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Young Men’s Christian Association
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Historique

Young Men’s Christian Association - Historique




1980-1989


-1980, Cambodge : avec des financements de Washington, le directeur des affaires étrangères de la YMCA américaine, Frank Kiehne, se rend brièvement au Kampuchea pour distribuer des tenues de football et des motos aux fonctionnaires du gouvernement installé par l’occupant vietnamien après la chute du régime de Pol Pot ! En réalité, l’absence de YMCA sur place empêcher le mouvement d’avoir la moindre activité sociale dans un pays exsangue et affamé au sortir d’un génocide.
 
-1981-2009, Soudan : profitant d’une brève accalmie, la YMCA essaie de s’implanter dans le Sud du pays avant que la guerre n’y reprenne en 1983. Le mouvement est déjà présent à Port Soudan et Khartoum dans le Nord à dominante musulmane, où il a établi en novembre 1978 un Conseil national sous l’égide de William Hai Zuba, un Sudiste originaire de Juba. Enregistrée sous la présidence d’Emmanuel Daoud Antoun en juin 1979, la YMCA soudanaise peine cependant à ouvrir et maintenir des antennes à Malakal, Wau, Renk, Yambro, Maridi, Yei et Juba dans le Sud. Reconnu par Genève en 1988, son Conseil national compte officiellement 9 associations locales, dont 5 dans le Sud. Mais en pratique, il ne peut pas travailler dans le Sud en guerre. Ainsi, en 1986, le fondateur de la YMCA de Wau, l’évêque John Malau, meurt dans un accident d’hélicoptère tandis que le président de la YMCA de Malakal, Martin Opiti, est tué avec sa famille et tous les autres passagers quand son avion de la Sudan Airways est abattu par un missile au dessus de la ville. De plus, la situation se complique dans le Nord après le coup d’Etat islamiste de 1989. Obligée de se placer sous la coupe du diocèse catholique de Khartoum, la YMCA soudanaise ne peut plus exister en tant qu’association indépendante et ses responsables sont constamment surveillés par la police. Présidée par un Arabe catholique du Nord, Kamal Tadros, qui est aussi le diacre de la cathédrale de Khartoum, et dirigée par un secrétaire général protestant et Noir du Sud, Peter Ring, fondateur du Sudan Council of Churches, elle doit passer le relais à Genève pour continuer ses œuvres caritatives. Sous l’égide d’un expatrié allemand, Adolf Wagner, à partir de 1981, puis indien, Thomas Thomas, à partir de 1984, l’Alliance mondiale des YMCA assiste en l’occurrence les réfugiés qui fuient l’Ethiopie en guerre. En septembre 1983, elle envoie d’abord des vivres aux Etrythréens du camp d’El Hawata, où elle démarre des programmes de formation en juillet 1985. Non loin de là, elle approvisionne le centre nutritionnel de Mafaza, ouvert en juin 1985. Les taux de malnutrition continuent cependant d’empirer d’après une enquête d’août 1986 qui oblige à augmenter les rations alimentaires jusqu’à ce que Hawata et Mafaza ferment leurs portes en janvier 1987. En décembre 1984, l’Alliance mondiale des YMCA commence par ailleurs à aider des Ethiopiens du Tigré dans le camp de Wad Kowli, avant de passser le relais à Save the Children en mai 1985, date à laquelle elle reprend à son compte un programme nutritionnel de l’International Rescue Committee pour les enfants du camp de Fau I. L’organisation se préoccupe également d’instruire les réfugiés, travaille avec une cinquantaine de volontaires qu’elle a formés à Wad Kowli et enseigne l’anglais à une vingtaine de jeunes femmes dans un centre ouvert à Gedaref en janvier 1986. Malgré une demande du gouvernement soudanais en vue d’établir à l’est de la ville de Kassala un troisième centre nutritionnel doté d’une clinique de Médecins Sans Frontières à Teklubub, l’Alliance mondiale des YMCA doit alors réduire ses activités après la fermeture du camp de Fau I et le transfert de ses occupants à Safawa sur la frontière éthiopienne en mars 1987. Dans le Sud du Soudan, elle n’a de toute façon pas les moyens d’intervenir. Faute d’argent pour payer l’envoi de vivres par avion, elle se contente donc d’y financer les activités de la Lutheran World Federation en 1988, ceci tout en facilitant l’accueil des déplacés du Sud dans la banlieue de Zagalona à Khartoum. En dépit de la signature d’accords de paix en 2005, les combats se poursuivent et l’Alliance mondiale des YMCA continue d’essayer d’assister la population avec ses faibles moyens, par exemple en fournissant des vivres à des déplacés dans la région de Yambio sur la frontière de l’Ouganda en 2009.
 
