanka : dans un pays où sévit la guerre civile, le QPS monte des programmes de réconciliation entre Tamouls et Cinghalais. D’après Jonathan Goodhand et Nick Lewer, ces efforts n’ont cependant pas d’impact sur le déroulement du conflit. De plus, relèvent-ils, l’ONG quaker manque de discernement et ne sait pas bien analyser le fonctionnement d’une économie de guerre.

-1997, Corée du Nord : après avoir envoyé des vivres pour les victimes d’inondations en 1995, l’AFSC est invité par les autorités communistes de Pyongyang à soutenir des projets agricoles dans les coopératives du gouvernement. Avec le MCC, il fournit alors des outils et des engrais en vue de favoriser l’autosuffisance alimentaire d’un pays qui connaît la famine. L’AFSC n’est cependant pas autorisé à dépêcher des expatriés sur place pour vérifier le bon déroulement de ses programmes. Basée à Dalian, en Chine, sa représentante dans la région n’a pas la permission d’aller plus de deux fois par an en Corée du Nord. A défaut de pouvoir contrôler la qualité des opérations menées sur le terrain, l’objectif est surtout de maintenir des contacts diplomatiques avec la dictature. En effet, l’AFSC demande aux Etats-Unis de mettre un terme à leurs sanctions économiques, de reconnaître le gouvernement de Pyongyang et de lui proposer une aide dans le cadre de négociations visant à obtenir l’arrêt de son programme militaire nucléaire. Pour une fois, la position des Quakers de Philadelphie correspond ainsi à la politique de Washington, qui veut maintenir la Corée du Nord sous perfusion humanitaire afin d’éviter un écroulement du régime et des violences susceptibles de déstabiliser la partie Sud de la péninsule.

-A partir de 1998, Colombie : depuis Washington, l’AFSC s’oppose à une loi de 1998, le Western Hemisphere Drug Elimination Act, qui légalise la « guerre contre la drogue » et fait bientôt de la Colombie le troisième récipiendaire de l’aide militaire américaine après Israël et l’Egypte en 2001. Sous prétexte de lutter contre les narcotrafiquants, le soutien de Washington permet en effet aux troupes de Bogota de combattre les guérilleros des FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia), notamment dans le département de Putamayo. Les efforts se focalisent ainsi contre les mouvements insurrectionnels de gauche et épargnent les groupes paramilitaires de droite, pourtant eux aussi impliqués dans les trafics de cocaïne. L’initiative de Washington aggrave en conséquence le conflit alors que se multiplient les exactions de l’armée colombienne. De plus, affirment les Quakers, la fumigation des champs de coca pollue l’atmosphère, provoque des maladies respiratoires, détruit l’agriculture légale, tue le bétail et accélère la déforestation du pays. Selon Matthew Yarrow, la « guerre contre la drogue », qui est officiellement lancée en décembre 2000, sert surtout à justifier la poursuite des programmes de coopération militaire du Pentagone en Amérique latine après la disparition de la menace soviétique.

-A partir de 1999, Ouganda : l’AFSC commence à soutenir les efforts des Quakers norvégiens de Kvekerhjelp, qui ont monté des programmes de réconciliation dans l’ensemble de la région et dont le représentant à Kampala, Stan Burkey, a lancé en 1992 une organisation destinée à mobiliser la population, l’UCAA (Uganda Change Agent Association). Cette dernière s’inspire en l’occurrence des idées de Paulo Freire sur la « conscientisation » des masses et la « théologie de la libération ». Son secrétaire général à partir de 1997, Stan Burkey, l’a notamment poussée à rompre avec le DENIVA (Development Network of Indigenous Voluntary Associations), une coalition d’associations qu’il avait lui-même contribué à établir en 1988, avant de lui reprocher sa mollesse et ses compromissions avec le pouvoir. Résultat, constate Susan Dicklitch, l’UCAA a torpillé les efforts de coordination des ONG dans le pays.