-1982-1990, Inde : prévue à Alwaye dans le Kerala en décembre 1982, la vingt-cinquième convention nationale du mouvement des YMCA indiennes doit être ajournée à cause des poursuites judiciaires lancées par l’association de Bangalore, qui organise une conférence dissidente à Madurai en juillet 1984 pour élire Walter Lazarus et Madhu Singh aux postes de président et de secrétaire général. De septembre 1984 à juin 1985 coexistent ainsi deux administrations nationales jusqu’à ce qu’un tribunal de Delhi nomme un ancien juge, Govindam Nair, pour gérer la YMCA indienne et organiser à Madras une convention qui amène à la présidence un avocat, Punnen Kurien, et confirme D S Chinnadorai au poste de secrétaire général. La crise reflète la crainte d’une domination des associations du Sud qui, mieux implantées en milieu rural, sont les plus nombreuses et détiennent 60% des droits de vote alors qu’elles ne sont pas les plus riches. En effet, la YMCA indienne est davantage présente en pays malayali et tamoul, notamment dans la région du Kerala. La majorité des 151 associations recensées en 1901 étaient déjà dans le Sud, proportion qui s’élévera jusqu’à 65% des 225 associations reconnues en 1990. Bien qu’opposé au communautarisme et à la partition du Bengale dès 1905, le mouvement n’est ainsi pas insensible aux tensions régionalistes qui divisent le pays depuis la partition de l’Inde en 1947. De plus, la YMCA indienne est aussi affectée par des conflits internes : le déménagement de son siège de Calcutta vers New Delhi a par exemple été retardé jusqu’en juin 1964 à cause d’un contentieux avec l’association locale qui revendiquait la propriété du bâtiment de Massey Hall. La répartition des fonds est également contestée en dépit de l’établissement d’un département financier lors de la dix-huitième convention nationale du mouvement à Nagpur vers 1953.
 
-1983, Etats-Unis : la YMCA commence à organiser des garderie pour les enfants des parents au travail. Ce programme devient, en 1996, la deuxième source de revenus des YMCA américaines, après les cotisations des membres.
 
-1984, Grande Bretagne : la YMCA se dote d’une branche humanitaire, Y CARE, qui deviendra indépendante de l’organisation mère en avril 2005.
 
-1985-2012, Colombie : les YMCA de Bogota, Ibagué et Medellin distribuent des vivres aux victimes de l’éruption du volcan Nevado del Ruiz le 13 novembre 1985. Elles développent par ailleurs des programmes d’assistance sociale dans les quartiers défavorisés des principales agglomérations, par exemple à Comuna 13, une banlieue de Medellin où un jeune volontaire de l’association, Elider Varela "El Duke", est tué le 30 octobre 2012.
 
-1986, Suisse : liée aux YMCA et YWCA, la Fédération Universelle des Associations Chrétiennes d’Étudiants, ou WSCF (World Students Christian Federation), élit pour président un Indien, Poulouse Mar Poulouse. L’organisation, en l’occurrence, a d’abord été présidée par le Suédois Karl Fries de 1895 à 1920, les Américains John Mott de 1920 à 1928, Francis Miller de 1929 à 1938, Richard Shaull de 1968 à 1972 et Kenneth Guest de 2004 à 2008, le Hollandais Willem Visser't Hooft de 1938 à 1948 et le Britannique Robert Mackie de 1949 à 1953. Il a fallu attendre la période des indépendances pour que des représentants des pays du Sud s’emparent de la présidence de la Fédération avec les Sri Lankais Daniel Niles de 1952 à 1960 et Marshal Fernando de 1990 à 1995, le Dominicain Philip Potter de 1960 à 1968, le Ghanéen Mercy Oduyoye de 1973 à 1977, l’Ethiopien Bereket Yebio de 1978 à 1981, le Puerto Ricain Juan Antonio Franco de 1981 à 1986, le Chinois de Hongkong Wong Wai Ching de 1997 à 1999 et le Nigérian Ejike Okoro de 1999 à 2004. D’une manière générale, cependant, les pays à dominante catholique restent peu présents. Le seul président catholique de la WSCF est une Italienne, Debora Spini, de 1995 à 1997. De plus, les associations du Sud demeurent fragiles. En 1983, la structure régionale d’Afrique doit même être dissoute à la suite de détournements de fonds.
 
-1987, Suisse : l’Alliance mondiale des YWCA traverse une crise lorsqu’elle élit une Néo-zélandaise, Elaine Hesse Steel, au poste de sécrétaire générale et une Noire américaine, Jewel Graham, à la présidence en 1987. A Genève, le personnel se met symboliquement en grève pendant un jour pour protester contre des arrangements qui visent à préserver les équilibres géopolitiques du mouvement au détriment des choix démocratiques de la base. Après l’élection en 1975 d’une première présidente noire avec Nita Barrow, une ressortissante des Barbades, la YWCA mondiale a en effet décidé en 1978 d’écarter la candidature de la Sud-africaine Brigalia Bam au poste de sécrétaire générale et elle lui a préféré une Néo-zélandaise, Erica Brodie, afin d’éviter d’avoir deux personnes de couleur à la tête du mouvement. En 1983, encore, c’est une Canadienne, Ann Northcote, qui a succédé à Nita Barrow plutôt que la Zambienne Gwendolyn Konie, initialement pressentie pour prendre la présidence. Après deux interims assurés par une Américaine et une Française en 1985-1986, la Néo-zélandaise Elaine Hesse Steel a donc suscité des protestations lorsqu’elle a ravi pour une seconde fois le poste de sécrétaire générale à la Sud-africaine Brigalia Bam en 1987.
 
-1988, Arménie : la branche humanitaire de la YMCA britannique, Y Care, envoie des secours aux victimes du séisme qui a ravagé la région de Spitak le 7 décembre 1988. Son intervention est plus conséquente que les deux convois de vivres que la YMCA de France avait organisés à destination de la Pologne communiste après l’imposition de la loi martiale le 13 décembre 1981. Les opérations de secours en Arménie posent en effet les prémices d’un retour des YMCA dans les pays du bloc soviétique.
 
-1989-1996, Russie : la chute du Mur de Berlin permet au mouvement de rependre pied en Europe de l’Est. Suite à la visite en URSS de deux délégations de la YMCA américaine et de l’Alliance mondiale des YMCA en 1989 et 1991, une première conférence est ainsi organisée à Moscou en 1992, où se monte une association locale sous la présidence de Nikolai Kurochkin en 1996. Dans le reste du bloc soviétique se reconstituent également en 1991 les YMCA fermées par les communistes en Roumanie, en Hongrie, en Tchécoslovaquie et en Pologne après 1945. Dans les pays baltes, notamment, les Suédois aident les associations de Lettonie et d’Estonie à se formaliser en mars et octobre 1990 respectivement. La YMCA de Liepaja, par exemple, se réinstalle dans son ancien bâtiment de Riga pour se doter d’une Constitution nationale en septembre suivant. Les YWCA ne sont pas en reste. Dans les années 1960, elles avaient réussi à maintenir une présence en Allemagne de l’Est, sous la direction de Sisela Fengler, et à tenir des séminaires avec leurs homologues du bloc communiste, en l’occurrence à Berlin Est en 1966 puis Prague en 1969. L’implosion de l’URSS leur donne l’occasion de revenir dans la région et, entre autres, de reconstituer les associations baltes disparues dans la tourmente de l’invasion soviétique en 1940, en l’occurrence en 1991 avec la YWCA de Lettonie, initialement lancée en 1921, et en 1990 avec la YWCA d’Estonie, créée en 1920 et affiliée au mouvement mondial en 1938.